tenait autre chose que des remerciements de ma part, de la pension dont sa majesté me gratifiait avec la permission du roi mon maître, de celle qu'il accordait à ma niéce après ma mort, et de la croix et de la clef de chambellan. Le roi de Prusse avait daigné mettre au bas de ce petit feuillet, autant qu'il m'en souvient, «Je signe « de grand cœur le marché que j'avais envie de faire il y a plus de quinze ans. » Ce papier, absolument inutile à sa majesté, à moi, au public, sera certainement rendu dès qu'il sera retrouvé parmi mes autres papiers. Je ne peux ni ne veux en faire le moindre usage. Pour lever tout soupçon, je me déclare criminel de lèsemajesté envers le roi de France mon maître, et le roi de Prusse, si je ne rends le papier à l'instant qu'il sera entre mes mains. Ma nièce, qui est auprès de moi dans ma maladie, s'engage, sous le même serment, à le rendre si elle le retrouve. En attendant que je puisse avoir communication de mes papiers à Paris, j'annule entièrement ledit écrit; je déclare ne prétendre rien de sa majesté le roi de Prusse, et je n'attends rien dans l'état cruel où je suis que la compassion que doit sa grandeur d'ame à un homme mourant, qui avait tout sacrifié et qui a tout perdu pour s'attacher à lui, qui l'a servi avec zéle, qui lui a été utile, qui n'a jamais manqué à sa personne, et qui comptait sur la bonté de son cœur. Je suis obligé de dicter, ne pouvant écrire. Je signe avec le plus profond respect, la plus pure innocence, et la douleur la plus vive. VOLTAIRE. LES J'AI VU, ATTRIBUÉS FAUSSEMENT A M. DE VOLTAIRE, ET QUI LE FIRENT METTRE A LA BASTILLE, SOUS LA RÉGENCE, Tristes et lugubres objets, J'ai vu la Bastille et Vincennes, Le Châtelet, Bicêtre, et mille prisons pleines J'ai vu la liberté ravie, De la droite raison la règle poursuivie: Sous un rigoureux esclavage: J'ai vu le soldat rugissant Crever de faim, de soif, de dépit, et de rage: Leurs remontrances inutiles : J ai vu des magistrats vexer toutes les villes Un démon nous donner la loi; Elle sacrifia son Dieu, sa foi, son ame, Le barbare ennemi de tout le genre humain Madame de Maintenon.-' M. d'Argenson, J'ai vu les traitants impunis: J'ai vu les gens d'honneur persécutés, bannis: J'ai vu le lieu saint avili: J'ai vu l'action la plus noire L'eau de tout l'Océan ne pourrait la laver, Remuer, tourmenter les mânes Des corps marqués au sceau de l'immortalité. Du feu divin qui les anime. O temps! ô mœurs! j'ai vu dans ce siècle mandit Ce cardinal, l'ornement de la France, Plus grand encor, plus saint qu'on ne le dit, Ressentir les effets d'une horrible vengeance: J'ai vu l'hypocrite honoré: J'ai vu, c'est DIRE TOUT, LE JÉSUITE ADORÉ: FIN DES PIECES JUSTIFICATIVES |