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grande généralité le calme est un état qui peut | ditif. « Il y a un grand nombre d'oiseaux qui n'ont régner partout. Mais bonace, c'est-à-dire temps point de narines, c'est-à-dire point de conduits bon ou favorable (pour la navigation), s'emploie ouverts au-dessus du bec, en sorte qu'ils ne peuuniquement en parlant de la mer. Pour s'exprimer vent recevoir les odeurs que par la fente intéexactement, il faudrait opposer le calme à l'orage rieure qui est dans la bouche. » BUFF. Quand et la bonace à la tempête. on assiége une place, on en coupe les canaux pour empêcher l'eau d'y parvenir (Boss.). On en bouche les conduits pour intercepter tout ce qu'on voudrait y introduire de secours, même des hommes. « Marius tâcha de s'échapper par des conduits souterrains. » VERT.

Mais une différence plus frappante semble avoir prévalu sur celle-ci. Calme, d'où le verbe calmer, est relatif à un état antérieur de violence qui a été apaisé; en sorte que le calme succède à l'orage. Il se promet en vain le calme après l'orage. CORN. Jusqu'à ce que l'orage ait moins de véhémence, Jusqu'à ce que le calme ait pu le dissiper. ID. Bonace, au contraire, suppose un état ultérieur de violence qui surviendra; si bien que la bonace précède l'orage, au lieu de venir après comme le calme. « Vous vivez ici dans la cour, et je veux croire que la vie vous y semble douce; mais certes vous n'avez pas si fort oublié les tempêtes dont cette mer est si souvent agitée, que vous osiez vous fier tout à fait à cette bonace. » Boss. Ces moments passeront avec tous leurs attraits, Et la tentation se coulant en leur place, Y fera succéder l'orage à la bonace. CORN. Le calme est donc une cessation et la bonace une exemption d'orage ou de tempête. Le calme est le rétablissement de la bonace après l'orage; la bonace, un état qui préexiste à l'orage et qui peut en être troublé. Dans le Cid, l'Infante cherche à consoler Chimène en lui disant :

Tu reverras le calme après un tel orage. Mais Chimène lui répond que l'orage qui a troublé la bonace ne se calmera point et se signalera par un naufrage.

CANAL, CONDUIT, TUYAU. Corps d'une certaine longueur et d'une certaine capacité, donnant ou pouvant donner passage à différentes choses.

Canal, latin canalis, se distingue de trois manières. Il est le seul de ces mots qui se dise au figuré, il désigne un corps qui peut être trèsgrand en longueur et en capacité, et, de plus, ce corps, le canal, est uniquement destiné à recevoir et à faire passer de l'eau ou un liquide quelconque.

Conduit, du verbe français conduire, est sensiblement opposé à canal sous ces trois rapports, particulièrement sous le dernier, le plus important de tous, c'est-à-dire en ce qui concerne la nature des choses auxquelles le canal et le conduit servent de contenant et de moyen de transport. Le canal ne reçoit que de l'eau ou des liquides. « Dieu a distribué l'eau avec soin sur la terre, comme les canaux d'un jardin. » FÉN. « Les branches distribuent en divers canaux la séve que les racines avaient réunie dans le tronc. » ID. « Les canaux dans lesquels notre sang et nos liqueurs coulent nous sont très-connus. » VOLT. Mais ce ne sont pas seulement des choses liquides qui passent par le conduit. « Le crâne se trouve percé régulièrement pour les deux yeux, pour les deux oreilles, pour la bouche et pour le nez. Il y a des nerfs destinés aux sensations qui s'exercent dans la plupart de ces conduits. » FEN. La trachée-artère est le conduit de la voix (ID.); « c'est le conduit par où l'air qu'on respire est porté dans les poumons. » Boss. Le conduit et non le canal au

Je sais qu'il fit trancher et clore ce conduit Par où ce grand secours devait être introduit. CORN. Tuyau, d'une origine incertaine, et très-proba blement vulgaire, ressemble beaucoup à conduit. Mais il a cela de propre, qu'il signifie généralement quelque chose de plus petit. Tuyau capillaire (ACAD.). « Il faut que ce mouvement se communique au cerveau par le moyen de petits filets enfermés dans les nerfs, comme dans des tuyaux, qui sont étendus comme de petites cordes. » P. R. D'ailleurs, le tuyau se considère plutôt comme vide, comme ne conduisant rien actuellement, comme ne contenant que de l'air : un tuyau de plume, un tuyau de paille, un tuyau de soufflet. Enfin, ce qui fait de tuyau un mot tout à fait à part relativement aux deux autres, c'est qu'il est partitif, c'est qu'il exprime assez souvent une partie du canal ou du conduit: les tuyaux d'une fontaine (Boss.) poser des tuyaux (ACAD.).

CANONICAT, CHANOINIE. Place de chanoine, de prêtre attaché à une église, faisant partie du chapitre et vivant des revenus de cette église.

Le canonicat est plus grand et plus relevé que la chanoinie. « Henri II, empereur d'Allemagne, veut se faire chanoine de Strasbourg, et fonde un canonicat, dont le possesseur est appelé le roi du chœur. » VOLT. « A la vue d'un chanoine du saintsiége de Tolède, je me sentis saisi d'un profond respect, ayant ouï dire qu'un canonicat de cette Église valait deux évêchés d'Italie. » LES. « La grâce que je vous demande, sire, est un canonicat de votre chapelle royale de Vincennes. » MOL.

Ce beau nom de tribun signifiait des pensions pour cinq ans; ce grand nom de sénateur signifiait des canonicats à vie. » STAËL.

La chanoinie est un petit canonicat, un canonicat de peu d'importance. L'enchanteur aurait bien pu faire prendre au seigneur Valentin une chanoinie pour un évèché; en acceptant la prébende du bourg d'Ateca, messire Valentin, auparavant archevêque de Reims, est proprement devenu d'évêque meunier. » LES. «l se trouva parmi nous dans le carrosse un petit abbé espagnol qui allait prendre possession d'une chanoinie à Bruxelles. " REGN.

CAP, PROMONTOIRE. Pointe de terre élevée qui s'avance dans la mer.

Quoique cap vienne du latin caput, tête, c'est le mot commun, celui qui est spécialement usité en termes de géographie moderne. La raison en est qu'il ne reproduit qu'incomplétement son primitif, qui, d'ailleurs, n'avait pas en latin l'acception que cap a reçue en français. « Du cap Gonsalvez au cap des Trois-Pointes, l'Océan forme un golfe ouvert qui n'a rien de remarquable, sinon un cap

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Majuscules est plutôt un terme d'écriture. C'est ce qu'atteste encore l'Encyclopédie, dans laquelle on lit: Majuscules se dit, dans l'écriture, des lettres capitales et initiales; c'est un terme peu usité dans l'imprimerie, et qui tient plus de l'art de l'écriture. »

fort avancé. » BUFF. Les caps sont tous célèbres | rent seulement en ce que l'œil en est plus gros, par leurs tempêtes, comme le cap Finistère, le en ce que la figure n'est pas la même, et qu'elles cap de Bonne-Espérance et le cap Horn. BERN. sont moins d'usage et moins courantes dans l'imPromontoire, au contraire, rappelant exactement pression. le latin promontorium, qui a signifié la même chose, convient particulièrement bien en parlant de la géographie ancienne. « Comme Annibal tournait un promontoire, la flotte des Romains se présenta en ordre de bataille. » COND. « Pline nous apprend que, pour faire la navigation des Indes, on alla d'abord du promontoire de Siagre à Que si toutefois on peut sans impropriété chol'île de Patalène. » MONTESQ. « Depuis Auguste, quante se servir du mot capitales dans l'art de les Romains découvrirent le promontoire Raptum l'écriture, et du mot majuscules quand il est queset le promontoire Prassum, dont Strabon ne parle tion d'imprimerie, au moins on doit avoir soin pas. » ID. « Les Perses se retirèrent à Mycale, d'observer que les capitales sont plus grandes que promontoire du continent d'Asie. » ROLL. « L'ile les majuscules. En effet, capitales, de caput, tête, de Trinacrie est ainsi appelée à cause de ses trois signifie ce qui est à la tête, ce qu'il y a de plus promontoires. » ID. « Par ce traité, les Romains grand dans un genre; et majuscules est pris du ne pouvaient naviguer au delà du Beau-Promon- latin majusculus, qui veut dire un peu plus grand toire, qui était tout près de Carthage. » ID.- Les que les autres objets du même genre. « On dispirates se renfermaient alors dans la mer entre le tingue pour écrire deux mouvements : le mouvePirée et le promontoire de Malée, appelé aujour-ment des doigts et celui du bras; le premier pour d'hui le cap Malio. » ROLL. « C'était sur le cap Misène que Corinne avait fait préparer les danses et la musique.... Pline, dit-elle, cherchant la science, partit de ce promontoire même pour observer le Vésuve à travers les flammes. » STAËL. Mais cette distinction, déjà indiquée par l'Académie, n'est pas toujours observée on se sert quelquefois de cap en géographie ancienne et de promontoire quand il est question de géographie moderne. Quelle est alors la considération qui détermine et doit déterminer dans l'emploi de ces deux mots?

C'est que cap ne suppose pas, comme promontoire, une élévation considérable : « On voyait, à cent pas de là, un château sur une petite élévation qui s'avançait en forme de cap dans la mer. » LES. Le cap est une tête de terre, comme on dit une tête de pont ou une tête d'armée, c'est-à-dire la partie avancée d'une chose étendue plutôt que haute. Mais le promontoire (mons pro, montagne qui s'avance, ou même haute montagne) est un cap qui se distingue par sa hauteur. Les Andes s'arrêtent dans la Terre-de-Feu, où elles présentent à l'Océan un promontoire de glaces éternelles, d'une hauteur prodigieuse. » BERN.

Outre cela, cap est un terme technique de géographie, inusité hors de cette science; au lieu que promontoire a un caractère littéraire en quelque sorte et une signification plus susceptible de s'étendre. Souvent il se forme au ciel des paysages.... On y voit des promontoires, des rochers escarpés, des tours, des hameaux. BERN. La colombe aussitôt usa de charité : Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté, Ce fut un promontoire où la fourmis arrive. LAF.

les lettres mineures et quelques majuscules; le second pour les capitales, les traits, les passes, les entrelas, et la plus grande partie des majuscules. Encyclopédie.

CAPTURE, PRISE. Action de s'emparer de quelque chose ou résultat de cette action.

Capture reproduisant exactement un mot latin, captura, de capere, prendre, se dit particulièrement bien en termes de jurisprudence. « Cette conspiration fut déconcertée par la capture de la cassette de Mercy. » S. S. Prise, du verbe prendre, ayant au contraire une origine toute française, convient mieux dans le langage commun. « Attends, jeune homme, dit la fée, et cesse de poursuivre les bêtes de la forêt ; une prise plus considérable se présente à toi je t'offre mon cœur et ma main. » LES. Pareillement l'action d'appréhender quelqu'un se nomme vulgairement et par rapport au public une prise, mais, en style de palais et par rapport à la justice, une capture. « M. le président et M. Talon commencèrent par faire arrêter M. de Canillac.... Ils auraient mieux fait de n'épouvanter pas d'abord un grand nombre de gentilshommes qui se retirèrent d'abord après cette prise.... Tout le monde est d'accord que cette première capture est un bon coup pour le juge, mais non pas pour la justice. » FLECH. Dans les sciences, en histoire naturelle, par exemple, capture s'emploie de préférence à prise. « Le butor fait grande capture de grenouilles. » BUFF. « Lorsque la femelle du héron vient à couver, le måle va à la pêche, et lui fait part de ses captures. » ID.

En outre, capture, par sa terminaison, marque essentiellement un résultat, au lieu que prise, quoique formé d'un participe passif, pris, se rap

CAPITALES, MAJUSCULES. Lettres plus gran-porte davantage ou plus souvent à l'action. Un des que les autres et qui se mettent au commencement des chapitres, des phrases, des vers, des noms propres, etc.

Capitales s'emploie de préférence en termes d'imprimerie. On nomme ainsi, suivant l'Encyclopédie, dans la pratique de l'imprimerie, certaines lettres qui, quoiqu'elles fassent partie d'une fonte et soient du même corps de caractère, diffè

corsaire opère la prise d'un bâtiment marchand appartenant à une nation ennemie, et, quand il considère les richesses qui y sont contenues, il trouve que c'est une des meilleures captures qu'il ait faites (BERN.). « Mes compagnons (de piraterie) avaient péri presque tous dans trois combats où on avait fait trois prises différentes. Comme ce n'était pas ma faute si je n'avais point combattu

avec eux, j'eus ma part, ainsi que les autres, dans | on ne soutient pas son humeur comme on soules captures qui avaient été faites. » LES. tient son caractère.

Que si toutefois prise convient aussi pour désigner ce qui a été saisi, le butin, il semble alors, non plus être moins noble que son synonyme, mais signifier quelque chose de moindre. « On jugea qu'il était plus à propos de continuer à croiser sur les côtes d'Afrique, afin de faire quelque autre prise, et d'aller vendre le tout à SaintDomingue, ou bien à Cadix, supposé que nous fissions quelque capture considérable. » LES.

Le caractère suppose de l'empire sur soi-même; à tel point que avoir du caractère signifie avoir de la force d'âme, de la fermeté. L'humeur, au contraire, est, comme la passion, un entraînement, l'effet de la complexion. En conséquence, l'homme à caractère doux est doux par principe, parce qu'il veut l'être, en s'efforçant de l'être; au lieu que l'homme à humeur douce est doux par tempérament, par une inclination de sa nature senin-sible. On dit, un grand, un beau, un noble caractère, un caractère de franchise et de droiture, et là humeur, à la place de caractère, serait d'une impropriété choquante.

CARACTÈRE, GÉNIE. On dit également et différemment, ce semble, le caractère et le génie de certaines choses, d'une nation, d'une langue, par exemple, pour signifier ce qui leur est propre, ce qui les distingue des autres. « Les langues seraient ainsi une peinture du caractère et du génie de chaque peuple. » COND. « Ce sera le temps de bien faire sentir aux jeunes gens le génie et le caractère de la langue française. » ROLL.

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Le caractère est plutôt une manière dont on est et dont on agit à l'égard des autres. «< Ma Thérèse avait une humeur douce et un caractère aimable. » J. J. « Femme adorable autant par la douceur, par la bonté de son charmant caractère que La différence revient à celle du passif à l'actif. par l'agrément de son esprit et par l'inaltérable En effet, le caractère est une marque, une em- gaieté de son humeur. » ID. « Mes malheurs n'ont preinte faite sur une chose, et le génie est un ta-point altéré mon caractère, mais ils ont altéré lent. Le caractère fait qu'on est tel ou tel, bon ou mauvais, aimable ou haïssable; le génie fait qu'on est capable de certains effets ou de certaines productions. «< Si on regarde les talents, Julien eut plus de génie que Marc-Aurèle; si on regarde le caractère, il eut plus de fermeté peut-être. » THOM. « Corneille, qui commence l'ère du génie français, doit beaucoup à l'étude des caractères espagnols. » STAËL. « Lessing a donné le premier aux Allemands l'honorable impulsion de travailler pour le théâtre d'après leur propre génie. L'originalité de son caractère se manifeste dans ses pièces. » ID.

Le caractère d'une nation ou d'une langue est l'ensemble de ses qualités ou sa qualité dominante; son génie est l'ensemble de ses aptitudes ou son aptitude principale.

Le caractère national ou de la nation, en France, est la légèreté, la gaieté, la sociabilité; en Angleterre, c'est le calme, la réflexion et le patriotisme. Le génie national ou de la nation, en France, est plutôt littéraire et guerrier; en Angleterre, industriel et commercial.

mon humeur et y ont mis une inégalité dont mes
amis ont encore moins à souffrir que moi-même.»
ID. Sans doute l'humeur est aussi parfois relative
aux autres; mais elle se rapporte moins à la con-
duite proprement dite qu'aux manières et aux
procédés. La bonté du caractère rend bienfai-
sant; celle de l'humeur, affable. « On ne pouvait
reprocher à Dion qu'un défaut; c'est qu'il avait
quelque chose de dur et d'austère dans l'humeur,
qui le rendait moins accessible et moins socia-
ble. » ROLL.

Son esprit, il est vrai, n'est pas semblable au vôtre.
Il est brusque, impoli; son humeur est toute autre.
REGN.

CARACTÈRES, LETTRES. Signes graphiques ou typographiques, signes à l'aide desquels l'écriture ou l'imprimerie parle aux yeux.

Caractères est dans ce sens un mot général, et lettres le mot spécial. Un caractère est une marque quelconque, et une lettre est une marque destinée à être lue. Parmi les caractères on distingue, outre ceux dont on fait usage en mathématiques, en astronomie et en chimie, par exemple, les caractères des lettres (ROLL., THOM.); les ca

Le caractère de la langue française est la clarté; son génie, suivant Voltaire, la rend particulière-ractères de l'alphabet ou les caractères d'écriture ment propre à la conversation.

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et d'imprimerie s'appellent proprement lettres. CARACTÈRE, HUMEUR. Manière d'être de « Si on prenait 24 pour racine de l'échelle arithl'âme, bonne ou mauvaise, qui est particulière à métique, il faudrait 14 caractères nouveaux qu'on une personne et la distingue des autres. On dit serait obligé de retenir par mémoire; mais cela bien et sans différence apparente, un caractère ne ferait aucune peine, puisqu'on retient si facitimide, gai, doux, altier, et une humeur timide,lement les 24 lettres de l'alphabet lorsqu'on apgaie, douce, altière. prend à lire. BUFF. « Ces lézards ont sur le dos des espèces de caractères du rouge le plus vif, qui ressemblent à des lettres arabes. » BERN. « Les premiers hommes ont cherché à exprimer leurs idées par des signes naturels, comme on le voit par les caractères primitifs de leur écriture, dont chaque lettre formait une pensée. » ID.

Cependant, caractère désigne une forme de l'âme constante, et humeur une disposition passagère. Un homme de mauvais caractère est toujours mauvais; un homme de mauvaise humeur est entré en mauvaise humeur (PASC.), paraît mauvais dans l'occasion et par accident. Cet homme, d'un caractère si bon, vient de se montrer de fâcheuse humeur pour la première fois. Homère, Théophraste et Labruyère ont excellé à peindre des caractères, et non pas des humeurs. L'humeur est essentiellement variable et fugitive:

Ensuite, on dit plutôt caractères en termes d'imprimerie, et lettres en termes d'écriture : les caractères sont des empreintes, et les lettres des traits de plume ou des composés de traits de plume. « Il faut donner aux enfants un livre bien

relié avec de belles images et des caractères bien | logue à charogne, sans en avoir pourtant toute formés.... On peut leur faire un divertissement l'énergie. « Je leur laissais (à ces médecins) gou

de former des lettres. » FEN. Dans tel livre les caractères majuscules ont ceci ou cela de remarquable; telle personne est plus ou moins adroite à faire, en écrivant, les lettres majuscules.

verner ma carcasse avec pleine autorité. » J. J. « La vieille Sanguin est morte comme une héroine, promenant sa carcasse par la chambre, se mirant pour voir la mort au naturel. » SÉV. «< Son visage n'était qu'un vieux parchemin qui semblait collé sur une tête de mort; elle était nue jusqu'à la ceinture, et la plus sèche de toutes les carcasses ne l'était pas tant que cette misérable nudité. » HAM. « Le mariage ne sied point à une carcasse décharnée comme la vôtre; et tout franc, vous êtes trop vieux pour faire souche. » (Pierrot à Roquillard, dans les Chinois). REGN.

Au figuré, en matière de littérature, squelette convient seul, comme il convient seul dans le langage des savants. « Sans les circonstances, les faits demeurent comme décharnés; ce n'est plus que le squelette d'une histoire. » FÉN. « Je hais, dit Lycon, toutes ces longueurs qu'on appelle de l'éloquence.... Je préfère à ces vaines bouffissures le simple squelette de la pensée. » BERN.

Enfin, les caractères se considèrent ordinairement du point de vue de l'imprimeur, quant à la forme, à la grosseur ou à la matière. « Examinez les caractères tartares, indiens, siamois, japonais, vous n'y voyez pas la moindre analogie avec l'alphabet grec et phénicien. » VOLT. « Je m'amuse les soirs à lire l'histoire de la prison de M. le Prince. Je suis plus charmée de la grosseur des caractères que de la bonté du style. » SÉV. « Les philosophes platoniciens étaient prêts à écrire en caractères d'or ces beaux commencements de l'Evangile de saint Jean. » Boss. Les lettres, au contraire, se considèrent sous le rapport de leur valeur phonique ou du sens qu'elles ont étant réunies en mots. Les consonnes sont des lettres articulées (J. J.). Epicure comparait les atomes aux lettres de l'alphabet, qui forment des mots différents selon la différente manière dont elles sont arrangées. » FEN. On dit d'un homme que c'est un sot en trois lettres. Ou bien les caractères sont quelque chose d'isolé, des éléments encore épars, au lieu que les lettres sont ces mêmes éléments actuellement rassemblés et composant des mots. Qui croira, disent Cicéron et Fénelon contre les épicuriens, qu'en jetant à terre quantité de caractères en confusion on obtiendra un ar-licisme. » ID. rangement de lettres semblable à celui qui consti- Catholicité exprime une qualité qu'on possède tue l'admirable poëme de l'Iliade? ou un caractère qu'on porte. «Mon salut dépend CARCASSE, SQUELETTE. Cadavre décharné et de ma catholicité et de ma soumission. » BOURD. réduit à la charpente osseuse.

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CATHOLICISME, CATHOLICITÉ. Ce qui constitue catholique.

Catholicisme a rapport aux croyances et au système de religion qu'on professe. Les dogmes du catholicisme. A différentes époques, les empereurs de la Chine ont accordé et retiré aux missionnaires la permission d'enseigner le catholicisme (VOLT.). Le gouvernement d'Angleterre admet toutes les sectes, et tolère à peine le catho

« On a vu des royaumes où la plus pure et la plus Quand même carcasse dériverait du latin, fervente catholicité formait des milliers de saints.>> comme quelques-uns le prétendent à tort ou à ID. « Cette sainte discipline était comme la marque raison, il ne laisserait pas d'être très-commun de la catholicité dans les Pays-Bas. » FÉN. Avant pour le moins; car sa terminaison est une des la Révolution, il fallait, pour être reçu avocat, plus vulgaires qu'il y ait dans notre langue, ainsi des certificats de catholicité (VOLT.). « Ce prince qu'on peut s'en convaincre par les mots hom-affectait une grande catholicité. » VERT. masse, paperasse, tignasse, chiasse, etc. Squelette, au contraire, du grec oxeλetos, desséché, ou corps desséché, tient de son origine un caractère Incontestable de noblesse.

Carcasse se dit proprement en parlant des animaux et même des choses, par extension; mais squelette doit être préféré quand il est question de l'homme.

Que si squelette s'emploie aussi par rapport aux animaux, c'est uniquement en termes de science, en anatomie.

CAVALE, JUMENT. La femelle du cheval. C'est la définition de ces deux mots donnée par l'Académie, qui ne met et ne laisse soupçonner entre eux aucune différence.

Il s'en faut bien cependant qu'on puisse dans tous les cas employer l'un ou l'autre indistinctement.

Cavale, du latin caballus, cheval, d'où dérivent aussi cavalier, cavalerie et cavalcade, n'est pas moins noble que coursier; au lieu que jument, de jumentum, béte de somme quelconque, cheval, âne, mulet, chameau, est aussi commun que cheval, sinon plus. C'est, au reste, ce qu'il est facile de confirmer par des exemples.

Et si, d'autre part, on se sert quelquefois de carcasse pour désigner hyperboliquement un homme extrêmement maigre, c'est non-seulement dans le discours familier, mais encore quand il « Avec quelle élégance Homère décrit-il la lés'agit de quelqu'un dont on fait peu de cas ou gèreté et la vitesse des cavales d'Enée! » ROLL. dont on se moque. Pour donner une idée de sa a En Grèce on élevait des monuments aux chevaux grande maigreur, Fénelon dit de lui-même, fami- à la vitesse desquels on était redevable de la coulièrement, il est vrai, mais sans se représenter ronne agonistique; et Pausanias témoigne que comme quelque chose de vil ou de dégoûtant: cela se fit pour une cavale entre autres nommée « Je ne suis plus qu'un squelette qui marche et Aura. » ID. « Si je veux peindre un coursier, et qui parle, mais qui dort et qui mange peu. » Car-me former une juste idée de ce noble animal, je casse en pareil cas se prend en mauvaise part, c'est le prends au haras, vigoureux, découplé, l'œil arune expression de dénigrement ou de dédain, ana-dent, et dont le brusque hennissement réjouit

été produites par la nature ou faites de la main des hommes. » BUFF. « Les volcans ont aussi formé des cavernes et des excavations souterraines qu'il est aisé de distinguer de celles qui ont été formées par les eaux. » ID. « Si les rois d'Égypte, au lieu d'avoir fait des pyramides, eussent fait la même dépense pour sonder la terre et y faire une profonde excavation, on aurait des connaissances qu'on n'a pas. » ID. « Les marmottes creusent la terre, et jettent au dehors, derrière elles, les déblais de leur excavation. » ID.

CENTRE, MILIEU. C'est dans une chose un point ou un endroit situé à égale distance des extrémités.

l'homme et fait tressaillir toutes les cavales de la | pas fort aisé de reconnaître si ces excavations ont contrée. BEAUM. « Avec la rapidité d'un jeune cheval arabe qui franchit les vastes plaines et les fleuves de l'antique Saana, pour s'approcher de la brillante cavale qui règne dans son cœur. » VOLT. « Le prince Rozinel était monté sur un beau coursier qui descendait en ligne directe du dieu Borée et de ces fameuses cavales d'Éricthonius, qui marchaient si légèrement qu'elles passaient sur les épis sans les rompre. » LES. « Je vous ai comparée, ma chère épouse, à une cavale docile : je vous ai mise sous le joug, marchez avec moi. » Boss. Ici le coursier barbe est errant dans vos bois; Là bondit d'Albion la cavale superbe. DEL. « La jument qui traînait notre chariot tomba morte de lassitude. La comédienne à qui elle appartenait et qui la louait à la troupe, en fit des cris pitoyables. » SCARR. « Les coutumiers prononcent que le cultivateur comtois est devenu comme le bœuf ou la jument de son seigneur, à qui son travail et sa postérité appartiennent. » VOLT. « Dans cette vie de Virgile on le représente comme une espèce de maquignon qui devine qu'un poulain qu'on avait envoyé à Auguste était né d'une jument malade. » ID. & M. de Voltaire avait une demi-douzaine de vieilles juments qui le traînaient lui et sa nièce. » GRIMM. « La jument ne donne pas autant de lait que la vache. » BERN. « Quelle princesse ! elle ressemble comme deux gouttes d'eau à une vieille jument que j'ai dans mon écurie. »> LES. Il passa près de lui un homme qui était monté sur une mauvaise ju

ment. » ID.

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« Je soutiens mon grison, dit Sancho, plus beau que sa jument, quand elle serait aussi belle que la cavale de messire Valentin qui passe dans Ateca pour la plus grasse bête du chapitre. » ID. Dans les Vies des dames galantes de Brantôme, on voit une dame qui se fache contre M. de Bussy, parce qu'il l'a appelée jument, mais qui s'apaise ensuite quand elle apprend que le mot dont il s'est servi est poultre, qui voulait dire une jeune cavale. CAVITÉ, EXCAVATION. Espace en forme de voûte dans l'intérieur d'une chose.

Cavité, de cavus, cave, représente cet espace en lui-même, tel qu'il est ; excavation, excavatio, du verbe excavare, creuser, percer, caver, désigne d'abord une action, puis ce qui en résulte, mais toujours relativement au fait ou à l'auteur de sa formation. La cavité est plus ou moins grande; l'excavation est l'effet de telle ou telle action ou l'effet de l'action de tel ou tel agent.

« Ce sont trois grottes en voûte l'une sur l'autre. On n'y peut monter que par une échelle, et il faut s'élancer ensuite dans ces cavités en se tenant à des branches d'arbres. VOLT. C'est une erreur de Descartes de croire « qu'il y a de grandes cavités sous toutes les montagnes qui reçoivent l'eau de la mer. » ID. « L'Islande entière ne doit être regardée que comme une vaste montagne parsemée de cavités profondes, cachant dans son sein des amas de minéraux. » BUFF. Les grandes cavités sont dans les montagnes. » ID. « Les hommes forment tous les jours de nouvelles cavernes en fouillant les mines et les carrières, et lorsqu'elles sont abandonnées, il n'est

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Mais d'abord le centre suppose un certain nombre ou un grand nombre d'extrémités, et le milieu n'en suppose que deux. Le centre d'un cercle ou d'une sphère; le milieu d'une ligne. Le soleil est placé au centre de notre univers; Josué l'arrêta, dit-on, au milieu de sa carrière. L'araignée se tient en embuscade au centre de sa toile où aboutissent toutes les lignes (ROLL.); quand on est au milieu de la grotte de Pausilippe, on aperçoit à peine le jour aux deux extrémités (STAËL). Au figuré, de même. Le centre est un point de réunion où se rendent de toutes parts les personnes ou les choses : les Orientaux sont le centre des nations; telle ville est le centre des affaires du Levant; un égoïste se fait le centre de tout. Mais le milieu est ce qui se trouve également éloigné de deux excès contraires : la vertu est un milieu entre deux extrêmes, la libéralité un milieu entre la prodigalité et l'avarice; on appelle aussi milieu un moyen de concilier, non pas tout le monde, mais deux personnes ou deux partis précisément.

En outre, centre, latin centrum, grec xévτρov, tient de son origine savante un caractère incontestable de noblesse, et convient mieux pour l'abstrait; au contraire, milieu, formé de deux mots français, mi et lieu, lieu qui est à mi-chemin ou mitoyen, est commun et particulièrement propre pour le concret. Au centre d'une pomme se trouve la partie qu'on appelle le milieu de la pomme, celle qu'on ne mange point et qui contient les pepins. Il y a des émotions qui partent du centre de l'âme (STAEL), et des chants d'oiseaux qui partent du milieu des buissons (In.). Un général doit choisir habilement le centre de ses opérations, et avoir soin de fortifier le milieu de son armée. « Des saints se sont sanctifiés à la cour, c'est-àdire au milieu des plus dangereux écueils, et, si je l'ose dire, comme dans le centre de la corruption du monde. » BOURD. Dans le langage des sciences, centre ne signifie rien que d'abstrait : centre de gravité, d'oscillation, d'attraction, d'équilibre, de percussion. Mais, en termes de science, milieu est tout concret et sert à désigner des corps: La lumière se rompt différemment en traversant différents milieux; l'air est le milieu dans lequel nous vivons.

CERCLE, SPHERE. Figurément ils signifient l'un et l'autre étendue, circonscription.

Au propre, le cercle est quelque chose d'étroit et qu'on emploie pour resserrer, un cerceau; la sphère, au contraire, est vaste, puisque c'est l'es

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