ment quelques strophes d'un hymne composé à cette occasion par Marie-Joseph Chénier, et mis en musique par Gossec: Ah! ce n'est point des pleurs qu'il est temps de répandre; Jadis, par les tyrans cette cendre exilée, Salut, mortel divin, bienfaiteur de la terre; Ton souffle créateur nous fit ce que nous sommes : Le flambeau vigilant de ta raison sublime Sur cent tons différents ta lyre enchanteresse, La Barre, Jean Calas, venez, plaintives ombres, Chantez, peuples pasteurs, qui des monts helvétiques Fils d'Albion, chantez; Américains, Bataves, A la même époque, on reprit au théâtre français les Muses rivales, ou l'Apothéose de Voltaire, pièce dramatique de La Harpe, déjà jouée en 1779 par les comédiens français du palais des Tuileries. L'auteur avait ajouté à la scène huitième ces vers, qui ne se retrouvent pas dans ses OEuvres choisies, publiées par M. Petitot, non plus que le Dithyrambe aux mânes de Voltaire, couronné en 1779 par l'académie française: nous les tirons d'une édition in-18, publiée par l'auteur luimême en 1792. C'est Apollon qui parle : . Pourriez-vous bien le croire? Le fanatisme encore insulte à sa mémoire. On lui défend d'y reposer. Je vous vois tous frémir de cet indigne outrage, Nous plaignons un si lâche et si triste esclavage.... Le destin à mes yeux rapproche l'avenir; Reposent dans la gloire et l'immortalité. Quel contraste ce jour à nos regards expose! Sur un char de triomphe il entre dans Paris. En foule autour de lui confondent leur hommage. O Calas! ô Sirven! sortez de la poussière : Vous, serfs du mont Jura, ce jour est votre fête; Il voulut le briser: agitez sur sa tête Que le Fanatisme rugisse! Que le Despotisme pâlisse! Que de ces deux fléaux l'univers soulagé « Le monde est satisfait, le grand homme est vengé. » Les restes de Voltaire ne sont plus dans la place honorable que l'admiration et la reconnaissance publique lui avaient consacrée. EXTRAIT DU JOURNAL DU COMMERCE, DU 15 FÉVRIER 1819. La loge d'adoption attachée à celle des Amis des Arts et des Lettres a été installée le mardi 9 février Sig, dans une fête qui a eu lieu le soir à l'hôtel de Vilette. Cette loge a pris le nom de Belle et Bonne, que Voltaire avait, comme on le sait, donné à sa nièce adoptive, madame de Villette. La même couronne que recut ce grand poète à la comédie française, des mains de Belle et Bonne, était exposée aux yeux des amis de la liberté, de la tolérance, et de la philosophie; et chacun se disait, Une feuille de cette couronne suftrait à ma gloire. La rivale de Clairon, mademoiselle Duchesnois, a récité devant le buste du défenseur des Calas l'ode de Marmontel, à laquelle l'auteur de la tragédie de Bélisaire avait ajouté les deux strophes suivantes, dont l'heureux à-propos a été vivement senti par toute l'assemblée: D'une fille de Melpomène |