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quin est bas, lâche, sans aucun sentiment d'honneur, sans aucune élévation d'âme. α Moi, coquin! un nourrisson du point d'honneur! » LES. «Il n'y a rien de grand que la guerre, dit-on; le reste des hommes sont des coquins. » PASC. « Un misérable à qui on a ôté le nom de scélérat, qu'on ne trouvait pas encore assez abject, pour lui donner celui de coquin comme exprimant mieux la bassesse et l'indignité de son âme. » J. J. Les Caractères de Théophraste, traduits par Labruyère, contiennent du coquin une excellente peinture qui commence ainsi : « Un coquin est celui à qui les choses les plus honteuses ne coûtent rien à dire ou à faire. »

J'ai fui comme un coquin. DEST.

Me renfermer! Faquin,

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Le maroufle est un coquin brutal. « Je suis un brutal, Monsieur le maroufle!» DEST. « Le maroufle! voyez comme il fait le brave, parce qu'il est ivre. ID. « Voilà un maroufle bien brutal!» LES. « Qui peut t'avoir mis de mauvaise humeur? Je vais parier que c'est ce maroufle qui sort.... L'animal!» ID. Dans le Festin de Pierre, Sganarelle, qui vient de recevoir un soufflet pour le paysan Pierrot, dit en regardant celui-ci : « Peste soit du maroufle!» MOL. « Et tant molestement poursuyuirent Gargantua qu'il feut contrainct soy repouser....; et voyant tant de gens a lentour de luy, il dist clerement: Je croy que ces marroufles veulent que ie leur paye icy ma bien venue. » RAB.

>>

Le belître est un coquin pédant, un vil cuistre. Un grand belître de régent. » LES. « Si je parle, c'est pour confondre ce belître-là qui se croit un docteur et veut parler argument. REGN. « Je ne suis pas du sentiment de ces belltres ignorants et impies, Newton, Leclerc et d'autres, qui prouvent que.... » VOLT. « Dans sa Doctrine curieuse Garasse dit que Pasquier, Scaliger, Luther, etc., sont des belitres d'athéistes et de carpocratiens. ID. Dans le Bourgeois gentilhomme, le maître de musique apostrophe le maître de philosophie en ces termes : «< Allez, belitre de pédant! » MOL.

· 2o Faquin, vaurien, garnement. Homme d'une mince valeur, homme que distingue, non plus la bassesse, mais la nullité. Autant le coquin est vil, autant est chétif le faquin. Si le coquin n'est rien moins qu'honorable, le faquin n'est rien moins que bon.

Le faquin est mauvais, chétif ou presque nul sous le rapport du talent. Il manque proprement de mérite. Faquin signifiait autrefois dans notre langue ce que signifie encore en italien son primitif facchino, savoir un porte-faix, un crocheteur, un homme du métier qui demande le moins de capacité. C'est le sens qu'il a dans Rabelais : « A Paris, en la roustisserye du petit Chastelet, au deuant de l'ouuroir dung roustisseur, ung facquin mangeoyt son pain a la fumee du roust.... »

Vous trouverez à pied (dans Paris) une infinité de gens de mérite, et la plupart des carrosses pleins de faquins. » MONTESQ. Voltaire appelle barbouilleur Le Tourneur, traducteur du Shakespeare, et ajoute: «< Il n'y a point en France assez de camouflets, assez de bonnets d'âne, assez de piloris pour un pareil faquin. » Ailleurs il donne le nom de faquin à un libraire inepte qui avait mal imprimé ses pièces de théâtre.

Un faquin sans esprit, chansonnier des valets,
De refrains d'antichambre habillant ses couplets,
Compile lourdement de tristes facéties. CHÉN.

Vaurien et garnement annoncent des défauts de conduite. C'est proprement de moralité que manquent les gens auxquels on applique ces

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Le garnement ou le mauvais garnement, le mauvais gars, le mauvais garçon, est un jeune vaurien, un enfant, un fils qui tourne ou a tourné mal. Mme de Conflans éleva son fils de façon qu'il ne fut qu'un garnement. » S.S. « Le Peltorano (jeune débauché mis sous la conduite du duc de Giovenazzo) n'en devint pas plus sage.... C'est ce garnement-là qui épousa la fille du maréchal de Boufflers. » ID.

Qu'une veuve est à plaindre, et qu'elle a de tourments, Quand elle a mis au jour de méchants garnements. REGN.

Et j'ai prédit cent fois à mon fils, votre père, Que vous preniez tout l'air d'un méchant garnement. (Mme Pernelle à Damis, dans le Tartufe). MOL.

Certain petit bourreau,
Marmot n'aimant que le désordre,
Garnement qu'on appelle Amour. PIR.

3o Gueux, va-nu-pieds. Homme au comble de la misère.

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torts. On corrige une humeur violente; on redresse ou on rectifie un jugement de travers.

Redresser et rectifier ont même radical, directum ou rectum, droit. Mais dans redresser la dérivation latine ne s'aperçoit plus, au lieu qu'elle est évidente dans rectifier, rectum facere, faire ou rendre droit. En conséquence, redresser se dit au propre des choses concrètes, au lieu que rectifier n'est d'usage que dans l'abstrait. On redresse une planche courbée; on rectifie la con

Mais le gueur gueuse ou gueusaille, c'est-à-dire mendie en menant la vie d'un vagabond et d'un fainéant, et l'extrême pauvreté lui fait faire des infamies. Mme de Sévigné appelle du nom de gueuses des sorcières et empoisonneuses célèbres de son temps. « Je devais dévouer à l'horreur destruction d'une phrase. On redresse un homme la postérité les gueux qui, pour de l'argent, ont voulu décrier l'Encyclopédie. » VOLT.

au physique d'abord, puis au figuré; on ne rectifie pas un homme, mais on rectifie ses vues, ses Le va-nu-pieds est moins odieux : c'est un sentiments, ses calculs. En parlant des mêmes homme de la dernière classe et parfaitement choses, des idées ou des erreurs, par exemple, obscur, voilà tout. « Un va-nu-pieds fit à Matti-rectifier, seul usité en termes de sciences, en gnon un procès et produisit des pièces qui mirent chimie et en géométrie, a un air plus savant et Mattignon au moment d'être condamné à lui plus distingué. payer 1 200 000 livres malgré tout son crédit. » S. S. « Le père Tellier exclut, pour les bénéfices, tout homme connu et de nom, et ne voulut que des va-nu-pieds et des valets à tout faire, gens obscurs.... » ID. Rien de si court en robe que les Chauvelin, qui étaient des va-nu-pieds, sans magistrature, quand la fortune du chancelier le Tellier les débourba. » ID.

4° Fripon. Voleur adroit, homme rusé, sans bonne foi, qui trompe avec esprit.

« Nancré était un drôle de beaucoup d'esprit, mais dangereux fripon, pour ne pas dire scélérat.... N'ayant ni âme ni sentiment que simulés, il voulait cheminer et être compté, à quoi tous moyens lui étaient bons. » S. S. De voleurs déterminés, les chats deviennent, lorsqu'ils sont bien élévés, souples et flatteurs comme les fripons; ils ont la même adresse, la même subtilité. » BUFF. « C'est un tour de fripon. » ACAD. Pasquin est un fripon qui s'est moqué de vous. DEST. Le fripon m'a joué d'un tour de son métier. REGN. 5o Pendard. Homme bon à pendre, qui mérite la corde.

Ce mot ne s'emploie avec justesse qu'en parlant de quelqu'un qu'il s'agit de punir en raison et en proportion de ses méfaits. «Des contes, bon pendard? oh! la gueule du juge en pétera; tu seras pendu, je t'en réponds. DANC. « C'est une punition trop délicate pour mon pendard: je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir. » (Martine dans le Médecin malgré lui.)

MOL.

Courons donc le chercher, ce pendard qui m'affronte;
Montrons notre courage à venger notre honte. ID.
Tais-toi, pendard....

Si tu dis un seul mot, je te romprai les bras. ID.
Quoi, pendarde, tu peux me tenir ce discours?
Ah! je t'en punirai. DEST.

Viens ça, pendard.... Viens ça que je t'assomme. ID. CORRIGER, REDRESSER, RECTIFIER. Faire disparaître d'une chose un défaut ou des défauts.

On corrige tout ce qui n'est pas bien, tout ce qui pèche d'une façon quelconque; on ne redresse et on ne rectifie que ce qui n'est pas droit. On corrige une couleur par une autre, on corrige l'amertume d'une viande ou d'une boisson; on redresse un arbre qui penche, on rectifie des intentions. On corrige les moeurs; on redresse les

CÔTÉ (DE) ET D'AUTRE, ÇA ET LÀ, PAR-CI PAR-LA. En plusieurs endroits. Locutions adverbiales entre lesquelles l'Académie ne met aucune différence.

De côté et d'autre, d'un côté et de l'autre, n'indique, à la rigueur, que deux endroits, suivant la signification primitive du mot côté, la partie droite ou gauche de l'homme. De côté et d'autre, c'est-à-dire à droite et à gauche. « Ce mouvement que nous appelons animal est le même qu'on nomme progressif, comme avancer, reculer, marcher de coté et d'autre. » Boss. « A ce grand mot plusieurs baissèrent la tête. Effiat secoua fort la sienne de côté et d'autre. » S. S. « La barbarie, semblable à un torrent, avait entraîné tout ce qui était solide, et avait seulement déposé de côté et d'autre ce que la légèreté avait fait surnager. » COND. Çà et là, au contraire, fait concevoir, non-seulement plus de deux endroits, mais encore beaucoup d'endroits, savoir l'endroit précis où est la personne qui parle, çà, et tous ceux autour d'elle où elle n'est pas, là. « Peutêtre étais-je il y a cent ans un corps ou beaucoup de petits corps épars çà et là, sous diverses formes, que le mouvement a rassemblés pour en composer cette portion de matière que j'appelle mon corps. » FEN. «Mille et mille beaux enfants, sans autre guide, sans autre commandement que la gaieté de leur âge, dansaient, sautaient, couraient çà et là, s'exerçaient à mille jeux divers. » BOUFFL. - Lors même que de côté et d'autre suppose aussi plus de deux endroits, il a toujours cela de particulier, qu'il les représente comme fixes, comme certains, au lieu que ceux dont ca et la donne l'idée sont marqués d'une manière vague et confuse. Des choses sont disposées de côté et d'autre, d'autres sont éparses çà et là. Pisistrate s'étant emparé de la tyrannie, chacun songea à se retirer de côté et d'autre (FEN.); Cassandre étant entré avec son armée dans la Béotie, on voyait les habitants de Thèbes errer çà et là sans demeure et sans retraite (ROLL.). Résolu d'aller s'informer de son père dans différents lieux de la Grèce, particulièrement à Sparte et à Pylos, Télémaque demanda aux poursuivants un vaisseau qui le menât de côté et d'autre sur cette mer sur laquelle Ulysse errait çà et là depuis si longtemps (FÉN.).

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Par-ci par-là signifie comme çà et là, en divers | dont on se sert pour désigner certaines petites endroits, indéterminément. Cependant il en dif- sociétés. fère. Dans par-ci par-là, par a le même sens que dans par parties, par intervalles, parfois; en sorte que par-ci par-là veut dire, non pas en beaucoup d'endroits (multifariam), mais par places, en quelques endroits (aliquotfariam). Du haut d'une montagne on aperçoit dans la plaine une grande quantité de maisons de campagne répandues çà et là, et quelques gros bourgs répandus par-ci par-là (LES.). Voltaire, admirateur d'Helvétius, dit d'un de ses ouvrages posthumes : « On trouve dans cette compilation irrégulière beaucoup de petits diamants brillants semés çà et là.» Mais, ailleurs, parlant de J. J. Rousseau, qui lui paraissait en général détestable, il veut bien convenir toutefois qu'il y a chez lui, par-ci par-là, de bons traits.

COTER, NUMÉROTER. Distinguer certaines choses de la même espèce par des signes écrits. Pour coter on se sert tantôt de chiffres, tantôt de lettres; on ne se sert que de chiffres pour numéroter.

Coterie, petite cote, petite société où chacun apporte sa cote, ou bien, petite société qui cote, qui apprécie, qui met le prix aux choses, indique une compagnie ou un cercle qui a principalement pour objet ou pour occupation de cabaler, de travailler à faire valoir ou à décréditer les personnes et ce qui les concerne. Langage, opinion de coterie (ACAD.). « Dorat n'était pas encore aussi gâté qu'il le fut depuis par les plates adulations de journal et de coterie. » LAH. « C'est une fureur pour entendre la lecture de la tragédie de M. de La Harpe, intitulée la Religieuse. On s'arrache cet auteur; il ne peut suffire aux diners auxquels on l'invite et dont ce drame fait le meilleur plat.... Ces éloges de coterie sont toujours suspects. » BACH.

La clique, quelle que soit l'étymologie du mot, est tout autrement odieuse. On fait peu de cas de la coterie à cause de ses partialités, et quelquefois uniquement parce qu'elle est peu étendue, particulière.

Veux-tu que, limité

Au petit cercle obscur d'une société,

En outre, coter pour quoter (analogue à l'italien quotare, arranger, mettre en ordre), du latin quot ou quotus, combien, en quel nombre, est plus J'aille m'ensevelir dans quelque coterie? GRESS. noble que numéroter, mettre des numéros : bien Mais on méprise souverainement la clique comme que tiré aussi du latin, de numerus, nombre, détestable à tous égards. Il n'est guère en frannuméro est en français un mot des plus communs, çais de terme plus injurieux. « La clique Fréron, et naturellement il en est de même du verbe qui la clique Pompignan crie que je suis l'auteur de en a été formé. Coter s'emploie en parlant d'es-je ne sais quel Dictionnaire philosophique portampes, de papiers, de pièces, de registres. tatif. » VOLT. « Après avoir vu de près les manoeu<< Mlle Levasseur m'a remis le paquet que vous vres de la clique philosophique à mon égard, lui avez confié; j'y ai trouvé les papiers cotés Deleyre s'en était tout à fait détaché. » J. J. « La dans la lettre. » J. J. « Pourquoi cette lettre n'estelle pas cotée au rang d'une foule de pièces justificatives qui ne sont pas plus justificatives que cette lettre?» BEAUM. Coter un registre par première et dernière (ACAD.). · Mais numéroter es le mot qui convient pour les choses usuelles ou vulgaires numéroter des voitures de place ou les maisons d'une nouvelle rue (ACAD.), des lingots (VOLT.), des lettres de change (ID.).

Il est à remarquer d'ailleurs que coter veut dire quelquefois, non plus, assigner un rang aux choses, mais les rapporter au rang qu'elles ont, acception totalement étrangère à numéroter. Coter un chapitre, un article, un verset, des passages d'auteurs, un âge ou une époque, c'est en indiquer la place en citant le nombre ou le numéro qui lui est affecté. Coter à la marge (ACAD.). « Je continue la lecture de votre grand livre. Je suis dans l'étonnement de beaucoup de spiritualités inconnues aux Pères.... Si vous aviez coté les endroits, vous m'auriez soulagé de quelques petits soins. » Boss. « Regardez-moi avec attention, répliqua-t-elle, et mettez mon âge en conscience (sur une déposition). Le commissaire la considéra, et fut assez poli pour ne marquer que 28 ans. Il lui demanda ensuite.... J'ai donc mal coté votre âge, reprit-il.... LES.

Au temps que le sexe vivait
Dans l'ignorance, et ne savait
Gloser encor sur l'Evangile

(Temps à coter fort difficile). LAF.
COTERIE, CLIQUE. Termes de dénigrement |

dame assura qu'il était de la clique infâme qui voulait flétrir sa réputation. » BEAUM. « Je les fis condamner, lui, Bergasse, Kornman et toute leur honteuse clique, comme d'infâmes calomniateurs. » ID.

Le diable avec sa clique, et réduit en ce point, Fort inutilement s'y casserait la tête. REGN. COUCHÉ, ÉTENDU, GISANT. Qui n'est pas debout ou dans une situation verticale, en parlant de l'homme.

L'Académie définit gisant par couché, étendu; ce qui indique seulement que ces trois mots sont synonymes. Ils ne le sont pourtant pas absolument.

Couché, mis dans une couche ou comme dans une couche, est le plus simple et le plus ordinaire des trois. Il se rapporte particulièrement à la couche ou à ce qui en sert, à ce sur quoi on est couché : on est couché sur un lit (Boss., FEN.) ou par terre (BOURD., VOLT., ROLL.); les mages adorèrent J.-C. couché dans une crèche (Boss.); les amis de Job furent étonnés de le voir couché sur un fumier (BOURD.); on vit Robespierre couché tout sanglant sur la table même où il apposait son nom à ses sentences funestes (STABL). C'est aussi le terme qui convient le mieux quand on veut marquer sur quelle partie du corps on porte dans cette attitude qui n'est pas l'ordinaire: couché sur le ventre (VOLT.), sur le visage (VAUG.). sur le dos (LABR.), sur le côté droit ou sur le gauche.

Couché sur ses genoux, le bœuf pesant rumine. DEL.

Étendu, du latin extendere, allonger, déployer, | sur la paille et dormis tranquillement.... J'étais étaler, a cela de tout à fait distinctif d'abord, hors de l'hôtellerie, quand le maudit hôte me vint qu'il se dit quelquefois d'une personne assise.incivilement arrêter pour me demander le payeMettez-vous tout étendu dans cette chaise, et ment de mon gite. » LES. contrefaites le mort. » MOL. « Maupertuis, étendu dans son fauteuil, et bâillant, dit un jour. » CHAMF. Et quand il suppose, comme couché, la position horizontale, il en diffère en ce qu'il exprime un développement de tous les membres, un déploiement du corps dans toute sa longueur. Les nègres sont entassés dans le vaisseau de façon qu'ils occuperaient plus de place s'ils étaient morts, car leur corps serait du moins alors étendu sur la misérable planche qu'on leur accorde. » STAEL. Les anciens prenaient leurs repas, couchés, et non pas étendus; mais le supplice de saint Laurent consista à être étendu sur un brasier (BOURd.).

Sur le bord d'un puits très-profond
Dormait, étendu de son long,

Un enfant alors dans ses classes. LAF.

Outre cela, couchée est purement indicatif, et n'a aucun rapport à la manière dont on est ou dont on se trouve dans le lieu qu'il exprime. Gite, au contraire, est qualificatif. On dit, à la première, à la dernière couchée; et, un gite bon ou mauvais. « Il me fit bien voir, lorsque nous arrivâmes à la couchée, que je n'avais pas fait une mauvaise affaire en l'attachant à moi. Il fut toujours en mouvement pour tâcher de me rendre par ses soins le gite commode. » LES. « Amboise devait être notre couchée.... Depuis Amboise jusqu'à Fontallade, nous vous épargnerons la peine de lire les incommodités de quatre méchants gites. » CHAP. « Il ne nous resta de l'heure que pour gagner Chavigny, misérable gite.... Notre seconde couchée fut Bellac. » LAF.

Gisant, du latin jacens, se dit d'un cadavre | L'un des deux voyageurs dit à l'autre : couché ou étendu dans le tombeau, et de là vient qu'on lit au commencement des épitaphes: Cigit..... Votre orgueil est précipité dans les enfers, votre cadavre est gisant dans le tombeau. » Boss. Adorer le Sauveur dans sa sépulture, contempler ce corps innocent gisant sur une pierre. » ID. On emploie aussi gisant en parlant d'un corps mort couché ou étendu sur la terre. « Saint Jean nous montrait les corps morts de ces deux témoins gisants à terre. » Boss. Dans la fable de l'Ours et des deux compagnons, l'un de ceux-ci, voyant paraître la bête,

Gageons un peu quel sera le meilleur, Pour ce jourd'hui, de mon gite ou du vôtre. Il faisait lors un froid plein de rigueur; La nuit de plus était fort approchante, Et la couchée encore assez distante. ID. COULER, S'ÉCOULER, FLUER. L'action marquée par ces verbes est celle de choses non solides ou sans consistance qui se meuvent en suivant une pente.

Se couche sur le nez, fait le mort....

Couler et s'écouler, du latin colare, verser goutte à goutte, passer par l'étamine, filtrer, sont de la langue commune et d'un fréquent usage.

Mais couler est absolu, et s'écouler relatif. Dans

Seigneur ours, comme un sot, donna dans ce panneau : s'écouler l'é, du latin e, ex, de, hors de, en sorIl voit ce corps gisant, le croit privé de vie.... C'est, dit-il, un cadavre; ôtons-nous, car il sent. LAF. Enfin le mot de gisant s'applique par extension à un homme qui est comme un cadavre, étendu immobile et dans la plus pitoyable position. « Pline représente l'homme, ce superbe animal, dans un dénument général de tout secours, dans les larmes, dans les douleurs, gisant dans un berceau pieds et mains liés, rebut infortuné de la nature. » ROLL. Le phoque demeurerait gisant au même lieu sans sa gueule et ses mains. » BUFF. « Il nous faut descendre dans les demeures tristes et obscures où sont gisants les pauvres malades. >> Boss. «Ma déplorable santé ne me permet guère de porter trois gros fardeaux à la fois.... Je suis gisant dans mon lit, ne pouvant guère écrire. » VOLT.

tant de, indique une relation au point de départ. De l'eau coule vite ou lentement; elle s'écoule de dessous une montagne, du vin s'écoule d'un tonneau, ou le vin d'un tonneau s'écoule de tous côtés. De l'encre coule ou ne coule pas, coule trop ou ne coule pas assez; la plume d'où l'encre s'écoule peut aller bien ou mal. S'écouler est aussi relatif en ce qu'il implique d'ordinaire un rapport à l'effet de l'action qu'il exprime, à un état de vide ou de privation qui s'ensuit. Ce qui coule court; ce qui s'écoule s'échappe, s'enfuit. L'eau de la rivière coule dans son lit; de l'eau s'écoule d'un réservoir d'où elle fuit, d'où elle s'en va, qu'elle met ou tend à mettre à sec. Durant le sommeil, dit Pascal, on sent le temps couler, on le mesure que d'hommes pour lesquels le temps, pendant la jeunesse, s'est écoulé sans fruit! Des troupes qui coulent ou se coulent passent doucement comme l'eau de la rivière qui ' Couchée, lieu où on couche, dérive du latin s'épand et serpente entre ses bords; la presse qui collocare, placer, poser, collocare aliquem, cou-s'écoule se dissipe et disparaît.

COUCHÉE, GITE. Lieu où les voyageurs se retirent pour la nuit.

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cher quelqu'un. Mais gite doit avoir une origine Fluer, du latin fluere, dont le sens est le même, vulgaire, et c'est à cause de cela sans doute se dit spécialement en termes de médecine. On qu'il signifie l'habitation ordinaire d'un ani- l'emploie aussi en parlant du mouvement de la mal, du lièvre. Quoi qu'il en soit, couchée dé-mer, du flux. a Suivant nos astronomes, l'action signe certainement quelque chose de plus distingué que gîte. « J'arrivai a un gros village. J'entrai dans une hôtellerie. C'était la couchée des muletiers; il en vint plusieurs ce soir-là tous les lits furent pour ces honnêtes gens. L'hôte m'envoya gîter au grenier. Je m'étendis

de la lune entre les tropiques fait fluer l'Océan vers les deux pôles. >> BERN. Les marées et les courants de la mer fluent alternativement des glaces de chaque pôle par l'action semi-journalière et semi-annuelle du soleil. » ID. C'est ensuite le seul mot qui convienne à l'égard de ce

qui est, non pas liquide, mais fluide, c'est-à-dire | cution, on préférera se glisser. «<< Les Anglais par rapport à l'air. «< Partout où l'air est dilaté, reprirent Pontoise d'une manière surprenante : l'air environnant y flue, et y produit un courant comme les fossés étaient pris de glace, et que la qu'on appelle vent.» BERN. « Les montagnes des terre était toute couverte de neige, ils s'habilléîles dilatent l'air supérieur qui les couronne, et rent de blanc, et étendirent des draps de toile sur en déterminent les couches à descendre et à fluer lesquels ils se glissèrent jusqu'au pied de la muvers leurs sommets. » ID. « Si cette prétendue raille. » Boss. force centrifuge rétrograde fait fluer les vents sous la Ligne de l'est à l'ouest.... » ID. « Comme les rayons du soleil dilatent l'atmosphère à mesure qu'ils s'élèvent vers notre horizon, ils la forcent de fluer du nord vers le midi. » ID. OULER (SE), SE GLISSER. Passer doucement et facilement d'un endroit en un autre.

Mais se glisser emporte une idée de rapidité et d'adresse, qui est étrangère à son synonyme. « Je me coule, je me glisse, et de bosquet en bosquet, j'arrive à les entendre. » MARIV.

Leur amorce flatteuse a l'art de nous surprendre, Le poison qu'elle glisse est aussitôt coulé. CORN. Dans une assemblée publique, à la vue de tout le monde, on se coule peu à peu vers une porte. «< Un conseiller dit à M. d'Aiguebonne qu'il avait perdu son procès je l'ai vu se couler doucement sans dire un seul mot. » SEV. «Dans le dessein de parler au roi, étant à une de ses réceptions, je me coulai peu à peu parlant aux uns et aux autres auprès de la porte du salon des miroirs par laquelle il devait entrer. » S. S. « Quand on eut dit à l'oreille à Timoléon que ses galères étaient en mer, il se coula doucement parmi la foule qui, pour favoriser son évasion, se pressait extrêmement autour de la tribune. » ROLL. « Le SaintEsprit se coule efficacement dans les âmes pour leur enseigner au dedans ce que la loi leur montre au dehors. » Boss. « Il entrevit un homme qui se coulait par la fenêtre dans la rue. » LES. Un faux bruit s'y coula touchant la mort du roi.

CORN.

Lorsqu'on est sur un arbre et qu'on n'a pas d'échelle, on se coule en bas pour descendre (LES.). Mais c'est dans l'ombre, avec prestesse et imperceptiblement qu'on se glisse.

COUP (TOUT A), SUBITEMENT, INOPINÉMENT, A L'IMPROVISTE, BRUSQUEMENT. Adverbes et locutions adverbiales qui servent à exprimer une telle manière de faire les choses ou dont les choses arrivent, qu'on n'y est pas préparé, qu'on en est surpris.

Tout à coup se dit en parlant de ce qu'on fait ou de ce qui arrive par un coup, en frappant ou en étant frappé. On fond tout à coup sur quelqu'un (LES.); une maison tombe tout à coup (ACAD.). « J'admirais les coups de la fortune qui relève tout à coup ceux qu'elle a le plus abaissés. » FÉN. «< Nos pères n'avaient pas vu comme nous une hérésie invétérée tomber tout à coup. » Boss.

Subitement, d'une manière subite, dérivé du verbe latin subire, venir par dessous, secrètement, présente avec tout à coup un contraste manifeste. |

annonce quelque chose qui, au lieu de partir du dehors et de se faire d'une manière visible, vient du dedans ou se fait sous main, en secret ou subtilement. Un mal nous prend subitement (MOL.); on devient subitement fou (REGN.). « L'amour qui naît subitement est le plus long à guérir. » LABR. — Un homme périt tout à coup renversé par la foudre; un homme meurt subitement quand la cause de cet accident est intérieure et secrète.

Inopinément indique un fait qui arrive contre l'opinion, sans qu'on en eût l'idée, un fait qui surprend, non pas parce qu'il survient, parce qu'il se produit au moment où on ne s'y attend pas et instantanément, mais parce qu'il est de la nature de ceux qu'on n'attend point, qui n'entrent point dans la pensée, qui sont nouveaux, extraordinaires, non conçus comme possibles. « Ce que vous croyez la fin de votre course, quand vous serez

Je rencontrai ce Guignard sur la brune, Qui chez Fanchon s'allait glisser sans bruit. VOLT. arrivés, vous ouvrira inopinément une nouvelle D'un air insinuant l'adroite Politique

Se glisse au vaste sein de la Sorbonne antique. ID.
A pas silencieux, sous ce portique sombre,
Troublé, couvrant sa tête, il s'est glissé dans l'ombre.

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carrière. Boss. « Ce qui a porté les peuples à cette créance ce sont certains effets extraordinaires et prodigieux.... Les histoires grecques et romaines nous parlent de voix inopinément entendues et de plusieurs apparitions funèbres. » ID. « Il y a des gens qui gagnent à être extraordinaires: ils parviennent en blessant toutes les règles de parvenir.... Ils rencontrent inopinément un avenir qu'ils n'ont ni craint ni espéré. »LABR. Et que dira le père,

Lorsqu'inopinément il saura cette affaire? MOL. A l'improviste, ou, comme dit Bossuet quelque part, à l'impourvu, fait entendre qu'on prend ou qu'on est pris au dépourvu, hors d'état, sans moyen de pourvoir à ce qu'exige la circonstance. « Un orateur, chez les Athéniens, était souvent obligé de monter sur-le-champ à la tribune, et d'y parler à l'improviste et d'abondance. >> MARM. « Le roi Frédéric avait pris toutes les mesures que la situation permettait pour ne pas être attaqué à l'improviste. » D'AL.

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