La doctrine du sens commun: ou, Traité des premières vérités et de la source de nos jugemens, suivi d'une exposition des preuves les plus sensibles de la véritable religion

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Chez Seguin aìné, 1822 - Common sense - 492 pages
 

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Page 23 - ... certitude évidente de ce qu'hier il nous arriva ou ne nous arriva pas, ni même si nous existions ou n'existions pas. Car, selon cet absurde système, je ne puis avoir d'évidence, que par une perception intime qui est toujours actuelle. Or, actuellement j'ai bien la perception du souvenir de ce qui m'arriva hier, mais ce souvenir n'est qu'une perception intime de ce que je pense présentement, c'est-à-dire d'une pensée actuelle, laquelle n'est pas la même chose que ce qui se passa hier,...
Page 14 - Malebranche , et d'autres semblables, dussent faire plus de peur que ceux de Platon et d'Aristote : j'avoue même que j'aurais honte de balancer à prendre un sentiment contraire au leur, quand la raison y conduit. On est redevable à Descartes d'une manière de philosopher méthodique, dont l'usage s'est établi à son occasion ou à son exemple ; et on lui est encore plus redevable que ne pensent quelques-uns de ses sectateurs, puisque sa méthode sert quelquefois à le combattre lui-même : pour...
Page 338 - La première est particulière à chacune des sciences, selon l'objet où elle se porte; la seconde est le propre et particulier objet de la logique. Au reste, comme il n'est nulle science qui ne veuille étendre ses connaissances par celles qu'elle tire de ses principes, il n'en est aucune aussi où la logique n'entre , et dont elle ne fasse partie ; mais il s'y trouve une différence singulière : savoir, que les vérités internes sont immanquables et évidentes, au lieu que les vérités externes...
Page 25 - Eh elîet, selon les philosophes dont nous parlons, l'âme n'est point évidemment certaine si elle n'est pas de telle nature qu'elle éprouve par elle-même et par sa seule constitution les impressions dont elle attribue la cause à des êtres qui existent hors d'elle; elle n'a donc pas de certitude plus évidente qu'il y ait hors d'elle aucun esprit...
Page 21 - Le témoignage des sens étant corporel, il ne saurait être admis parmi ceux qui par avance n'admettent pas l'existence des corps. La révélation divine et l'autorité humaine ne font encore impression sur nous que par le témoignage des sens; c'est-à-dire, ou de nos yeux qui ont vu les miracles du Tout-Puissant, ou de nos oreilles qui ont entendu les discours des hommes qui nous parlent de la part de Dieu.
Page 339 - D'ailleurs ne pouvant m'abstenir, quand j'y pense, d'imaginer de l'étendue au delà même des bornes du monde, il faudra que j'imagine de la matière au delà de ces bornes, ou, pour parler plus nettement, je ne pourrai imaginer des bornes au monde ; n'y pouvant imaginer des bornes, je ne pourrai penser qu'il soit ou puisse être fini, et que Dieu ait pu le créer fini. De plus, comme j'imagine encore, sans pouvoir m'en abstenir quand j'y pense, qu'avant même la création du monde il y avait de...
Page 111 - ... dans un de ses globes, il s'ensuive qu'elle en ait dans tous les autres. Mais de savoir s'il a été convenable à la magnificence de Dieu de placer des habitants dans tous les globes de l'univers, c'est ce que je ne saurais juger ni vrai ni faux, parce que c'est un point où l'esprit se perd comme dans un objet au-dessus de sa portée. Je parle ici de ce qui se passe naturellement dans mon esprit, et non pas de ce que la religion peut m'enseigner.
Page 52 - ... dont nous pouvons bien apercevoir la fausseté par un sentiment irréprochable de la nature; mais non pas toujours la démontrer par une exacte analyse de nos pensées. Rien n'est plus ridicule que la vaine confiance de certains esprits qui se prévalent de ce que nous ne pouvons rien répondre à des objections, où nous devons être persuadés, si nous sommes sensés, que nous ne pouvons rien comprendre.
Page 30 - J'entends donc ici par le SENS COMMUN, la disposition que la nature a mise dans tous les hommes ou manifestement dans la plupart d'entre eux, pour leur faire porter, quand ils ont atteint l'usage de la raison, un jugement commun et uniforme sur des objets différents du sentiment intime de leur propre perception; jugement qui n'est point la conséquence d'aucun principe antérieur.
Page 45 - ... par des abstractions continuelles, et, si je l'ose dire, tellement alambiqué le cerveau par des possibilités métaphysiques, qu'ils doutent effectivement s'il ya des corps. Tout ce que l'on peut dire de ces contemplatifs, c'est qu'à force de réflexions ils ont perdu le sens commun, méconnaissant une première vérité dictée par le sentiment de la nature, et qui se trouve justifiée par le concert unanime de tous les hommes.

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