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PRÉFACE.

Les progrès de la philologie dans l'étude des mots synonymes ont conduit à en reconnaître de deux sortes. Les uns se ressemblent non-seulement pour le sens, mais encore par la forme: ils ont même radical, et toute la différence qu'il peut encore y avoir entre eux provient, soit de ce qu'ils sont soumis à diverses influences grammaticales, soit de ce qu'ils ne commencent pas de même ou de ce qu'ils n'ont pas la même terminaison. Tels sont : détail et détails, un couple et une couple, commencer à et commencer de, être et avoir changé; défiance et méfiance, conserver et réserver; charlatanisme et charlatanerie, funèbre et funéraire. Les autres, comme larmes et pleurs, laid et vilain, demeurer et rester, ayant des radicaux divers, ne présentent aucune ressemblance extérieure ou de forme, et leurs différences résultent des significations diverses primitivement attachées à leurs radicaux mêmes.

Les synonymes à radical commun, doublement synonymes en quelque sorte, puisqu'ils le sont également pour l'œil et pour l'esprit, peuvent et ont dû être étudiés à part, tant ils diffèrent des autres. Ils forment en effet l'unique sujet du livre que j'ai publié pour la première fois en 1841 sous le titre de Traité des synonymes grammaticaux. Les autres font plutôt la matière d'un dictionnaire dans lequel ils sont rangés par articles séparés qui se suivent selon l'ordre alphabétique. Aussi est-ce seulement de synonymes de cette espèce qu'il est question dans le Dictionnaire des synonymes de la langue française, que j'ai publié pour la première fois en 1858, en le faisant précéder d'une deuxième édition du Traité des synonymes grammaticaux.

Me voici arrivé, au bout de trente ans, à un troisième ouvrage sur les

synonymes. Quel en est l'objet propre ? C'est d'ajouter aux deux précédents, et surtout au second. Le premier, le Traité des synonymes grammaticaux, tel que le présente la deuxième édition, est aussi parfait et presque aussi complet que j'étais capable de le rendre. Mais il n'en est pas de même du dictionnaire, il s'en faut bien.

En général, un dictionnaire de synonymes ne saurait être complet. Comme tous les autres, comme ceux mêmes qui s'intitulent fastueusement dictionnaires universels des synonymes, ce qui ne les empêche pas de se dire considérablement augmentés quand on les réimprime, mon dictionnaire proprement dit était susceptible d'additions. Il ne contient guère, à dire le vrai, que des synonymes connus, mais rapprochés, conciliés, fondus en un tout, méthodiquement distingués et ordonnés d'une manière systématique. C'est l'ancien dictionnaire refait d'après un plan régulier. A ces synonymes qui sont proprement du domaine public, et qui se retrouvent dans toutes sortes de recueils sous des formes plus ou moins variées, le présent livre ajoute plus de sept cents articles nouveaux; en sorte qu'on peut avec raison le considérer comme propre à servir de supplément non-seulement à mon dictionnaire, mais encore à tous les dictionnaires de synonymes français.

Quand je dis que ces articles sont nouveaux, j'entends qu'ils le sont pour le public. Car plusieurs avaient déjà été traités par Condillac. Mais, outre que que les synonymes de Condillac sont restés inédits, ils se sont tellement développés ou transformés sous ma plume, qu'il serait difficile de les reconnaître. Les synonymes latins de Doderlein et les allemands d'Eberhard m'ont également servi, je ne le dissimule pas, à composer quelques articles; mais, tels qu'ils sont, c'est à peine s'ils ont conservé quoi que ce soit qui rappelle leur origine.

Parmi les autres, il en est qui méritent une mention particulière. Ce sont ceux qui répondent à une liste de synonymes recommandés par l'abbé Girard à l'attention des synonymistes futurs, ses imitateurs. Ceux-ci en effet, Beauzée, Roubaud, Laveaux et plusieurs encyclopédistes en

avaient expliqué chacun un certain nombre. Le Roy de Flagis avait complété l'œuvre, en traitant presque tous ceux qui n'avaient pas encore été examinés. Mais son travail, très-imparfait du reste, est à peine connu même des philologues de profession. Je l'ai refait avec le plus grand soin, et le fruit de mes efforts compte pour une bonne part dans le livre que je publie aujourd'hui le lecteur y trouvera accomplie enfin la tâche proposée par le fondateur même de cette étude à ceux qui voudraient s'y appliquer après lui.

LISTE DES AUTEURS

CITÉS EN ABRÉGÉ

DANS LE SUPPLÉMENT DU DICTIONNAIRE DES SYNONYMES

DE LA LANGUE FRANÇAISE.

ACAD. Académie. Le dictionnaire de l'Académie. | J. B. Rouss. Jean-Baptiste Rousseau.

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MARIV. Marivaux.

MARM. Marmontel.

MASS. Massillon.
MOL. Molière.

MONTAIGN. Montaigne.
MONTESQ. Montesquieu.
NIC. Nicole.

P. A. Le Père André.

PASC. Pascal.

PELLISS. Pellisson.

PIR. Piron.

P. R. Port-Royal.

PREV. L'abbé Prévost.

RAB. Rabelais.

RAC. Racine.

RAYN. Raynal.
REGN. Regnard.
RIV. Rivarol.

ROLL. Rollin.

ROTR. Rotrou.

ROUB. Roubaud.

S. LAMB. Saint-Lambert.

S. R. Saint-Réal.

S. S. Le duc de Saint-Simon.

SCARR. Scarron.

SED. Sédaine.

SEV. Mme de Sévigné.

STAËL. Mme de Staël.

THOм. Thomas.

VAUG. Vaugelas.

VAUV. Vauvenargues.

VERT. Vertot.

VOLT. Voltaire.

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