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qu'en bonne part. « Le discours préliminaire qui est à la tête des Institutions de physique de Mme du Châtelet est un chef-d'œuvre de raison et d'éloquence. » VOLT. « Les discours préliminaires des annales de la Suisse (par Müller) sont des chefs-d'œuvre d'éloquence. » STAËL.

Prédicateur est le latin prædicator, de même | l'Histoire des révolutions romaines de Vertot, et signification; mais prêcheur a été formé du l'ouvrage de Mme de Staël intitulé De la litverbe français prêcher. D'où il suit que prê- térature. En soi discours préliminaire est une cheur, d'une origine vulgaire, est familier et dé-expression distinguée et qui ne se prend guère signe une espèce de prédicateur, s'applique à quelqu'un dont on dit en riant ou par moquerie qu'il prêche, qu'il fait ou qu'il a fait un sermon, un discours ennuyeux et importun. Christine de Suède passant par Vienne fut haranguée par M. de Boissat qui lui fit un sermon au lieu d'un compliment, et la reine dit en se retirant : « Ce n'est point là ce Boissat que je connais; c'est un prêcheur qui emprunte son nom. » D'OL. Dans sa satire contre les philosophes du dix-huitième siècle, le poëte Gilbert leur donne le nom de prêcheurs :

L'avant-propos, propos tenu avant, diffère naturellement du discours préliminaire comme le propos du discours. D'abord il est moins long: ce n'est pas une espèce de harangue, il ne consiste qu'en quelques mots comme ce qui se dit en conversation. Le livre de Mme de Staël qui a pour titre De l'influence des passions commence

Mais de l'humanité maudits missionnaires, Pour leurs tristes lecteurs ces précheurs n'en ont par un très-court avant-propos que suit une longuères.

gue introduction. Après le discours préliminaire qui est très-étendu et divisé en deux parties, le

Pareillement, dans Lafontaine, le pêcheur répond aux représentations du petit poisson, qu'il | Traité des études présente à la tête du premier vient de prendre, en disant :

Poisson, mon bel ami, qui faites le précheur,
Vous irez dans la poêle.

PRÉFACE, DISCOURS

PRÉLIMINAIRE

livre un avant-propos composé de quelques phrases seulement. Il faut que l'avant-propos soit susceptible d'une bien grande brièveté pour que Marmontel ait pu dire: « L'épigramme a un AVANT-PROPOS, PRÉAMBULE;-AVERTISSE-avant-propos qui excite l'attention, et une soluMENT, AVIS; - PROLOGUE, PROLEGOMÈNES. tion imprévue qui décide l'incertitude. » Mais le C'est quelque chose qui est mis à la tête d'un écrit pour y préparer le lecteur.

Preface, latin præfatio, ce qui se dit d'abord, est de tous ces mots celui qui exprime l'idée commune de la manière la plus générale et la plus simple. Il n'est d'aucun style en particulier et ne se prend essentiellement ni en bonne ni en mauvaise part. Il signifie quelque chose qui peut être long ou court, d'un ordre relevé ou vulgaire, quelque chose qui peut se trouver placé à la tête de toutes sortes d'écrits et avoir avec la matière qui y est traitée toutes sortes de rapports. C'est le terme dont on se sert quand on parle en général de l'habitude où sont les auteurs de commencer leurs livres par ces espèces de horsd'œuvre. Quant aux choses dont il peut être question dans les préfaces, elles sont d'une grande variété: on s'y occupe de tout ce qui regarde l'écrit ou l'écrivain, le sujet, son importance, la manière dont il a été ou dont il doit être envisagé, le dessein de l'auteur, les difficultés qu'il a eues à vaincre et les attaques dont il a été l'objet. Pour l'ordinaire on y parle trop de soi; c'estlà l'écueil.

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caractère le plus distinctif d'avant-propos, qui si-
gnifie proprement une préface de ou en conver-
sation, c'est qu'il se prend assez souvent en mau-
vaise part, auquel cas, loin d'exclure la longueur,
il peut supposer une longueur excessive. « En-
trons d'abord en notre matière; elle est si haute
et si importante, qu'elle ne me permet pas de
perdre le temps à vous faire des avant-propos
superflus. » Boss. Dans une petite préface qui
précède la Mort de Pompée, Corneille s'adressant
au lecteur lui dit en commençant : « Si je vou-
lais te donner le texte ou l'abrégé des auteurs
dont cette histoire est tirée, je ferais un
propos dix fois plus long que mon poême. »

avant

Le préambule, de præ ambulare, marcher devant, aller avant les autres pour disposer à les bien recevoir, a cela de propre, que son but est toujours de se rendre le lecteur favorable, de le gagner, et non de l'instruire. En cela il ressemble tout à fait à l'exorde. « Les jésuites ont bien vu que l'acte de protestation de nullité que M. Arnauld avait fait de leur censure, dès avant qu'elle fût conclue, serait un mauvais préambule pour la faire recevoir favorablement. » PASC. PréamLe discours préliminaire, discours tenu de- bule se dit surtout en parlant de lois, d'édits vant le seuil (præ limen), est une préface et d'ordonnances et désigne une courte préface étendue, considérable, contenant des notions dont on les fait précéder et dans laquelle on s'efou des explications nécessaires pour passer force de les faire paraître justes. « Platon reoutre et qui servent comme d'initiation au lec-garde comme une précaution très-importante de teur. C'est quelque chose à quoi nous don-mettre toujours à la tête des édits un préambule nons aujourd'hui le nom un peu moins solennel raisonné qui en montre la justice et l'utilité. » d'introduction. L'Essai sur les mœurs, de Vol- J. J. « Les préambules des édits de Louis XIV futaire, est précédé de considérations générales rent plus insupportables aux peuples que les édits dont l'ensemble est appelé par l'auteur lui-mêmes. » MONTESQ. « Dans le préambule de la même tantôt introduction, tantôt discours préliminaire. Le plus célèbre des discours préliminaires est celui de l'Encyclopédie par d'Alembert. C'est aussi par des discours préliminaires que commencent le Traité des études de Rollin, SUPPL. SYN. FRANÇ.

charte, il était dit que l'autorité tout entière résidait dans la personne du roi, mais que souvent l'exercice en avait été modifié par les monarques prédécesseurs de Louis XVIII. » STAËL.

Les avertissements et les avis sont de petites 16

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préfaces relatives à des points particuliers qu'on | que Lucrèce a orné de prologues le frontispice de signale spécialement à l'attention du lecteur. tous ses livres; que l'Arioste en a égayé ses Au commencement de l'Esprit des lois se chants; et que Lafontaine a joint de petits prolotrouve une préface qui se rapporte à tout l'ou- gues à quelques-uns de ses contes. vrage, puis un avertissement sur ce qu'il faut Prolegomènes est didactique, et non pas littéobserver pour bien entendre les quatre premiers raire ou même poétique comme prologue. On aplivres. De même, outre une longue préface et pelle de ce nom une réunion ou suite de notions un avant-propos moins long mais également préliminaires par lesquelles on débute dans l'enconsacré à des généralités, l'Histoire ancienne de seignement d'une science. « Il ne reste plus qu'à Rollin présente d'abord plusieurs avertissements rendre raison pourquoi on a omis grand nombre que l'auteur avait mis à la tête de divers tomes de questions qu'on trouve dans les logiques ordide l'édition primitive à mesure qu'il les publiait. naires, comme celles qu'on traite dons les proUn autre caractère bien remarquable de l'aver-légomènes, l'universel à parte rei, les relations....» tissement et de l'avis, c'est qu'ils peuvent être P. R. « C'est à quoi je réduis l'étude des prélimide l'éditeur, et non pas de l'auteur lui-même. | naires, ou, si vous le voulez, des prolégomènes Du reste, ils diffèrent aussi l'un de l'autre. de la jurisprudence. » D'AG. « Les prolégomènes L'avertissement avertit, invite à réfléchir sur du livre que Grotius a fait sur le droit. » ID. quelque partie du sujet auquel il se rapporte « Les deux premiers livres des Institutions oratoujours. Je pardonnerais à l'auteur de la toires de Quintilien sont comme les prolégoméRecherche de la vérité qu'il ait pris le mot d'idée nes de l'ouvrage. » LAH. dans des sens très-differents, pourvu au moins que, dans les avertissements qu'il y a joints à la quatrième édition, il eût pris soin de les bien marquer, et d'en donner des notions bien distinctes. » ARN. Mais l'avis donne avis, donne des détails purement bibliographiques, étrangers au sujet, apprend des faits. L'avis placé au commencement de la Logique de Port-Royal fait connaître à quelle occasion elle a été composée. Dans l'avis des éditeurs qui a été fait par Voltaire luimême pour son Essai sur les mœurs il parle surtout des fautes typographiques dont l'introduction a été purgée dans la dernière édition et des lacunes qui y ont été remplies d'après le manuscrit original. Les Considérations sur les principaux événements de la révolution française par Mme de Staël sont précédées d'un avis et d'un avertissement dans l'avis les éditeurs rendent compte de l'état où ils ont trouvé le manuscrit remis à leurs soins; et dans l'avertissement l'auteur prévient que, malgré la généralité du titre, le livre se rap-funestes auxquelles elles peuvent être exposées, porte particulièrement aux actes et aux écrits politiques de son père.

Prologue et prolégomènes sont grecs. Aussi n'appartiennent-ils pas à la langue commune. Prologue se dit d'abord à l'égard de certains traitės théologiques ou de codes publiés dans les premiers siècles du christianisme ou tout au moins avant la Renaissance. « Saint Jérôme dans ses prologues sur les livres de la Bible: le prologue de la loi salique. » ACAD. « Le prologue d'un des opuscules de saint Thomas contre les erreurs des Grecs.» Boss. « Le prologue de la loi de Gondebaud.» MONTESQ. Mais en ce sens prologue est un archaïsme; il signifie plus ordinairement la même chose que le greс apóλoyos, savoir une courte préface qui sert comme de prélude à une pièce dramatique les prologues de Térence (RAC.), les prologues de Quinault (VOLT.), le prologue de l'Amphitryon de Molière (MARM.), le prologue de Tarare de Beaumarchais (STAEL). Les Éléments de littérature de Marmontel contiennent un article sur le prologue. Il y est dit, entre autres choses, que dans nos anciens théâtres français le prologue était fort en usage, et que l'emploi du mot a été étendu à d'autres poëmes;

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Le prologue est plus ou moins beau, ou plus ou moins spirituel; les prolégomines sont plus ou moins instructifs, plus ou moins savants.

PRÉMUNIR (SE), SE PRÉCAUTIONNER. Se mettre en mesure contre quelque chose de mauvais ou de dangereux dont on est menacé.

Se prémunir, du latin præ munire, fortifier d'avance, se dit proprement en termes de guerre, et, par extension, en parlant de quelque chose à l'égard de quoi il faut être fort, affermi, et pour ainsi dire inexpugnable. « Je voudrais prendre des mesures justes pour garder les côtes d'Espagne, et pour se prémunir du côté du Portugal, où il pourrait y avoir des changements et des surprises. » FÉN. « Je vous gardais moi-même, et je n'avais pas besoin de vous prémunir contre les persécutions qui vous devaient arriver après ma retraite. » Boss. « Elles doivent bien consulter leurs confesseurs sur leurs inclinations naturelles les plus dangereuses et sur les occasions les plus

afin de se prémunir et de se fortifier contre tant d'assauts qu'elles auront à soutenir. » MAINT.

Se précautionner, de præ cavere, être, se mettre ou se tenir en garde, suppose plutôt quelque chose qui demande qu'on emploie, pour y échapper, une prudence habile ou de la finesse. Au lieu qu'on se prémunit contre des attaques, c'est contre des piéges qu'on se précautionne. «< Quoique Pygmalion parùt si rempli de confiance pour Astarbė, il ne laissait pas de se précautionner contre elle; il la faisait toujours manger et boire avant lui de tout ce qui devait servir à son repas. FÉN. « Je pourrais me garantir de la séduction des méchants....; je pourrais m'en donner de garde et me précautionner contre leurs artifices. » MASS. «Il est étrange de voir le soin avec lequel nous nous précautionnons contre la mauvaise foi des hommes à notre égard.... Nous sommes vigilants et attentifs pour empêcher que ceux qui traitent avec nous ne nous fassent le moindre tort. » BOURD.

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PRESTIGE, ILLUSION. L'Académie définit prestige par illusion, et l'illusion, suivant elle, est une apparence trompeuse. Y a-t-il donc égalité de sens entre les deux mots ?

Non, tant s'en faut. Prestige est objectif et re- | l'harmonie du style. » COND. « Ces prestiges de présente la chose artificieusement disposée ou son magie par lesquels l'optique et la mécanique apparence; illusion est subjectif et exprime l'effet abusent nos sens. » J. J. « Livrés aux attraits séproduit dans l'âme du spectateur par cette dis- ducteurs de la poésie, nous nous munirons de position ou cette apparence. De là vient que pres- force et de raison contre ses prestiges. » ID. « Ratige est synonyme de sortilége, de charme, de faux cine sentit qu'il ferait illusion par le prestige de prodige, et illusion synonyme d'erreur. « L'er- son art admirable. » VOLT. - Au contraire, le sorreur de l'illusion a plusieurs causes les pres- tilége, comme le sorcier, est ou suppose quelque tiges de l'éloquence, la pompe ou l'élégance de chose qui est toujours surnaturel et d'ordinaire l'élocution.... » MARM. « Au théâtre où le prestige malfaisant. « La prétendue église chinoise n'est poétique a tant de force et de charmes, non-seu- qu'un amas confus d'athéisme, de politique et lement l'illusion n'est pas entière, mais elle ne d'irréligion, d'idolâtrie, de magie, de divination doit pas l'être. » ID. « C'est par les prestiges de et de sortilège. » Boss. « Les Anglais condamnecette espèce de magie, que les peintres font illu- rent la princesse de Glocester à faire une amende sion aux sens. >> ROLL. « Racine sentit qu'il ferait honorable, et une de ses amies à être brûlée vive, illusion par le prestige de son art admirable. » sous prétexte de je ne sais quel sortilège employé VOLT. Quand le prestige disparaît, l'illusion cesse contre la vie du roi. » VOLT. « M. de Luxem(J. J.). Le moment où l'on perd les illusions, bourg fut arrêté sur des soupçons de poison et les passions de la jeunesse, laisse souvent des de sortiléges. >> BUSSY. regrets; mais quelquefois on hait le prestige qui nous a trompé : c'est Armide qui brûle et détruit le palais où elle fut enchantée. » CHAMF.

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Ou bien encore, le prestige, étant objectif, est toujours extérieur, dépend toujours des choses et de leur arrangement, au lieu que l'illusion, subjective de sa nature, est quelquefois volontaire, ou tout au moins admet et suppose l'intervention du sujet, de l'imagination, des sens, des passions. Aussi dit-on mon illusion et non pas mon prestige. « Je ne vis plus qu'erreur et folie dans la doctrine de nos sages, qu'oppression et misère dans notre ordre social. Dans l'illusion de mon sot orgueil, je me crus fait pour dissiper tous ces prestiges. » J. J. Il faut également nous mettre en garde contre les prestiges de magie par lesquels l'optique et la mécanique abusent nos sens, et contre les illusions qui résultent de nos inductions fausses (ID.).

PRESTIGE, SORTILÉGE. Faux miracle, opération qui semble tenir du prodige. Croire aux prestiges et aux sortiléges (VOLT.). « Il est impossible aux sens humains de discerner un prestige d'un miracle. » J. J. « Il n'y a de faux miracles, de sortiléges, que parce qu'il y en a de vrais. » PASC.

Les prestiges sont proprement des artifices ou des tours de passe-passe, selon la signification du mot latin præstigiæ, d'où præstigiator, escamoteur. Les sortiléges sont des actes de sorcellerie, des effets d'une puissance occulte et mystérieuse employée à nuire, des maléfices.

En attribuant des prestiges aux magiciens de Pharaon, vous les représentez comme des charlatans et des imposteurs qui avaient l'art de faire illusion, de faire voir les choses tout autrement qu'elles n'étaient; en leur attribuant des sorti léges, vous donnez à entendre qu'ils étaient en relation avec les malins esprits et qu'ils tenaient d'eux la faculté de mal faire par sorcellerie ou en jetant des sorts.

En général, l'idée d'une grande habileté, sans rien pourtant qui sorte de l'ordre naturel, et sans rien de méchant ou de funeste, s'attache au mot prestige. « Le prestige de l'art, c'est de cacher l'art même. MARM. « Cela nous apprend quelle était (chez les Grecs) la force des prestiges de

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PRÊTRE, ECCLÉSIASTIQUE, CURÉ. Homme qui par état est chargé de l'exercice du culte public.

Prêtre et ecclésiastique se distinguent chacun par une sorte particulière de généralité. Prêtre est général en ce sens qu'il se dit aussi bien par rapport aux religions de l'antiquité, soit juive, soit païenne, qu'en parlant du christianisme. De son côté, ecclésiastique, dans son application à la religion chrétienne, la seule dont il soit susceptible, est général en ce sens qu'il s'étend à tous les hommes qui sont attachés à l'Église, qui font partie du clergé, haut ou bas, aux prélats, aux abbés, aux moines, aux religieux et religieuses de tous les ordres et aux simples séminaristes, tout comme aux prêtres proprement dits, à ceux des membres du clergé séculier qui disent la messe. Curé, au contraire, se fait remarquer par la grande spécialité de sa signification: le curé est un prêtre chrétien préposé à la direction spirituelle d'une paroisse comme un pasteur à la garde de son troupeau.

Mais, dans le langage ordinaire, on rapproche à tel point ces trois mots, qu'on semble les confondre on s'en sert également pour désigner les ministres de Dieu dans la religion catholique en particulier. Cependant ils diffèrent même alors, et il faut en les employant avoir égard à la nuance caractéristique de chacun d'eux.

Comme les prêtres de l'antiquité formaient une classe, une tribu ou une caste considérable, sinon la plus considérable, et qu'ils avaient pour fonction essentielle celle de sacrificateur, aujourd'hui encore le nom de prêtre est un titre honorable, et ce qu'on regarde surtout dans le prêtre, c'est le pouvoir qu'il a d'offrir le saint sacrifice, de dire la messe, c'est qu'il est ministre de l'autel. «M. Necker leur recommandait le respect des propriétés, les égards pour les prêtres et les nobles. » STAËL. « Tous les fidèles, sans porter ce sacré caractère, comme le prêtre spécialement député de Dieu pour présenter le sacrifice, lui sont néanmoins associés dans cette importante fonction. » Bourd. cette attribution principale du prêtre s'en joint une autre qui consiste à pouvoir ouir les pénitents en confession et les absoudre. « Cette humble princesse se sentait dans son

nous ferons venir tant de cordeliers, que nous l'emporterons. » PASC. «Il l'a emporté sur ses concurrents. » Acad. - «Si la faction de la Ligue avait prévalu, Henri IV ne serait connu aujourd'hui que comme un petit prince de Béarn.... Si Arius l'avait emporté sur Athanase, Athanase ne passerait aujourd'hui que pour un hérétique. » VOLT.

état naturel quand elle était comme pécheresse aux | nombre (dans cette dispute); et, s'il est besoin, pieds d'un prêtre, y attendant la miséricorde et la sentence de Jésus-Christ. » Boss.-Ecclésiastique, homme d'Église, est relatif au point de vue extérieur de la condition : l'ecclésiastique appartient à une certaine classe sociale qui occupe tel ou tel rang, qui a ou doit avoir telles ou telles mœurs. On peut lire dans Massillon un discours « sur la manière dont les ecclésiastiques doivent converser avec les personnes du monde. »> <<< Faut-il Ainsi on prévaut sans résistance, sans lutte, s'étonner si toutes les conditions du monde sont d'emblée; ce n'est qu'à la fin qu'on l'emporte, si avilies, si l'on voit tant d'ecclésiastiques scan- | après avoir triomphé d'une opposition plus ou daleux, tant de juges corrompus? » BOURD. « Con- moins forte. Quand on prend un parti, la consitribuez, non pas à vêtir les ministres de Jésus-dération déterminante a prévalu, si on s'y est Christ, à les meubler en ecclésiastiques mondains, arrêté de prime abord, si elle a été faiblement mais en ecclésiastiques sages, humbles, retenus, combattue; elle l'a emporté dans le cas contraire. ennemis d'une propreté affectée. » ID. — Curé, atta- Des raisons prévalent sans difficulté et du preché à une cure (de cura, soin), emporte pour idée mier coup; elles l'emportent enfin ou à la longue. accessoire celle du soin avec lequel le chef d'une D'autre part, prévaloir, c'est proprement être paroisse doit pourvoir aux besoins de son trou-supérieur en valeur, en prix, en considération, peau. « Je sens déchirer mes entrailles quand on en vogue, en crédit, en estime; et l'emporter, vient m'annoncer que quelques malades dans une ] c'est être supérieur en force, avoir le dessus. Une paroisse sont morts sans secours par la faute et opinion prévaut sur une autre, les méchants préla négligence du curé. » Mass. D'ailleurs, curé,valent sur les bons auprès des rois; Charlesqui est déjà le moins vague de ces trois mots, a Quint l'emporta sur François Ier son compétiteur encore cela de propre qu'on l'emploie de préfé- à l'empire. Il faut que la vertu prévale sur le rence quand on parle du clergé de la campagne, vice, c'est-à-dire soit plus en honneur; il faut de celui qui est en rapport avec le peuple. « Ces que la raison l'emporte sur les passions, c'est-àfètes féroces se donnent dans les avenues des dire soit plus puissante : à l'époque du déluge le châteaux ou auprès des églises, sans que le sei- vice prévalait sur la vertu, et le plaisir des sens gneur ou le curé se mette en peine de s'y oppo- l'emportait sur l'attrait du bien (Boss.). ser souvent celui-ci défend les danses aux jeunes filles, et il permet aux garçons de supplicier des oiseaux innocents. C'est ainsi que dans nos villes des prêtres chassent des églises les femmes qui s'y présentent en chapeaux.... » BERN. « On veut sans cesse confondre la richesse du haut clergé avec l'ascendant simple et naturel des curés sur les gens du peuple. >> STAËL.

PRÉVALOIR, L'EMPORTER. Avoir l'avantage, être supérieur.

Prévaloir, c'est valoir plus; l'emporter, c'est peser plus.

Une chose prévaut sur une autre sans avoir à lui disputer l'avantage qu'elle a sur elle. « Philoclès était sans empressement et laissait Protésilas prévaloir. » FEN. Prévaloir suppose si peu concurrence et combat, qu'il se dit bien quelquefois sans comparaison et absolument. « Cette opinion loin de prévaloir parmi les Juifs y a été détestée. » Boss. « L'ordre prévaut en tous les hommes. » FÉN. « Monsieur, frère de Louis XIV, ne fit appeler tant qu'il put l'aînée de ses filles que Mademoiselle tout court. Mais jamais cela ne prévalut. » S. S. Mais une chose ne peut l'emporter sur une autre sans vaincre une résistance de la part de celle-ci, de même qu'un corps pour peser plus qu'un autre doit surmonter la résistance que lui oppose ce dernier; c'est-à-dire que l'emporter annonce un avantage remporté. « A la fin la patience romaine l'emporte : Annibal est vaincu.... » Boss. << Le seul Philoctète, dit Ulysse, me surpassait quand nous nous exercions sous les murs de Troie; mais je crois l'emporter sur tous les autres hommes qui sont aujourd'hui sur la terre. » FÉN. « Nous sommes le plus grand

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Enfin, comme la valeur dépend de l'estime des hommes et est arbitraire par conséquent, prévaloir est propre à marquer un avantage d'opinion; au lieu que l'emporter, par la raison contraire, signifiera plutôt un avantage réel. « Pourquoi son sentiment prévaudra-t-il au nôtre, puisque nous sommes deux contre lui seul, et que constamment du moins nous l'emportons par le nombre?» Boss. Labruyère dit du fleuriste : << Il ne livrerait pas pour mille écus l'oignon de sa tulipe, et il le donnera pour rien quand les tulipes seront négligées et que les œillets auront prévalu. » Ailleurs, parlant du vieux mot français moult, il avoue «< qu'il ne voit pas par où beaucoup l'emporte sur lui. » En disant que Racine l'emporte sur Pradon, Voltaire sur Crébillon, ce n'est pas un simple fait qu'on prétend exprimer, une mode, quelque chose de contingent, mais bien quelque chose d'essentiel et de vrai en soi.

PRÉVOYANCE, PRÉCAUTION. Qualités de l'homme prudent relatives à l'avenir. Si on manque de prévoyance et de précaution, on est exposé à être pris au dépourvu, on n'est pas sur ses gardes et préparé contre les événements.

Mais la prévoyance prévoit simplement, voit d'avance les dangers, les chances à courir; et la précaution, de præ cavere, prendre d'avance des mesures ou ses sûretés, prémunit, met en état de faire, quand le temps sera venu, ce qu'il faudra.

La prévoyance est purement spéculative par elle on pressent, on découvre ce qu'on peut espérer ou craindre. La précaution est pratique : par elle on dresse ses batteries, on prend les moyens nécessaires pour faire arriver ce qu'on espère ou pour être à l'abri de ce qu'on redoute.

exprimait-il à Dieu ses nécessités spirituelles dans ces prières pures et tendres qu'il avait composées lui-même pour implorer ses miséricordes ou pour lui offrir ses vœux et ses reconnoissances! » FLÉCH. On dit que Dieu exauce une prière, et non pas une oraison; mais on dit une méthode d'oraison (BOURD.), et non pas une méthode de prière.

La prévoyance précède la précaution, dont elle | chît les genoux.... Avec quelle effusion de cœur est la condition essentielle : il faut avoir prévu pour se précautionner. « Je n'avais pris cette précaution que par un excès d'inquiétude et de prévoyance. >> PREV. Il y a des maux à l'égard desquels il peut y avoir prévoyance, et non pas précaution; ce sont ceux qui sont sans remèdes ou inévitables. On ne peut que perdre à les prévoir, puisque aucune précaution n'est capable de les prévenir.

PRIÈRE, ORAISON. Acte de religion par lequel on s'adresse à Dieu.

PRINCIPAL, CAPITAL. Somme d'argent plus forte qu'une autre, par rapport à laquelle on la considère d'une manière plus ou moins explicite : le principal et les intérêts; le capital et les intérêts. Principal, l'opposé d'accessoire, est plus géné

Prière (de precari, prier) vient du latin aussi bien que oraison (oratio). Cependant sa dérivation|ral que capital, qui est toujours et exclusivement latine est moins apparente; on ne l'aperçoit pas, comme celle d'oraison, au premier coup d'œil et sans avoir besoin d'y réfléchir. C'est pourquoi prière est le mot ordinaire, et oraison l'expression consacrée. Prière se dit dans la langue commune, au lieu que oraison convient particulièrement au style de l'Ecriture, de l'Église et de la dévotion, de la dévotion mystique surtout.

Et l'abbé Courtin, qui pleurait
En voyant votre heure dernière,
Adressait à Dieu sa prière,
Et pour vous tout bas murmurait
Quelque oraison de son bréviaire,
Qu'alors, contre son ordinaire,
Dévotement il fredonnait. VOLT.

«En élevant le pain et le calice on prie Dieu d'en
avoir l'offrande agréable.... Cette prière se fait
souvent et en termes exprès dans l'oraison qu'on
appelle secrète. » Boss. « Ce nom salutaire de
Médiateur conclut toutes les oraisons de l'Église....
Il n'y a que Jésus qui prie, parce que c'est son
Esprit saint qui forme en nos cœurs toutes nos
prières. ID. « Les autres sujets de prières sont
marqués dans les oraisons de l'Église. » ID.
<«< S'ensuit-il de là que la prière soit inutile? A
Dieu ne plaise que je m'ôte cette ressource!...
Mais si l'on abuse de l'oraison et qu'on devienne
mystique, on se perd à force de s'élever. » J. J.
Pour faire cesser ou pour détourner des fléaux on
a recours à des prières publiques, et l'Église a
soin de prescrire les oraisons qui doivent être ré-
citées alors par les prêtres au nom des fidèles ou
en commun avec les fidèles.

opposé à intérêts. Ainsi dans ce qu'une femme apporte en mariage on distingue très-bien le principal, qui est la dot, de ce qui n'est que secondaire, le trousseau, les bagues et joyaux, etc.... Pareillement, dans un héritage le fonds est le principal, et on l'oppose aux fruits, qui ne sont proprement qu'un accessoire ou une dépendance.

Quand les deux mots sont en opposition avec celui d'intérêts, exprimé ou sous-entendu, ils diffèrent encore.

Le principal est une somme promise ou due, qui, n'étant pas livrée d'abord ou à temps, occasionne des intérêts. « On paya au marchand (du diamant le Régent) l'intérêt des deux millions jusqu'à ce qu'on lui pût donner le principal, et, en attendant, pour deux millions de pierreries en gage. » S. S. « François Ier acheta des chanoines la grille d'argent de Saint-Martin, et il devait en payer l'intérêt et le principal sur ses domaines.>> VOLT. « Je vis que ses dettes se montaient alors, tant en principaux qu'en intérêts, à plus de 1,120,000 livres. » ID.

Mais le capital est une somme prêtée afin qu'elle produise des intérêts, et qui, dans un temps donné, doit faire retour au propriétaire. « Pour payer au roi un don gratuit de plusieurs millions pour quelques années, le clergé de France emprunte; et, après en avoir payé les intérêts, il rembourse le capital aux créanciers. » VOLT. «Rainuce, duc de Parme, emprunta de grosses sommes.... Son fils Odoard devait les intérêts avec le capital, et ne pouvait s'acquitter que difficilement. » ID.

PRINCIPAL, CAPITAL. De grande importance. Intérêt, article principal ou capital; affaire, raison principale ou capitale.

Une autre différence tout aussi importante pour le moins consiste en ce que la prière et l'oraison ont plus de rapport, la prière à l'intérieur, au fond, au sentiment, et l'oraison à l'extérieur, à la Principal, de princeps, qui est au premier rang forme, à l'expression. La prière est plus ou moins ou en première ligne, dit moins que capital (de fervente, l'oraison plus ou moins longue. « Que caput, tête), qui est à la tête ou la tête elle-même. n'aurais-je point à dire de ces ferventes prières Ce qui est principal importe beaucoup, et ce qui (de la reine), de ces longues oraisons dans le est capital importe plus que toute autre chose. secret de l'oratoire? » BOURD. « Pour conserver Aussi dira-t-on plutôt, quand il s'agit d'explication cet esprit de prière, qui doit nous unir à Dieu, à donner, qu'on expose quelques-unes des raisons il faut le nourrir. Ce qui peut le nourrir, c'est | principales (ACAD.) et la raison capitale (BOURD.). la lecture réglée, l'oraison actuelle en certains Il y a dans toutes les affaires des points princitemps. » FÉN. « L'évêque se mit à genoux (à l'oc-paux, qu'il ne faut pas perdre de vue, et un point casion d'un incendie), et commença à prononcer des oraisons avec cette ferveur qui était inséparable de ses prières. » J. J. « Nous l'avons vu (M. de Montausier), frappé de ces murmures importuns qui interrompent les oraisons des fidèles, se lever avec indignation et ordonner qu'on flé

capital dont il ne faut jamais s'écarter. » LEROY. Il en est de même quand ces mots sont pris substantivement pour désigner ce qu'il y a de plus considérable dans quelque chose ou pour quelqu'un. Capital renchérit sur principal. Suivant une maxime de Labruyère, le principal pour une

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