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aussi constamment. « Cette certitude, jointe à d'au- | posent. « En surprenant Venuse, dit Télémaque,

tres circonstances, me fait supporter ce malheur avec courage ces circonstances sont la vieillesse avec ses dépendances, la perte de deux sens et de plusieurs facultés de l'âme. » DUDEFF. « Nous pouvons connaître très-certainement beaucoup de choses, dont toutefois nous n'entendons pas toutes les dépendances ni toutes les suites. >> Boss.

APPARTENIR, CONVENIR. On dit également qu'une qualité appartient et convient à une chose ou à une personne. « Presque tous les philosophes ont attribué aux corps ce qui n'appartient qu'aux esprits, et aux esprits ce qui ne peut convenir qu'aux corps. » PASC.

Mais appartenir est absolu, et convenir, relatif. Ce qui appartient à quelqu'un ou à quelque chose est à lui en propre, il faut le lui attribuer; ce qui convient à une personne ou à une chose lui va, on peut bien le lui attribuer. « Enseigner la vérité, c'est une chose qui peut convenir à l'homme, et qui n'est point au-dessus de la portée de l'homme. Mais enseigner sans exception toute vérité, mais l'enseigner sans distinction à toute sorte de sujets, mais pouvoir l'enseigner en toutes manières, c'est ce qui n'appartient qu'à Dieu. » BOURD. Une chose m'appartient ou ne m'appartient pas; elle me convient plus ou moins, peu ou beaucoup, elle me convient ou ne me convient pas à mon âge, dans les dispositions ou les circonstances où je me trouve.

D'ailleurs, appartenir n'emporte pas comme convenir l'idée de convenance, de bel effet produit par l'adjonction de la qualité à la personne ou à la chose. D'où résulte une différence semblable à celle qui existe en latin entre pertinere et decere. L'étendue appartient à la matière; telle qualité de style convient bien à telle espèce de sujet. « Il appartenait à S. Bernard de condamner ces hommes, et cette censure lui convenait admirablement. BOURD. « Il est d'un beau dessein d'avoir voulu faire de toutes sortes d'êtres: des êtres qui n'eussent que l'étendue avec tout ce qui lui appartient, figure, mouvement, repos; et des êtres qui n'eussent que l'intelligence, et tout ce qui convient à une si noble opération, sagesse, raison, prévoyance, volonté, liberté, vertu. » Boss.

APPARTENIR à quelqu'un, ÊTRE à quelqu'un l'avoir pour maître, être de son domaine ou sien. Etre, suivi de la préposition à, dit l'Académie, signifie souvent appartenir. »

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Il reste cependant encore entre ces deux expressions une assez grande différence, celle du droit au fait.

vous ne feriez que vous mettre en possession d'une ville qui vous appartient, puisqu'elle est aux Apuliens, qui sont un des peuples de votre ligue. » FEN.

Il m'appartient de faire ce qu'il me convient de faire, ce que je suis autorisé à faire, ce qui rentre dans mes attributions; c'est à moi à faire ce que je suis en possession de faire.

Appartenir à s'emploie de préférence pour l'abstrait, en parlant de droits, de facultés, de pouvoirs, de prérogatives; être à se dit plutôt quand il est question de choses concrètes, susceptibles d'être possédées. Dans Rodogune (CORN.) on lit que le choix d'un mari pour cette princesse appartient à la reine Cléopâtre, mais que la couronne est à ses fils. De même dans Sertorius (CORN.), Perpenna prétend que le commandement devait lui appartenir, et le tribun Aufide lui fait remarquer que la reine Viriate sera à lui quand Sertorius aura été mis à mort.

Appartenir à enchérit sur être à; aussi se met-il bien après ce qui est à nous est nôtre de fait seulement, se trouve être nôtre; mais ce qui nous appartient est nôtre essentiellement, à juste titre, sans conteste, d'une manière propre et absolue. Voyre mais, dist le dyable, ce champ nest pas tien; il est à moy, et mappartient. » RAB. « Ces deux mille écus sont à vous. Oui, monsieur, ils sont à vous, ils vous appartiennent. » SED. Le maréchal de Villeroy dit au jeune roi Louis XV, en lui montrant la foule qui se pressait un jour de fête sous les fenêtres des Tuileries: « Voyez donc tout ce monde et tout ce peuple, tout cela est à vous, tout cela vous appartient, vous en êtes le maître. » S. S. Je suis à vous dans un instant, c'est-à-dire que dans un instant je vais être à votre disposition ou à votre service; on n'appartient à quelqu'un qu'autant qu'on en est l'esclave. APPELER, MANDER. Appeler ou mander quelqu'un, c'est le faire venir.

Mais appeler, dire le nom d'un homme, afin que, l'entendant, il arrive, convient à l'égard de toutes sortes de personnes. Mander, au contraire, du latin mandare, donner charge ou commission, enjoindre, indique commandement, invitation faite avec autorité à un inférieur.

J'entends à haute voix tout mon camp qui m'appelle, dit Athalie dans Racine; dans le Cinna de Corneille, Cinna est mandé par Auguste, qui est informé de tout le complot (LAH.). On est appelé en duel, et mandé à la cour ou à la barre. On appelle le confesseur; un prince mande son intendant, un seigneur ses vassaux. Une puissance attaquée appelle ses alliés; c'est Dieu lui-même qui avait mandé Sennacherib contre Jérusalem (ROLL.). Quand vous êtes malade, vous appelez le médecin; Marc-Aurèle, au retour de son expédition contre les Allemands, voyant sa santé affaiblie,

La chose qui vous appartient vous est due, vous revient légitimement; la chose qui est à vous se trouve entre vos mains, vous la tenez. C'est en vain que vous prétendez ce qui ne vous appartient pas; vous n'avez pas ce qui n'est pas à vous. Une chose nous appartient à tel ou tel titre ; une chose est à nous par suite de tel ou tel événement, de-manda Galien à Aquilée (ROLL.). puis longtemps ou depuis peu. Tel objet m'appartient en vertu de la sentence d'un juge; tel autre chose attentivement, avec soin. est à moi, parce que je l'ai reçu, pris ou trouvé. C'est ce que signifie simplement et absolument Suivant Massillon, les biens ecclésiastiques appar-s'appliquer. « A Tyr, tous les citoyens s'appliquent tiennent à Dieu et aux pauvres, quoiqu'ils soient au commerce. » FÉN. « Ceux qui se sont applieffectivement aux prêtres qui en usent et en dis-qués avec plus d'ardeur à la lecture des livres sont

APPLIQUER (S'), VAQUER. S'occuper d'une

SUPPLÉMENT.

ceux-là mêmes qui nous ont jetés dans un plus | (LES.) ou un agneau (REGN.), en le soumettant à
grand nombre d'erreurs. » MAL. « Le calife Ma- plusieurs opérations qui consistent à le dépouiller,
moun inspira aux Arabes du goût pour les mathé-à le vider, à le nettoyer, à le dépecer ou à l'em-
matiques, auxquelles il s'appliqua lui-même avec
passion et avec succès. » COND. - Ce verbe a ce-
pendant cela de particulier relativement à vaquer,
qu'il se dit seul avec un infinitif: s'appliquer à
faire une chose, à cultiver son esprit, à régler sa
conduite, à bien élever ses enfants, à contrarier
quelqu'un.

Mais vaquer se distingue par un accessoire bien
remarquable et qui résulte de son acception pri-
mitive, être vacant ou vide, n'être point rempli :
il est relatif, il a rapport à l'état où on est, état
de liberté sous le point de vue des occupations.
Qui vaque à une chose est délivré ou débarrassé
de toute autre affaire, et, pour vaquer à quelque
chose, on se délivre ou on se débarrasse de toute
autre, on laisse ou on abandonne tout le reste.
« Si nous pouvions faire la paix en Italie et en
Allemagne, nous vaquerions à cette guerre an-
glaise et hollandaise avec plus d'attention. » SEV.
«<< Il est tourmenté d'une maladie cruelle qui le
laisse à peine en état de vaquer aux soins indis-
pensables. J. J. «Ma santé est si mauvaise,
mon état est si triste, et j'ai tant d'embarras plus
pressants, que je ne puis vaquer maintenant aux
recherches nécessaires pour vérifier votre his-
toire. » ID. « Ces affreuses austérités que les saints
ont pratiquées, cette solitude, cet éloignement de
toute société pour vaquer jour et nuit à la prière
touche les bonnes âmes. MAINT.. « Ce n'est pas
aux grands à abandonner le gouvernement pour
vaquer à des fonctions obscures qui n'intéressent
>> MASS.
pas la sûreté publique.

APPRÊTER, ACCOMMODER, ASSAISONNER. Ces verbes expriment tous trois le soin qu'on prend d'aliments à servir à quelqu'un, ce que les traiteurs font par état.

Apprêter, tenir prêt, est le plus général des trois. L'action qu'il signifie comprend tout ce qu'il faut faire pour donner à manger. Aussi dit-on bien apprêter à manger (FÉN.), et des mets apprêtés avec élégance (COND.). Ce qu'on apprête, à parler proprement, c'est le repas tout entier, le diner ou le souper.

Reposez-vous sur moi des soins de cette fête,

Des habits, du repas qu'il faut que l'on apprête. REGN.
« L'élève peut être tenté de se regarder comme
un personnage important, en voyant tant de soins
concourir pour apprêter son dîner. » J. J. « Maître
Jacques nous fera ici besoin pour apprêter le
souper. MOL. Ce verbe a une acception tellement
étendue qu'il s'applique même aux choses inani-
mées en tant qu'elles fournissent des aliments.
Dans Philemon et Baucis, Philémon dit :

Que la terre et que l'onde

brocher et enfin à le cuire. Assaisonner, c'est
rendre, non pas propre, mais agréable, à man-
ger, appétissant; ce qui se fait en mettant dans
ce qu'on accommode certains ingrédients. Les
méchants cuisiniers ne savent rien assaisonner
aux viandes en y mettant beaucoup de sel et de
avec justesse, et croient donner un goût exquis
poivre. » FEN. « Les Caraïbes se nourrissent de
burgaux, de crabes, de tortues, de lézards, de
serpents et de poissons qu'ils assaisonnent avec
du piment et de la farine de manioc. » BUFF.
« L'usage des ragoûts fait que les viandes com-
munes et assaisonnées simplement deviennent
fades et insipides. » ROLL. « Surpris de la quan-
mes comment il avait pu amasser tant de gi-
tité et de la variété des mets, nous lui demanda-
bier.... Il nous avoua que tout ce gibier prétendu
n'était que du porc assaisonné diversement et mis
à différentes sauces. » ID.

D

APPUYER, PESER. C'est, en rapportant, en expliquant ou en exposant certaines choses, s'arrêter principalement ou avec force sur une par tie, une circonstance, un détail, au lieu de se borner à l'indiquer en passant.

Appuyer, comme appui, ne se prend guère qu'en bonne part. Peser, au contraire, comme pesant et poids, exprime souvent quelque chose d'excessif et de fâcheux. On dit appuyer légèrement (ACAD.), un peu (Boss.); on emploierait mal « Celui qui appuie sur peser avec de tels adverbes, il signifie toujours ses idées instruit, celui qui pèse sur ses idées enappuyer beaucoup ou trop. nuie. » COND.

Ainsi, en général, on a raison d'appuyer, mais on s'abstient, on doit s'abstenir de peser. « J'appuie sur ces légers détails parce qu'on me reproche de n'avoir pas écrit à M. Goëzman pour le voir. BEAUM. « Je me garderais bien de peser sur des détails que mon respect pour les dames désavoue. » ID.

D

ARRANGER, ACCOMMODER, ADAPTER, Mettre ensemble des choses ou les différentes parties d'une chose de telle AJUSTER, AGENCER. façon qu'elles soient ou aillent bien.

On arrange en mettant en ordre, en donnant à chaque chose sa place ou une place convenable. « Plusieurs corps peuvent être, ou jetés ensemble Arranger des livres sur des tablettes (LABR.). pêle-mêle et en confusion, ou arrangés dans un certain ordre, et rapportés à la même fin. » Boss. « Si S. Cyrille ne fait que copier ces passages, et papier, c'est peu de chose; mais ce Père les choisit que ces passages soient jetés sans choix sur le bien, il les arrange avec ordre, et les réduit méthodiquement à certains chapitres. » ID.

Accommoder se distingue, non plus par l'idée d'ordre ou de disposition, mais par celle de com

Apprêtent un repas pour les maitres du monde. LAF. Accommoder et assaisonner regardent seulement les préparations à faire subir aux aliments; ils ne se rapportent point du tout, comme appré-modité ou d'utilité : c'est mettre les choses comme ter, à ce qui est l'œuvre de l'intendant, mais spécialement à ce qui forme l'industrie du cuisinier. Accommoder, rendre commode, bon ou propre à manger, est à son tour plus général qu'assaisonner. On accommode, par exemple, du gibier

il faut pour la commodité ou l'avantage de quelqu'un. On accommode un logement pour un ami; on lui fait accommoder des œufs ou tout autre mets pour satisfaire sa faim. « Je me mis à m'arranger (au lazaret de Gênes) pour mes vingt-un jours

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Agencer, arranger ou assembler de manière à produire quelque chose de gent ou de gentil, ressemble à ajuster en tant que celui-ci marque ajustement, parure, ornement, implique l'idée de

comme j'aurais fait pour toute ma vie.... J'arran- | vers « montraient et l'esprit aimable du poëte, et geai en manière de bibliothèque une douzaine de le talent avec lequel il savait l'ajuster aux circonlivres que j'avais. Bref, je m'accommodai si bien tances. » que j'étais presque aussi commodément à ce lazaret absolument nu qu'à mon jeu de paume de la rue Verdelet. » J. J. Mais accommoder ne se dit pas seulement d'une manière absolue comme dans les exemples précédents, il s'emploie aussi relative-beauté dans le résultat. Mais il en diffère en ce ment: accommoder une chose à une autre; s'accom- qu'il ne se dit que familièrement ou en mauvaise moder à quelque chose. Il conserve alors le même part, si ce n'est dans le langage spécial de la peincaractère. C'est toujours pour la commodité de ture et de l'architecture. « Ces gens se consument quelqu'un ou de soi-même, pour complaire à vainement à agencer des paroles, sans se mettre autrui ou dans son propre intérêt qu'on agit. « Les en peine des choses. LAH. Comme ces deux courtisans savent accommoder leur goût, leur vers sont forcément agencés! » ID. « Il n'y a aucune humeur, leurs discours à ce qui plaît au prince. construction raisonnable en cet agencement de ACAD. Pascal reproche aux Jésuites d'accommoder mots.» VAUG. « Sur la scène française tout se leur langage à tous les états et à tous les pays. passe communément en beaux dialogues bien Accommoder à ses vues un fait qu'on raconte (J. J.); agencés et bien ronflants. » J. J. —Une personne accommoder à son éloquence un sujet de discoursest ajustée avec goût; telle autre est bizarrement (MARM.). S'accommoder à la portée de quelqu'un (ROLL.). «Nous juger, non selon l'extrême rigueur, mais selon une rigueur tempérée est une justice accommodée à notre faiblesse.» Boss.

α

D

Adapter, du latin ad, à, et aptus, joint, propre, fait pour, ne réveille ni l'idée d'ordre, ni celle de commodité, mais celle d'application d'une chose à une autre. L'adaptation suppose, non pas comme l'arrangement, un certain nombre de choses ou de parties qu'on distribue sans les lier et en les laissant séparées, mais seulement deux choses ou deux parties qu'on joint. « La force de succion ou d'aspiration est proportionnelle à l'activité et à la quantité de la chaleur qui la produit, comme on le voit dans les fourneaux où l'on adapte des tuyaux aspiratoires.» BUFF. « J'adapterai au haut de ce bâton un tuyau par lequel je ferai entrer l'air au moyen d'une soupape. » VOLT. « La déclamation de Lulli est dans la nature, elle est adaptée à la langue. ID. « Les Indiens ont leurs arts, qui sont adaptés à leur manière de vivre. » MONTESQ.

agencée.

ARRÊTER, RETENIR. S'assurer d'avance un domestique, une maison, une voiture, une loge d'opéra.

Arrêter est absolu; retenir est relatif et annonce que la chose retenue ne peut échapper, ou qu'on la prend parce qu'on craint qu'elle n'échappe pour aller à d'autres. Vous arrêtez ce qui a cours, ce qui est à louer, ce qui attend une destination fixe; vous retenez de peur dêtre prévenu et pour que d'autres ne vous enlèvent pas ce que vous désirez avoir. Vous arrétez une loge à l'opéra parmi celles qui sont à louer, qui ne sont pas réservées; vous retenez une loge pour qu'on n'en dispose pas en faveur d'un autre, et, s'il y a eu double emploi, vous ferez voir que vous l'aviez retenue le premier. Un domestique arrêté n'est plus sans place; un domestique retenu ne peut plus s'engager à un autre maître. Une lecture qui vous arrête vous attache; celle qui vous retient vous empêche de passer à une autre ou de penser à autre chose.

« J'ai vu ici le père Soanen, et je l'ai arrêté à souper et à coucher à l'évêché. » Boss. « Elle demanda s'il y avait quelque appartement à louer. On lui répondit que oui, et on lui en montra un assez propre qu'elle arrêta. » LES.

Je veux t'amener des convives plus légers. Je vais de ce pas chez un marchand de liqueurs, où

Ajuster, c'est arranger ou adapter d'une manière juste ou avec art, et de façon à produire, non pas, comme il arrive à accommoder, quelque chose de commode ou d'utile, mais quelque chose de beau. « Les gens qui parlent si bien devraient ajuster toutes leurs paroles avec assez d'art pour ne pas se contredire eux-mêmes.» FÉN. « Un petit en-ils vont s'assembler. Je les retiendrai, de peur fant, pour tirer des mamelles de sa nourrice la liqueur dont il se nourrit, ajuste aussi bien ses lèvres et sa langue que s'il savait l'art des pompes aspirantes.» Boss. « Les abeilles qui ajustent avec tant de symétrie leurs petites niches. » ID. Ils n'ont pas assez de lumière pour ajuster ces raison- ARRIVÉE, VENUE, AVÉNEMENT. C'est, de nements aux règles. » P. R. «Il vous faut l'entre-la part d'une personne absente jusque-là, le fait mise d'un homme de tête pour ajuster ce diffé rend. DEST. - Ajuster sa maison, ce n'est ni y mettre tout en ordre, ni la rendre commode, mais la rendre propre et belle par l'ameublement

D

Mme de Marbeuf a fait ajuster et meubler sa maison si proprement, et tout cela d'un si hon air et d'un si bon cœur, qu'elle mérite toutes sortes de louanges. SEV. Marmontel rapporte dans ses Mémoires qu'il composait pour l'Académie divers morceaux, qu'il adaptait aux circonstances; >> mais d'Alembert dit de M. de Saint-Aulaire que ses

qu'ils ne s'engagent ailleurs; car c'est à qui les aura.... Lgs. A vous une chambre! me dit l'hôtesse. Tous mes lits sont retenus. J'attends des cavaliers d'importance, qui doivent venir loger ici ce soir. ID.

de devenir présente, en un certain temps, dans le lieu où nous sommes ou dont il est question.

Arrivée exprime plutôt le fait se faisant, une action: l'arrivée est comme l'achèvement de la course d'un vaisseau qui aborde, qui touche à la rive. On assiste à une arrivée, on la voit. « Je ne sais rien par vous de votre arrivée à Aix. Il me vint hier un gentilhomme de ce pays-là qui était présent à cette arrivée. » SEV.

Et tous ceux du logis ont vu votre arrivée.
Alcmène à Amphitryon. MOL.

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Mais venue représente plutôt le fait comme accompli, comme un résultat. On se trouve bien ou mal de la venue de quelqu'un; on en profite ou on en souffre. «Bien loin de se préparer à recevoir le Messie et à profiter de sa venue, Hérode jure sa ruine. » BOURD. Dans le Festin de Pierre, don Louis dit à son fils don Juan: « Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma venue. » MOL. Annoncer l'arrivée de quelqu'un, c'est prévenir qu'il approche; annoncer sa venue, c'est faire savoir qu'il est là. On est affecté de telle ou telle manière à l'arrivée d'une personne dont on a désiré la venue : « Après avoir désiré sa venue avec la passion la plus vive, après avoir éprouvé à son arrivée un saisissement de joie,... J. J.

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reste, l'usage du mot commun venue est permis même à l'égard de Jésus-Christ, même pour désigner sa dernière apparition à la fin du monde, s'il n'est pas nécessaire ou si on n'a pas l'intention d'en rappeler la solennité. « Il ne sera pas temps de se disposer au jugement de Dieu, quand paraîtront ces signes avant-coureurs de la venue du Fils de l'homme. Bourd.

ARRIVER, PARVENIR, ATTEINDRE. On arrive, on parvient et on atteint à un but ou à quelque chose de semblable.

Arriver, du latin ad, à, et ripa, rive, c'est toucher à la rive, au port, aborder. Il exprime l'idée commune simplement et sans aucun accessoire : on arrive à tout et de toute manière.

Parvenir, venir par, en latin per venire, c'est Arrivée marque un fait qui est l'exécution arriver par ou à travers (per) les obstacles, avec d'un dessein; car on arrive à un but, on arrive effort. Tout vaisseau qui entre au port y arrive; en un lieu où on se proposait de parvenir : on dit celui-là y parvient qui n'y entre que difficileproprement l'arrivée d'un voyageur, d'un commis- ment, malgré les vents et les flots. L'on arrive sionnaire, d'un courrier. L'idée de venue, comme naturellement à la mort; l'on ne parvient jamais celle de venir, est moins étroite: il y a venue à la gloire sans luttes et sans combats. Quelquetoutes les fois qu'il y a présence effectuée de quel- fois même arriver marque le fait de toucher au que façon que ce soit, et, par exemple, dans des terme, le succès; et parvenir, ce qu'on fait, la circonstances qui ne ressemblent en rien à celles peine qu'on se donne pour obtenir cet avantage : d'un voyage ou d'une course. Sosie dit, dans Am-« Considérer, dans les productions des esprits, phitryon, en parlant de Mercure qu'il croit être un autre lui-même :

Ce moi plus tôt que moi s'est au logis trouvé;
Et j'étais venu, je vous jure,

Avant que je fusse arrivé. MOL.

Après que Boileau a dit, dans l'Art poétique,
Enfin Malherbe vint,

il décrit les effets de cette venue (et non pas de
cette arrivée) pour le perfectionnement de la lan-
gue et de la poésie françaises. « Par la venue du
Saint-Esprit, les cœurs des hommes devaient être
purifiés. BOURD. Je demande toujours qu'on
me montre une église, petite ou grande, dans les
sentiments de Luther avant sa venue. » Boss.
L'arrivée des Mages ne laissa plus de doute à Hé-
rode sur la venue du Messie.

En parlant du Messie on emploie aussi, mais non pas toujours, le mot avénement. Avénement signifie une venue extraordinaire, éclatante, un événement plutôt qu'un simple fait. C'est pour cela qu'on appelle avénement l'élévation à une dignité suprême : : « Le duc de Veragua, vice-roi de Sardaigne à l'avénement de Philippe V. » S. S. C'est pour cela qu'on oppose l'avénement glorieux de Jésus-Christ, lequel aura lieu lors du jugement dernier, à sa venue humble et obscure qui a eu lieu lors de son incarnation: « Dans ce temps (de l'Avent), consacré à la première venue de JésusChrist dans l'infirmité de notre chair, l'Eglise nous fait lire d'abord l'Evangile de sa gloire et de son avénement magnifique (à la fin des siècles). » Boss. Le même écrivain oppose encore avec une intention marquée l'avénement du Sauveur du monde à la venue de l'Antechrist. « Cette séduction sera la dernière que Jésus-Christ se réserve à détruire par son dernier avénement.... Les protestants se désabuseront de l'erreur grossière qui leur fait imaginer leur Antechrist dans plusieurs personnes; en sorte qu'après sa venue' il nous fasse attendre si longtemps le jugement universel. » Du

les efforts qu'ils font pour parvenir à la vérité, et remarquer en quoi ils y arrivent et en quoi ils s'en égarent. » PASC.

Atteindre, attingere, ad tangere, c'est aller jusqu'à toucher un objet qui est placé à une certaine distance devant nous ou au-dessus; en sorte que l'idée caractéristique de ce mot est celle d'éloignement et plus particulièrement encore celle d'élévation.

Mais, étant sur le point d'atteindre à la fenêtre,
J'ai, contre mon espoir, vu quelques gens paraître,
Qui, sur moi brusquement levant chacun le bras,
M'ont fait manquer le pied et tomber jusqu'en bas.

--

MOL.

Atteindre au sommet de la perfection (BoL.). « Jamais nulle ode grecque ou latine n'a pu atteindre à la hauteur des psaumes. » FÉN. «Il y a dans les maximes de l'Evangile une noblesse et une élévation où les cœurs vils et rampants ne sauraient atteindre. » MASS. La moitié, tout au plus, des enfants parvient à l'adolescence à cause des maladies qui les assiégent et parce que tous les risques de la vie sont au commencement; l'âge de cent ans est un terme trop éloigné pour que personne puisse raisonnablement espérer d'y atteindre.

Les saints sont arrivés à la perfection chrétienne par différentes voies. Ne nous la figurons pas entourée de tant de difficultés que nous ne puissions y parvenir, ni placée à un tel degré d'élévation que nous ne puissions y atteindre (BOURD.).

ARTIFICIEL, FACTICE. Qui n'est pas naturel, mais l'œuvre de l'homme. En latin artificialis et facticius.

Artificiel, composé par l'art, annonce quelque chose qui est l'œuvre de la main de l'homme. C'est un mot particulièrement propre pour le concret. Une fontaine (ACAD.), une machine (BUFF.), une cavité (In.), une liqueur (J. J.) artificielle;

des dents (ACAD., BUFF.), des prairies (ACAD., | cidentel, mais un corps, quelque chose de perBERN.), des fleurs (ID.), des balles (BACH.) artifi- manent. cielles; les rizières sont des marais artificiels for- Vous racontez que vous avez assisté à une asmés le long du Gange (BERN.); les ossements de semblée, à une assemblée qui s'est tenue tel jour l'âne de Vérone étaient renfermés dans le ventre et en tel endroit; vous faites connaître que vous d'un âne artificiel fait exprès (VOLT.). Mais êtes d'une compagnie, d'une compagnie qui est factice (de facere, faire), fait, produit, créé, se telle ou telle, industrielle ou religieuse, organidit en parlant de ce qui est l'œuvre de l'esprit de sée de telle ou telle façon. « Parce que l'asseml'homme, et convient surtout pour le figuré et blée n'était ce jour-là composée que de dix-sept l'abstrait. Des besoins (ACAD., J. J.), des religions académiciens, le roi fit savoir à ces messieurs : (J. J.) factices; une sensibilité (ACAD.), un senti- qu'il regardait comme nul tout ce qui s'était fait ment (STAËL), un héros (S. S.), une disette (ID.), dans leur assemblée, la compagnie n'ayant pu un caractère (THOM.) factice; outre des idées ad- rien faire de contraire au règlement qui demande ventices et des idées innées, Descartes reconnais- la présence de vingt académiciens. » D'OL. Il se sait des idées factices, fruit du travail de l'imagi- trouva dans l'arche, pendant le déluge, une asnation; les sophistes soutenaient que la loi, toute semblée de justes; la compagnie de Jésus est surloi, est factice, inventée par les hommes, et non tout remarquable par sa constitution. On dit, le émanée de Dieu ou fondée sur la nature des lieu et le temps d'une assemblée; mais on dit, les choses. Une beauté artificielle (ACAD.) est, au statuts d'une compagnie. Le souverain diffère une physique, celle d'une femme qui se pare et peut-assemblée ou transfère une assemblée d'un local être se farde. Mais nous qualifions de factices dans un autre; il autorise ou n'autorise pas une certaines beautés littéraires ou musicales. On compagnie. Une assemblée peut avoir pour objet pouvait appeler Boucher le Fontenelle de la peinture: il avait son luxe, sa recherche, son précieux, ses grâces factices. » GRIMM. « Comme une telle musique serait dénuée de toute mélodie agréable, on tâcherait d'y suppléer par des beautés factices et peu naturelles. » J. J.

Que si toutefois factice s'emploie bien aussi au propre, c'est uniquement en termes de science les savants, par exemple, donnent l'épithète de factice au cinabre (ACAD.) qui dans le commerce est appelé artificiel (ACAD.). Et si, d'autre part, artificiel prend quelquefois l'acception abstraite et figurée, il se distingue alors en ce qu'il est collectif, en ce qu'il s'applique de préférence à un tout, pendant que factice sert à qualifier une partie ou les parties de ce même tout. « L'homme originel s'évanouissant par degrés, la société n'offre plus aux yeux du sage qu'un assemblage d'hommes artificiels et de passions factices qui sont l'ouvrage de toutes ces nouvelles relations. >> J. J. Marmontel prétend que les harangues de Tite Live sont artificielles, et que le style de celles de Thucydide est factice.

Quant au degré, factice renchérit sensiblement sur artificiel. L'objet artificiel ne s'écarte de la nature que par l'arrangement, et la chose factice s'en éloigne par le fond, par la substance même, essentiellement; l'un n'a été que reformé ou transformé, et l'autre a été en quelque sorte recréé. Il y a des plantes dont la nature est, pour ainsi dire, artificielle et factice. Le blé, par exemple, est une plante que l'homme a changée au point qu'elle n'existe nulle part dans l'état de nature. >> BUFF. « L'étude seule, en observant l'homme artificiel et factice, peut faire prévoir les effets de l'art. » MARM.

de fonder une compagnie, et il arrive assez souvent qu'il y a des assemblées d'actionnaires de certaines compagnies pour s'entendre sur les intérêts communs. Qui aime les assemblées court après les parties de plaisir, comme bals, fêtes, spectacles, toutes les fois qu'il y en a et partout où il y en a; qui aime les compagnies fait volontiers partie de cercles et d'autres associations semblables.

Que si on appelle aussi assemblées des réunions d'hommes qui s'assemblent, non pas une fois, mais plusieurs de suite, ce sont des réunions d'hommes qu'on considère toujours et uniquement comme s'assemblant, et cela pour un objet qui est toujours le même, savoir pour consulter ou délibérer. Telle est une assemblée législative, de laquelle on peut dire ce qu'on ne saurait dire d'une compagnie: aller à l'assemblée, et, il y a ou il n'y a pas assemblée aujourd'hui. Les membres d'une assemblée ont été envoyés de différents endroits pour se réunir, pour venir ensemble tenir conseil en un certain lieu, à une certaine époque et pour un certain temps; mais les membres d'une compagnie sont réunis, sont ensemble, sont compagnons ou confrères, forment un corps, abstraction faite de toute idée de lieu et de temps, et ils peuvent s'occuper en commun de toutes sortes de choses, de nouvelles, de jeux, de plaisirs, de leurs intérêts commerciaux, religieux, littéraires ou autres.

ASSORTIR, APPAREILLER, APPARIER. Mettre ensemble des choses qui se conviennent.

Assortir, associer, faire que des choses soient compagnes (consortes) les unes des autres, ne limite pas le nombre des choses; mais appareiller et apparier, du latin par, une paire, une couple,

ASSEMBLÉE, COMPAGNIE. Réunion d'un cer- n'en supposent jamais que deux. « Assortir telletain nombre de personnes.

Assemblée est verbal : il exprime ce qui résulte de l'action du verbe assembler ou s'assembler, un rassemblement ou ce qui s'assemble de monde en un certain lieu et à une certaine époque. Compagnie, purement nominal, désigne, non pas un fait ou le résultat d'un fait, quelque chose d'ac

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ment ensemble les volontés, qu'elles ne heurtent point les unes contre les autres. » BOURD. « Croyezvous qu'on pût trouver quatre poëtes mieux assortis? » LAF. Ensuite, assortir se distingue des deux autres verbes par un caractère moral ou esthétique qui lui est exclusivement propre. De l'assortiment résulte quelque chose de bon ou de

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