Page images
PDF
EPUB

une âme dans les bêtes: mais, en attendant, il faut convenir que vous ne l'avez pas encore démontré, comme vous le dites vous-même, et même que vous ne le pouvez faire en aucune manière.

[ocr errors]
[ocr errors]

3. Si ce n'est qu'ayant des yeux, des oreilles, etc. »

La plus grande preuve, selon moi, est qu'elles évitent avec tant de soin ce qui leur est contraire, et qu'elles songent à leur conservation, comme je pourrois vous le montrer, si j'avois le temps, par de petites histoires aussi véritables que merveilleuses; mais je crois que vous en avez lu quantité de pareilles, et les miennes ne sont dans aucun livre.

4. « Qu'il est plus probable de faire mouvoir » comme des machines les vers de terre, les mou» cherons, les chenilles. »

A moins que nous ne nous imaginions peut-être ces sortes d'âmes comme une espèce de sable et de poussière de la vie du monde, selon que Ficin les appelle; et que ces escadrons presque infinis d'âmes sortants tous les jours de cette pépinière, retombent incessamment, par un mouvement impétueux et dirigé par le destin, dans cette matière qui est préparée pour de semblables générations; mais j'avoue qu'il est plus facile d'avancer ces choses que de les démontrer.

[ocr errors]
[ocr errors]

5. Qui nous marquât, par la voix ou par » d'autres signes, quelque chose, etc. »

Est-ce que les chiens ne nous font point certains signes avec leur queue, comme nous faisons avec la tête? Est-ce que, par leurs petits aboiements, ils ne nous demandent point comme par charité leur nourriture à table? Bien plus, ils poussent quelquefois avec leur patte le bras de leur maître aveć une retenue admirable, pour le faire souvenir par ce signe flatteur qu'il les a oubliés.

6. « Or, tous les hommes les plus stupides et »> les insensés, etc., au lieu que les brutes ne font >> rien de semblable, etc. >>

>>

Vous pourriez dire la même chose des enfants, du moins durant l'espace de plusieurs mois; quoiqu'ils pleurent, qu'ils rient et se mettent en colère, etc., vous êtes pourtant persuadé qu'ils ont une âme et une âme qui pense. Voilà, monsieur, quelles sont les instances que j'ai pris la liberté de faire à vos excellentes réponses ; je ne sais si elles vous seront aussi agréables que mes dernières objections. La bonté que vous avez marquée pour les premières, et la longue habitude que j'ai contractée avec vos écrits, m'ont rendu plus hardi; mais je crains d'avoir été trop long, et de vous avoir été à charge.

Car j'ai presque oublié mon dessein principal,

de ne pas multiplier à l'infini les objections et les réponses; mais ayant trouvé l'occasion favorable d'avoir votre décision sur les matières qui se sont présentées, et surtout de vous avoir vous-même pour interprète des difficultés que je pourrois rencontrer dans la lecture de vos ouvrages, je me suis flatté, monsieur, que vous m'accorderiez cette faveur. Le plaisir que vous m'avez fait de me dévoiler les secrets de votre art m'engage à vous demander la même grâce pour quelques objections que je vais vous faire. Je demande donc, 1o s'il auroit pu arriver, ou par les décrets divins, ou par quelque autre manière, que le monde fût fini, c'est-àdire borné par un nombre déterminé de millions de lieues; car il me semble que ce n'est pas un foible argument que le monde puisse être fini, en ce que presque tout le monde croit qu'il est impossible qu'il soit infini. 2° Je suppose que quelqu'un fût assis aux extrémités de ce monde, et je demande s'il pourroit enfoncer son épée jusques à la garde au travers les bornes du monde, en sorte que toute la lame de l'épée fût hors des confins du monde; d'un côté la chose paroît facile à faire, puisqu'il n'y auroit rien hors du monde qui résistât, et de l'autre la chose paroît impossible, parcequ'il n'y auroit rien d'étendu hors du monde, qui pût recevoir la lame de l'épée.

3o A l'art. 29 de la seconde partie, p. 91, si le corps AB, transporté du voisinage du corps CD, je demande comment il est certain que le transport soit réciproque; car supposons que le corps CD est une tour, et AB un vent d'occident qui passe par le côté de la tour: or, la tour CD est en repos, ou du moins ne s'éloigne point devant AB; si elle s'en éloigne, ou, comme vous dites, si elle est transportée par le mouvement, elle est donc mue vers l'occident; mais elle n'est point transportée vers l'occident, puisque la terre et les vents sont portés vers l'orient. Elle paroît donc en repos par rapport au vent, puisqu'elle ne reçoit aucun mouvement de lui; cependant vous dites que le transport de cette tour et du vent (lequel transport est un mouvement) est réciproque; ainsi la tour seroit en mouvement et en repos par rapport à ce même vent. Ce qui n'est pas bien loin de la contradiction. Lorsque celui qui en se promenant s'éloigne de moi, qui suis assis, de l'espace de mille pas par exemple, et s'est échauffé et fatigué, et que je ne le suis pas, c'est là un signe qu'il s'est mû, et que je me suis tenu en repos pendant ce tempslà. Dans le mouvement de cet homme qui marche, je ne remarque qu'un rapport que ma' pensée y fait des différentes distances où nous nous trouvons, et aucun mouvement réel et physique.

4° A l'art. 149 de la troisième partie, p. 500.

[ocr errors]

Et ainsi elle fera que la terre tournera sur son axe, etc. Comment fera la lune, afin que la terre achève dans un jour son tour sur son propre centre, puisqu'elle-même emploie trente jours pour achever le sien? Ce qui est dit à l'article 151, p. 301, ne touche point, selon moi, cette question.

5° A l'égard de ces petites parties tournées, que vous appelez cannelées, comment ont-elles pu être ainsi tournées? Ne devoient-elles pas plutôt être brisées et rompues en une infinité de petites parties réduites en atomes? Quelle lenteur et quelle consistance pourrons-nous imaginer dans cette première matière, dont toutes les parties sont homogènes, et entièrement semblables en ellesmêmes; d'où vient que ces petites parties étoient d'ailleurs molles, et comment se sont-elles dans la suite endurcies ?

6o A l'art. 189 de la quatrième partie, p. 503, notre âme est étroitement jointe et unie au cerveau; vous me ferez bien plaisir de m'apprendre ce que vous pensez de l'union de l'âme avec le corps; si elle est unie à tout le corps, ou seulement au cerveau, ou si elle est seulement renfermée dans la glande pinéale, comme dans une espèce de petite prison; car je regarde cette glande, selon vos principes, comme le siége du sens commun, et comme la forteresse de l'âme. Je doute pourtant si l'âme n'occupe pas tout le corps. Outre cela, je vous

« PreviousContinue »