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Forment le trône solennel;

Et le long assaut de tes ondes,

Sans cesse ébranlant les deux mondes,
Leur livre un combat éternel.

Redoutable Océan! rends moi tous tes rivages!
Livre à mes yeux tes flots, empire des orages!
Ton sein s'ouvre sans cesse à nos mille vaisseaux ;
Mais nos flottes, s'armant d'une impuissante audace,
Comme un trait fugitif1, sans y laisser de trace
Effleurent ton domaine et sillonnent tes eaux. 2

L'homme ne marche point dans tes routes humides;
Tes orageux sentiers 2 et tes plaines liquides
Ne souffrent pas longtemps ses pas injurieux :
Rejeté loin de toi, ce despote éphémère,
Comme un flocon de neige ou d'écume légère, *
Du sein de la tempête est lancé dans les cieux.

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4

3

1 Flying dart. 2 skim over thy domain and furrow thy waters. stormy paths. 4 like a flake of snow, or light foam. 5 the plaything of thy dark waves. 6 without coffin.

Tes rivages sont des royaumes
Où trône, autel, tout a changé ;
Et de leurs peuples, vains fantômes
Le sort dès longtemps t'a vengé.
Ils ne pèsent plus sur tes rives :'
Tes vagues reposent oisives
Aux bords où Sidon a régné ;
Et de porter les vastes flottes,
Que guidaient ses hardis pilotes,
Ton orgueil n'est plus indigné.

Eh! que sont aujourd'hui Rome, Athène et Carthage ?
Saturne a, sous ses pieds, foulé leur héritage,
Par vingt peuples divers tour à tour disputé:
Toi, tu ne changes point; et ton onde sauvage
Toujours des mêmes flots vient 2 ronger le rivage
Qui voit la servitude où fut la liberté !

Ainsi que les Etats les monts même 3 s'affaissent:
Sous le sceptre des ans les Apennins s'abaissent.
Trente siècles, suivis de la destruction,

Ont imprimé leurs pas sur ces sommets arides;

4

Mais le temps sur ton front n'a point laissé de rides,
Tu parais tel qu'au jour de la création.

O mer! de la toute-puissance

Miroir immense et glorieux,

Avec quelle magnificence

Ton azur reproduit les cieux!

1 They trouble thy shores no longer. 2 to wash away. 3 sink with their

weight. 4 wrinkles.

Que tes espaces sont sublimes!
Du Très-Haut tes pompeux abîmes
Forment le trône solennel;

Et le long assaut de tes ondes,

Sans cesse ébranlant les deux mondes,

Leur livre un combat éternel.

CHÉNEDOLLÉ.

MOISE SUR LE NIL.

"And the daughter of Pharaoh came down to wash herself at the river; and her maidens walked along by the river's side; and when she saw the ark among the flags, she sent her maid to fetch it. And when she had opened it, she saw the child: and behold, the babe wept. And she had compassion on him, and said, This is one of the Hebrews' children."-Ex. ii. 5, 6.

"IL s'éveille: accourez, ô vierges de Memphis.

Il crie... Ah! quelle mère a pu livrer son fils
Au caprice des flots mobiles?

Il tend les bras; les eaux grondent'de toute part.
Hélas! contre la mort il n'a d'autre rempart
Qu'un berceau de roseaux fragiles.

"Sauvons-le... C'est peut-être un enfant d'Israël,
Mon père les proscrit: mon père est bien cruel
De proscrire ainsi l'innocence!

Faible enfant! Ses malheurs ont ému mon amour
Je veux être sa mère: il me devra le jour, 2
S'il ne me doit pas la naissance."

Ainsi parlait Iphis, l'espoir d'un roi puissant
Alors qu'aux bords du Nil son cortége innocent 3

1 Threaten. 2 life. 3 (her maidens.)

3

Suivait sa course vagabonde; 1

2

Et ces jeunes beautés, qu'elle effaçait encor,
Quand la fille des rois quittait ses voiles d'or,
Croyaient voir la fille de l'onde.

3

Sous ses pieds délicats déjà le flot frémit;
Tremblante, la pitié vers l'enfant qui gémit
La guide en sa marche craintive;

Elle a saisi l'esquif! fière de ce doux poids, 5
L'orgueil sur son beau front, pour la première fois,
Se mêle à la pudeur naïve.

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Et ses sœurs tour à tour au front du nouveau-né,
Offrant leur doux sourire à son œil étonné,
Déposaient un baiser timide.

"Accours, toi qui, de loin, dans un doute cruel,
Suivais des yeux ton fils sur qui veillait le ciel ;
Viens ici comme une étrangère;

Ne crains rien; en prenant Moïse entre tes bras,
Tes pleurs et tes transports ne te trahiront pas,
Car Iphis n'est pas encore mère!"

Alors, tandis qu'heureuse et d'un pas triomphant,
La vierge au roi farouche amenait l'humble enfant,
Baigné des larmes maternelles,

On entendait en chœur, dans les cieux étoilés,

1 Its winding shores. 2 surpassed. 3 the wave ripples. 4 the tiny skiff. 5 lovely burden. 6 to the edge of the wave-washed shore.

Des anges, devant Dieu de leurs ailes voilés,
Chanter les lyres éternelles.

"Ne gémis plus, Jacob, sur la terre d'exil;
Ne mêle plus tes pleurs aux flots impurs du Nil;
Le Jourdain va t'ouvrir ses rives. 1

Le jour enfin approche où vers les champs promis
2 Gessen verra s'enfuir, malgré leurs ennemis,
Les tribus si longtemps captives.

4

"Sous les traits 3 d'un enfant délaissé sur les flots,
C'est l'élu du Sina, c'est le roi des Fléaux 5
Qu'une vierge sauve de l'onde.

Mortels, vous dont l'orgueil méconnaît l'Eternel,
Fléchissez un berceau va sauver Israël,

Un berceau doit sauver le monde."

VICTOR HUGO.

QUATRAINS MORAUX.

This piece is comprised of a few stanzas which offer a series of moral lessons for youth. It commences by representing our parents as the first and principal object of our love, and teaches the young where to look for their best friends. It upholds the love of truth, and discountenances evil speaking. It commends charity towards the poor, sobriety, cleanliness, and suavity of manner; to the wife and mother, a regard for economy, and love for domestic duties. It reproves too great a fondness for fashion, and points out the evanescence of beauty, contrasting it with a modest simplicity, which invariably captivates the

heart.

Au bonheur ici-bas nous aspirons sans cesse :

Nos vrais amis sont ceux qui, dès nos premiers ans,

1 Jordan will for thee divide its waters. 2 Goshen shall the captive tribes depart. 3 under the form. 4 abandoned. 5 he who has the plagues under his control.

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