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Que vous jouez au monde un petit personnage,

De vous claquemurer aux choses du ménage! MOL. COLLINE, COTEAU. Petite montagne en pente douce et ordinairement ornée de verdure, soit par l'effet de la culture, soit naturellement.

Colline, latin collis, signifie l'objet tout entier. Coteau, du latin costa, côte ou côté, n'en désigne que le flanc ou le penchant. Aussi oppose-t-on bien les coteaux des collines à leurs sommets. Après quelques lieues de chemin, on trouve des collines dont les coteaux, quoique rapides, et même les sommets, sont également garnis d'une grande épaisseur de bonne terre, plantée partout d'arbres. BUFF. « Qu'on examine dans le même canton les hommes qui habitent les terres élevées, comme les coteaux ou le dessus des collines, et qu'on les compare avec ceux qui occupent le milieu des vallées voisines. » ID.

engagé dans le mur. On attache un homme ou un animal à une colonne, à un pilier, mais non pas à un pilastre. Et ce qui achève de séparer colonne et pilier de pilastre, c'est que les deux premiers se prennent seuls au figuré.

Colonne et pilier diffèrent aussi, même d'une manière très-sensible. Colonne est le latin columna; pilier vient bien aussi d'un mot latin, pila, mais il a une terminaison commune et vulgaire, qui marque un métier. En conséquence, colonne est noble, et pilier non. La colonne sert à décorer en même temps qu'à soutenir; le pilier, sans proportion et quelquefois sans ornement, ne fait que soutenir, c'est comme son métier, son unique métier. Dans les palais et dans les temples il y a des colonnes; sous les ponts, dans les halles et dans les écuries, des piliers. Sans la vertu, la patrie s'écroulerait comme un temple dont on aurait sapé les colonnes (BERN.); on lit quelquefois, avec attendrissement, dans nos églises, des billets affichés par des malheureux, au coin de quelques piliers, dans une chapelle obscure (ID.). Que si parfois pilier se dit des mêmes choses exactement, il les représente comme lourdes ou comme mal proportionnées, irrégulières. « Ces masses énormes de matière (les élé

Quand coteau sert aussi à exprimer l'objet tout entier, il le représente comme plus petit; car c'est un diminutif. Les vallées sont bordées de collines (BUFF.), et les vallons de coteaux (ID.). Coteau garde toujours dans son idée quelque chose de partiel et se prend volontiers au pluriel pour représenter distributivement ce que le mot colline au singulier marque d'une manière collective. Les Altenais se refugièrent sur les coteaux voi-phants) sont soutenues par quatre membres qui sins qui étaient couverts de glace.... Quelques femmes nouvellement accouchées emportèrent leurs enfants et moururent de froid avec eux sur la colline, en regardant de loin les flammes qui consumaient leur patrie. » VOLT.

D'ailleurs, le coteau est plus cultivé ou plus ordinairement cultivé que la colline. La colline est couverte de bois ou on y trouve des pâtis pour les troupeaux. « Cette vallée est environnée de collines d'une hauteur extraordinaire, dont les endroits les moins fertiles sont couverts de ces bois d'éternelle verdure qui ne se trouvent que dans les pays chauds. » S. R. « Au delà des savanes s'étend un cordon de collines, qui sont toutes couvertes d'une grande épaisseur de terre, plantées partout de vieilles forêts. » BUFF. « Lorsqu'on conduit les chèvres avec les moutons, elles précèdent toujours le troupeau. Il vaut mieux les mener séparément paître sur les collines. » ID. Mais le coteau, comme le vallon et le bosquet, est plus riant, plus gracieux et suppose toujours des soins donnés par les mains de l'homme. « Ici des coteaux s'élèvent comme en amphithéâtre, et sont couronnés de vignobles et d'arbres fruitiers.» FÉN. « Une belle campagne où l'on ne sait ce qu'on doit le plus admirer, ou ces riches coteaux si merveilleusement diversifiés par des maisons, des arbres, des vignes..., ou, etc. » ROLL.

Vous, gracieux coteaux, qui parez les vallons. CORN.
Et nos climats ont vu l'année
Deux fois de pampre couronnée
Enrichir coteaux et vallons. LAF.

COLONNE, PILIER, PILASTRE. Ce sont dans un édifice des parties qui en soutiennent d'au

tres.

Colonne et pilier signifient des parties d'édifice isolées et ordinairement de forme ronde; le pilastre, au contraire, a la forme carrée, et il est

ressemblent moins à des jambes qu'à des piliers ou des colonnes massives de quinze ou dix-huit pouces de diamètre et de cinq ou six pieds de hauteur. » BUFF. « Un édifice grec n'a aucun ornement qui ne serve qu'à orner l'ouvrage; les pièces nécessaires pour le soutenir ou pour le mettre à couvert, comme les colonnes et la corniche, se tournent seulement en grâce par leurs proportions.... Au contraire, l'architecte gothique élève sur des piliers très-minces une voûte immense qui monte jusqu'aux nues; on croit que tout va tomber. » FÉN.

Au figuré, colonne est de même une expression relevée, et pilier un mot souvent familier, qui exprime quelque chose de commun tout au moins, sinon de bas. Les colonnes de l'État, de l'Église; un pilier de cuisine, de coulisses, de cabaret. Roland est appelé dans les romans de chevalerie la colonne de la foi (LES.); Bossuet témoigne le peu de cas qu'il fait de Luther, de Mélanchthon et de Bucer en leur donnant le nom de piliers de la Réforme.

COLOSSAL, GIGANTESQUE. D'une grandeur extraordinaire.

Colossal, de colosse, est plus fort que gigantesque, de géant. En effet, les colosses étaient des statues d'hommes, dix fois, cent fois plus grandes que nature; et par géants on entend des hommes plus grands que les autres, à la vérité, mais du double tout au plus. Colossal équivaut à démesurément gigantesque, comme il résulte de l'exemple suivant. « Que l'on compare ces énormes dents à pointes mousses avec celles de nos plus grands animaux, on sera bientôt forcé d'avouer que l'animal auquel ces dents appartenaient était d'une espèce colossale, et que de même les très-grosses dents carrées que j'ai cru pouvoir comparer à celles de l'hippopotame sont encore des débris de corps démesurément gigantesques. » BUFF. Quand on

dit de quelqu'un qu'il a une stature colossale | indirect, accabler se prend quelquefois en bonne (ACAD.) ou une figure colossale (S. S.), on dit plus que si on lui attribue une taille gigantesque (ACAD.) ou une gigantesque figure (S£v.).

α

part comme combler, et c'est alors qu'il y a entre eux la plus grande apparence de synonymie : l'Académie définit accabler dans cette acception favorable par combler, simplement.

Cependant accabler ainsi entendu dit plus que combler. Combler marque seulement mesure comble ou plénitude, et accabler emporte l'idée de surcharge, de quelque chose qui excède ou va au delà de la mesure, «<ll nous semble, dit M. Pautex, qu'accabler doit signifier combler outre mesure. » Tu trahis mes bienfaits, je les veux redoubler; Je t'en avais comble, je t'en veux accabler. CORN. Je sais ce que je dois au souverain bonheur Dont me comble et m'accable un tel excès d'honneur.

ID.

Outre cela, on comble surtout d'honneurs, l'esprit se figurant les honneurs comme quelque chose qui va en s'élevant et peut recevoir un comble, une partie supérieure qui l'achève; mais on accable de toutes sortes de biens, ils forment comme une masse, une charge, quelque chose en un mot dont on porte plus ou moins. Cinna hésite à assassiner un prince

D'autre part, colossal, qui rappelle une statue, une représentation matérielle, est tout physique, relatif à la forme seule; au lieu que gigantesque, ayant pour idée fondamentale celle d'hommes vivants, tels que nous, au dedans comme au dehors, sauf la grandeur, se prend bien au figuré et au moral pour exprimer quelque chose d'abstrait. Des éléphants colossaux (BERN.); des entreprises gigantesques (ACAD.). « Tout est colossal dans cette demeure (de l'impératrice de Russie); les conceptions du prince qui l'a construite étaient bizarrement gigantesques. » STAÉL. - Un homme colossal est prodigieusement grand : « Là était un noir colossal, avec un chien d'une taille proportionnée à celle de son maître. » BERN. Un homme gigantesque a fait de grandes choses ou possède une grande puissance : « Un gentilhomme saxon s'exprime ainsi sur Charles-Quint: Cet homme gigantesque ne recèle point de cœur dans sa terrible poitrine; la foudre de la toute-puissance est dans sa main, mais il ne sait point y joindre l'apothéose de l'amour. » STAËL.- On dit des statues (Boss., FEN.), des formes (STAEL), des proportions (ACAD., LAH.) colossales; mais on dit des facultés (STAEL) et des actions (VOLT.) gigantesques. Mme de Staël reproche à Napoléon d'avoir voulu « mettre son moi gigantesque à la place de l'espèce humaine.»- - Figures colossales, s'entend toujours au Mais, pour ce qui concerne d'abord commencer propre; mais figures gigantesques, peut convenir à et se mettre à, ils ne se disent pas indifféremen parlant du style. « Un morceau simple et su- ment l'un pour l'autre. On commence à faire ce blime, dépouillé d'enthousiasme et de ces figures qui aura de la suite un enfant commence à pargigantesques que le bon sens désavoue. » VOLT.ler; on commence à aimer une personne ou à la « Les lois des Wisigoths sont pleines de rhéto-haïr. On se met à faire ce à quoi on s'emploie ou rique et vides de sens, frivoles dans le fond et gigantesques dans le style. » MONTESQ. Si on voulait substituer colossal à gigantesque dans les deux dernières phrases ou dans d'autres sembla bles, l'usage s'y opposerait absolument.

α

Qui le comble d'honneurs, qui l'accable de biens. CORN. Vous l'avez jusqu'ici de tant d'honneurs comblée, De tant de faveurs accablée.... ID. COMMENCER, SE METTRE, SE PRENDRE à faire une chose, c'est, par rapport à cette chose, entrer en action.

on s'occupe, et, pour l'ordinaire, c'est quelque chose de court, qui ne se continue ou ne se prolonge pas se mettre à rire ou à pleurer; on dit que Zoroastre, dès qu'il fut né, se mit à rire (VOLT.); au théâtre, on se met à causer avec un

Ainsi gigantesque est d'une application plus gé-voisin dans un entr'acte. Bien avant que Charnérale. Ce qui, du reste, contribue à le prouver, c'est que ce mot s'emploie quand il est question non-sculement de l'homme et des animaux, mais encore des plantes; il sert à qualifier celles qui surpassent de beaucoup en grandeur les autres de la même espèce. Un arbre gigantesque (ACAD.). « Ces fucus parviennent à une grandeur prodigieuse, qui leur a fait donner le nom de gigantesques. BERN.

COMBLER, ACCABLER. Pris au figuré, ces verbes s'emploient l'un et l'autre pour signifier donner d'une chose à quelqu'un abondamment.

Mais d'abord on ne comble jamais que de biens ou de choses bonnes; au lieu que d'ordinaire on accable de ce qui est accablant, onéreux, à charge, fàcheux ou pénible. « Le cardinal Mazarin était accablé de soins et de maladies, et comblé de trésors dont il ne savait que faire. » HAM.

Qu'il m'importera peu si leurs faibles esprits
Me comblent de faveurs, ou m'accablent d'injures!
CORN.

Que si combler ne se dit jamais comme accabler avec un nom de chose mauvaise pour complément

lemagne fût couronné empereur, le peuple de Rome commença à le demander pour souverain temporel; mais le jour où le pape, ayant vaincu la résistance du monarque, lui posa la couronne sur la tête, le peuple se mit à faire des acclamations (Boss.). Quand je dis que vous commencez à raconter une chose, je fais penser à la longueur, à la continuation et à la fin de votre récit; en disant que vous vous mettez à la raconter, je fais entendre que c'est à cela que vous appliquez votre activité, je n'ai aucun égard à la suite et pour ainsi dire au cours de vos paroles.

Se prendre à ressemble beaucoup à se mettre à. Cependant il est d'une application plus restreinte. Il s'emploie presque uniquement avec rire et pleurer. Les anges ayant dit à Sara qu'elle aurait un fils, Sara se prit à rire (Boss.).

Hier, dit-on, de vous on parla chez le roi,
Et d'attentat horrible on traita la satire.
Et le roi, que dit-il? Le roi se prit à rire. BOIL.

Ils se prirent tous à pleurer. » VAUG. « Et si le roi se prend à pleurer et à dire qu'il veut M. du Maine, où tout ceci aboutira-t-il? » S. S. C'est

que se prendre à exprime plus particulièrement | vous avez prises; envoyez-moi vos annotations, encore que se mettre à une action courte, sou-signifiera toujours, envoyez-moi les notes que daine, qui s'épuise en un instant. On se met à ra- Vous avez faites, dont vous êtes l'auteur. « Le conter quelque chose (S. S.); on se prend à dire troisième endroit que j'ai remarqué est vers la fin un mot. Les profondeurs du père Tellier, les de vos annotations, où vous dites que la matière violences qu'il me montra, tout cela ensemble est la machine du monde. » Desc. Renvoyezme jeta en une telle extase, que tout à coup je nous la copie que vous avez (de l'Enfant prome pris à lui dire : Mon père, quel âge avez-digue) avec annotations. » VOLT. vous? Son extrême surprise rappela mes sens. » S. S.

COMMENTAIRE, NOTES, ANNOTATIONS. Explication des faits, des circonstances, des usages et de toutes les autres choses qui peuvent être obscures dans un texte.

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COMMERÇANT, NÉGOCIANT, TRAFIQUANT, MARCHAND. Ces mots désignent des hommes dont l'industrie ou la profession est de procurer des denrées ou des valeurs pour d'autres ou pour de l'argent.

Commerçant est le terme le plus général, ce qui lui donne un caractère de noblesse. Il indique simplement, d'une manière un peu vague, étendue, et relevée, le gene d'état auquel on appartient: Le commerçant n'est ni prêtre, ni soldat, ni magistrat. « On divisa la nation en trois classes: les propriétaires, les hommes de lettres, et les commerçants. » STAËL. « Toutes ces espèces (le négociant, le trafiquant et le marchand) sont comprises sous la dénomination de commerçants. » COND. Négociant signifie le commerçant en tant qu'il se livre aux affaires de sa profession, c'est-à-dire qu'il s'ingénie, qu'il calcalcule, qu'il fait des démarches, des entreprises, des transactions, pour placer les marchandises; ou bien les négociants sont parmi les

Le commentaire se fait quelquefois de vive voix ou même mentalement; les notes et les annotations sont toujours écrites ou même imprimées. « Des mousquetaires portaient à chaque membre du parlement un papier à signer. Ce papier ne contenait qu'un ordre de déclarer s'ils obéiraient ou s'ils refuseraient. Plusieurs voulurent interpréter la volonté du roi les mousquetaires leur dirent qu'ils avaient ordre d'éviter les commentaires. » VOLT. « Je lisais les bons auteurs, que le docteur Canizarez avait soin de me faire entendre par les doctes commentaires qu'il me faisait sur le texte. » LES. « Je me liɣrais, à mille conjectures, et je faisais sur tout ce qui se passait autour de moi des commentaires qui marquaient plutôt le délire de la fièvre que le sang-commerçants ceux qui se chargent spécialement de froid. >> J. J. « Vous pourrez consulter sur les endroits les plus difficiles les notes de Vinnius et celles de La Coste, qui sont, à mon sens, les deux meilleurs commentaires imprimés que nous ayons sur les Instituts. » D'AG.

ces sortes d'occupations ce sont les hommes d'affaires du commerce. Tels sont, par exemple, les courtiers. On est négociant lorsqu'ayant fait du commerce une affaire de spéculation, on en observe les branches, on en combine les circonCommentaire (du latin commentari, discuter, stances, on en calcule les avantages et les incondisserter), est, comme discussion, dissertation, un vénients dans les achats et dans les ventes à faire, terme collectif. Notes et annotations (de nota, et quand, par ses correspondances, on paraft dismarque, d'où notare, remarquer, observer) sont, poser des effets commerçables de plusieurs nacomme observations et remarques, des mots dis- tions.» COND. «< En faisant prendre Tyr par Alexantributifs, et ne se disent guère qu'au pluriel. Undre, Dieu voulait punir le luxe et l'arrogance commentaire est un recueil ou un ensemble de notes ou d'annotations. Un ouvrage obscur a besoin, pour être compris, d'un commentaire, et de notes ou d'annotations. « Voilà qui est clair : il n'y faut point de notes ni de commentaire. »> Boss.

de ces fiers négociants qui se regardaient comme les princes de la mer et les maîtres des rois mêmes. » ROLL.

Trafiquant et marchand sont moins nobles. Le trafiquant est un négociant dont tout le génie se borne à apercevoir que telle marchandise se vendra bien dans tel ou tel lieu, et qui l'y porte ou l'y envoie; sa fonction propre est de transmettre; ou bien c'est un homme qui exerce un

Un petit trafiquant. LAF.

Un trafiquant de Perse,

Le commentaire est suivi et étendu, comme une dissertation. Les notes et les annotations sont quelque chose de détaché et de court. « On s'est trouvé exempt de charger ce livre (les Carac-commerce petit ou bas. tères de Théophraste) de longues et curieuses observations et de doctes commentaires, qui rendissent un compte exact de l'antiquité: on s'est contenté de mettre de petites notes à côté de certains endroits que l'on a cru les mériter. » LABR. "Les notes abrégées de Denis Godefroy..., le commentaire de Jacques Godefroy sur le code Théodosien. » D'AG.

Notes et annotations, dont le radical est le même, ne diffèrent qu'en ce que le second mot rappelle l'action d'annoter et celui qui la fait, l'annotateur. De bonnes notes sont d'un grand secours; de bonnes annotations sont d'un habile interprète. Envoyez-moi vos notes, peut vouloir dire envoyez-moi les notes que vous avez ou que

Chez son voisin, s'en allant en commerce,
Mit en dépôt un cent de fer un jour. ID.
De sa vile moitié ce trafiquant infâme
Étale impudemment l'or qui paya sa femme. DEL.

Le marchand est le dernier terme de l'échange; il livre au consommateur; d'ordinaire, il tient boutique, il étale, il a des pratiques. Il n'a guère rapport qu'aux marchandises mêmes, à la matière du commerce, et aucune de ses opérations ne demande des vues et des connaissances étendues, ni une bien grande habileté dans le maniement des affaires. Aussi l'oppose-t-on bien au commercant et mieux encore au négociant. « On ne doit

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pas confondre les commerçants dont je parle avec | Scythes se présenta dans l'arène contre le lion ces hommes qui, sans avoir l'esprit du commerce, qu'il s'agissait de vaincre; « il voulait faire voir n'ont que le caractère marchand, et n'envisagent que si les rois de l'Inde et de l'Égypte étaient que leur intérêt particulier. » DUCL. Il y a des assez prudents pour ne pas se compromettre avec pairies en Angleterre accordées nouvellement à des lions, il était assez courageux pour ne pas des négociants de première classe.... La même dédaigner ce combat. » I». En Angleterre, un fils famille tient souvent à des pairs d'une part, et de du roi ne se commet pas en haranguant le public l'autre aux plus simples marchands de telle ou au milieu des marchands, ses collègues à la tritelle ville de province. » STAËL. « Le lord-maire bune; et si, dans les procès criminels, l'accusé se est ordinairement un négociant de la Cité, et non compromet par ses réponses, le juge le met sur pas un négociant en grand, mais souvent un sim- la bonne voie (STAËL). On doit rougir de se comple marchand. » STAËL. mettre, il faut craindre de se compromettre. La fierté nous empêche de nous commettre, et la dé

COMMETTRE, COMPROMETTRE. C'est mal à propos ou indiscrètement mettre en danger, ex-fiance de nous compromettre. Un honnête homme poser à quelque chose de fâcheux, et presque

sacrifier.

Commettre, du latin committere, mettre avec ou ensemble, mettre aux prises, est un terme poétique et relevé qui a été employé par Racine dans le sens général d'exposer. Agamemnon, dit Clytemnestre en parlant d'Iphigénie,

Aux affronts d'un refus a craint de la commettre.

se commet quand il hante la canaille ou des gens perdus d'honneur; il est rare que dans la compagnie des fourbes ou des méchants on ne se compromette pas.

En général, commettre est plus noble que compromettre, et c'est à quoi on a quelquefois uniquement égard dans le choix de ces deux termes. Ainsi on dit bien, quoique improprement, com

On commet proprement l'honneur, la réputation, promettre L'honneur et la dignité; mais c'est en la dignité.

Que ne demande point votre honneur menacé?
C'est un trésor trop cher pour oser le commettre.
Enone à Phedre. RAC.

« Cet homme (pris en flagrant délit de galan-
terie) aime mieux passer pour un voleur, et s'ex-
poser à perdre la vie, que de commettre l'honneur
de sa dame.» LES. « Tout autre en votre place
ménagerait mieux sa réputation, et se serait bien
gardé de se commettre comme vous faites. » MOL.
«Le sultan ne voulait point commettre son hon-
neur et celui de l'empire Ottoman, en exposant le
roi (Charles XII) à être pris sur la route par ses
ennemis. VOLT. « De peur que les Turcs ne lui
manquassent de respect et ne le forçassent à com-
mettre sa dignité, le roi.... » ID.

plaisantant ou en parlant de gens de peu de valeur, de gens dont on fait peu de cas. « Il n'y a jamais eu de sultane si orgueilleuse de sa beauté que le plus vieux et le plus vilain mâtin ne l'est de la blancheur olivâtre de son teint, lorsqu'il est dans une ville du Mexique, assis sur sa porte. Un homme de cette conséquence ne travaillerait pas pour tous les trésors du monde, et ne se résoudrait jamais, par une vile et mécanique industrie, de compromettre l'honneur et la dignité de sa peau. » MONTESQ. Dans une même affaire vous direz d'un homme que vous traitez sans façon, d'un ami, qu'il ne veut pas se compromettre, et d'un grand personnage, d'un homme élevé en dignité, qu'il ne veut pas se commettre : Voltaire, ayant dessein de faire imprimer secrètement à Rouen son HisCompromettre, du latin compromittere, s'enga-toire de Charles XII, s'adressa à son ami Cideville ger mutuellement, passer un compromis, convenir et le pria, s'il ne voulait pas se compromettre, de s'en rapporter à un arbitre ou à plusieurs pour d'employer un tiers pour obtenir une permission juger un différend, est, au contraire, un mot com- tacite; il croyait que le parti le plus raisonnable mun, parce qu'il rappelle l'idée vulgaire d'affaires était de parler au premier président, seulement et de procès. On compromet sa fortune, ses inté-il craignait qu'il ne refusât pour ne pas se comrêts, sa position dans le monde, sa vie même ou son salut. Vous ne devez pas compromettre plus longtemps vos intérêts. » BEAUM. « La fin de tout est de compromettre ma vie, en me forçant de me montrer au milieu de mes ennemis. >> ID. « Les ministres du czar ne virent Goërtz qu'en secret, avec ordre d'écouter tout et de donner des espérances, sans prendre aucun engagement, et sans le compromettre. » VOLT.

Pareillement se commettre, c'est se mettre au risque de voir diminuer son crédit, sa gloire, le respect et les égards auxquels on a droit, et c'est pourquoi ce mot se dit particulièrement bien des femmes et de personnages éminents, tels que des ambassadeurs; mais se compromettre annonce un danger quelconque, dommage, perte, inconvénient, embarras, péril de la vie, et il s'emploie en parlant de toutes sortes de personnes. Dans Tancrède, Orbassan ayant été défié par Tancrède,

Il veut bien avec lui descendre à se commettre. VOLT. Mais, dans la Princesse de Babylone, le roi des

mettre.

COMMETTRE, PRÉPOSER. L'autorité commet ou prépose quelqu'un à une chose ou pour faire une chose, c'est-à-dire qu'elle l'en charge.

α

Commettre suppose proprement une chose à garder; il rappelle une autre de ses acceptions, suivant laquelle il veut dire confier quelque chose à quelqu'un. « Il fut commis pour garder les prisonniers. » ACAD. « Commettre quelqu'un pour veiller sur d'autres. » ROLL. « Dieu a pourvu d'un historien contemporain (Moïse), et a commis tout un peuple pour la garde de ce livre. PASC. a Dieu a commis des anges pour ta sûreté. » BOURD. « Saint ange, qui que vous soyez que Dieu a commis à ma garde. Boss.

L'élève de Barbin, commis à la boutique,

Veut en vain s'opposer à leur fureur gothique. BOIL. Mais préposer, poser devant ou à la tête (præ), se dit plutôt quand il s'agit de choses à conduire ou à gouverner. Si le commis est un homme de confiance qui a soin des choses ou des personnes et

veille à leur conservation, le préposé est un chef | comparaison de la divine. » ID. « Mme de Buchde service ou d'entreprises, qui préside à la marche des affaires ou des choses qu'il dirige. On l'a préposé à la conduite de tous les travaux. » ACAD. On le préposa à la régie de telle ferme. » ACAD. Ceux qui sont préposés à l'éducation des clercs. MASS. Les églises particulières, les évêques, les prêtres, les diacres préposés pour les gouverner. » Boss. « Jésus-Christ prépose à la conduite de tout son troupeau un Pierre, qui a été infidèle. » In. « On voit par là que le prince (chez les Juifs) avait des fonds, et des officiers préposés pour les régir. » ID.

D'ailleurs commettre, donner commission, marque une fonction de peu de durée, une délégation pour une seule action ou pour une seule affaire; en sorte que souvent commettre, selon l'excellente définition donnée par l'Académie avant 1835, signifie préposer pour un temps. Dans une occasion unique où il se propose de donner à dîner, Harpagon distribue des ordres et des rôles pour la journée à ses domestiques, et, commençant par sa servante: « Approchez, dame Claude, lui dit-il; je vous commets au soin de nettoyer partout. » MOL. « La reine fut contrainte de commettre à la connaissance de cette affaire un jurisconsulte qu'on lui nomma. » COND. « Le parlement commit deux conseillers pour aller informer contre Mazarin sur la frontière. » VOLT. « On mit Astarbé en prison; les plus sages vieillards furent commis pour examiner toutes ses actions. » FEN. C'est tout le contraire pour préposer: ceux qu'on prépose sont établis, mis à poste fixe pour faire telles ou telles choses, c'est pour eux un ministère ou un emploi constant. << Une loi veut que le prince, établi pour faire exécuter les lois, prépose un officier dans chaque tribunal pour poursuivre en son nom tous les crimes. » MONTESQ. « Il y a des officiers préposés pour recevoir les dernières volontés des mourants.» VOLT. « Combien de crimes tolérés dans le monde par la négligence, par la corruption de ceux que Dieu avait préposés pour les punir? » BOURD. « Jésus-Christ dit lui-même aux pasteurs Enseignez et baptisez. Il parle donc directement à ceux qu'il a préposés à la prédication et à l'administration des sacrements. » Boss. « A Florence, on montre les statues et les tableaux à toutes les heures, avec la plus grande facilité; des hommes instruits sont préposés, comme des fonctionnaires publics, à l'explication de tous ces chefs-d'œuvre. >> STAEL.

COMPARAISON (EN), AU PRIX, AUPRÈS. Trois locutions confondues par l'Académie et dont on se sert également pour relever une chose en l'opposant à d'autres.

En comparaison est la plus générale des trois : on l'emploie bien, par exemple, quand on veut exprimer combien une chose est grande ou petite, forte ou faible, bonne ou mauvaise, combien une personne est heureuse ou malheureuse, retenue ou indiscrète, éclairée ou ignorante, polie ou grossière. « Toute la multitude (de chrétiens) qu'on a vue si grande dans les règnes précédents, en comparaison de celle qu'on vit sous Julien l'Apostat parut petite. » Boss. a Jésus-Christ fit voir combien la justice humaine était faible en

wald n'a point de santé, me dira-t-on. Ah! c'est un Samson en comparaison de moi.» VOLT. «< On ordonna que chaque Goth mènerait à la guerre et armerait la dixième partie de ses esclaves. Ce nombre était pea considérable en comparaison de ceux qui restaient.» MONTESQ. « Qu'avez-vous perdu de lis et d'albâtre en comparaison de ce qui vous en reste? » LAF. « Notre plus haute connaissance demeurera toujours infiniment imparfaite en comparaison de l'être infiniment parfait. » FÉN. « Toute cette félicité n'est rien en comparaison de celle qui lui était destinée.» ID. « Mes chagrins et mes maux ne sont rien en comparaison de l'état où est ma pauvre tante. » SEV. « En comparaison de tous mes confrères les satiriques j'ai été un poëte fort retenu.» BOIL. L'Eglise grecque est demeurée peu éclairée sur ces matières en comparaison de la latine.»> Boss. « Votre politesse me fait croire une paysanne en comparaison de vous. » SÉv. « Les Gilles et les Pierrots de la foire Saint-Germain, il y a cinquante ans, étaient des Cinna et des Polyeucte en comparaison des personnages de cet ivrogne de Shakespeare.» VOLT.

Au prix est d'une application plus restreinte et se dit uniquement quand il est question de faire concevoir combien une chose ou une personne est appréciée ou digne de l'être, ou, au contraire, combien on en fait ou on doit en faire peu de cas. «< Il m'a donné trois pièces d'or pour aller dire seulement à la femme qu'il est amoureux d'elle. Voyez s'il y a là une grande fatigue pour me payer si bien, et ce qu'est, au prix de cela, une journée de travail où je ne gagne que dix sous.» MOL, « Rien au monde ne m'est cher au prix de votre amitié. » FLOR. « Tous les biens du monde, mon ami, ne me sont rien au prix de vous. » ID. « Vous méprisez bien nos petits buissons au prix de vos forêts d'orangers. » SÉV. Engagement (religieux) au prix duquel vous ne considérez tous les trésors de la terre que comme de la boue.» BOURD. « Les mets les plus précieux et les plus exquis ne leur ont paru que de la boue au prix de cette viande céleste.» MASS. « Au prix de la sagesse les richesses m'ont paru comme rien. » Boss. « Un ami fidèle est une défense invincible; qui l'a trouvé a trouvé un trésor: rien ne lui peut être comparé; l'or et l'argent ne sont rien au prix de sa fidélité. » ID.

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Il méprise tout ce que vous lui pouvez apporter au prix de ce qu'il a vu. » ID. « Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est...., et que de ce que lui paraîtra ce monde visible il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes, et soi-même, son juste prix. » PASC.

Auprès présente à l'esprit l'idée d'une chose placée à côté d'une autre qui la fait ressortir ou lui donne du relief; c'est un mot concret, pittoresque, particulièrement propre à marquer par un rapprochement et un contraste combien une chose est belle, magnifique, artistement faite ou littérairement excellente.

Enfin l'on ne voit rien de si beau sous le ciel ;
Et la fête de Pan, parmi nous si chérie,
Auprès de ce spectacle est une gueuserie. MOL.

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