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XIX. RACINE (Jean.)

Racine ward in la Ferté-Milon dey 21. December 1639 geboren und starb den 22. April 1699; er war Mitglied der Akademie, und ist nach dem Urtheile aller Gelehrten älterer und neuerer Zeit als der korrekteste, beredsamste Dichter Frankreichs zu betrachten. Molière war es, der zuerst das dichterische Talent Racine's entdeckte, ihn aufmunterte, und aus, noch rohen Jugendprodukten ihm seine Zukunft vorhersagte. Beileau's strenge Kritik vollendete in ihm diese glücklichen, von der Natur empfangenen Gaben. Racine war stolz darauf, der Freund dieses großen Mannes gewesen zu sein, und manchmal half ihut Boileau auch die Ungerechtigkeiten des Publikums und die entfesselte Wuth der ihn angreifenden Kritikasterschaar ertragen.

Vertraut mit den Meisterwerken des Sophokles und Euripides, von ihrem Geist befruchtet, schwang er sich zu einer Höhe hinauf, von der ihn bis jezt nur Wenige zu stürzen vermochten; man erstaunt noch heute, wenn man Betrachtet, mit welcher Leichtigkeit er seinen Geist zu allen Dichterstoffen zu benußen wußte! Wer würde den Dichter Athalie's im humoristischen Lustspiele les Plaideurs wiederfinden! und wer sollte denken, daß derselbe im Epigramm schon vor Rouss seau den Marot übertroffen habe? Auch als Lyriker ist er unübertrefflich, denn ́ was sind die Chöre der Athalie und Esther anders, als lyrische Dichtungen. In ihnen umschwebt uns ein tiefes Gefühl, eine harmonische, melodische Sprache, die allein aus dem Herzen hervorgehend, das Interesse im höchsten Grade erregt und für die man keine Ausdrücke findet, weil sie kein Geheimniß der Dichtkunst, sondern eine reine Naturgabe ist. Er idealisirt die Karaktere und bleibt der Geschichte treu; die Entwickelung seiner Stücke ergreift durch die tiefe Menschenkenntniß, die er an den Tag legt; die Darstellung ruft theilnehmendes Gefühl hervor, und der rythmische Wohllaut des Ganzen entzückt im höchsten Grade. Viele feiner Stücke zeichnen sich durch religiöse Würde und Anstand aus, und auch seine Prosa wird noch sehr geschäßt.

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Britannicus (1669).

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Man besigt von Racine folgende Schriften: La Thebaïde ou les Frères ennemis (1664). Alexandre (1665). Andromaque (1667). Les Plaideurs. (1768). Bérénice (1670). Bajazet (1672). Mithridate (1673). Iphigénie en Aulide (1674). Phedre (1677). Esther und Athalie (von der Voltaire sagte: Athalie, l'ouvrage le plus approchant de la perfection qui soit jamais sorti de la main des hommes.) Cantiques spirituels. Discours académiques. Histoire de Port-Royal, en abrégé.

Racine starb vor Gram, weil er beim stolzen Ludwig in Ungnade gefallen war. Eine Bittschrift, die er auf der Maintenon Anrathen abgefaßt, und worin er das durch die langen Kriege in Elend versunkene Volk dem König geschildert hatte, fiel in die Hände desselben und erregte dessen Zorn, und Racine, der Verfasser des Britannikus und der Athalie, konnte den Blick des übermüthigen Monarchen nicht ertragen, noch diesen Kummer überleben. Vanitas Vanitatum Vanitatis!

Die beste Ausgabe seiner Werke ist die 1801 in Folio mit Kupfern bei Didot in Paris, erschienene; auch die mit Noten von Aimé Martin, Paris 1820, ist gut. Parallèle de Racine et Voltaire.

Touts deux ont possédé ce merite si rare de l'élégance continue et de l'harmonie, sans lequel, dans une lange formée, il n'y a point d'écrivain; mais l'élégance de Racine est plus égale, celle de Voltaire plus brillante. L'une plaît d'avantage au goût, l'autre à l'imagination. Dans l'un le travail, sans se faire sentir, a effacé jusqu'aux imperfections les plus légères; dans l'autre, la facilité se fait apercevoir à la fois et dans les beautés et dans les fautes. Le premier a corrigé son style sans en refroidir l'intérêt; l'autre y a laissé des taches, sans en obscurcir l'éclat. Ici les effets tiènent plus souvent à la phrase poétique; là ils appartienent plus à un trait isolé, à un vers saillant. L'art de Racine consiste plus dans le rapprochement nouveau des expressions; celui de Voltaire, dans de nouveaux rapports d'idées. L'un ne se permet rien de ce qui peut nuire à la perfection; l'autre ne se refuse rien de ce qui

peut ajouter à l'ornement. Racine à l'exemple de Despréaux, a étudié touts les effets de l'harmonie, toutes les formes des vers, toutes les manières de les varier. Voltaire, sensible surtout à cet accord si nécessaire entre le rythme et la pensée, semble regarder le reste comme un art subordonné, qu'il rencontre plutôt, qu'il ne le cherche. L'un s'attache plus à finir le tissu de son style, l'autre à en relever les couleurs. Dans l'un le dialogue est plus lié, dans l'autre, il est plus rapide. Dans Racine, il y a plus justesse; dans Voltaire, plus de mouvement. Le premier l'emporte pour la profondeur et la vérité; le second, pour la véhémence et l'énergie. Ici les beautés sont plus sévères, plus irréprochables; là elles sont plus variés, plus séduisantes. On admire dans Racine cette perfection toujours plus étonnante à mesure qu'elle est plus examinée; on adore dans Voltaire cette magie qui donne de l'attrait même à ses défauts. L'un vous paraît toujours plus grand par la réflexion, l'autre ne laisse pas maître de réfléchir. Il semble que l'an ait mis son amour propre à défier la critique, et l'autre à la désarmer. Enfin, si l'on ose hazarder un résultat sur des objets livrés à jamais à la diversité des opinions, Racine lu par les connaisseurs, sera regardé comme le poète le plus parfait, qui ait écrit; Voltaire, aux yeux des hommes rassemblés au Théâtre, sera le genie le plus tragique, qui ait régné sur la scène.*) (La Harpe.)

1. Narrations.
Songe d'Athalie.

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Prêtez-moi l'un et l'autre une oreille attentive.
Je ne veux point ici rappeler le passé,
Ni vous rendre raison du sang que j'ai versé.
Ce que j'ai fait, Abner, j'ai cru devoir le faire.
Je ne prends pour juge un peuple téméraire.
Quoi que son insolence ait osé publier,
Le Ciel même a pris soin de me justifier.
Sur d'éclatants succès ma puissance établie
A fait jusqu'aux deux mers respecter Athalie.
Par moi Jérusalem goûte un calme profond;
Le Jourdain ne voit plus l'Arabe vagabond,
Ni l'altier Philistin, par d'éternels ravages,
Comme au temps de vos rois, désoler ses rivages.
Le Syrien me traite et de reine et de soeur.
Enfin, de ma maison le perfide oppresseur,
Qui devait jusqu'à moi pousser sa barbarie,
Jéhu, le fier Jéhu, tremble dans Samarie.
De toutes parts pressé par un puissant voisin,
Que j'ai su soulever contre cet assassin,

Il me laisse en ces lieux souveraine maîtresse.

Je jouissais en paix du fruit de ma sagesse;

Mais un trouble importun vient, dépuis quelques jours,

De mes prospérités interrompre le cours.

Un songe (me devrais-je inquiéter d'un songe?)
Entretient dans mon coeur un chagrin qui le ronge.
Je l'évite partout, partout il me poursuit...

*) Außer dem lezten Saße, woraus man ersehen kann, daß Laharpe sich einen sehr unvollständigen Begriff vöm tragischen Schriftsteller machte, ist diese Paralleke richtig und geschmackvoll.

1 Quoi que was auch, quoique obgleich.

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C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit;
Ma mère Jésabel devant moi s'est montrée,

Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté;
Même elle avait encor cet éclat emprunté

Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi;
Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi;
Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
Ma fille. En achevant ces mots épouvantables,
Son ombre vers mon lit a paru se baisser;
Et moi, je lui tendais les mains pour l'embrasser,
Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
D'os et de chair meurtris et trainés dans la fange,
Des lambeaux pleins de sàng, et des membres affreux,
Que des chiens dévorants se disputaient entr'eux.
.. Dans ce désordre à mes yeux se présente
Un jeune enfant, couvert d'une robe éclatante,
Tel qu'on voit des Hébreux les prêtres revêtus.
Sa vue a ranimé mes esprits abattus;

...

Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste,
J'admirais sa douceur, son air noble et modeste,
J'ai senti tout-à-coup un homicide acier,
Que le traître en mon sein a plongé tout entier.
De tant d'objets divers le bizarre assemblage
Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage;
Moi-même, quelque temps honteuse de ma peur,
Je l'ai pris pour l'effet d'une sombre vapeur.
Mais de ce souvenir mon âme possédée,
A deux fois, en dormant, revue la même idée;
Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer
Ce même enfant toujours tout prêt à me percer.
Lasse enfin des horreurs dont j'étais poursuivie,
J'allais prier Baal de veiller sur ma vie,

Et chercher du repos aux pieds de ses autels.
(Que ne peut la frayeur sur l'esprit des mortels?)
Dans le temple des Juifs un instinct m'a poussée,
Et d'appaiser leur Dieu j'ai conçu la pensée; -
J'ai cru que des présents calmeraient1 son courroux,
Que ce Dieu, quel qu'il soit, en deviendrait plus doux.
Pontife de Baal, excusez ma faiblesse.

J'entre; le peuple fuit; le sacrifice cesse;

Le Grand-prêtre vers moi s'avance avec fureur.
Pendant qu'il me parlait, ô surprise! ô terreur!

J'ai vu ce même enfant dont je suis menacée,

Jai cru...calmeraient, deviendrait. Nach croire steht im Französischen der Indikativ, wenn es im affirmativen Sinne gebraucht wird. Quel qu'il soit; quel que regiert den Konjunktiv.

Tel qu'un songe effrayant l'a peint à ma pensée ;
Je l'ai vu: son même air, son même habit de lin,
Sa démarche, ses yeux et touts ses traits enfin ;
C'est lui-même. Il marchait à côté du Grand-prêtre;
Mais bientôt à ma vue on l'a fait disparaître,
Voilà quel trouble ici m'oblige à m'arrêter,
Et sur quoi j'ai voulu touts deux vous consulter.
Mort d'Hippolyte.

A peine nous sortions des portes de Trézène;
Il était sur son char; ses Gardes affligés
Imitaient son silence, autour de lui rangés.
Il suivait, tout pensif, le chemin de Mycènes ;
Sa main sur ses chevaux laissait flotter les rênes;
Ses superbes coursiers, qu'on voyait autrefois,
Pleins d'une ardeur si noble, obéir à sa voix,
L'oeil morne maintenant, et la tête baissée,
Semblaient se conformer à sa triste pensée.
Un effroyable cri, sorti du fond des flots,
Des airs en ce moment a troublé le répos;
Et, du sein de la terre, une voix formidable
Répond en gémissant à ce cri rédoutable.
Jusqu'au fond de nos coeurs notre sang s'est glacé,
Des coursiers attentifs le crin s'est herissé;
Cepandant sur les dos de la plaine liquide
S'élève à gros bouillons une montagne humide.
L'onde approche, se brise, et vomit à nos yeux,
Parmi des flots d'écume un monstre furieux.
Son front large est armé des cornes menaçantes,
Tout son corps est couvert d'écailles jaunissantes;
Indomptable taureau, dragon impétueux,
Sa croupe se recourbe en remplis tortueux;
Ses long mugissements font trembler les rivage,
Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage;
La terre s'en emeut, l'air en est infecté,
Le flot qui l'apporta,2 recule épouvanté:
Tout fuit; et, sans s'armer d'un courage inutile,

Dans le temple voisin chacun cherche un asile;

Hippolyte lui seul, digne fils d'un héros,

1

Arrête ses coursiers, saisit ses javelots,

Pousse au monstre, et d'un dard lancé d'une main sûre,

Il lui fait dans le flanc une large blessure.

De rage et de douleur le monstre bondissant

Vient aux pieds des chevaux tomber en mugissant,
Se roule, et leur présente une gueule enflammée,

Qui les couvre de feu, de sang et de fumée.

1 M'oblige à m'arrêter, obliger à zeigt ein Ziel an, obliger de eine zu erfüllende Sache, die man sich vornimmt; il m'oblige à rester ici, il m'oblige de partir (Pastelot, Manuel des Amateurs de la Langue Française.)

2 Le flot qui l'apporta. (Siehe Bemerkung bei Corneille Pag. 39.)

La frayeur les emporte, et, sourds à cette fois,
Ils ne connaissent plus ni le frein, ni la voix,
En efforts impuissants leur maître se consume,
Ils rangissent les mors d'une sanglante écume.
On dit qu'on a vu même en ce désordre affreux,
Un dieu qui d'aiguillons pressait leurs flancs poudreux.
A travers les rochers la peur les précipite,
L'essieu crie et se rompt; l'intrépide Hippolyte
Voit voler en éclats tout son char fracassé;
Dans les rênes lui-même il tombe embarassé.
Excusez ma douleur, cette image cruelle
Sera pour moi des pleurs une source éternelle.
J'ai vu, Seigneur, j'ai vu votre malheureux fils
Trainé par les chevaux que sa main a nourris.
Il veut les rappéler, et sa voix les effraie;

Ils courent; tout son corps n'est bientôt qu'une plaie.
De nos cris douloureux la pleine retentit:
Leur fougue impéteux enfin se ralentit:

Ils s'arrêtent non loin de ces tombeaux antiques,
Où des rois, ses aïeux, sont les froides reliques.
J'y cours en soupirant, et sa Garde me suit.
De son généreux sang la trace nous conduit;
Les rochers en sont teints; les ronces dégouttantes
Portent de ses cheveux les dépouilles sanglantes:
J'arrive, je l'appèle, et me tendant la main,
Il ouvre un oeil mourant, qu'il renferme soudain.
Le Ciel, dit-il, m'arrache une innocente vie;
Prends soin, après ma mort, de la triste Aricie;
Cher ami, si mon père, un jour désabusé,
Plaint le malheur d'un fils faussement accusé,
Pour apaiser mon sang et mon ombre plaintive,
Dis-lui qu'avec douceur il traite sa captive,

Qu'il lui rende.... A ces mots, ce héros expiré1
N'a laissé dans mes bras qu'un corps defiguré,
Triste objet où des Dieux triomphe la colère,
Et que méconnaitrait l'oeil même de son père.

2. Discours.

Thésée reproche à Hippolyte le crime dont Phedre l'accuse.
Perfide! Oses-tu bien te montrer devant moi?

Monstre! qu'a trop longtemps épargné le tonnerre!
Reste impur des brigands dont j'ai purgé la terre!
Après que les transports d'un amour plein d'horreur
Jusqu'au lit de ton pére a porté ta fureur,
Tu m'oses présenter une tête ennemie !

1 Ce héros expiré. Dieses soll nach Grammatikern ein Fehler sein; Klassiker beweisen das Gegentheil; Voltaire fagt, un père expiré, Chateaubriand, le mendiant expiré. Man kann dieses Verb mit avoir und être konjugiren, Camille est expiré. (Delille.)

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