Page images
PDF
EPUB

ni s'en douter ni s'en échapper. « Hérode fit tout cela pour couvrir le noir dessein d'assassiner le Sauveur. » Boss. « Les parents et les amis des ambassadeurs qu'on avait assassinés (c'est-à-dire surpris et tués pendant qu'ils étaient endormis) fondirent sur Tatius. » ROLL. « La marquise fit plusieurs fois attaquer Édouard sortant du couvent de Laure; elle lui tendit des piéges à ellemême.... Il retournait le lendemain chez celle qui l'avait voulu faire assassiner la veille. » J. J. Dans un des Dialogues des morts de Fénelon, Tatius reproche à Romulus de l'avoir fait assassiner, c'est-à-dire tuer en trahison, suivant l'explication formelle donnée par l'auteur. Dans un autre, le duc de Bourgogne dit à Charles VII : « Pourquoi me faire assassiner? Un dauphin faire cette trahison à son propre sang!.... Mais, quoi! assas siner? cela est infâme.... quoi! dans un lieu où vous m'aviez attiré par les promesses les plus solennelles ! »

Ainsi donc, sans cet avis fidèle,

Deux traitres dans son lit assassinaient leur roi?

RAC.

[blocks in formation]

Égorger, c'est commettre un meurtre en coupant la gorge, à la manière du boucher qui enfonce le couteau dans le cou du bœuf ou du mouton, c'est par conséquent tuer volontairement quelqu'un qui est faible et sans défense. « Puisqu'il ne résiste point, il y aurait de la barbarie à l'égorger. » LES. « Nous vous trouvons errants, dispersés, et plus faibles que nous; il ne tiendrait qu'à nous de vous égorger. FEN.« Le dernier Curiace, affaibli par le sang qu'il a perdu, et déjà vaincu par la mort de ses frères qu'il venait de voir égorger à ses yeux, comme une victime sans défense présente la gorge à son vainqueur. » ROLL. «< Quels bons catholiques que les fils de Clovis qui égorgèrent de leurs propres mains leurs neveux au berceau!» VOLT. « Ce qui est plus contraire à la nature, c'est que les soldats aient égorgé quinze mille personnes sans défense, vieillards, femmes et enfants. » ID.

Des peuples sans défense égorgés (par le fanatisme) au pied des autels, des rois poignardés ou empoisonnés. » ID.

barbarie. »

D

Massacrer, c'est se rendre coupable de meurtre sur une masse ou une multitude d'hommes pêlemêle, en confusion, sans rien distinguer ni rien épargner. « On vit enfin les hommes se massacrer par milliers sans savoir pourquoi. » J. J. « Qua

de Pierre-l'Hermite furent presque tous exter-
minés par les chrétiens..... Les Hongrois voyant
ensuite arriver une autre multitude de pèlerins les
prirent pour des brigands; et sans autre exa-
men ils les massacrèrent. » COND. « On ne mas-
sacre pas par pelotons et par troupes en rase cam-
pagne sans l'avoir appris.
D LABR «Le troisième
jour de Pâques 1282, au son de la cloche des
vêpres, tous les Provençaux sont massacrés dans
l'île de Sicile. » VOLT. « Les Israélites surpren-
nent la petite ville de Jabès, tuent tout, massa-
crent tout, jusqu'aux animaux. » ID. «< Théodose
donna l'ordre exprès de ne rien épargner, et de
massacrer tout, sans distinction d'àge ni de sexe.»
THOм.

Poignarder, c'est commettre un meurtre en L'idée de massacrer a été parfaitement déteremployant le poignard, arme courte, facile à minée par Voltaire. « Un massacre, dit-il, signifie cacher et par conséquent propre pour les assaɛ- un nombre d'hommes tués........... On ne dit point, il sinats. De là vient que poignarder désigne la s'est fait le massacre d'un homme; et cependant même action qu'assassiner; seulement il la fait on dit, un homme a été massacré; en ce cas on considérer, non pas moralement, mais physique-entend qu'il a été tué de plusieurs coups avec ment, eu égard à l'instrument du meurtre. «Se sentir poignarder par derrière par des assassins masqués. » J. J. « A Naples, il irait attendre son homme au coin d'une rue, et le poignarder par derrière. » ID. « Vous aviez peur de votre ombre, vous pensiez toujours voir sous votre lit quelque assassin prêt à vous poignarder. » Mazarin à Ri-tre-vingt mille hommes marchant sous les ordres chelieu. FEN. « Jugurtha résolut de faire périr les deux jeunes princes (fils de Micipsa). Il dressa d'abord des embûches au cadet, qu'il fit poignarder dans son lit. » VERT. « Ranacaire fut livré à Clovis par trahison avec son frère Richiaire, et il les poignarda de sa propre main...... Renomer, un autre frère de Ranacaire, fut assassiné par des gens que Clovis avait subornés. » COND. « Je sais quel est le furieux qui a voulu m'assassiner et qui m'a attaqué, ayant pour second son domestique, sans me laisser aucun moyen de me défendre; il m'a dit avec fureur en me poignardant: Je me venge de ma sœur déshonorée. » STAËL. - Toutefois, comme poignarder ne se rapporte pas au côté moral du fait, n'appelle pas l'attention sur ce que le fait a de criminel et d'odieux, il se dit quelquefois, comme tuer, d'attentats moins criminels et moins odieux, et, par exemple, d'actes de vengeance que certaines circonstances semblent justifier jusqu'à un certain point. Aussi dit-on bien se poignarder comme on dit se tuer soi-même; c'est ce que fit la chaste Lucrèce. «Tes concitoyens, en te poignardant, sont les libérateurs de leur patrie. Alexandre à César. FÉN. « On assurait que Subrius Flavius s'était offert de poignarder Néron lorsqu'il chanterait sur le théâtre. D'AL. « Orosmane entend la voix de Zaïre, et son poignard lui échappe. Elle approche, elle appelle Nérestan, et à ce nom Orosmane la poignarde. » VOLT. La perfide a couvert mon front d'ignominie:

[ocr errors]

Faisons, disent-ils, cesser

Les fêtes de Dieu sur la terre;
De son joug importun délivrons les mortels;
Massacrons tous ses saints. RAC.

- Il se peut aussi qu'on massacre une seule per-
sonne. Alors c'est la tuer de manière à la mettre
en masse, à en faire une espèce de tout où on ne
reconnaît plus rien, la hacher, lui porter des
coups au delà de ce qui est nécessaire pour lui
ôter la vie; et, naturellement, cela suppose une
grande fureur. Le Cyclope se saisit de deux de
mes compagnons, les écrase contre une roche.....
Il les déchire en plusieurs morceaux et en pré-
pare son souper..... Dès que l'aurore parut, il
massacre deux autres de mes compagnons dont il

[ocr errors]

fait son dîner. » FÉN. « Que de sang répandu à et massacré ce pauvre M. de Vaudemont! Quelle Namur! Et l'on est assez barbare pour trouver rage! » SEV. que ce n'est point encore assez, et l'on voudrait que le maréchal de Villeroi eût encore battu, tué

Ce fut lui qui du prince à ses yeux massacré
Rapporta dans nos murs le corps défiguré. VOLT.

[merged small][merged small][ocr errors]

paient sur le sacerdoce; les évêques usurpèren' sur l'empire. » ID.

Empiéter, mettre le pied en, dans ou sur, c'est s'étendre de chez soi chez un autre; c'est, au lieu de se borner à ce qu'on a, y ajouter, s'arrondir, en usurpant ce qui est ou sur ce qui est à côté. L'empiétement se distingne donc par deux

Mais la première est relative à l'espace et signifie séparément : « Les monades, étant indépendantes les unes des autres, existent dans le vrai une à une. » COND. La seconde se rapporte à la durée et signifie successivement : « Les ma-accessoires: il suppose qu'on a, qu'on possède réchaux commandaient chacun leur jour l'un après l'autre. » VOLT.

[ocr errors]

déjà de ce qu'on usurpe, et qu'on augmente la partie qu'on a en prenant chez un voisin. « L'empire romain, fondé sur la guerre, et par là naturellement disposé à empiéter sur ses voisins, a mis tout l'univers sous le joug. » Boss. « Ces cités étant voisines, elles cherchent l'occasion d'empiéter les unes sur les autres. » COND. Deux administrations en contact où qui se touchent sont en danger d'empiéter l'une sur l'autre. « Comment ces administrations peuvent-elles être distinguées sous l'autorité commune du législateur, si l'une peut empiéter sur celle de l'autre? » J. J. Séparer chaque département de conseil; et faire que chaque conseil ne pût empiéter ni lutter contre un autre. » S. S.

Un à un, c'est-à-dire, non pas ensemble, mais l'un étant mis ici, l'autre là: « Au lieu que César avait toujours eu soin de mettre dans les quartiers d'hiver plusieurs légions ensemble, il aima mieux pour la commodité les placer une à une dans des cantons différents. ROLL. L'un après l'autre, c'est-à-dire non en même temps : « La vue est confuse lorsque nous voulons voir en même temps tous les objets qui frappent les yeux; elle devient distincte lorsque nous regardons les objets les uns après les autres. » COND. Dans un chemin très-étroit des hommes ou des animaux ne peuvent passer qu'un à un (R▲c., LAROCH., VOLT., S. S.), et non pas deux à deux, Entreprendre, prendre la résolution de faire trois à trois, plusieurs de compagnie; un homme une chose et commencer à l'exécuter, indique peut épouser deux sœurs, mais l'une après l'au- une simple tentative. L'entreprise est l'action d'un tre (S. S.), et non pas l'une et l'autre simultané-homme entreprenant, qui a la hardiesse ou qui ment. Les hommes ne sont pas mauvais en masse, mais un à un (STAËL); les deux fils d'un roi lui succèdent l'un après l'autre, et non pas à la fois (FLOR.).

On choisit, on trie proprement des choses une à une (BUFF.), puisque le choix ou le triage consiste à prendre ou à mettre chacune à part, en particulier, celle-ci d'un côté, celle-là d'un autre; vous appelez proprement des personnes l'une après l'autre (LABR.), puisqu'il est impossible de prononcer des noms d'une autre manière que tour à tour, dans des temps divers, celui-ci d'abord, celui-là après ou ensuite.

USURPER, EMPIÉTER, ENTREPRENDRE. Employés neutralement avec la préposition sur, ces verbes signifient tous trois s'emparer injustement. Usurper, usurpare (usu ou usui rapere, ravir pour son usage), est le plus général, celui qui se prend le plus rarement dans le sens neutre, et celui aussi qui paraît convenir le mieux dans le grand ou en parlant de choses considérables. Chez les Romains, les riches usurpèrent sur le domaine public. » COND. « Les empereurs usur

[ocr errors]

ne craint pas de chercher à usurper ou à em-
piéter. Aussi met-on bien entreprendre avant
usurper et empiéter comme marquant le commen-
cement de l'action exprimée par ceux-ci. « Por-
traits où l'historien se donne la liberté d'entre-
prendre sur l'art du peintre. » D'AG. « M. le Grand,
qui avait perdu ses prétentions, n'avait pas cessé
de faire des tentatives et des entreprises. S. S.
« Les ducs ni les princes étrangers ne reconnais-
sent point l'autorité ni la juridiction des maré-
chaux de France, et n'y ont jamais été soumis,
encore que ce tribunal ait saisi toutes les occa-
sions de l'entreprendre et de l'usurper.
» ID.
D'ailleurs, au lieu qu'usurper et empiéter ne se
disent que par rapport aux biens, entreprendre
est également usité pour désigner un attentat
contre les personnes, contre leur vie ou leur hon-
neur. « Dès qu'un homme entreprend sur la vie
des autres, la sienne n'a plus un quart d'heure
d'assuré. » FEN. « Assuérus qui vit Aman aux
pieds de la reine, pour implorer sa clémence,
s'alla mettre dans l'esprit qu'il entreprenait sur
son honneur. » Boss.

[ocr errors]

V

VAGUE, INDÉTERMINÉ. Qui n'a rien de fixe | bat. « On entend tout à coup un bruit effroyable et est difficile à reconnaître. de chariots, d'armes, de cris d'hommes, les uns Vague est absolu; indéterminé, relatif. La vainqueurs et animés au carnage, les autres ou chose vague est telle en soi; la chose indétermi-fuyants, ou mourants, ou blessés. » FEN. « C'est née est telle parce qu'elle a été laissée telle par au sortir de la croix et des horreurs de son supquelqu'un, parce qu'elle n'a pas reçu une modi- plice que Jésus-Christ parut à ses apôtres glorieux fication qui l'eût rendue autre. Tel mot a un et vainqueur de la mort. » Boss. Après la bataille sens vague; on ne peut reprocher à la géométrie de Rocroi « les officiers espagnols se jetaient aux de hasarder aucun mot qui ait un sens indéter- genoux de Condé pour trouver auprès de lui un miné. Vous avez d'une chose une connaissance asile contre la fureur du soldat vainqueur.» VOLT. vague (BOURD.); vous faites sur certaines choses Titus vous embrassa (Antiochus) mourant entre mes des questions indéterminées (MAL.). Dans la rêverie l'esprit s'abandonne à des idées vagues (VOLT.); la calomnie arrange et présente avec art des idées indéterminées (J. J.). On éprouve une douleur vague; quand le malade accuse une douleur indéterminée, le médecin ne sait où appliquer le remède. Une accusation vague ne porte sur rien de particulier; une accusation indéterminée est d'un accusateur qui n'a rien déterminé, désigné ou spécifié, soit par négligence, soit à dessein.

Vague est absolu et indéterminé relatif d'une autre manière encore. On ne saisit pas, on ne conçoit pas ce qui est vague; on ne saisit pas, on ne conçoit pas distinctement ce qui est indéterminé. La chose vague manque proprement de clarté, et la chose indéterminée de précision. La première n'est rien, ou c'est un rien, pour ainsi dire; la seconde est quelque chose d'indéfini, quelque chose qui n'est point ou qui est mal séparé d'autres choses. Un souhait vague n'a pas d'objet; un souhait indéterminé se rapporte à quelque chose de confus.

[ocr errors]

bras,

Et tout le camp vainqueur (qui venait de prendre
Jérusalem) pleura votre trépas. RAC.
Victorieux, plein de victoires, signifie, au con-
traire, quelque chose d'habituel, une qualité con-
stante, suppose une suite de batailles gagnées.
« Ce prince victorieux durant vingt ans, Philippe
de Macédoine, assujettit toute la Grèce. » Boss.
‹ Vivez, sire, heureux, fortuné, victorieux de vos
ennemis, père de vos peuples. » ID. « Cromwell
marche à eux à la tête de son régiment des Frères
rouges avec lesquels il avait toujours été victo-
rieux. » VOLT. « Victorieux depuis qu'il régnait,
la terreur de l'Europe pendant six années de
suite, Louis XIV........ » ID. Mithridate prétend que
les ennemis des Romains se rangeront avec em-
pressement

Sous les drapeaux d'un roi longtemps victorieux.
Alors victorieux de tous tes ennemis,... CORN.

RAC.

« César gagne la bataille Actiaque.... Hérode Iduméen est contraint de se donner au rainqueur.... Victorieux par mer et par terre, César VAINQUEUR, VICTORIEUX. Qui s'est battu ferme le temple de Janus. » Boss. « Pierre le avec avantage, qui a eu le dessus. Grand s'assura de la citadelle de Mittau, malgré

"

troupes pour s'opposer à lui.... A peine était-il à Moscou qu'il apprit que Charles XII, partout victorieur, s'avançait du côté de Grodno. » VOLT.

VANTERIE, JACTANCE. Se donner à soi-même de fausses louanges, est l'idée commune à ces deux mots.

L'Académie semble les croire tout à fait synonymes; car elle définit jactance par vanterie simplement.

Une première différence, indiquée par les dic-Levenhaupt, vainqueur, qui n'avait pas assez de tionnaires, semble suffire pour mettre entre les deux mots une séparation profonde, c'est que vainqueur est un substantif et victorieux un adjectif. « Le sénat se mit à regarder les démarches du vainqueur (Annibal).... Annibal, tout habile, tout courageux, tout victorieux qu'il était, ne put tenir contre Rome. » Boss. On s'était battu près de huit heures à Hochstedt, et on avait tué près de huit mille hommes aux vainqueurs.... Marlborough entra victorieux dans Anvers. » VOLT. «< Y reconnaitra-t-on le vainqueur de Fontenoi et de Laufeldt, qui donna la paix à ses ennemis étant victorieux ? » ID. « Pour pouvoir dire qu'un prince est le vainqueur des nations, il ne suffit pas qu'il ait été toujours victorieux dans toutes ses guerres; il faut qu'il ait subjugué des nations entières. » D'AL.

Mais il arrive assez souvent que rainqueur se prend dans le sens adjectif, et victorieux, de son côté, peut s'employer substantivement. D'où la nécessité d'une nouvelle distinction.

Vainqueur, qui a vaincu, rappelle un seul fait, annonce qu'on a été supérieur dans un seul com

Cependant vanterie se dit plutôt des louanges mêmes, et c'est pour cela qu'il s'emploie d'ordinaire au pluriel: jactance, au contraire, n'est d'usage qu'au singulier, et désigne le plus souvent le sentiment qui est le principe des vanteries. Les vanteries sont des discours avantageux d'un homme qui a de la jactance. On fatigue de ses vanteries celui qui veut bien les écouter (BOURD.); tel homme a plus de jactance et d'audace que de talent réel (J. J.). Il se peut même que la jactance incite à autre chose qu'à faire son propre éloge : Montesquieu parle « de la jactance espagnole, uniquement portée à faire des libéralités excessives dans une action d'éclat. »>

Lorsque vanterie se prend, ainsi que jactance, | sert de préférence à désigner les gaz les plus au singulier, et que tous deux signifient une dis- composés, ceux qui contiennent des particules position ou un empressement à se louer, ils diffè- ayant les propriétés primitives des substances rent encore. La vanterie est vaine, sans fonde- minérales, et plutôt encore animales ou végément; la jactance est hautaine et emportée. La tales d'où ils proviennent. « Les exhalaisons porvanterie tient à la vanité; c'est quelque chose de tent avec elles des parties de soufre, de vitriol, vide, ou ce n'est que du vent. « Je remarque si d'arsenic, et de toutes les plantes nuisibles.... peu de fonds et tant de tanterie dans le fait de Allez à Frescati, ce n'est plus le même terrain, ces géomètres, que je serai bien aise de n'avoir ce ne sont plus les mêmes exhalaisons. » VOLT. plus du tout de communication avec eux. » Desc. << Pour ce qui est des exhalaisons, elles sont caLa jactance, du latin se jactare, se jeter, se lancer, pables de beaucoup plus de diverses qualités que avec redoublement d'effort, avec excès, est exces- les vapeurs. » DESC. « Le serein ne consiste sive, arrogante; c'est comme un déchaînement qu'en certaines exhalaisons subtiles et pénétrantes de l'orgueil. Laharpe signale dans les discours qui, étant plus fixes que les vapeurs, ne s'élèprononcés pendant la révolution « un mélange vent qu'aux pays chauds. Il a diverses qualités inouï de dépravation monstrueuse et de rhéto- en divers pays, selon les différences des terres rique puérile, de jactance emphatique et de d'où sortent ces exhalaisons. Ce sont aussi des grossièreté triviale; la démence s'énonçant par exhalaisons qui composent la manne et les auaxiomes comme la raison, etc. » Il dit que les tres tels sucs qui descendent de l'air pendant la tyrans se renflaient de jactance à leur tribune. »nuit; car pour les vapeurs, elles ne sauraient Beaumarchais a aussi fait sentir toute l'énergie se changer en autre chose qu'en eau ou en de jactance dans ce passage de ses Mémoires: Bergasse ne garde plus de mesure ses intentions, ses espérances, la jactance d'un fat enivré de son vin, sa bravade, son juste esprit, tout est Ce sont deux mots aussi synonymes que pos. versé dans le billet suivant. >> sible; ce qui le prouve, c'est que l'un des deux, VAPEUR, EXHALAISON. Fluide gazeux; par- le second, pris dans le sens général dont il s'aties subtiles qui s'élèvent dans l'air.

[ocr errors]

La vapeur, du latin vapor, dont le sens est le même, se considère comme une chose; l'exhalaison, ce qui résulte de l'action de s'exhaler, rappelle cette action et peut se considérer comme un fait. On dit des vapeurs inflammables, d'épaisses vapeurs; mais on dit des exhalaisons fréquentes (DESC.) ou continuelles (VOLT.). « Le docteur Lister est le premier qui ait observé la nature de ces vapeurs.... Les ouvriers des mines savent reconnaître qu'ils sont menacés de cette exhalaison, et qu'elle va s'allumer. » BUFF.

De plus, vapeur est absolu, et exhalaison relatif. La vapeur est un corps; l'exhalaison est un corps venu ou, selon la force étymologique du mot, soufflé d'un autre (ex halatus), c'est une émanation. Vous parlez en général du pouvoir des vapeurs, des vapeurs qui forment les tonnerres et les éclairs, ou de celles dans lesquelles nage notre globe. Mais avec exhalaison on indique d'ordinaire d'où sort la chose, de quoi elle s'est dégagée suivant Thalès, les étoiles sont nourries des exhalaisons humides de notre globe (VOLT.). « Ici se présente une objection; c'est que le feu est subitement éteint par des vapeurs grossières. Les exhalaisons du vin nouveau éteignent un flambeau dans une cave fermée. » VOLT. « Ce n'est pas le ciel matériel que nous voyons (qu'il faut adorer); car ce ciel n'est autre chose que l'air, et cet air est composé de toutes les exhalaisons de la terre. Ce serait une folie bien absurde d'adorer des vapeurs. » ID. «< S'il existe de l'air, il faut qu'il nage dans la mer immense des vapeurs qui nous environnent.... Les exhalaisons continuelles du corps des spectateurs et des musiciens, et du parquet, et des fenêtres, et des plafonds, occupent encore ce salon. » ID.

Enfin vapeur se dit surtout de la vapeur d'eau, du fluide gazeux le plus simple, et exhalaison

glace.

» ID. VASE, VAISSEAU. Ustensiles destinés à contenir quelque chose.

git ici, se dit de moins en moins et tend de jour en jour à céder toute la place au premier. Buffon a dit des vases de cuisine, et J. J. Rousseau des vaisseaux de cuisine. Rollin parle des « vases du temple du Seigneur que Nabuchodonosor avait emportés de Jérusalem, » et Bossuet dit que Balthazar se fit apporter « les vaisseaux sacrés enlevés du temple de Jérusalem. »

Il y a pourtant une différence entre l'un et l'autre.

Vase est évidemment le même mot que le latin vas, vasis. Vaisseau paraît avoir été formé de vascellum, diminutif de vas; mais cette dérivation ne frappe pas les yeux d'abord et vascellum n'a pu devenir vaisseau qu'en subissant des changements qui l'ont pour ainsi dire défiguré.

Par conséquent vase est plus noble, et désigne quelque chose de plus précieux. « Tous ces vaisseaux étaient d'argent. Les vases d'or venaient ensuite. » ROLL. - «On fait, dans l'Indostan, des tasses et d'autres vases de, jade vert. » BUFF. « Les hommes ont très-anciennement employé l'argile cuite en vaisseaux creux pour contenir l'eau et les autres liqueurs. » ID. — « Souvent on était obligé de vendre les vases d'or et d'argent dans les églises des monastères pour recevoir les évêques et pour les défrayer dans leurs visites. » VOLT. « L'air se dilate par le feu, casse les vaisseaux qui le renferment. » ID. <<< Les écrivains de la compagnie de Jésus, qui nous ont donné la vie de leur patriarche, n'ont pas manqué de nous dire qu'il était un vaisseau d'élection; si, au lieu d'écrire l'histoire de ce saint, ils en eussent fait le panégyrique, ils l'auraient appelé sans doute un vase d'élection. LER. Vous direz plutôt un vase d'or (FEN.), et un vaisseau de terre (MASS.).

[ocr errors]

Malgré l'autorité de Bossuet, l'usage préfère vases sacrés à vaisseaux sacrés. Vaisseaux de

cuisine (J. J.), est, au contraire, l'expression Vendre est le terme général: on vend quoi que propre; en y substituant rases de cuisine, Buffon s'est exprimé d'une manière plus noble, mais moins précise.

Quand il est question d'un objet d'art et d'ornement, d'un objet de grandeur ordinairement médiocre et dont on considère la forme plutôt que la destination, vase convient seul, raisseau serait impropre un case antique, des vases étrusques, un vase de fleurs; on définirait mal une urne en disant que c'est un vaisseau, c'est un vase. Au contraire, on appelle exclusivement vaisseaux certains contenants qu'on ne peut envisager que comme utiles, qu'on ne saurait qualifier d'élégants, de beaux, de jolis, et, par exemple, des bâtiments pour aller sur mer; de petits canaux qui contiennent quelque humeur dans le corps de l'animal; des tonnes, des cuves, des jarres, tous objets faits pour contenir des liqueurs d'un usage commun; et, enfin, les divers instruments de capacité dont on se sert dans les opérations chimiques : « Nos vaisseaux de chimie. » BUFF.

ce soit. Débiter, verbe itératif, se dit uniquement des marchandises, et de celles qu'on vend beaucoup, à beaucoup de personnes : un marchand a du débit, quand il vend souvent; et, à cause de cette idée de fréquence, le mot débiter convient surtout au commerce de détail. « Espion, j'entrais dans le camp ennemi en qualité de marchand; et, en débitant mes denrées, je faisais mes observations. » DEST. Se défaire, c'est se débarrasser par une vente une marchandise de défaite est telle, qu'on ne doit pas craindre d'en être embarrassé. « Vous êtes orfévre, monsieur Josse; et votre conseil sent son homme qui a envie de se défaire de sa marchandise. Vous vendez des tapisseries, monsieur Guillaume; et vous avez la mine d'avoir quelque tenture qui vous incommode. » MOL. « M. de Voltaire, qui se trouvait un riche malaisé, a voulu vendre sa terre de Ferney, comme d'une défaite plus facile, ou comme celle dont la vente rendrait davantage. » BACH.

La vente procure de l'argent; le débit répand la chose, la fait parvenir à une multitude d'acheteurs; la défaite vide les magasins, et met hors de peine le marchand ou le propriétaire.

VERGE, BAGUETTE, HOUSSINE. Bâton menu et flexible.

Dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie, ces deux mots avaient été définis de la manière suivante. Vase: sorte d'ustensile qui est fait ordinairement pour contenir quelque li queur, mais dont on ne se sert d'ordinaire que pour l'ornement. Vaisseau : on appelle ainsi les divers ustensiles de ménage qui servent à contenir quelque liqueur, comme une cruche, une pinte,ractère particulier de noblesse et convient surune cuve, une tonne, etc.

VÉNAL, VENDABLE. Des choses à vendre sont dites vénales ou vendables.

Alindique avec l'idée radicale de vente, venum, un rapport de convenance; et able exprime une simple faculté: la chose rénale se vend, et la chose vendable peut, pourra ou pourrait se vendre; l'une est de fait ce que l'autre est en puissance, à savoir une marchandise.

D'autre part, al sert à former des qualifications tout extri sèques, qui ne se rapportent nullement aux qualités propres de la chose; au lieu que la terminaison able se trouve à la fin d'adjectifs qui font connaître la nature même de l'objet qualifié. La chose vénale est de débit; la chose tendable est bonne ou propre à être vendue. Vous trouverez au marché la chose vénale; vous pouvez sans crainte mettre en vente la chose vendable. Luther reprochait au pape d'avoir rendu vénales les indulgences qui de leur nature ne sont pas vendables. Et c'est parce que vénal ne désigne que des qualités de fait, et non de nature, que ce mot se prend souvent en mauvaise part en parlant de choses qu'on vend et qu'on ne devrait pas vendre.

D'ailleurs vénal est le latin renalis, et vendable a été formé du français vendre; en latin on ne dit pas vendabilis, mais vendibilis. De là vient à vénal une supériorité de noblesse; de là vient qu'il se dit, au figuré, des objets moraux, des charges, des dignités, et ensuite des hommes. Vendable, au contraire, n'est usité qu'au propre pour qualifier des objets physiques ou naturels. VENDRE, DÉBITER, SE DÉFAIRE. Aliéner quelque chose pour un certain prix.

Verge et baguette d'abord different beaucoup. Verge, tirant évidemment son origine d'un mot latin, rirga, dont le sens est le même, a un ca

tout en parlant de l'antiquité; au lieu que baguette, ne venant ni du latin ni du grec, au moins d'une manière apparente et qui frappe au premier coup d'œil, est d'un style inférieur et ne s'emploie bien que par rapport aux temps modernes. C'est une distinction observée par Voltaire dans l'article Verge de son Dictionnaire philosophique. Il cite comme ayant eu une verge les théurgites et les anciens sages, Mercure, Zoroastre, Bacchus, Hercule, Pythagore, Abaris, Moïse et Aaron; mais il représente comme armés d'une baguette les sorciers, les joueurs de gobelets et les hommes qui de nos jours ont la prétention de trouver les sources d'eau au moyen d'une branche de coudrier. Dans l'Odyssée, Minerve touche Ulysse de sa verge d'or pour lui rendre sa première beauté (FEN.); mais c'est une baguette, et non pas une verge, que nous supposons aux fées pour attribut (S. S., DEL.). L'Académie donne pour exemple de verge : « Il n'avait qu'une verge à la main. » Si elle entend parler d'un homme de notre temps, elle se trompe, le vrai mot est baguette: « M. du Maine voyait passer un jour sous ses fenêtres M. de Montausier avec une petite baguette qu'il tenait en l'air. SEV. Au figuré, pour indiquer un instrument ou un signe de correction, verge se dit dans le grand : « Si le Seigneur vous épargne la verge et la correction, craignez qu'il ne vous réserve au supplice. » Boss. Au contraire, baguette, dans cette même acception, est familier: Mener les gens à la baguette.

Houssine, petite branche de hour (de l'allemand, hulis, hulst), a une signification bien moins étendue. Une houssine est une baguette destinée

« PreviousContinue »