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miques. >> Enfin on trouve, dans le Journal des savants de 1639, les détails suivants sur son caractère : << A tant de talents, il avait joint une rare modestie, une exacte probité et un parfait désintéressement. Jouissant par son travail d'un revenu considérable, il ne songea jamais à faire des acquisitions ni à amasser des richesses. Content d'en tirer une honnête subsistance, il employa tout le superflu au soulagement des pauvres ».

Quand il mourut, dans sa quatre-vingtième année, en 1688, il était à la fois doyen et de l'Académie, et du Collège royal, et de la Faculté de droit.

III.

RENAUDOT.

1689.

Eusèbe Renaudot, prieur de Frassay, naquit à Paris le 20 juillet 1646, l'aîné de quatorze enfants qu'eut son père. Après d'éclatants succès dans les classes, il prit l'habit ecclésiastique, mais sans entrer plus avant dans les ordres ni prendre des degrés en Sorbonne, et seulement dans le but de se vouer plus spécialement à l'étude. Il acquit un savoir profond en théologie et des connaissances très étendues dans les langues orientales, dans le grec vulgaire, l'arabe, le syriaque, le copte, l'éthiopien, et tourna particulièrement ces connaissances à la

recherche des origines de l'histoire ecclésiastique. Il fut fort utile au grand Arnauld pour son livre de la perpétuité de la foi, et cet illustre ami de Boileau et de Racine y rendit un témoignage à jamais mémorable au zèle et à la capacité de notre académicien.

Son père, exerçant à la cour l'emploi de premier médecin du dauphin, l'abbé Renaudot se fit connaître et chérir de Bossuet, de Montausier, de Condé, des Conti, des Colbert, et se fit assez considérer de Louis XIV pour que ce roi permît à ses ministres de lui communiquer certaines affaires, et plus d'une fois des mémoires rédigés par l'abbé furent lus en plein conseil.

En 1700, l'abbé Renaudot suivit à Rome le cardinal de Noailles, dont il fut le conclaviste. Il assista à l'élection de Clément XI. Ce pape, qui lui-même cultivait les lettres, le prit en grande affection, le garda auprès de lui sept ou huit mois après le départ du cardinal, et eut beaucoup de peine à obtenir de lui qu'il voulût bien accepter un prieuré en Bretagne. A son retour, comme l'abbé passait par Florence, le grand-duc de Toscane envoya à sa rencontre, le retint un mois dans son palais, le combla de présents littéraires; et l'Académie de la Crusca l'admit au nombre de ses membres. Il mourut à Paris le 1er septembre 1720. En 1691, il avait succédé à Quinault dans l'Académie des inscriptions, qui ne comptait encore que huit membres.

Le recueil assez volumineux des œuvres de l'abbé

Renandot est justement estimé des savants. Ses écrits ont principalement trait à la religion, ce qui l'a fait appeler par de Boze, son panégyriste, une espèce d'apôtre ou de missionnaire de cabinet. « Il était, ajoute le même écrivain, d'un jugement net et solide; sa critique était sûre, exacte, et d'un tour aisé et naturel, quoique méthodique et pressante. Dans le commerce de l'amitié, il était d'une tendresse et d'une fidélité si peu communes que la prospérité ou les disgrâces de ses amis étaient devenues la mesure de son repos et de sa santé. » Il eut l'honneur de compter parmi ceux de Boileau, qui lui adressa son épître sur l'amour de Dieu. Sa conversation agréable, anecdotique, savante, le faisait rechercher de la société, où sa franchise le rendait le fléau de l'hypocrisie, sa modestie, celui de la fatuité. Une piété sincère et éclairée, une libéralité qui lui faisait porter l'aumône à un degré incroyable pour sa modique fortune, achèvent de le peindre.

N'oublions pas de dire qu'il avait succédé à son père dans le privilége de la Gazette, privilége longtemps héréditaire dans sa famille, et avec justice: son grand-père fut le créateur des journaux en France. L'Italie et l'Espagne en possédaient dès le XVIe siècle; on les y appelait gazettes, du nom de la pièce de monnaie qu'il en coûtait pour les lire, gazzetta. Théophraste Renaudot fonda, en 1631, la Gazette française, avec l'agrément du cardinal de Richelieu; et Louis XIV en accorda successivement le privilége au fils et au petit-fils de Théophraste.

IV.

ROQUETTE.

1720.

HENRI-EMMANUel de RoquetTE, docteur de Sorbonne, abbé de Saint-Gildas de Ruis, mort en 1725, était neveu de cet autre Roquette contre lequel Boileau dirigea la charmante épigramme connue : On dit que l'abbé Roquette Prêche les sermons d'autrui : Moi, qui sais qu'il les achète, Je soutiens qu'ils sont à lui.

Ceux que notre académicien prononça, s'ils sont ignorés aujourd'hui, il ne les achetait pas du moins. Il avait pour l'éloquence un talent distingué et qui fut souvent applaudi, tantôt à la tête des Etats de Bourgogne, lorsqu'il haranguait le roi; tantôt dans la chaire, où il développait avec onction les vérités du christianisme; enfin dans son oraison funèbre de Jacques II, qui fut extrêmement goûtée à la cour de Louis XIV.

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PIERRE DE PARDAILLAN DE GONDRIN D'ANTIN, évêque duc de Langres, né à Versailles en 1692, mort à Langres, âgé de quarante-deux ans. Pour

quoi rappellerions-nous aujourd'hui qu'il fut un enfant prodige quand on n'a de l'homme que deux écrits de quelques pages? L'un, son discours de réception à l'Académie, qui l'avait élu quoique absent, l'autre une harangue faite au roi, au nom du clergé de France. Bornons-nous à dire qu'il fut un évêque estimable, et reproduisons ces quelques lignes de de Boze : « Lorsqu'en 1716, l'Académie des inscriptions commença à recevoir les ordres du roi Louis XV par M. le duc d'Antin, il était naturel qu'on souhaitât y avoir pour confrère M. l'abbé d'Antin, son fils. Il se prévalut de la conjoncture, mais d'une façon toute nouvelle, et de la manière du monde la plus glorieuse et pour lui et pour nous; car, pouvant jeter sur notre liste un nom stérile, et se trouver presque à la tête dans le rang marqué pour les gens de sa naissance, sa naissance, il y entra simple associé, il y occupa la dernière place, et nous l'y avons vu cinq années entières, donnant à l'assiduité et au travail commun tout le temps qu'il pouvait prendre sur ses autres occupations. Encore, lorsque ces occupations, ou plutôt ces devoirs indispensables le demandèrent tout entier, il ne se déterinina à passer dans la classe des honoraires que pour tenir toujours à l'Académie, et n'y pas laisser inutile sa place d'associé.

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