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que pernicieuse; il n'y a rien à reprendre dans lit dans le Chevalier à la mode de Dancourt:

l'une, l'autre est d'une grande efficacité, peut exercer, ainsi qu'un remède, une excellente influence.

SALIR, SOUILLER, TACHER, BARBOUILLER. Faire qu'une chose ou une personne cesse d'être propre, nette ou pure.

Salir, rendre sale (de l'ancien haut-allemand salo, trouble en parlant d'un liquide), est le mot général.

Souiller, rouler dans une souille (du latin suillus, de cochon), dans un lieu bourbeux comme celui où le cochon se vautre, ne s'emploie guère qu'au figuré, ainsi que le remarque expressément l'Académie. Que si souiller se dit quelquefois au propre, c'est ordinairement en poésie ou dans le style soutenu.

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Un temple où le druide

« Je la connais; elle est d'une humeur violente; elle se croit offensée, et elle est femme à vous barbouiller terriblement dans le monde. » Et dans les Mémoires de Saint-Simon : « Je ne barbouillerais pas ces mémoires du nom et du retour de ce bas financier sans les raisons curieuses qui s'en présenteront d'elles-mêmes en cet article. »

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SAUVAGES, BARBARES. Noms que donnent les peuples civilisés à ceux qui ne le sont point. Il y a cette différence, dit Montesquieu, entre les peuples sauvages et les peuples barbares, que les premiers sont de petites nations dispersées qui, par quelques raisons particulières, ne peuvent pas se réunir; au lieu que les barbares sont ordinairement de petites nations qui peuvent se réunir. Les premiers sont ordinairement des peuples chasseurs; les seconds, des peuples pasteurs.

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Remontons aux idées primitives. Sauvage est le latin silvaticus, qui erre et vit dans les bois à la manière des animaux qui ne sont point domestiques. Barbare est la qualification appliquée par les Grecs à tous les peuples étrangers, parce qu'ils se regardaient comme leur étant supérieurs dans les arts et la civilisation.

Souillait de sang humain son autel homicide. DEL. Et de son sang glacé souillant ses cheveux blancs, La tête d'un héros roule aux pieds des brigands. ID. Si, d'autre part, salir se prend bien dans l'acception figurée, c'est d'une manière moins abstraite et moins naturelle pour ainsi dire, en rappelant davantage ou plus souvent le sens propre. « Rien ne souille et n'avilit plus la noblesse et la sainteté Ce qui caractérise les sauvages, c'est l'isolede notre ministère que cet indigne penchant (l'a- ment et l'amour de l'indépendance. Ils manquent varice).... Quelle indignité, lorsque le dispensa- de sociabilité : ils vivent sans police, sans suborteur des biens éternels devient lui-même l'esclave dination et sans lois, ou du moins ils se réunissent d'un tas de boue qui le salit et le couvre d'op- à peine en petites bourgades ou en petites peuprobre!» MASS. Le même écrivain dit encore que plades sans rapport les unes avec les autres, et l'avarice est un vice qui souille presque toute la << tout l'objet de leur police est la liberté natusainteté des ministres de Dieu, une lèpre qui les sa- relle. » MONTESQ. Ils ont presque tous de l'éloilit pour la plupart. — D'ailleurs, salir, c'est mettre gnement pour le travail et la culture de la terre. de la saleté simplement, et souiller, c'est en cou-Ils croient qu'il n'y a que la chasse et la pêche vrir, comme s'en couvre le cochon qui se vautre qui soient un exercice noble et digne d'eux. » ID. dans la fange; en sorte que souiller veut dire sa- Il s'est formé des peuples presque sauvages lir beaucoup, salir jusqu'à gâter, à perdre, ou à dans les contrées autrefois les plus policées. rendre dégoûtant.

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VOLT.

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Tacher, faire des taches, signifie salir en un endroit ou par places seulement. « Ce sac était lié d'un ruban rouge et taché d'encre au milieu. » LES. Au figuré, par conséquent, tacher est en quelque sorte le diminutif de salir, au lieu d'en être l'augmentatif comme souiller, il dit moins au lieu de dire plus. La mémoire d'un homme est salie par toutes ses mauvaises actions, souillée par des crimes ou des lâchetés; pour la tacher, il suffit d'une seule mauvaise action ou de sim-temps les plus éclairés. » VOLT. ples fautes, de simples faiblesses. « La plupart des poëmes demeureraient en un pitoyable état si l'on en retranchait tout ce qui s'y rencontre de personnages méchants, ou vicieux, ou tachés de quelque faiblesse qui s'accorde mal avec la vertu. CORN.

Ce qui caractérise les barbares, c'est la grossièreté et la rudesse des mœurs. S'ils ne sont pas sans police, ils sont sans politesse, c'est-à-dire qu'ils manquent de cette douceur produite par la culture des arts: ils sont insensibles aux charmes de la poésie, de l'éloquence et de la musique, n'ayant d'estime que pour la force du corps et pour la valeur guerrière. « Il y a toujours des barbares dans les nations les plus polies, et dans les

Barbouiller, faire à quelqu'un qui est imberbe ou rasé une sorte de barbe en lui appliquant des couleurs autour de la bouche, c'est salir précisément et uniquement le visage. Pour le visage, le secrétaire se le barbouilla de suie. » LES. Pour la rendre plus ridicule, on lui avait barbouillé le visage de jaune. » HAM. Ce mot ne s'emploie que familièrement au figuré. « Il me semble que Lambertini s'est bien barbouillé dans le conclave et qu'il a joué un assez mauvais personnage en se liguant avec Albéroni. » HEN. On

Les sauvages sont donc encore moins avancés en civilisation et plus voisins de l'état de nature que les barbares. « Saint André soumettra à son maître l'Epire, l'Achaïe, la Thrace, la Scythie, peuples barbares, et presque sauvages. » Boss. «< Entre l'état de l'homme sauvage et l'état de l'homme civilisé, et dans le passage de l'un à l'autre, est l'état de l'homme barbare. » MARM.

Les habitants de l'Amérique, avant qu'on en fit la découverte, étaient presque tous des peuples sauvages. Il s'en trouve encore beaucoup dans les îles de la mer du Sud et dans l'intérieur de l'Afrique. On peut compter principalement au nombre des peuples barbares les nations du Nord qui envahirent l'empire romain et celles qui plus tard établirent leur domination dans une grande partie de l'Asie, ainsi que sur la côte septentrio

nale de l'Afrique, laquelle porte encore le nom
de Barbarie.
SAVEUR, GOÛT. En latin, sapor, gustus.
Qualité des objets et surtout des aliments par la-
quelle ils affectent le palais d'une certaine ma-
nière.

C'est l'idée primitivement et proprement exprimée par saveur, tandis que goût signifie d'abord le sens ou l'organe. « La saveur du cuivre, plus que répugnante au goût, annonce ses qualités funestes. BUFF. « La nature a voulu servir sur la table de l'homme des aliments d'une variété de saveur égale à la variété de son goût.» BERN. «La petite pointe d'ail assaisonnait le plat de morue avec une finesse de saveur et d'odeur qui aurait flatté le goût du plus friand gascon. » MARM.

Mais, comme goût se prend ensuite dans l'acception particulière de saveur, c'est alors seulement qu'il y a quelque synonymie entre les deux mots et qu'il devient nécessaire de les distinguer.

Cette distinction s'obtient en observant que goût doit garder quelque chose de sa première signification. Au lieu que saveur représente la qualité dans l'objet, goût la fait considérer par rapport au sujet. C'est la même différence qui existe entre odeur et senteur, entre aspect et rue. Avec telle saveur un corps est de telle ou telle sorte; avec tel goût il nous cause telle ou telle sorte de sensation. (< Si l'on voulait compter les acides végétaux par la différence de leurs saveurs, il y en aurait autant que de plantes et de fruits dont le goût agréable ou répugnant est varié presque à l'infini.» BUFF. « Les objets dont la statue peut se nourrir sont ceux qu'elle distingue en plus de classes. Elle s'en fait des idées complexes, en les considérant comme ayant telle couleur, telle odeur, telle forme et telle saveur à la fois.... Elle les compare les uns avec les autres, et elle désire d'abord de se nourrir par préférence de ces fruits où elle se souvient d'avoir trouvé un goût qui lui a plu davantage. » COND.

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sible pour y faire une impression distincte, c'est quelque chose de fade et d'insipide. « Ils cueillent tristement de misérables pommes sans goût et sans saveur. » VOLT. « Le morceau qu'elles vous donnent n'a ny goust ny saveur. » BRANT.

SAVOIR (FAIRE), MANDER. Apprendre quelque chose à quelqu'un par lettre ou par mes

sage.

Faire savoir, faire en sorte qu'on sache, est l'expression ordinaire. Mander, du latin mandare, charger, enjoindre, d'où le français commander, se dit du supérieur à l'inférieur.

« Mme de Maintenon manda à la duchesse de Ventadour de faire savoir à Mme de la Vieuville qu'elle était dame d'atours de la future duchesse de Berry.» S. S. Dans Gil Blas, le comte d'Olivarès, premier ministre du roi d'Espagne, dit à Gil Blas, son secrétaire : « Don Alphonse, ton ami, n'était que gouverneur de la ville de Valence, je le fais vice-roi du royaume d'Aragon; c'est ce que je te permets de lui faire savoir, et tu peux lui mander de venir prêter serment. » LES.

Cette distinction est si vraie, que mander implique parfois, comme dans ces deux exemples, l'idée d'un ordre, ou au moins d'une invitation de l'autorité.

SCIENCE, ART. Système de connaissances. « Les sciences et les arts font voir combien l'homme est ingénieux et inventif. » Boss.

La science ne comprend que des connaissances spéculatives, ainsi appelées parce qu'elles se rapportent à la contemplation seule de la vérité; ou au moins on les considère indépendamment de la pratique. L'art, au contraire, est un système de connaissances réduites en règles, destinées et propres à guider l'action ou l'industrie. « La spéculation et la pratique constituent la principale différence qui distingue les sciences d'avec les arts. » D'AL. « La science se borne à la spéculation, et l'art produit un ouvrage. » LAH. << Les sciences exercent seulement les opérations intellectuelles; au lieu que les arts font produire quelque ouvrage sensible. » Boss.

l'expérience par le raisonnement, et, à la faveur de cette méthode, l'art élevé à la dignité de la science, marcha d'un pas plus ferme. » BARTH. « Je vous trouve tous trois bien impertinents de donner le nom de science à des choses que l'on ne doit pas même honorer du nom d'art et qui ne peuvent être comprises que sous le nom de métier misérable de gladiateur, de chanteur et de baladin. » Le mattre de philosophie au maître d'armes, au maître de musique et au maître à danser dans le Bourgeois gentilhomme. MOL.

La saveur est une qualité peu sensible, chimi- Il suit de là que les sciences sont plus relevées, que ou intellectuelle, pour ainsi dire, et caracté-plus nobles que les arts. « Hippocrate éclaira ristique des corps. « La chaux a une saveur qui indique la présence d'une certaine quantité d'alcali. » BUFF. « On doit rapporter la formation de ces acides et leur saveur au même principe. » ID. « Mis sur la langue, sa saveur (celle de l'étain) est déplaisante. » ID. Le goût, au contraire, est une qualité qui nous affecte beaucoup ou principalement envisagée comme nous affectant, une qualité toute relative à nous, à nos sensations et à l'usage que nous faisons des choses pour nous nourrir, et c'est pourquoi le mot goût se dit plutôt des aliments. «La boisson des Éthiopiens est faite avec des tamarins et a un goût aigrelet. » BUFF. «Il ajoute que ces chauves-souris sont bonnes à manger, que leur goût approche absolument de celui du lièvre. » ID. « Les eaux pluviales donnent après l'évaporation une poudre terreuse très-fine, d'une saveur sensiblement salée et du même goût que le sel marin. » ID.

Ce qui n'a ni goût ni saveur n'est pas très-sensible au palais et n'y est même pas assez sen

La logique et la morale sont tout à la fois des sciences et des arts des sciences, parce qu'elles enseignent une théorie, l'une sur le vrai, l'autre sur le bien; des arts, parce qu'elles prescrivent des préceptes pour diriger, l'une dans la recherche de la verité, l'autre dans la pratique du bien.

SECOND, DEUXIÈME. Qui vient immédiatement après le premier.

Second est plus noble que deuxième, parce

qu'ils ont été formés, l'un d'un mot latin, secun- | monde qu'il y a eu selon l'ordre nécessaire et fixe dus, l'autre d'un mot français, deux. On dira donc avec Fénelon Dieu ne peut produire hors de lui un être infiniment parfait, qui serait une seconde divinité: et avec Mme de Sévigné : On me purge une fois, on me purge deux, et le lendemain de la deuxième je me mets à table.

D

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de la naissance un premier Denys de Syracuse et un second; mais au commencement d'un Mémoire sur les occupations de l'Académie il écrit : « Je diviserai ce que j'ai à dire en deux parties: la première regardera l'occupation de l'Académie pendant qu'elle travaille encore au dictionnaire; la deuxième, l'occupation qu'elle peut se donner lorsque le dictionnaire sera entièrement achevé. » SECRET, CACHÉ, SOURD, CLANDESTIN, OCCULTE. Qui est tel ou disposé de telle façon, qu'on ne l'aperçoit ou qu'on ne le voit pas.

Second, à la différence de deuxième, rappelle nécessairement premier, qui même se trouve d'ordinaire exprimé avant lui. « Le premier tome de notre dictionnaire est achevé; mais le second marche lentement.... Ce deuxième volume n'en est qu'à la moitié de l'M. » D'OL. Voltaire, Secret, quoique formé d'un participe latin, seaprès avoir critiqué le premier acte d'une tragé- cretus, de secernere, mettre à part, est dans notre die, ajoute que le second est encore pire; mais il langue un adjectif pur; il n'a conservé pour nous remarque ailleurs qu'il y a un mot trop rude au aucun caractère verbal. Caché, au contraire, se deuxième acte d'une tragédie dont il n'a pas cité le rapporte manifestement à un verbe, à cacher, dont premier. Dans une maison, telle personne ha- il est le participe. En conséquence secret signifie bite le premier, telle autre le second; mais le une qualité, et caché l'effet d'une action on dit deuxième étage se considère indépendamment du un lieu secret, et un trésor caché. Une maladie premier ou aussi bien par rapport au troisième, secrète est telle de sa nature; une maladie cachée au quatrième, etc., que par rapport au premier. est telle parce que celui qui en est atteint la cache, Second suppose premier comme l'autre suppose la couvre ou la tait. Un homme secret est impéTun: le premier..., le second...; l'un..., l'autre.... nétrable; un homme caché s'est rendu impénéSecond, secundus, qui ou quod sequitur, celui trable à force d'empire sur lui-même, en se comou ce qui suit, marque infériorité ou aide, c'est-posant, en dissimulant. Vous direz plutôt, un à-dire en général qu'il qualifie, qu'il fait penser sentiment secret, il est tout intérieur et ne se à la valeur. Mais deuxième, qui a le numéro deux montre pas au dehors; mais il faudra dire de pour ainsi dire, est simplement indicatif, déter- préférence, un crime caché, on a pris soin de le mine la place abstraction faite de toute autre dérober aux yeux. Des desseins secrets restent inidée. La seconde édition, la seconde partie d'un connus, n'apparaissent pas; des desseins cachés livre se distingue par telles ou telles qualités; sont tenus secrets, on fait en sorte qu'ils n'appamais sur le titre de ce livre on lit deuxième édi- raissent pas. Caché emportant, et emportant tion et en tête d'une de ces parties deuxième par- | seul l'idée d'attention et d'effort pour éloigner de tie. On vante ou on réfute le second chapitre d'un | la vue, est propre à enchérir sur secret : « Ceci livre; que si on ne veut que signaler l'endroit marque un vice intérieur, un venin secret et caché, d'un livre où se trouve tel mot ou telle pensée, une maladie de langueur, qui afflige la nature on dit, voyez dans le deuxième chapitre. Le grand | humaine. » MONTESQ. Secret suppose une ignoArnauld attaqua le second Éclaircissement ou la rance relative, et caché, une ignorance absolue. doctrine contenue dans le deuxième Éclaircisse- Ce qui est secret n'est pas su de tous, n'est pas ment de la Recherche de la vérité (MAL). Male- public: une négociation secrète. Ce qui est caché branche répondit. Arnauld répliqua, et reprocha | n'est su de personne, demeure enseveli dans les à son adversaire de recourir à des défaites. Après ténèbres des vérités cachées. en avoir examiné une, il poursuit en disant: <<< On va voir combien la seconde défaite est misérable. » Et c'est ce qu'il cherche à faire voir dans un article suivant qu'il intitule: Deuxième défaite. Il y avait trois sortes de partis dans le parlement. Le premier était des Frondeurs.... Le deuxième parti était des Mazarins.... Et le dernier était de ceux qui blàmaient l'emporte-à surpendre. De sourdes menées (ACAD., J. J.), ment des premiers et n'approuvaient pas aussi la retenue des seconds. » LAROCH.

Enfin, second convient mieux pour désigner l'ordre, la place naturelle, essentielle ou de droit, et deuxième pour signifier le rang, une place assignée ou de fait, le résultat d'un classement. L'argent est le second des métaux précieux; dans telle ou telle classification des métaux précieux le deuxième est celui qu'on a cru devoir mettre à la suite du premier. L'habitude est une seconde (BERN.) et non une deuxième nature; je suis le deuxième (ACAD.) et non le second sur une liste. Un enfant est le second des fils de son père, et il obtient à une distribution le deuxième prix ou un deuxième accessit. Fénelon reconnaît avec tout le

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Oui, c'est un Dieu caché, que le Dieu qu'il faut croire.
L. RAC.

:

Sourd, qui ne fait pas de bruit, est d'une application plus restreinte il se dit métaphoriquement en parlant d'une entreprise funeste, tendant à nuire ou à détruire, laquelle est conduite à la sourdine, sous-main, insidieusement, de manière

de sourdes pratiques (ACAD., CORN., Boss., MoL.), de sourdes machinations (Boss.), une sourde trame (CORN., J. J.). « Je n'ai jamais ouvert aucun de ses livres, où je n'aie bientôt ressenti un sourd dessein de saper les fondements de la religion. ■ Boss. « Maulévrier avait de l'esprit, et un esprit fertile en intrigues sourdes. » S. S.

Clandestin et occulte n'appartiennent pas ou appartiennent moins que les mots précédents à la langue commune. Ils ont été pris du latin clandestinus et occultus, pour être transportés presque tels quels dans le français, où, isolés et sans famille, ils n'ont guère perdu de leur air étranger.

Clandestin est un terme de jurisprudence servant à qualifier quelque chose d'illicite et de

caché, quelque chose de fait en cachette contre | puisse mettre sur la voie. « Portland était disles lois. Mariage clandestin (ACAD., MOL., DEST.); un enfant (REGN.), un décret (VOLT.), un commerce (ID.) clandestin; des assemblées, des démarches, des relations clandestines (ACAD.). « Ces messieurs n'ont aucune force pour faire valoir leur autorité, et tout aboutit à des arrêts presque clandestins.» J. J.

α

Un rapport clandestin n'est pas d'un honnête homme;
Quand j'accuse quelqu'un, je le dois, et me nomme.

GRESS.

Clandestin s'applique aussi aux personnes qui se cachent pour faire quelque chose de contraire aux lois L'auteur clandestin de la gazette ecclésiastique. » VOLT.

cret, secret. » S. S. « Le maréchal de Boufflers était discret et secret au dernier point. » ID. « Que tout soit employé pour rendre vos filles modestes, discrètes, silencieuses, secrètes, bonnes, justes, généreuses. » MAINT. Un confesseur doit être nonseulement discret, mais encore secret. Un homme, en parlant, observe les règles de la discrétion (BOURD., FÉN.); et, pour réussir dans certaines entreprises, il faut du silence et un profond secret (ROLL.).

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2o A 3° SOUS

1° Secrètement, en cachette. Ils se rapportent tous deux au lieu, et en font concevoir un où on n'est point en vue.

1° SECRÈTEMENT, EN CACHETTE; LA DÉROBÉE, FURTIVEMENT; MAIN, SOURDEMENT; — 4° À LA SOURDINE, EN TAPINOIS. Adverbes et locutions adverbiales Occulte est un terme de philosophie ou de phy-qui signifient également une manière d'agir telle, sique qualificatif d'une chose qui a pour caractère que ce qui est fait ne soit pas su. d'être cachée pour notre raison, inaccessible à la science, inexplicable par la lumière naturelle. « Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'il y a une puissance occulte et terrible qui se plaît de Mais secrètement à l'égard d'en cachette est une renverser les desseins des hommes. » Boss. «O mon expression générale et faible. Ce qu'on fait secrèpère, lui dis-je, voilà des paroles bien puissantes!tement, on le fait, non pas en public, devant tout Sans doute elles ont quelque vertu occulte pour chasser l'usure, que je n'entends pas. PASC. « Les épicuriens attribuent tout à une force occulte, à la nécessité. » VOLT. « Newton avertit de ne pas confondre l'attraction avec les qualités occultes des anciens. » ID. « Voici les livres des sciences, ou plutôt d'ignorance occulte; tels sont ceux qui contiennent quelque espèce de diablerie.... Tels sont encore les livres d'astrologie judiciaire. MONTESQ. On appelle sciences occultes celles qui, comme la magie et la cabale, ont la prétention d'expliquer les phénomènes de la nature par l'action d'agents surnaturels et mystérieux. Pascal donne à l'instinct des animaux le nom de mouvement occulte.

n

SECRET, DISCRET. Qui sait se taire, qui ne révèle pas ce qu'on lui a dit ou confié.

le monde, mais en particulier ou à l'écart, rien de plus; ce qu'on fait en cachette, on le fait, non pas dehors, mais dans une petite cache, dans un lieu où on est absolument sans témoins. En cachette renchérit donc sur secrètement. « Dans les choses même où il semble que l'on ait séparé l'amour, il s'y trouve secrètement et en cachette, et il n'est pas possible que l'homme puisse vivre un moment sans cela.» PASC. « La femme d'un homme de la secte des Macédoniens retint ce qu'on lui avait donné (c'était le pain consacré), et prit en cachette ce que sa servante lui avait secrètement apporté de la maison (c'était du pain commun). » Boss. Quand on veut qu'une chose ne soit pas publiée, que la nouvelle ou la connaissance ne s'en répande pas, on la fait secrètement : « Déjà le pilote se préparait à aller aborder secrètement dans une petite île qui est auprès de la grande, pour dérober aux amants de Pénélope le retour de Télémaque.» FÉN. Que s'il s'agit de quelque chose qu'on veuille tenir tout à fait caché ou couvert, on le fait en cachette: « Il vint à la duchesse de Sully un abcès en lieu que la modestie ne lui permit pas de montrer à un chirurgien. Une femme de chambre la pansa quelque temps en cachette. » S. S. Voy. Secret, caché, etc.

α

Se, comme de dans déjoindre, décréditer, indique une séparation bien nette, un éloignement, une privation; au lieu que dis exprime seulement une désunion, une distinction. L'homme secret met tout à fait à part ce qu'il sait, il le garde pour lui ou le renferme en lui-même; il ne parle point: l'homme discret discerne, distingue ce qu'il faut cacher ou dire, et les personnes auxquelles on peut sans danger communiquer ce qu'on a appris; il parle, mais ce n'est jamais légèrement ni mal 2o A la dérobée, furtivement. A la dérobée, à la à propos. L'homme secret est impénétrable; on manière d'un homme qui dérobe, et furtivement, peut compter sur son silence : l'homme discret à la manière d'un voleur (fur), se ressemblent est fin et circonspect; on peut compter sur son beaucoup. Ils supposent une action qui se fait, jugement et sa réserve. En général, des conspira- non pas dans un lieu écarté ou dans un lieu où on teurs doivent demeurer bouche close, être secrets; s'est mis à couvert, mais en public, dehors, de famais s'ils ont besoin de se parler en public ouçon pourtant à échapper aux regards. Ils servent qu'ils veuillent gagner de nouvelles personnes à à exprimer ou un vol subtil ou quelque chose de leur cause, ils doivent être discrets, c'est-à-dire semblable. mesurés dans leurs paroles et attentifs à n'en hasarder aucune qui les puisse compromettre.

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Ils diffèrent l'un de l'autre par l'importance du fait. A la dérobée annonce quelque chose qu'on dérobe, un simple larcin : « Sancho, qui aidait à servir, s'approchant du buffet, buvait quelques coups à la dérobée. » LES. Mais furtivement convient mieux pour un véritable vol : « Annibal prit tant de soin du riche temple de Junon Lacinia, que jamais aucun de ses soldats n'en tira rien

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furtivement. ROLL. Il en est de même quand les deux mots sont pris dans une signification figurée ou plus étendue. A la dérobée ne dénote rien de grave. Si les hommes et les femmes se voient ici les uns les autres, c'est plutèt par entrevues et presque à la dérobée, comme les époux de Lacédémone. J. J. « Elle s'était bien formée dans son couvent par les romans qu'elle avait lus à la dérobée. » VOLT. « Nous nous lancions l'un à l'autre, à la dérobée, les plus douces œillades. LES. Furtivement, au contraire, donne l'idée d'une fraude de conséquence. « Le duc de Noailles avait furtivement obtenu et fait expédier sur-le-champ un brevet de retenue de 120 000 livres pour sa sœur.» S. S. « J'avais exigé de Rey (libraire) qu'il n'introduirait jamais furtivement en France aucun de mes livres. » J. J.

3° Sous-main, sourdement. Ils ont cela de commun qu'ils se disent en parlant d'une entreprise et de ce qu'on fait pour ou contre, afin qu'elle réussisse ou qu'elle échoue. On travaille sous-main ou sourdement à telle ou telle chose. « Le souba traitait sous-main avec M. de Bussi, et le général

Clives traitait sourdement de son côté avec le rival du souba. » VOLT.

Chacune de ces deux expressions se distingue cependant par une nuance particulière. Sous-main est plutôt théorique, et sourdement pratique. On fait savoir ou on découvre sous-main quelque chose; on aide quelqu'un ou on agit contre lui sourdement. «Avertir sous-main les jésuites qu'on est attentif à leur conduite...; les faire avertir d'être sages, et si quelqu'un ne l'était pas, le pincer

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tout aussitôt ou sourdement ou avec éclat. » S. S. Scipion passa le quartier d'hiver à s'informer sous-main de ce qui avait quelque rapport à l'en- | treprise qu'il méditait, et à préparer sourdement tout ce qui pouvait contribuer à la faire réus

sir. » ROLL.

4° A la sourdine, en tapinois. Ce sont des termes familiers, et cela seul suffit pour leur faire assigner une place à part.

Mais cependant ils ont aussi, l'un par rapport à l'autre, leurs traits distinctifs. A la sourdine s'emploie comme sourdement à l'égard d'une entreprise menée dans l'ombre et sans bruit. Le cardinal de Bouillon commença alors avec éclat une lutte avec le roi, qu'il n'avait jusqu'alors soutenue qu'à la sourdine. » S. S.

Ils s'en vinrent à la sourdinė,
Sans tambour, flûte, ni buccine,
Aborder près de la cité,

Où l'on dormait en sûreté. SCARR.

Mais en tapinois, en faisant l'action de se tapir, de se cacher, revient pour le sens à en cachette. Plus on connait Livry, plus il est agréable :

Il donne des plaisirs, et toujours il en prend;

Il est le dieu du lit et de la table,

D'ailleurs, en tapinois convient mieux qu'en cachette quand il y a une idée de mouvement à exprimer. On fait une chose en cachette, étant caché; on quitte quelqu'un (DEST.), on en approche (LAF.), on se glisse auprès (LAF., VOLT.) en tapinois, comme un animal qui vient en rampant et en se faisant petit pour n'être pas aperçu. SEMER, RÉPANDRE. Figurément, au sens moral, jeter çà et là un bruit ou une nouvelle, par exemple, la terreur, de l'argent, une doctrine, un manifeste.

On sème afin que ce qu'on sème porte des fruits, c'est une action qui se fait toujours avec dessein; mais répandre n'est relatif qu'à la dispersion et à l'étendue, on répand plus ou moins et dans plus ou moins de lieux. Distinction tellement fondamentale, que la chose semée l'est toujours par quelqu'un, au lieu que la chose répandue peut s'être répandue d'elle-même, ou avoir été répandue par un fait, un événement. Aussi semer ne s'emploie-t-il pas avec le pronom personnel comme répandre : ce bruit, cette nouvelle se répandit.

Gilotin en gémit, et, sortant de fureur,

Chez tous ses partisans va semer la terreur. BOIL.
Un mal qui répand la terreur,

La peste.... LAF.

Car enfin, c'est un bruit qui, par vos soins semė, S'est répandu partout, et partout confirmé. DUC. Semer suppose toujours un but ultérieur qu'on se propose d'atteindre; quand on répand on n'a rien autre chose en vue sinon la dispersion même de ce qu'on répand. On sème la nouvelle de la mort d'un général afin de décourager ses troupes; on la répand plus ou moins, et quand elle est plus ou moins répandue elle est connue d'un plus ou moins grand nombre d'hommes. La chatte va semer l'effroi dans la famille de l'aigle et dans celle de la laie, afin que ses deux voisines par crainte l'une de l'autre n'osent sortir et meurent de faim avec leurs petits. Mais la femme, à qui sa voisine vient de conter que le mari de celle-ci avait pondu un œuf, va répandre la nouvelle en plus de dix endroits, simplement pour qu'elle soit répandue.

:

Semer, qui emporte toujours l'idée d'un dessein, marque plus particulièrement celui de į nuire on sème des piéges sur les pas de quelqu'un, des impostures, des calomnies, de faux ou de méchants bruits, des bruits injurieux, des soupçons, des accusations malignes, des libelles, la division, la discorde, des querelles. Mais répandre se prend indifféremment en bonne ou en mauvaise part: un écrivain répand des doctrines, des opinions, des maximes quelconques, il répand beaucoup de jour sur un sujet : Bossuet dit des jeunes gens élevés avec Alexandre : « Il y en avait dix-sept cents capables de répandre dans toute

Son frère (l'abbé), en tapinois, en fait bien tout autant. l'armée le courage, la discipline et l'amour du

VOLT.

A peine de vingt (vaisseaux) que j'avois,

En ai-je sept, en tapinois,

Que j'ai cachés en ce rivage. SCARR.

Par trois fois la lune cornue

Sur notre horizon est venue

Depuis que je suis dans ce bois

Où je me cache en tapinois. ID.

prince. » Pour suborner et corrompre on sème l'argent; l'homme généreux répand l'argent de tous côtés. «Auguste envoya des émissaires jusque dans l'armée même d'Antoine, qui y semèrent des manifestes contre sa conduite. » VERT. Christiern fit publier une amnistie générale, en forme de manifeste, que les émissaires de l'ar

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