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Le noir pressentiment, le repentir, l'effroi,
Les présages fâcheux volent autour de moi.
Je ne suis plus le même enfin depuis deux heures.
Ma pièce auparavant me semblait des meilleures:
Maintenant je n'y vois que d'horribles défauts,
Du faible, du clinquant, de l'obscur et du faux,
De là plus d'une image annonçant l'infamie:
La critique éveillée, une loge endormie,
Le reste, de fatigue et d'ennui harassé,
Le souffleur étourdi, l'acteur embarassé,
Le théâtre distrait, le parterre en balance,
Tantôt bruyant, tantôt dans un profond silence;.
Mille autres visions, qui toutes dans mon coeur
Font naître également le trouble et la terreur.

(Regardant à sa montre.)
Voici l'heure fatale où l'arrêt se prononce!
Je sèche. Je me meurs. Quel métier! J'y renonce.
Quelque flatteur que soit l'honneur que je poursuis,
Est-ce un équivalent à l'angoisse où je suis?
Il n'est force, courage, ardeur, qui n'y succombe.
Car enfin, c'en est fait, je péris, si je tombe.
Où me cacher? Où fuir? Et par où désarmer
L'honnête oncle qui vient pour me faire enfermer?
Quelle égide opposer aux traits de la satire?
Comment paraître aux yeux de celle a qui j'aspire?
De quel front, à quel titre oserai-je m'offrir,
Moi, misérable auteur qu'on viendrait de flêtrir?

(La Metromanie)

Fernand Cortès à ses Soldats, qui menaçaient de

l'abandonner

Arrêtez, la victoire est encore indécise;

Et quand vous serez prêts touts1 à m'abandonner,
Peut-être aurai-je encor des ordres à donner.
Voilà donc ces guerriers qui de l'Andalousie
Devaient par le couchant débarquer en Asie,

Et qui ne concevaient, dans leur premier désir,
De borne à leur valeur que le dernier soupir?
„Des mers, s'écriaient-ils, franchissons la barrière,
Et parcourons du jour l'une et l'autre carrière.
Nous te suivrons, Cortès; conduis-nous à travers
Les frimas, les rochers, les bancs et les déserts.
Remontant sous nos cieux, que, de fleurs couronnée,
Vers l'Orient encor la poupe soit tournée,

Prêts touts, Inversion.

De borne; dieses Wort soll nach den Grammatikern nicht im Singular gebraucht
werden. Beispiele aus Klassikern widerlegen diese Regel:
Près de la borne où chaque état commence,,
Aucun épi n'est pur de sang humain;

(Béranger.)

1

Et trace autour du globe un glorieux sillon
Qui fixe le soleil sur notre pavillon.“

Tels étaient vos projets: je vous crus, nous partîmes.
Les ai-je mal remplis, ces projets magnanimes?
Ne respirons-nous pas sous ces astres nouveaux?
Une richesse immense a payé vos travaux:
Je ne me réservais que la gloire en partage:
Le bruit en a vole jusqu'aux rives du Tage.
Quelle honte pour vous, quand on y va savoir
Qu'une peur insensée a trahi mon espoir!
Car enfin votre peur peut-elle être excusable?
Et qui redoutez-vous? un peuple méprisable,
Faible, mal aguerri, lâche autant qu'inhumain?
Vous fuyez! et fuyez les armes à la main!
Quelles armes encore? à peine elles éclatent,
Que pour vous le désordre et la terreur combattent.
Ce ne sont plus vos coups, ni de simples hasards:
C'est Dieu lui-même assis sur vos saints étendards,
Qui, d'un feu meurtrier, image du tonnerre,
Epouvante et ravage une coupable terre,
Aussi digne d'horreur par son peuple assassin,
Qu'indigne des trésors qu'elle enferme en son sein.
Hé quoi! la faim, les ondes surmontées,
De tant de nations si vaillamment domptées
L'alliance, l'hommage, et les tributs offerts;
Au milieu de sa cour le Roi mis dans les fers,
L'idole aux yeux du peuple à nos pieds renversée,
De ses prêtres impurs la foule ou dispersée,
Ou sous le fer vengeur expiant ses forfaits,
Sont-ce là des exploits à laisser imparfaits?
A vos engagements soyez donc plus fidèles.
La Victoire sur nous a déployé ses ailes.
Achevons notre ouvrage; et ne reculons pas,
Quand, pour la couronner, il ne faut plus qu'un pas.
Des fiers Américains l'hostilité sauvage

Ose nous annoncer la flamme et le ravage!

Audace contre audace: imitons le Romain

Qui se rendit l'effroi du rivage africain.

Que notre flotte, espoir d'une honteuse fuite,

Par nous-mêmes en cendre à leurs yeux soit réduite;
Et que l'ennemi juge en cet embrasement

Si de sa fermeté l'Espagnol se dément...

Est-ce ainsi que la vôtre aujourd'hui se signale?
Quelle glace? où donc est cette ardeur martiale,

Achevons notre ouvrage... quand pour la couronner.. Soll la sich auf ouvrage oder victoire beziehen? Im ersten Falle hat Piron dem Worte ouvrage das weibliche Geschlecht beigelegt, was ihm als Dichter frei ftand (S. Braconnier, Théorie du Genre). Im lezten Falle hätte er den Sas anders stellen müssen.

2 En cendre ober en cendres, beibes ist richtig.

Où sont ces cris de joie et ces nobles transports
Si constamment suivis de tant d'heureux efforts?
L'abattement partout se présente à ma vue!
Ma voix dans un désert semble s'être perdue!
Du chemin de l'honneur touts se sont écartés!
Je reste seul! eh bien! je serai seul. Partez.
L'or fut l'unique objet pour qui1 vous soupirâtes;
Vous me suivîtes moins en guerriers qu'en pirates:
Vous êtes enrichis, et vous vous effrayez:
Partez; d'autres auront l'honneur que vous fuyez.
Les cent Tlascaliens sauvés du sacrifice,

Ceux des leurs qui devaient m'aider à cet office,
Le peu de Méxicains resté2 fidèle au Roi,
Pour la gloire du mien, je ne veux qu'eux et moi,
Mettez bas toute bonté; étouffez touts scrupules;3
Allez désabuser des nations crédules,

Qui, tant qu'on vous a vus hardis et triomphants,
Du Soleil adoré vous nommaient les enfants;
Allez, d'un nom si beau démentant la noblesse,
Montrer à Tézeuco toute votre faiblesse,
Gémir en suppliants où vous parliez en rois,
Et demander asile où vous donniez des lois,
Partez; et si pour vous l'estime refroidie
Ne va pas du mépris jusqu'à la perfidie,
Glorieux d'un butin dont je fus peu jaloux,
Retournez en Espagne alors, et vantez-vous
D'avoir abandonné votre chef aux Barbares;
Ce chef à qui l'on doit des dépouilles si rares,
Qui vous fit surmonter tant de périls divers,
Qui de son propre corps vous a cent fois couverts,
Qui veut même en partant vous en couvrir encore.
Oui, que ce dernier trait vous confonde et m'honore.
Venez; c'est moi qui veille à votre embarquement,
Et qui vous défendrai jusqu'au dernier moment.

(Fernand Cortès.)

VI. MONTESQUIEU (Charles de Secondat, Baron de la Brède et de Montesquieu.)

Er war

Montesquieu ward auf dem Schlosse de la Brède, bei Bordeaux, den 18. Januar 1689 geboren und starb den 10. Februar 1755. Mitglied der französischen Akademie, Président à Mortier im Parlament zu Bordeaux, einer der tiefsten französischen Schriftsteller und Verfasser des Esprit des Lois, der Considérations sur les Causes de la Grandeur et de la Décadence des Romains.

Pour qui, pour lequel wäre richtiger, doch kann qui hier als poetische Lizenz, gelten.
Le peu de Mexicains resté; das mit le peu fonstruirte Partizip kann mit diesem
Worte oder dem darauf folgenden Substantiv kongruiren.

1

2

3

Etouffez touts scrupules, Ellipse vos.

Montesquieu war 32 Jahre alt, als er mit den Lettres persanes seine literarische Laufbahn eröffnete. Der Erfolg dieser_sinnvoll-lebendigen Handzeichnung, einer beißenden Satyre gegen die Sitten und Gebrechen seines Zeitalters, war gewaltig. Der Verfasser hatte sich hinter dem Schleier der Anonymität verborgen; doch sein Werk erregte die allgemeine Neugierde, und der Erfolg war noch größer, als man erfuhr, daß es die Arbeit des ernsten Präsidenten eines Parlaments sei, dieses Werk, worin die tiefsten Beobachtungen angestellt und die wichtigsten politischen Fragen erörtert wurden, werin beißender Spott, Frivolität sich neben Betrachtungen über Handel, Recht, Kriminalgesete stellten, und worin ein großer Eifer für Menschenwohl sich unter dem Gewande der Ironie fund gicht. Das zweite Werk Montesquieu's war le Temple le Gnide, ein kaltes und erkünsteltes Werk.

Nach mehreren Reisen in Italien, der Schweiz und England, zeg sich Montesquieu nach seinem Schlosse zurück, wo er das beste seiner Werke, feine Considérations sur les Causes de la Grandeur et de la Décadence des Romains verfertigte. In diesem Werke liegt männliche Reife; die römische Staatsmacht ist darin in ihrem ganzen Wesen aufgefaßt, der Verfasser vereinigt oft den Scharfsinn eines Machiavells und die Erhabenheit eines Bossuets; der darauf folgende Dialog des Sylla und Eufrates, worin der Karakter jenes Despoten psychologisch zergliedert wird, legt dieselben Eigenthümlichkeiten, wodurch sich das erstere Werk auszeichnet, an den Tag. Aber diese schönen Betrachtungen über den römischen Staatskörper bahnten ihm nur den Weg für ein anderes, größeres Werk, das seinen Namen unsterblich machte, und das 1741 erschien, nämlich l'Esprit des Lois. In zwei Jahren erlebte es zwei und zwanzig Auflagen. Ungeachtet der ziemlich gerechten Kritiken, die über dieses Buch fich erhoben, und des geistreichen Worts der Frau du Deffant:,,Ce n'est pas l'esprit des Lois, mais de l'esprit sur les lois," kann man dennoch sagen, daß es allein schon für Montesquieu's Ruhm hinreichend gewesen wäre. Er zeigt darin eine große Vorliebe für brittische Einrichtungen, stüßt sich auf Bedinsche Grundansichten und vielfache Erfahrungen, die aber oft hinreichend begründete Gewährleistungen veranlassen und von Anwendungen begleitet sind, die strenge geprüft und berichtigt werden müssen. Die vollendete und kernige Sprache prunkt oft mit rhetorischem Schmucke, aber so findet man auch in glänzenden Ausdrücken die Schilderung der Weltbegebenheiten und Männer, die zu den politischen Staatsumwälzungen beitrugen, und indem er mit historischphilosophischer Freimüthigkeit, mit Eifer und Wahrheit sich auf den Richterstuhl der Geschichte sest, enthüllt er die verborgensten Falten der Annalen desselben. Montesquieu's Geist der Gescße kann als eine Begebenheit in Frankreichs politischer Geschichte und er selbst als der Gesetzgeber der Völker betrachtet werden. Die Zeit hat den Ruhm dieses Werks nicht vermindert, dessen Definizion uns Halevy folgendermaßen giebt: L'Esprit des Lois est le génie qui apprend aux hommes la science de la législation, et qui fait parler l'expérience des siècles.

Man lese Destutt de Tracy und de Riency, um Weiteres über ihn zu erfahren. Der Kommentar des Ersteren ist manchen Ausgaben Mentesquieu's beigefügt; andern die Bemerkungen Mably's, Servan's und Laharpe's. Man muß aber bedenken, daß ein anderer Zeitgeist sie hervorrief.

Tacite et Montesquieu.

Montesquieu a dit de Tacite, qu'il abrégeait tout, parce qu'il voyait tout. Ce bel éloge a été avec raison appliqué à Montesquieu luimême; et l'on a souvent comparé entre eux ces deux grands ́hommes. Des génies de cet ordre ont un caractère particulier d'originalité, qui rend fausses toutes les similitudes qu'on veut établir. S'il fallait déterminer les degrès de prééminence qui distinguent Tacite et Montesquieu, nous dirions que l'auteur français surpasse l'auteur latin par la variété de ses connaissances, par la grandeur de ses conceptions et l'abondance de ses pensées, mais qu'il lui cède sous le rapport du talent et de l'éloquence; qu'enfin, il est plus grand comme philosophe, mais moins grand comme écrivain. Tacite maintient toujours la dignité de ses expressions à la hauteur de son sujet: il n'altère point par d'ingénieuses antithèses la gravité de

son style; et les gràces du bel esprit n'énervent pas sa phrase énergique, et ne refroidissent jamais la chaleur de ses récits. Si nous voulions chercher dans les anciens des exemples pour donner une idée de la manière de Montesquieu, comme écrivain, nous dirions encore qu'elle se compose de plusieurs des belles qualités de Tacite, et de quelques uns des brillants défauts de Sénèque. (Walckenaer.)

Les Lettres Persanes.

Montesquieu, nourri dans l'étude austère des lois, et revêtu d'une grave magistrature, publia, en essayant de cacher son nom, un ouvrage brillant et spirituel, où la hardiesse des opinions n'est interrompue que par les vives peintures de l'amour. Un nouveau siècle a remplacé le siècle de Louis XIV.; et le génie de cette époque naissante anime les Lettres Persanes. Vous le retrouverez la plus étincelant que dans les écrits mêmes de Voltaire: c'est le siècle des opinions nouvelles, le siècle de l'esprit. L'ennui d'une longue contrainte imposée par un grand monarque dont la piété s'attristait dans la vieillesse et le malheur, les folies d'un gouvernement corrupteur et d'un prince aimable, tout avait répandu dans la nation un goût de licence et de nouveauté, qui favorisait cette faculté heureuse à laquelle les Français ont donné, sans doute dans leur intérêt, le nom même de l'esprit, quoiqu'elle n'en soit que la partie la plus vive et la plus légère. C'est le caractère, dont brillent au premier coup d'oeil, les Letters Persanes. C'est la superficie éblouissante d'un ouvrage quelquefois profond. Portraits satyriques, exagérations ménagées avec un air de vraisemblance, décisions tranchantes et appuyées sur des saillies, contrastes inattendus, expressions fines et détournées, langage familier, rapide et moqueur, toutes formes de l'esprit s'y montrent et s'y renouvèlent sans cesse. Ce n'est pas l'esprit délicat de Fontenelle, l'esprit élégant de la Mothe; la raillerie de Montesquieu est sententieuse et maligne comme celle de Labruyère; mais elle a plus de force et de hardiesse. Montesquieu se livre à la gaîté de son siècle; il la partage pour mieux la peindre, et le style de son ouvrage est à la fois le trait le plus vrai du tableau, qu'il (Villemain.)

veut tracer.

Alexandre.

Alexandre fit une grande conquête. Les mesures qu'il prit, furent justes. Il ne partit qu'après avoir achevé d'accabler les Grecs; il ne laissa rien derrière lui contre lui. Il attaqua les provinces maritimes, et fit suivre à son armée de terre les côtes de la mer, pour n'être point séparé de sa flotte. Il se servit admirablement bien de la discipline contre le nombre; et s'il est vrai que la victoire lui donna tout, il fit aussi tout pour se procurer la victoire. Dans le commencement de son entre→ prise, c'est-à-dire, dans un temps où un échec pouvait le renverser, il mit peu de chose au hasard: quand la fortune le mit au-dessus des événements, la témérité fut quelquefois un de ses moyens. Lorsqu'il s'agit de combattre les forces maritimes des Perses c'est plutôt Parménion qui a de l'audace, c'est plutôt Alexandre qui a de la sagesse. La bataille d'Issus lui donna1 Tyr et l'Egypte; la bataille d'Arbelles lui donna1 toute la terre. Voilà comme il fit ses conquêtes; il faut voir comment il les

conserva.

Il résista à ceux qui voulaient qu'il traitât les Grecs comme2 maîtres et les Perses comme esclaves. Il ne songea

2

1 Lúi donna die Wiederholung des Verbs verleiht dem Saße mehr Kraft. Comme man fann nach traiter auch en gebrauchen, was neuere Schriftsteller nicht ver nachlässigen. Comment faut-il vous traiter, Porus? En roi. (La Morale en action.)

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