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MAHOMET.

J'en connais un puissant et toujours écouté,

Qui te parle avec moi.

ZOPYRE.

Qui?

MAHOMET.

La nécessité,

Ton intérêt...

ZOPYRE.

Avant qu'un tel noeud nous rassemble,

Les enfers et les cieux seront unis ensemble;
L'intérêt est ton Dieu, le mien est l'équité;
Entre ces ennemis il n'est point de traité.
Quel serait le ciment, réponds-moi, si tu l'oses,
De l'horrible amitié qu'ici tu me proposes?
Réponds? Est-ce ton fils que mon bras te ravit?
Est-ce le sang des miens que ta main répandit?

MAHOMET.

Oui, ce sont tes fils même.1 Oui, connais un mystère
Dont seul dans l'univers je suis dépositaire:2
Tu pleures tes enfants, ils respirent touts deux.

ZOPYRE.

Ils vivraient? Qu'as-tu dit? ô Ciel! ô jour heureux!
Ils vivraient! C'est de toi qu'il faut que je l'apprène!

MAHOMET.

Elevés dans mon camp, tout deux sont dans ma chaîne.

ZOPYRE.

Mes enfants dans tes fers! ils pourraient te servir?

MAHOMET.

Mes bienfesantes mains ont daigné les nourrir.

ZOPYRE.

Quoi! tu n'as point sur eux étendu leur colère?

MAHOMET.

Je nè les punis point des fautes de leur père.

1 Inversion, weßhalb Voltaire même nicht flektirt.

2 Die Grammatiker sagen, nach le seul, le premier, l'unique folle ftets ber Konjunktiv stehen; dieser Irrthum ist von Dessiaur, Bescherelle ze. hinreichend bekämpft und widerlegt worden. Voltaire, der hier den Indikativ gebraucht, liefert noch eines der zahlreichen Beispiele, die mit denen der Grammatiker im Gegensahe stehen.

ZOPYRE.

Achève, éclaircis-moi, parle; quel est leur sort?

MAHOMET.

Je tiens entre mes mains et leur vie et leur mort;
Tu n'as qu'à dire un mot, et je t'en fais l'arbitre.

ZOPYRE.

Moi, je puis les sauver? A quel prix, à quel titre?
Faut-il donner mon sang? faut-il porter leurs fers?

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MAHOMET.

Non, mais il faut m'aider à dompter l'univers.
Il faut rendre la Mecque, abandonner ton temple,
De la crédulité donner à touts l'exemple,
Annonce l'Alcoran aux peuples effrayés,

Me servir en prophète, et tomber à mes pieds:
Je te rendrai ton fils, et je serai ton gendre.

ZOPYRE.

Mahomet, je suis père, et je porte un coeur tendre.
Après quinze ans d'ennui, retrouver mes enfants,
Les revoir et mourir dans leurs embrassements,
C'est le premier des biens pour mon ame attendrie:
Mais s'il faut à ton culte asservir ma patric,
Ou de ma propre main les immoler touts deux,
Connais-moi, Mahomet, mon choix n'est pas douteux.
Adieu.

MAHOMET.

Fier citoyen, vieillard inexorable,

Je serais plus que toi, cruel, impitoyable.

(Mahomet ou le Fanatisme).

IX. LA CONDAMINE. (Charles Marie, de) Condamine, Mitglied der französischen Akademie und der Akademie der Wissenschaften, ward 1701 in Paris geboren und starb daselbst 1774.

Buffon entgegnete ihm Folgendes auf seine Antrittsrede als Akademiker: „Du génie pour les sciences, du goût pour la litérature, du talent pour écrire, de l'ardeur pour entreprendre, du courage pour exécuter, de la constance pour achever, de l'amitié pour vos rivaux, du zèle pour vos amis, de l'enthousiasme pour l'humanité: voilà ce que vous connaît un ancien ami, un confrère de trente ans, qui se félicite aujourd'hui de le devenir pour la seconde fois.

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Avoir parcouru l'un et l'autre hémisphère, traversés les continents et les mers, surmonté les sommets sourcilleux de ces montagnes embrasées où les glaces éternelles bravent également et les feux souterrains et les ardeurs du midi, s'être livré à la pente précipitée de ces caractes écu

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mantes, dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre, que descendre des nues, avoir pénétré dans ces vastes déserts, dans ces solitudes immenses, où l'on trouve à peine quelques vestiges de l'homme, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonné de s'entendre interroger pour la première fois; avoir fait, en un mot, par le seul motif de la gloire des lettres, ce que l'on ne fit jamais par la soif de l'or: voilà ce que connaît de vous l'Europe, et ce que dira la postérité!.

Diese Lobrede ist blühend deklamatorisch. Buffon's Geist spiegelt sich in jedem Worte; mit bezaubernder Kraftwärme hebt er die abenteuerlichen Reisen la Condamine's hervor, und wenn selbst das Ganze ein wenig übertrieben zu seyn scheint, so ist es doch für diesen ruhmvoll, eine solche Begeisterung in Buffon erweckt zu haben, eine Begeisterung, die nur ein großes Verdienst hervorrufen konnte.

La Condamine hat einige Gedichte hinterlassen, aber seine Reisen bilden den größten Theil seiner Werke.

1

Le Baron aveugle.

Un vieux Baron s'était fait usurier;
Pour un baron c'est un vilain métier.
Quoi qu'il en soit à force de lésine,
Couchant sans draps, fesant seul sa cuisine,
A soixante ans il était parvenu

A quadrupler son petit revenu.

Il continue: il boit à la fontaine ;

Le vin est bon, l'eau lui paraît plus saine;
Il prête à gage; il achète à l'encan
De vieux souliers, un frac de bouracan,
Des bas troués, un gras pourpoint de laine.
Accumulant sa petite semaine.

Vingt mille écus composaient son trésor,
Et chaque jour il l'augmentait encor.
Notre baron, en comptant sa monnaie,
A cet aspect ne se sent pas de joie.
Un sou pourtant, repassant ses écus,1
Il s'aperçoit qu'il n'y voit quasi2 plus.
Dans sa surprise il se lamente, il beugle:
„Je perds la vue! ah! je deviends aveugle!
Je suis d'avis de consulter Gendron."
Il part après, il emprunte un bâton;
Et le coeur gros, la contenance triste,
Bronchant, clochant, va trouver l'oculiste.
"Combien, monsieur, m'en pourra-t-il coûter
Pour me guérir? je viens vous consulter.

Monsieur, je vois, c'est une cataracte.
Mais avec vous je ne fais point de pacte;
Vous me paîrez quand vous serez guéri.

-

Pardon, monsieur, je suis de Chambéry;
Un Savoyard connaît peu l'opulence;

Je sais, par jour, à quoi va ma dépense.

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Repasser würde jezt nicht mehr statt recompter gebraucht werden können. 2 sprich kasi.

Que vous faut-il?

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Eh bien, fesse-matthieu,1

Fais-toi guérir gratis à l'Hôtel-Dieu2"

Gendron savait que notre homme était riche:
Certain voisin, pour lui faire une niche,
Avait trahi le secret du Baron,

En le peignant plus ladre que Caron.

"

Vous voulez donc, monsieur, que je m'explique?
Deux cents écus. Cela fait six-cents francs!

C'est trop. payé pour voir cinq ou six ans.
Monsieur Gendron, vous êtes honnête homme:
C'est bien assez de moitié de la somme.
J'ai les yeux clos pendant toute la nuit;
Je ne veux voir que quand le soleil luit.
Pendant la nuit personne ne voit goutte:3
Pour un temps mort voulez-vous qu'il m'en coûte?
Pour six cents francs je vous rends vos deux yeux,
Entendez-vous? Mais, monsieur, fesons mieux:
Un me suffit, et pourvu que je lorgne....
Soit, cent écus, je consens d'être borgne.

X. DUCLOS (Charles).

(Pièces fugitives.)

Duclos, Sekretär der französischen Akademie, aus Dinant in der Bretagne; geboren 1704, gestorben in Paris, den 26. März 1772.

Ein Fehler, der ihm angeboren, war seine strenge Freimüthigkeit, die lange Zeit Schriftsteller und Weltmänner gegen ihn aufbrachte. Im Ausdrucke alle Wortschminke einer männlichen Derbheit aufopfernd, kränkte er das Ehrgefühl seiner Gegner, indem er Vieles enthüllte, was der feinere Weltton zu umschleiern suchte, und indem er nur dahin zielte, die Gemüther zu besiegen, statt sich ihr Wohlwollen zu erwerben. Wenig Leute bemerkten, daß dieser Fehler bei ihm mit den besten Eigenschaften verbunden war. Man legte ihm Ansprüche bei, die man zu jeder Zeit geißelt, wenn sie sich auf zu viel Selbstvertrauenstüßen, Andere befürchteten aber, er habe sich in seinen „Betrachtungen über die Sitten" selbst schildern wollen, und um ihre Ansicht geltend zu machen, hoben fie folgende Stelle daraus hervor: „la fausseté de la politesse est si généralement reconnue, qu'elle a fait naître à de certaines gents l'idée de jouer la grossiereté et la brusquerie, pour imiter la franchise et mieux convrir leurs desseins."

1

Ein zu trivialer Ausdruck, der dem deutschen Schlingel, dem altdeutschen Hundsfott 2c. entspricht. 2 Spital.

a Goutte ist ein aus dem Substantiv goutte gebildetes Adverb des Modus. Alle diese Wörter mie, brin, goutte, pas, point, waren ursprünglich reine Substantive, deren Begriff sich in einen abstrakten verwandelt hat, weßhalb ́ Nodier (Critique des Dictionnaires p. 301.) fie noc) Substantifs adverbiformes nennt.

Point (punctum), pas (passus), mie, woraus miette (von mica: mica salis), brin, ein kleines Stück Holz, goutte ein Tröpfchen, bezeichnen alle sehr kleine Dinge, und werden jest mit dem Adverb des Modus ne gebraucht, um die verneinte Wirk lichkeit im kleinsten Maße darzustellen. Man sagt: je n'en ai pas un brin, pas une miette, je ne vois goutte. Goutte wurde ehemals in einem noch engeren Sinne gebraucht: Semblant fait que il noït goulle (n'ouït goutte). Er stellte sich, als höre er gar nichts. (Fabl. inéd. I. p. 17.)

Die Italiener haben punto, mica (Venez. miga, weiland minga), fiore; die Spanier cosa. Diese Wörter bezeichnen alle ein sehr kleines Verhältniß. (Siehe deßh.: Diez' Grammat. der roman. Sprache II. p. 400.) - Ampère, Hist. de la Form. de la Langue Française, p. 275.

Sein Werk Considérations sur les moeurs de ce siècle," mit folgendem Motto: Ad mores facilis natura reverti, ist das Werk eines tiefen Denkers und geistreichen Mannes, es ist aber auch das eines Biedermannės. La Bruyère entwarf seine Karakterschilderungen im Großen, Duclos malte mit kleinlichen Zügen, oft selbst ward er kalt und sein Styl erkünftelt; was man ihm aber nicht absprechen kann, ist ein Talent, mit Geschmack darzustellen, mit tief eindringendem Auge zu beobachten und mit großem Scharfsinn die einzelnen Theile seines Stoffes zu zergliedern.

In seinen Mémoires pour servir à l'Histoire des Moeurs du XVIII. Siele" ist der Styl ebenfalls kalt, oft ungleich und dunkel, weil er einer zu großen Genauigkeit im Ausdrucke nachjagt. Dieselben Fehler schimmern in feiner Geschichte Ludwig XI. herver, die mit der Commine's nicht zu vergleichen ist, obgleich er sich in seinen Betrachtungen manchmal dem Tacitus zu nähern fucht.

wie

Mehrere wissenschaftliche Abhandlungen Duclos', die feine tiefere Kenntniß der Geschichte Frankreichs kund geben (wir erwähnen Mémoires sur les Druides, sur les Langues celtique et française, sur les Jeux scéniques, l'Action et la Déclamation des Anciens), sind in den Recueils de l'Académie des Inscriptions aufbewahrt. Seine Bemerkungen über die allgemeine Grammatik von Port Royal, obgleich mit kleinlichen Details über die Nothwendigkeit einer orthographischen Reform des Französischen überschwemmt, sind noch jezt Lesenswerth. Duclos hatte eine eigene Orthographie angenommen, aus dem unten angeführten Bruchstücke zu ersehen ist; auch die Ausdrücke, deren er sich in der Umgangssprache bediente, hatten etwas Originelles, z. B. von den Großen sagte er: Ils nous craignent comme les voleurs craignent les réverbères. Von einem Manne, der nur durch kriechende und gemeine Handlungen emporkommt: On lui crache au visage, on l'essuie avec le pied, et il remercie! C'est un si grand coquin, qué malgré les duretés dont je l'accable, il ne me hait pas plus qu'un autre.

Duclos ward als Mensch sehr geachtet; J. J. Rousseau sagte von ihm: c'est un homme droit et adroit. Seine Rechtschaffenheit, Wohlthätigkeit und seine Tugenden, haben ihm, mehr als seine Werke, die Achtung der Nachwelt erworben, denn kein Einziger hat besser den Werth der Freundschaft gekannt und deren Pflichten erfüllt.

Historiograph von Frankreich, Landtags-Deputirter des Bürgerstandes der Bretagne, ward er späterhin in den Adelsstand erhoben.

L'Ingratitude.

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L'Ingratitude consiste à oublier, à méconoître, ou à reconoître mal les bienfaits, et elle a sa source dans l'insensibilité, dans l'orgueil ou dans l'intérêt.

La première espèce d'ingratitude est cèle de ces ames foibles, légères, sans consistance. Afligées par le besoin présent, sans vue sur l'avenir, elles ne gardent aucune idée du passé; elles demandent sans peine, reçoivent sans pudeur, et oublient sans remords. Dignes de mépris, ou tout au plus de compassion, on peut les obliger par pitié, et l'on ne doit pas les estimer assez pour les haïr.

Mais rien ne peut sauver de l'indignation celui qui ne pouvant se dissimuler les bienfaits qu'il a reçus, cherche cependant à méconoître son bienfaiteur. Souvent après avoir réclamé les secours avec bassesse, son orgueil se révolte contre tous les actes de réconoissance qui peuvent lui rapeler une situation humiliante; il rougit du malheur, et jamais du vice. Par une suite du même caractère, s'il parvient à la prospérité, il est

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