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siastiques de l'Espagne et des Indes. » S. S. « Al- | bulle quelque clause qui blesserait les droits du béroni avait remis au premier ministre et au con- royaume.» Boss. « Bentivoglio persuada le pape fesseur les brefs de révocation des indults. ID. de faire entendre qu'il n'accorderait plus de bulles Mailly, archevêque d'Arles, avait fait au pape sans des précautions et des conditions à l'égard de un présent de quelques reliques de saint Trophime, ceux que le roi nommerait aux évêchés et aux qui lui en avait attiré un bref de pur remercie- autres bénéfices. » S. S. « Il y avait déjà longment. » ID. « Si le duc d'Orléans donnait le temps temps que le pape s'était rendu à ces cardinaux au pape de lui écrire un bref d'amitié par lequel malgré lui, pour refuser des bulles. Grand nombre il lui demanderait comme une grâce de ne pas d'églises étaient sans évêques, quoique nommés la mettre le cardinal de Noailles à la tête de ce con- plupart. » ID. Déjà, dans une bulle longtemps seil.... » ID. « Ils imaginèrent un bref du pape qui fameuse, Boniface VIII avait décidé qu'aucun clerc permît à l'abbé d'aller à la guerre en conservant ne doit rien payer au roi son maître sans permisses bénéfices.... De ces brefs il y en avait mille sion expresse du souverain pontife. » VOLT. « Sixteexemples. » ID. « Le prince électoral fit secrète- Quint priva la reine Élisabeth de ses royaumes ment à Rome son abjuration. Le pape lui accorda par une bulle; et si la flotte invincible de Phiun bref qui lui permit de la tenir cachée. » ID. lippe II eût abordé en Angleterre, la bulle eût pu Philippe II n'avait pas épargné les ecclésias- être mise à exécution. » ID. « Le pape a remis sur tiques, témoin ce fameux bref d'absolution qu'il pied une ancienne bulle par où il ôte les immuavait obtenu du pape pour deux mille prêtres ou nités et toutes les franchises aux princes souvereligieux qu'il avait fait mourir pour assurer son rains, en vertu de quoi il fait faire le procès aux usurpation. VERT. «< Clément XI, alors pape, en- criminels qui se sont trouvés dans le palais de la voya des brefs à tous les prélats de Pologne, par reine de Suède. » SEV. lesquels il les menaçait de l'excommunication s'ils osaient assister au sacre de Stanislas. » VOLT. M. le cardinal de Bonzi m'a assuré que le pape, sans avoir encore reçu la lettre du cardinal de Retz, lui avait envoyé un bref, pour lui dire qu'il veut et entend qu'il garde son chapeau. Sev. Fénelon écrit à l'abbé de Chanterac, son correspondant à Rome dans l'affaire du quiétisme : « Faites tout ce que vous pourrez pour arracher (au pape) un bref de consolation. » Et dans une autre lettre : « Partez de Rome, sans attendre un bref d'honnêtetés vagues que je ne veux ni acheter ni mendier. » Bulle, du latin bulla, petite boule, est le nom donné à un rescrit qui s'expédie toujours sur parchemin et auquel est suspendu un sceau en plomb sous forme de boule. Ce sceau représente d'un côté les images de saint Pierre et de saint Paul, et porte de l'autre le nom du pape avec l'année de son pontificat. Plus solennelle dans la forme, la bulle se rapporte à des intérêts ou à des questions plus graves, et elle est plus développée dans la rédaction, plus explicite; on y distingue l'exposé et la décision. C'est par une bulle ou des bulles qu'est dénoncé le jubilé; il y a des bulles d'ex-tie de leur droit. » MONTESQ. communication; il y en par lesquelles le pape in- Le livre de Fénelon, intitulé Explication des stitue les évêques, et par lesquelles autrefois il maximes des saints, ayant été déféré au pape Inconférait les bénéfices appelés consistoriaux, les nocent XII, fut condamné par un décret en forme abbayes, les prieurés, etc.; enfin les bulles sont de bref. Bossuet aurait voulu quelque chose de en général les écrits dont les papes se servent pour plus solennel, savoir une bulle. « Il n'y a qu'une notifier leurs décrets quels qu'ils soient. Ce for- seule chose à désirer, écrit-il à cette occasion, mulaire fut inséré dans un bref que Sa Sainteté c'est qu'on eût fait une bulle en forme comme celle adressait au roi. Mais ce bref étant arrivé, on contre Molinos. Je ne sais s'il se trouvera un s'aperçut qu'on n'en pouvait faire aucun usage, à exemple d'une décision de foi par un bref sub ancause que le parlement, où on le voulait faire nulo Piscatoris. » Il explique comment et pourenregistrer, ne reconnaît d'autre expédition de quoi on s'est contenté à Rome de cette sorte de Rome que ce qu'on appelle des constitutions censure la moins éclatante de toutes; il assure plombées. Il fallut donc renvoyer le bref, et prier que le roi l'appelle toujours une bulle; et, pour sa le pape de le changer en une bulle. » RAC. « Pour part, il lui donne le même nom, auquel il substiavoir l'indulgence du jubilé, il faut accomplir les tue celui de constitution quand il parle de cette œuvres ordonnées par la bulle. BOURD. « La sentence eu égard à sa valeur et à l'écrit permanent bulle détermine suffisamment les autres choses qui la contient. Il est bien constant qu'il n'a qu'on doit faire pour gagner le jubité. » FÉN. « On | tenu qu'au cardinal de Bouillon qu'on ait fait une a donné avis au roi que M. le cardinal de Bouil- bulle avec tous ses accompagnements, et on n'a lon pourrait faire mettre dans la préface d'une pris le parti d'un bref que pour mettre l'affaire

La constitution est une espèce par rapport à la bulle. C'est une bulle dogmatique (S. S.), une bulle qui contient une décision du saint-siége en matière de doctrine ou de discipline. On a appelé spécialement de ce nom (S. S., FEN.) la bulle Unigenitus de Clément XI qui condamnait cent une propositions extraites d'un livre du P. Quesnel. Lors même que bulle se prend dans cette acception particulière de constitution, il en diffère encore : il appelle l'attention sur le fait plutôt que sur le fond; et constitution, au contraire. Le 18 avril 1752, le parlement déclare que la constitution de la bulle Unigenitus n'est point un article de foi. » VOLT. Fénelon parle quelque part des cinq constitutions, c'est-à-dire des cinq décisions, contenues dans la bulle du pape Innocent X contre cinq propositions de Jansénius. La bulle se considère extérieurement ou sous le point de vue de sa publication; ce qui frappe surtout dans la constitution, c'est ce qui y est contenu. Les constitutions sont des objets d'étude, font partie des matières d'érudition. « Les Français ont adopté toutes les constitutions des papes, et en ont fait une nouvelle par

entre les mains du cardinal Albani; mais tous les | laïques.... Ses lettres de créance et les provisions adoucissements de ce cardinal n'empêchent pas la de sa juridiction suprême furent enregistrées sans force de la constitution. Tous les gens de bien à difficultés au parlement de Paris. » ID. « En 1747, Rome bénissent Dieu d'avoir si bien inspiré le Maurice de Saxe fut créé maréchal général de pape. >> toutes les armées du roi; les provisions sont da

Mme de Sévigné, le comte de Grignan, reçut du roi, en 1689, le brevet qui l'autorisait à porter le cordon bleu (SEV.). Il y avait déjà longtemps qu'il avait obtenu les provisions en vertu desquelles il exerçait en Provence les hautes fonctions de lieutenant général.

BREVET, PROVISIONS. Termes de chancelle-tées du 12 janvier. » THOM. Le gendre de rie, dont le premier ne se dit plus guère et dont le second ne se dit plus en parlant de ce qui se pratique en France aujourd'hui, mais qu'il importe néanmoins de savoir distinguer, afin de les employer avec précision quand il est question des usages présentement abolis auxquels ils se rapportent. Ils signifient l'un et l'autre des lettres expédiées en faveur de certaines personnes, pour leur servir comme de certificats ou de diplômes. Mais le brevet était quelque chose de bref, de court, quelque chose de fait promptement et sans formalités, une sorte d'expédition non scellée. On appelle encore, de nos jours, actes en brevet des actes quelconques, obligations, transactions, procurations, dont le notaire ne garde pas la minute, et qu'il délivre sans y mettre la formule exécutoire. Les provisions, au contraire, étaient revêtues de toutes les formalités, de celle du sceau, par exemple.

Toutefois il est à remarquer que dans la hiérarchie ecclésiastique le mot de provisions était seul usité, même pour désigner un brevet proprement dit, une collation, le don d'un bénéfice. « Il vaquait un bon preferement (bénéfice) à la nomination de milord Chesterfield.... Il me donne une lettre pour M. Sidrac. Je ne doute pas que M. Sidrac ne soit celui qui doit m'expédier les provisions de ma cure.... » VOLT. Dans les Ordonnances synodales de Bossuet, on lit: Déclarons que nous sommes résolus de n'accorder ni provisions de bénéfices curés, ni visa, qu'à ceux (des curés) qui seront capables d'instruire par eux-mêmes. >>

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BROUILLON, TRACASSIER. Qui met le trouble, le désordre dans les affaires ou entre les per

sonnes.

La différence principale, peut-être l'unique, provient de ce que tracassier possède et possède seul une terminaison diminutive et familière.

De plus, le brevet constatait qu'on avait obtenu du roi une faveur, comme une pension, une dignité, ou une distinction honorifique. Nicot ne donne à ce terme d'autre sens que celui de reconnaissance par laquelle on confesse devoir. « C'est le brevet de votre pension, signé du ministre. Elle est de mille écus.» DID. Le lende- Brouillon s'emploie dans le grand, et, par main de la démission de Sully, la reine, en con- exemple, en parlant des perturbateurs du repos sidération de ses services, lui envoya un brevet public. « Je ne saurais aucunement approuver ces de cent mille écus. » THOм. « Vous me demandez humeurs brouillonnes et inquiètes qui, n'étant le détail de ce qui s'est passé sur le sujet de ma appelées ni par leur naissance ni par leur fortune pension........ Je reçus la grâce le 16.... Je ne sais au maniement des affaires publiques, ne laissent si le roi y apporta de la résistance, mais je sais pas d'y faire toujours en idée quelque nouvelle qu'il ordonna à M. de Pontchartrain de m'expé-réformation. » DESC. « Les décemvirs menacèrent dier mon brevet. » Bussy. « Le comte de Luxe, à Fabius de le faire précipiter du haut de la roche qui le roi a accordé un brevet de duc. » Cou-Tarpéïenne, comme un séditieux et un brouillon. » LANGES. « Le brevet qui fit MM. de Bouillon prin- VERT. Dans les Dialogues des Morts, de Fénelon, ces ne fut point enregistré comme l'échange l'a Charon dit à Alcibiade: « Je vois bien que tu été. » RAC. Vénus consentit que le teint de as été un dangereux brouillon. » A quoi MerPsyché lui fût rendu, même qu'un brevet de cure ajoute: « Tu as mis le feu partout: c'est déesse lui fût donné, si tout cela pouvait s'obte-toi qui as allumé cette horrible guerre dans toute nir de Jupiter. » LAF. Mais les provisions la Grèce. » Et Charles VII à Jean, duc de Bourétaient ce par quoi il était pourvu à un emploi gogne : « Quand on a affaire à un homme aussi ou à un office. L'idée qui y est attachée n'est pas violent et aussi brouillon que vous l'étiez, assascelle de don et de quelque chose à recevoir, siner est le plus sûr.» « Les seigneurs ambitieux, mais celle de commission et de quelque chose à souples et brouillons, chercheraient avec ardeur faire. « Je m'étais opposé à ce que M. l'évêque à entrer dans ce conseil. » FEN. Saint-Simon, dans de Nantes fit la charge de lieutenant de roi sans l'affaire de la Constitution, conseilla au régent de en avoir ni l'ordre ni les provisions. M. DE SÉ- faire enlever trois jesuites qu'il appelle « les VIGNÉ. M. de Pontchartrain devait donner sa dé-boute-feux de toute cette affaire, trois brouillons mission de secrétaire d'État. « La Vrillière s'y trouverait pour expédier les provisions de la charge au jeune Maurepas. » S. S. « J'allai dîner chez un homme de robe.... Quand je pris cette charge, me dit-il, j'eus besoin d'argent pour payer mes provisions; je vendis ma bibliothèque. MONTESQ. «Le cardinal de Richelieu n'eut les provisions de premier ministre qu'en 1629, le 21 novembre; Louis XIII les signa seul de sa main. VOLT. « Sixte V envoyait un légat à Paris et lui donnait une juridiction entière sur les

très-pernicieux.

D

Tracassier se dit familièrement, ou bien pour exprimer le même défaut en petit, c'est-à-dire s'exerçant, non plus dans les États, mais dans les familles entre particuliers, et employant de petits moyens, tels que les faux rapports et les commérages. « Il ne faut point avoir de rapporteurs, qui s'empressent à vous empoisonner du récit de toutes les petites fautes des particuliers; mais il faut avoir des gens de bien, qui, malgré eux, soient chargés en conscience de vous avertir des

Laissez-lui l'ardeur pétillante :

Le bon ton n'est jamais bruyant. DEL.
Tu m'as donné pour femme une mégère....
Elle est fausse, elle est tracassière. VOLT.

choses qui le mériteront ceux-là ne vous diront | grottesco, s'est dit d'abord d'un genre de peinture : que le nécessaire, et laisseront le superflu aux les grotesques, ou, comme on devrait l'écrire, les tracassiers. » FÉN. A Paris, les femmes sont grottesques, sont des ornements de peinture bimoins indiscrètes, moins tracassières que chez zarres, imités de ceux qui furent découverts à nous, moins peut-être que partout ailleurs. » J. J. Rome dans les grottes ou ruines du palais de Titus. Oui, oui, défaites-nous de cette tracassière. DEST. Burlesque se rapporte donc à l'art et à la maChacun du tracassier se venge en le fuyant; nière de s'exprimer en littérature, c'est-à-dire par De sa sottise sémillante la plume et quelquefois par la voix. « Qu'est-ce que la Batrachomyomachie attribuée à Homère, sinon une bouffonnerie, un poëme burlesque ? » VOLT. «Dans le système des monades de Leibnitz l'âme et le corps sont deux automates qui vont chacun à part, à peu près comme dans certains sermons burlesques un homme prêche tandis qu'un autre fait des gestes. » ID. « Les contes burlesques des Anglais. » STAËL. «<< Avoir un accent burlesque. » HAM. Mais grotesque convient seul pour la peinture, pour ce qui est représenté aux yeux par le pinceau. « Watteau a été dans le gracieux à peu près ce que Teniers a été dans le grotesque: il a fait des disciples dont les tableaux sont recherchés. » VOLT.

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Ce Castel-là est un chien enragé; c'est un fou de mathématiques, et le tracassier de la société. » ID.

BRÛLER, GRILLER. On dit également au figuré brûler et griller de faire une chose, ce qui signifie le désirer beaucoup.

Mais brûler, éprouver une brûlure, a pour idée dominante l'ardeur ou la violence du désir. « De quelle adresse une femme n'a-t-elle pas besoin pour faire qu'on lui dérobe ce qu'elle brûle d'accorder! J. J.

Sans cesse vous brûlez de voir tous vos parents Engloutir à la cour charges, dignités, rangs. BOIL. Griller, être sur le gril, sur les charbons, ne pouvoir plus y tenir, suppose surtout de l'impatience; si bien que griller employé d'une manière absolue veut dire, comme le remarque avec raison l'Académie, brûler d'impatience. Mais achevez votre conte, tous ces seigneurs et moi nous grillons d'en savoir le reste. » LES.

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La femme du pondeur s'en retourne chez elle. L'autre grille déjà de conter la nouvelle. LAF. D'ailleurs brûler est de tous les styles: il se trouve dans les meilleures tragédies. Il peut servir à exprimer un désir relevé, et, par exemple, une noble ambition. « Au souvenir des héros parmi lesquels ce prince brûlait de se placer. » STAËL.

Un groupe de mazettes Très-gravement poursuit ce chant falot, Concert grotesque et digne de Callot. GRESS. Ce qui est burlesque rappelle, suivant la définition de Boileau, le langage des halles; ce qui est grotesque est une caricature ou y ressemble.

Que si grotesque s'emploie aussi par rapport à des œuvres littéraires, c'est quand et en tant qu'elles sont ou contiennent des peintures, quelque chose qui parle aux yeux. « Il serait difficile de décider si la chevalerie errante est plus tournée en ridicule par les peintures grotesques de Cervantes que par la féconde imagination de l'Arioste.>> VOLT.

Cette moderne histoire

Est un peu folle, il en faut convenir....
Ma Minerve sévère

Adoucira ses grotesques portraits,

Et les voilant d'une gaze légère,

Ne montrera que la moitié des traits. GRESS.

Je brûle de servir mon roi. » MAINT. Griller, au contraire, appartient toujours au langage familier, et il dénote une simple envie, une démangeaison. «Restait encore la curieuse Cristalline, On qualifie bien de burlesque (et non pas de groqui grillait de savoir ce qu'on allait lui annon-tesque, quoi qu'en dise Pellisson) un mot (BOIL.)

cer. » HAM.

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ou un vers (VOLT.). Mais, comme on applique l'épithète de grotesque à un habit (MOL.), à un équipage (J. J., DEST.), à une figure (DEST., LES.), de même on s'en sert en parlant d'une imagination (PASC.) et d'un spectacle dépeint dans un livre ou dans une comédie, par exemple, parce qu'une imagination et un spectacle font image, sont une sorte de tableau. « Le peuple d'Athènes n'exigeait point qu'on mêlat (dans les drames), comme en Angleterre, les scènes grotesques de la vie commune aux situations héroïques. » STAËL.

Rinconet et Cortadille de Cervantes est un tableau grotesque, mais vrai, des fripons de Séville.»> FLOR. « Ce spectacle grotesque (contenu dans les deux derniers actes du Bourgeois gentilhomme) est amené pour divertir la multitude. » LAH. « Le Légataire est rempli de situations qui, par la forme, approchent du grotesque, telles que le déguisement de Crispin en veuve et en campagnard. » ID.

BUT, OBJET, FIN. Ce à quoi on tend, ce à quoi on s'efforce d'arriver. Se proposer un but, un

objet ou une fin; se proposer telle chose pour but, pour objet ou pour fin.

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On agit pour une fin, on y emploie tels ou tels moyens qui veut la fin veut les moyens, dit le Le but est au bout de la carrière; l'objet est proverbe; la fin ne justifie pas toujours les moyens. posé devant; la fin termine ou fait cesser l'action. Il n'y aurait rien de plus insensé que de rejeter On marche vers le but; il est plus ou moins ces moyens par attachement à la fin, puisque, au éloigné; on en approche plus ou moins; on l'at- contraire, cet attachement nous les doit faire chéteint ou on ne l'atteint pas. « Pourvu que je vous rir. » Boss. « Si, dans chaque action, on laisse à mène à mon but. » FÉN. « Pythagore revint à Sa-part les moyens pour ne considérer que la fin, mos, chargé de précieuses dépouilles qui avaient on trouve incomparablement plus de bonnes acété le but de ses voyages. » ROLL. On a l'objet tions que de mauvaises.» J. J. sous les yeux comme un idéal auquel on se conforme; on le perd ou on ne le perd pas de vue. <«< La morale se propose pour objet de régler les mœurs. » ROLL. « On ne peut pas douter que César n'ait eu cet objet en vue dès ses premières années; car on ne voit aucune démarche de lui qui ne tende à ce but. » ID.

Et donne à tes désirs pour immuable loi,
Que leur unique objet soit le bien de me plaire,
Et leur unique but de ne chercher que moi. CORN.

C

On dit proprement le but d'un voyage ou d'une course ou de ce qui y ressemble: Le but de la vie. On dit particulièrement bien l'objet d'un discours ou d'un écrit, et de tout ce qui se fait en ayant attention à quelque chose, à la vérité, par exemple, à la religion ou aux mœurs. On dit la fin d'une action, et c'est presque toujours en opposition aux moyens dont on se sert pour y parvenir.

On poursuit un but; on a tel objet en vue; on agit pour telle fin.

CADUC, CASSÉ. Ces deux mots se disent d'un | subies, tandis que coaguler, au contraire, le rehomme presque décrépit, qui décline, dont la fin présente d'une manière exacte et parfaitement reest prochaine. connaissable, l'un est vulgaire, et l'autre savant Caduc, d'où vient le substantif abstrait cadu-ou didactique. Nous disons en langage ordinaire, cité, annonce une qualité abstraite, qui s'adresse du lait ou du sang caillé. Mais Voltaire écrit, en moins à l'imagination qu'à l'esprit. Cassé, au contraire, est une expression toute concrète qui représente un corps courbé et comme plié en deux. On dit l'âge caduc (Boss.), une caduque vieillesse (BOURD., Boss., FEN., BERN.): L'âge de quarante ans paraît caduc à la jeunesse (VAUV.); mais on dit un corps cassé (MOL., J. J.), un vieillard cassé (REGN., FÉN., J. J.), un vieillard qui soutient d'un bâton ses membres cassés (Boss.).

faisant allusion à un passage de l'Esprit des lois : « On a prétendu que la loi de Mahomet qui défend de boire du vin est la loi du climat d'Arabie, parce que le vin y coagulerait le sang et que l'eau est rafraîchissante. » Et on lit dans une dissertation de Montesquieu sur la botanique : « Les sucs de la terre, lorsqu'ils sont parvenus au bout des branches, s'arrêtent sur la superficie, et commencent à se coaguler. » Pareillement, dans l'Histoire naturelle de Buffon: « Les grès formés par le sédiment des eaux sont plus solides et plus durs que les grès coagulés par le feu. L'esprit de vitriol ronge de certains mixtes et en coagule d'autres comme sont le sang et le lait. » CHARAS (Pharmacie).

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Ensuite, on est caduc, on est devenu cassé. Le premier de ces mots désigne une qualité sans la faire concevoir comme acquise; au lieu que le second donne à entendre que cette même qualité a été produite dans le sujet, non pas naturellement et par le seul effet de l'âge, mais par une cause particulière. On est vieux et caduc (Boss., De leur côté, figer et congeler ont cela de bien LABR.); un soldat est recru et cassé (MONTAIG.). particulier, qu'ils expriment un phénomène qui «Le roi parut fort cassé, maigri et avoir très- s'opère par le refroidissement, au lieu que la coaméchant visage. » S. S. Caduc s'emploie simple-gulation se fait par l'échauffement. Et quant à la ment; avec cassé on peut très-bien mettre d'autres mots servant à exprimer de quelle maniêre on a été cassé, réduit à l'état d'un homme cassé. « Déjà cassé, moins par les infirmités d'un âge avancé, par les fatigues de ses voyages et de ses guerres, que par les austérités d'une vie dure et pénitente, aint Louis part et marche encore contre les infidèles. >> MASS.

CAILLER, COAGULER, FIGER, CONGELER. Faire passer de l'état liquide à l'état solide.

Cailler, italien quagliare, paraît avoir été formé du latin coagulare, d'où évidemment coaguler tire son origine. Or, par cela seul que le primitif commun à ces deux verbes français, lequel est emprunté d'une langue ancienne, se trouve dans cailler défiguré par les transformations qu'il a

différence entre l'un et l'autre, elle se rapporte au degré. Ce qui est figé, du latin figere, ficher, arrêter, a pris assez de consistance pour ne plus couler, pour être fixe et non plus fluide; et ce qui est congelé est devenu de la glace (gelu), c'est-àdire quelque chose de dur comme la pierre. De l'huile figée; de l'eau congelée.

CAISSE, COFFRE; - CASSETTE, BOÎTE. Noms de certains contenants faits de main d'homme pour recevoir et conserver différents objets solides.

La caisse et le coffre sont de grande dimension, au lieu que la cassette et la boîte sont essentiellement petites. Il faut toute la force d'un homme et parfois même de plusieurs pour transporter une caisse ou un coffre; moins volumineuses et moins

SUPPLÉMENT.

pesantes, la cassette et la boîte se portent aisé- |
ment à la main, sous le bras, ou de quelque autre
manière. « On envoya de Gênes à Son Eminence
une grande caisse de confitures bien dorées et ar-
tistement arrangées dans leurs boîtes. » LES. « Vous
garderez ces lettres mais il n'y a plus de cassettes
capables de les contenir hélas! il faudra des
coffres.» SEV. « C'est de là qu'on appelle cette
édition si correcte qu'Alexandre fit faire d'Homère
l'édition de la Boite, parce que le petit coffre où
il l'enferma servait auparavant de boîte à garder
des odeurs et des parfums.» VAUG.

Je m'en vais vous donner de l'argent pour l'avoir.
Tirez-moi ma cassette, elle est dans cette caisse. LAF.
Des os tailles, sculptés, et façonnés sans frais,
DEL.
Sont changés en coffrets, sont transformés en boites.

ployés comme meubles dans les maisons, et ayant
été remplacés dans les voyages par les malles, le
du passé. Caisse a gagné d'autant. Ainsi, nous ne
mot est tombé en désuétude si ce n'est en parlant
disons plus aujourd'hui, les coffres mais les caisses
de l'État, et, en termes d'administration, de ban-
sans que l'usage ait tenu compte de la significa-
que et de commerce, caisse a été substitué à coffre
La cassette (petite casse ou
Cassette, boite.
tion précise attachée à chacun de ces termes.
pas de peine sans doute à la porter, mais on ne la
petite caisse) est moins petite que la boîte: on n'a
porte pas, comme d'ordinaire la boîte, sur soi ou
culier, qu'on n'y met que des objets de prix, en
dans sa poche. Du reste, elle a cela de tout parti-
cela plus semblable au coffre qu'à la caisse en dé-
pit de l'étymologie. « Les petites hordes errantes
portaient de village en village leurs dieux dans
des coffres, sur des charrettes traînées par des
bœufs.... Les Iduméens, quelques Sabéens por-
taient dans des cassettes les représentations gros-

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La caisse (peut-être du latin Caisse, coffre. capsa, grec xáva) est faite plus grossièrement, d'une matière et d'une manière moins solide, moins durable: c'est un assemblage de planches d'un bois léger, et on s'en sert surtout pour expé-sières d'une étoile. » VOLT. « Le livre des lois de dier des effets, tels que des marchandises. D'ailleurs, ou elle ne ferme point du tout, comme on le voit par les caisses à orangers, ou elle ne ferme pas à clef, le dessus en est fixé avec des clous, au moins pour l'ordinaire. Une bière est une caisse. Monseigneur avait dans son cabinet une grande caisse de bois blanc remplie de toutes sortes de confitures sèches. » LES. « Je viens de recevoir cette réponse par la diligence avec une caisse que ma fille envoyait à sa sœur. » BUSSY. « On vient de m'envoyer la caisse (contenant un cadeau de plantes rares).... Il m'a paru plus convenable, puisque j'avais à la rendre, de la renvoyer sans l'ouvrir.» J. J. On embarque sur les bâtiments marchands des ballots et des caisses (BERN.).

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Mais le coffre (en allemand koffer, en anglais coffer) est un objet d'art; c'est un meuble, une espèce d'armoire sans pieds et moins haute que longue, qui s'ouvre en levant un couvercle, et dans laquelle on met sous clef de l'argent, du linge, des papiers et autres choses semblables. L'arche de Noé et l'arche d'alliance étaient des coffres et non des caisses. Si leurs femmes ont perdu seulement un denier, il faut alors renverser toute une maison, déranger les lits, transporter des coffres, et chercher dans les recoins les plus cachés. » LABR. « Dans ce temps-là (1562) on allait à la cour habiter une chambre où il n'y avait que des coffres pour meubles. » VOLT. « Mesdames, voici des coffres qui vous serviront de fauteuils. » MOL. Il ne fut pas une heure dans la prison, et ceux qui l'y avaient mis n'eurent pas le temps d'avoir un coffre de papier qui avait été transporté » S. S. « Sa mère ne avec lui à la Conciergerie. lui donnait pas une assiette d'argent, ayant deux coffres pleins de la vaisselle de nos oncles. » SÉV. « Hébert prit dix coffres de linge sur son soin. » SEV. L'abbé Bigorre m'a envoyé l'édit et le rehaussement des monnaies : ah! c'est cela qui vous enrichira, supposé que vos coffres soient pleins. » SEV.

As-tu trouvé le coffre à ton gré copieux?

Ses écus, ses louis étaient ils neufs ou vieux? REGN.
Les coffres ayant cessé peu à peu d'être em-

Minos était un grand livre qu'on tenait enfermé
Il y a peut-être plus de diamants et de perles
dans une cassette d'or avec des parfums.» FÉN.
dans les cassettes des Hollandais que dans celles
des bijoutiers du Portugal. » BERN. M. de Gui-
taud (dont la maison était toute en feu) m'envoya
« La reine d'Angleterre, à Saint-Germain, se trouva
une cassette de ce qu'il a de plus précieux. » SÉV.
toute servie comme la reine, de toutes sortes de
hardes, parmi lesquelles était une cassette très-
riche avec six mille louis d'or. » SEV. « On trouva
chez lui les pièces de la conjuration, les divers
traités, et cinq cassettes pleines de lettres, d'in-
porter la cassette des sceaux devant lui. » ID.
structions, d'actes.... » S. S. « Le duc d'Orléans fit
« J'aperçus dans la boutique d'un marchand une
Il prit aussi la cassette aux bijoux,
espèce de cassette à bijoux fort propre. » LES.
Aux diamants, aux témoignages doux
Que reçoit et garde une amante. LAF.
La boîte, la boiste (de buxum, buis, petit objet
en bois de buis) se distingue et par sa petitesse et
par la multitude de ses destinations. Une bonbon-
nière et une tabatière sont des boites; c'est dans
des boites que se vendent ou qu'on met les choses
les plus vulgaires, certains remèdes, différentes
poudres, les pains à cacheter, les allumettes, etc.
Une boîte d'onguent, de pilules (ACAD.).
<< N'avez-vous point de honte de nous montrer
prie de me donner une boîte de son fard. » Laf.
cette vieille chaire de Saint-Pierre avec le dos
rompu, et pleine de vermoulure! Voulez-vous
qu'on regarde votre coffre, où sont tant de ri-
chesses spirituelles, comme une boîte d'orviétan
ou de mithridate?» MONTESQ.

« Je la

CALME, BONACE. Ces mots représentent dans la nature un état de tranquillité, un état où on n'éprouve ni trouble ni agitation.

Il n'y a guère que calme qui soit usité aujourtemps que calme, et il importe de savoir dans d'hui; mais bonace s'est dit autrefois en même quelles circonstances et avec quelles nuances particulières.

Calme, quelle qu'en soit l'étymologie, a une

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