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laissait pas d'assister sous main et par mille voies détournées les Athéniens. » ROLL. Il en est de même d'une louange indirecte à l'égard d'une louange détournée : celle-ci est plus fine, plus délicate, plus habilement tournée et déguisée.

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feu de cet âge rend la jeunesse indisciplinable....
Mais est-il étrange que l'élève se mutine? » J. J.
A un professeur il faut des élèves qui ne soient
point indociles, mais attentifs à l'enseignement; à
un maître d'études il faut des élèves qui ne soient
point indisciplinables, qui se laissent gouverner.

INDUCTION, ANALOGIE. Procédé à l'aide du-
quel l'esprit humain supplée à l'observation, se
sert de ce qu'il a vu ou remarqué pour entrevoir,
conjecturer ou découvrir ce qu'il n'aperçoit point.

Oblique, de travers, de biais, est relatif à la qualité de la direction : il marque essentiellement un défaut, l'obliquité, le manque de droiture. « C'est notre propre obliquité qui nous instruit à la défiance; on est moins en garde contre la fraude et L'induction, inductio (in ducere, conduire l'artifice quand on n'a jamais fait usage que de la dans, introduire), mène dans ce qu'on ne connaît droiture et de la simplicité. » M、\ss. La prudence pas, au-delà de ce qu'on connaît, introduit au du pécheur est corrompue et criminelle; il ne sein des choses. L'analogie se fonde sur des anacompte pour rien les crimes ou les démarches logies ou des ressemblances entre différentes choobliques qui lui répondent du succès. » ID. « Il se ses, pour juger des unes par les autres. L'inducpousse par brigue et par intrigue là où il se défie tion s'attache à un même objet, ou à un même que son mérite le puisse élever, et se plaint deo.dre de faits, et étend l'idée que la vue nous en l'injustice du siècle quand par les voies les plus donne directement. L'ana ogie, au contraire, est obliques il désespère d'y parvenir.» BOURD. « J'ad-comparative: elle nous fait conclure d'un objet mirais comment d'aussi nobles motifs pouva entou d'un ordre de faits à un autre. dicter des pratiques aussi bas es, comment tant de marches obliques pouvaient s'allier avec la droiture. » J. J. « Je ne suivrai point tous ces critiques (de Voltaire) dans leur marche oblique et tortueuse.» LAK.

Et vous, qui, près des rois, adulateurs obliques, Laissez mourir le cri des misères publiques.... DEL. INDOCILE, INDISCIPLINABLE. Difficile ou peu maniable à l'autorité.

L'indocile, en latin indocilis (in, non, ne pas, docere, instruire), n'est pas susceptible d'instruction ou de conseils, il ferme l'oreille. L'indisciplinable est incapable de discip'ine, il secoue le joug, il méconnaît la loi ou la règle. Des enfants, des soldats, des animaux indociles n'écoutent pas, ne profitent pas des leçons du maître, ou ne suivent pas les ordres du chef; des enfants, des soldats in isciplinables contreviennent à l'ordre établi, se licencient.

Sourd à la voix qui l'instruit, qui le guide ou qui lui commande, l'indocile oppose proprement une résistance passive. « Gui d'Arezze rendit un fort mauvais service à la musique, et il est fâcheux qu'il n'ait pas trouvé en son chemin des musiciens aussi indociles que ceux d'aujourd'hui.» J. J. « Les pics verts n'apprennent pas à parler leur caractère sauvage et indocile les rend peu susceptibles d'éducation. » BUFF.

O cervelle indocile!

Faut-il qu'avec les soins qu'on prend incessamment
On ne puisse t'apprendre à parler congrùment! MOL.
La superbe Vasthi....,

Et que l'orgueil du trône a rendue indocile,
Rejette avec mépris l'ordre qu'elle reçoit. CORN.
Sous vos coups le baudet imbécile
Conserve obstinément sa paresse indocile. DEL.
Mais l'indisciplinable résiste activement, il est
insubordonné, il s'insurge et commet des excès.
« Ces troupes indisciplinables commirent les plus
grands désordres. » Boss. « Les domestiques du
duc de Créqui commettaient dans Rome les mêmes
désordres que la jeunesse indisciplinable de Pa-
ris, qui se faisait alors un honneur d'attaquer tou-
tes les nuits le guet qui veille à la garde de la
ville.» VOLT. « Les maîtres se plaignent que le

On a observé qu'une personne s'est toujours comportée d'une certaine manière dans certaines circonstances: on en infère par induction qu'elle se conduira de même dans les mêmes circonstances. C'est par induction qu'on juge des qualités cachées d'une persoune ou d'une chose sur son air. " Rien n'est plus chimérique que les inductions que les physionomistes ont voulu tirer de leurs prétendues observations métoposcopiques. BUFF. « Quand on juge de la chose par l'apparence, on établit par induction des rapports qu'on n'aperçoit pas. › J. J. C'est par induction qu'on remonte de la connaissance directe de l'état actuel de la terre à la connaissance probable de son état primitif et des révolutions qu'elle a dú subir. C'est par induction que les phénomènes électriques, soigneusement recueillis, considérés et analysés, ont conduit les savants à l'explication de la foudre. C'est par induction qu'on se persuade qu'une personne qui a dit ou fait certaines choses a dû en dire ou en faire d'autres du même genre.

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On se trompe en tirant des inductions. Pierre le Grand abolit le patriarcat. Hubner ajoute qu'il se déclara patriarche lui-même. Des anecdotes prétendues de Russie vont plus loin, et disent qu'il officia pontificalement; ainsi, d'un fait avéré on tire des conclusions erronées. VOLT.

D

Mais l'analogie nous transporte d'un objet à un
autre, nous éclaire sur l'un par l'autre. C'est par
analogie que nous nous autorisons de certains
rapports constatés entre la terre et les planètes,
entre l'homme et les animaux entre un genre de
plantes et un autre, etc., pour penser que, l'une
des deux choses ayant une qualité ou étant dans
un état, l'autre a aussi cette qualité ou se trouve
aussi dans cet état. «< L'analogie pourrait attri-
buer un satellite à Mars, qui est beaucoup plus
éloigné du soleil que nous.» VOLT. « L'analogie
m'apprend que les bêtes étant faites comme moi,
ayant du sentiment comme moi, des idées comme
moi, pourraient bien être ce que je suis. » ID. « Nous
ne
pouvons pas assurer que cet animal qui
ressemble un peu au morse par la tête et les dé-
fenses, ait comme lui quatre pieds; nous ne le
présumons que par analogie. » BUFF. C'est à

a

a

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force d'analyser des fleurs en croix qu'on a trouvé | sive facilité eut les suites qu'on sait assez. » Boss. que ces glandes appartenaient au plus grand « Henri IV fut indulgent à ses amis, à ses servinombre des genres, et qu'on les suppose par ana-teurs, à ses maîtresses. » VOLT. « Vous ferez des logie dans ceux même où on ne les distingue présents de ces Mariamnes à ceux de nos amis pas. » J. J. Parmi les sciences naturelles, l'ana- qui ont le plus d'indulgence pour mes vers. » ID. Une longue indulgence est l'équité d'un père. CHÉN. tomie comparée n'a d'autre instrument que l'analogie. Les philosophes ont commis nombre d'er- Mais c'est toujours envers nos ennemis, envers reurs en expliquant par analogie ce qui se passe les hommes qui nous ont nui ou qui nous ont dans l'âme, de la même manière que ce qui se personnellement offensés que nous sommes cléments, et la clémence consiste toujours à ne point passe dans le corps. <<< La user de rigueur, à épargner, à faire grâce. clémence est une bonté envers nos ennemis. » VAUV. « Auguste eut besoin d'un extraordinaire effort de clémence pour pardonner à Cinna. » CORN. « Vous n'êtes pas, Seigneur, un Dieu semblable à l'homme, à qui il en coûte toujours de pardonner et d'oublier les outrages d'un ennemi; la clémence est le premier caractère de votre être Le comte de Bretagne mérisuprême. tait de perdre ses Etats et la vie même, pour s'être révolté contre son seigneur; il osa néanmoins compter sur la clémence du roi. » COND. « La philosophie avait bien montré qu'il était quelquefois honorable de pardonner à ses ennemis : elle avait mis la clémence parmi les vertus; mais ce n'était pas une vertu populaire, elle n'appartenait Dans cette fragilité qu'aux victorieux. » Boss. on fait aisément des fautes; il faut donc se porter à l'indulgence, et excuser les faiblesses du genre humain.... Un prince ne se montre jamais plus grand à ses ennemis que lorsqu'il use avec eux de générosité et de clémence. » ID.

Lorsque les deux mots ont la signification qui est plus particulièrement propre à analogie, lorsqu'ils désignent tous deux cette sorte de raisonnement, qui consiste à aller d'une chose à une autre, à juger de l'une par l'autre, induction est subjectif, c'est-à dire qu'il rappelle l'action du verbe induire, un travail ou une opération de l'esprit, et analogie est objectif, c'est-à-dire qu'il exprime la matière du raisonnement, les rapports qu'il présuppose, ou bien le principe sur lequel il se fonde. «Je me contenterai de vous dire que, sur des questions si fort au-dessus de l'homme, il ne peut juger des choses qu'il ne voit pas que par induction sur celles qu'il voit, et que toutes les analogies sont pour ces lois générales que vous semblez rejeter.» J. J. « Doit-on admettre en physique une supposition qui n'est fondée sur aucune observation, aucune analogie, et qui ne s'accorde avec aucune des inductions que nous pouvons tirer d'ailleurs? » BUFF. « Les bons chiens chassent de race: l'induction est assez fondée et sur l'analogie et sur la vraisemblance, pour établir entre les hommes des distinctions sociales. MARM. Croire que les animaux sont des machines, c'est la plus captieuse induction que l'esprit de système ait jamais pu tirer d'un prinUne bonne induction est cipe d'analogie. » ID. bien faite; une bonne analogie a beaucoup de force ou de valeur.

>> MASS.

"

-((

INGAMBE, ALLÈGRE. Mots familiers dont on se sert pour attribuer à quelqu'un de l'agilité ou de la légèreté.

Ils sont peu usités l'un et l'autre, le second surtout. Il n'y a peut-être de celui-ci qu'un seul exemple dans tous les écrivains du dix-septième siècle; il se trouve dans les Plaideurs de Racine. Petit-Jean dit de Perrin-Dandin :

Il nous le faut garder jour et nuit et de près; Autrement, serviteur, et notre homme est aux plaids. Pour s'échapper de nous Dieu sait s'il est allégre. L'ingambe, de l'italien gamba, jambe, est bien en jambes ou enjambé, pour ainsi dire il a les jambes bonnes et fortes, et par conséquent il est léger pour marcher, pour aller et venir. « Je vieillis, je ne suis plus ingambe pour herboriser. » J. J. « Si j'étais un peu ingambe, si je n'avais pas tout à fait 82 ans, je ferais le voyage de Paris pour la reine et pour vous. » VOLT.

INDULGENT, CLÉMENT. Disposé à pardonner. Indulgent, du latin indulgere, être complaisant, permettre, marque une qualité, une douceur naturelle, une facilité à excuser, qui peut dégénérer en faiblesse. Clément, du latin clemens, calme, qui tient son âme en paix, qui ne se fàche point, indique une vertu, la douceur d'un homme qui se possède, se contient et remet une offense sans écouter la colère ni la vengeance. L'homme indulgent s'abandonne à son humeur, cède au penchant qui l'entraîne; mais pour être clément il faut de l'empire sur soi-même, il faut réprimer les mouvements de son âme et sacrifier ses ressentiments. On est indulgent envers tous les hommes, surtout envers ceux qu'on aime, et l'indulgence consiste à n'être pas sévère, à atténuer les fautes et les défauts, à condamner difficilement. «Se représenter la vertu sous l'idée d'un zèle amer et imprudent qui condamne sans indulgence. » MASS. « Le zèle est miséricordieux, et les fautes d'autrui le trouvent toujours aussi indulgent que ses propres fautes le trouvent sévère. » ID. « Ne trouvant On est habituellement inoccupé, et actuellepas pour autrui des confesseurs assez sévères, nous en formons pour nous-mêmes des plus indulgents ment désoccupé. Un homme est inoccupé quand et des plus accommodants. >> BOURD. « David eut par état il demeure sans occupation; un homme trop d'indulgence pour les entreprises d'Adonias.... est désoccupé, quand, ayant perdu l'emploi qu'il Ce père trop indulgent ne le reprit pas en lui remplissait, il se trouve pour le moment sans disant Pourquoi faites-vous ainsi ? Et son exces-occupation. Les princes d'Orient enfermé dans

SUPPL. SYNON. FRANC.

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Allègre, de même famille qu'allégresse, joint à l'idée de la légèreté celle de la joie, comme le latin alacer d'où il dérive probablement. malheur nous rendit plus gais qu'auparavant, et nous rimes beaucoup de notre étourderie.... Nous continuames notre voyage aussi allègrement que nous l'avions commencé. INOCCUPÉ, DÉSOCCUPÉ. Sans occupation, désœuvré.

>> J. J.

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leur sérail et laissant à des ministres le soin de se dit des choses comme inonder et des êtres vi toutes les affaires mènent une vie inoccupée. Un vants comme noyer. Il diffère néanmoins de l'un ministre d'Etat qui par une cause quelconque cesse et de l'autre. de prendre part à l'administration de son pays pour passer ses jours dans la retraite mène désormais une vie désoccupée. Inoccupé est peu usité en comparaison de son synonyme : c'est qu'il y a bien peu d'hommes qui soient absolument et constamment sans occupation, tandis qu'il arrive assez souvent qu'une personne renonce de gré ou de force au genre d'occupation auquel elle était adonnée jusque-là.

Distinguez de même inusité et désusité. Ce qui est inusité n'est point en usage, absolument; ce qui est désusité a été en usage, mais n'y est plus. Le confesseur de Louis XIV l'avait assujetti à cette pratique peu convenable et aujourd'hui désusitée de porter sur soi des reliques. VOLT.

« Inanimé se dit de ce qui ne jouit pas d'existence réfléchie, de sensibilité. Désanimé se dirait de ce qui l'a perdue. » CH. NODIER.

De sorte qu'à present deux corps désanimés Termineront l'explon de tant de gens armés. CORN. INONDER, NOYER, SUBMERGER. Couvrir d'eau. Le déluge a inondé, noyé, submergé toute la terre.

Inonder, inundare, undare in, couler à flots vers ou sur quelque chose, y faire aller de l'eau, exprime l'idée commune simplement et sans aucun accessoire.

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1° Submerger dit plus qu'inonder : c'est nonseulement couvrir d'eau, mais couvrir de beaucoup d'eau et partout. Four inonder il su fit quelquefois d'arroser abondamment, comme fait une grande pluie, comme font des larmes qui coulent en grande quantité et qui mouillent ou baignent un visage; mais pour sub erger il faut ensevelir sous l'eau. Un pays submergé est plus qu'inondé, c'est-à-dire plus que couvert ou rempli d'eau çà et là; il est sous les eaux tout entier et ne laisse plus rien paraître « Tous les jours on dessèche des marais, on cultive des terres abandonnées par la mer, on navigue sur des pays submergés. » BUFF.-D'ailleurs, submerger ajoute aussi à inonder sous le rapport de la durée. Il se peut que l'eau ne fasse que passer dans le lieu qu'elle inonde; elle séjourne quelque temps dans celui qu'elle submerge. « Les déluges de Deucalion et d'Ogygès n'ont été produits que par une cause particulière et passagère; quelques secousses d'un tremblement de terre ont pu soulever les eaux des mers voisines et les faire refluer sur les terres, qui auront été inondées pendant un petit temps sans être submergées à demeure. » BUFF. « Si la mer a submergé la Touraine si longtemps (pendant quarante ou cinquante mille siècles), elle a couvert, à plus forte raison, les pays qui sont au delà. » VOLT.

Outre

Noyer, du latin necare, tuer, mettre à mort, 2° Submerger enchérit aussi sur noyer: c'est éteindre, signifie au propre faire périr un être noyer en engloutissant, en faisant aller au fin vivant dans l'eau ou dans tout autre liquide. fond d'une grande masse d'eau. « Les plus dis« Melon dit que la Syrie avait été autrefois tingués d'entre les officiers de Pharaon ont été inondée dans toutes les plaines.... En 1095 il y submergés dans la mer Rouge. Ils ont été enseeut un déluge en Syrie qui noya une infinité velis dans les abîmes.... Ils sont couverts, abid'hommes. » BUFF. « Les Hollandais firent percer més, disparus pour toujours. » ROLL. les digues.... Les maisons de campagne, les vil- cela, au lieu qu'on noie en jetant à l'eau, on sublages, les villes furent inondées. Le paysan ne merge d'ordinaire en plongeant, en faisant aller murmura pas de voir ses troupeaux noyés dans sous l'eau celui qui est dessus. On croirait les campagnes. » VOLT. Mais noyer se prend peut-être qu'en se confiant en Dieu on marcheensuite par extension dans le sens général d'inon-rait sur les eaux sans se submerger. » MAL. « Les der. Ce qui l'en distingue alors, c'est qu'il suppose Égyptiens se précipitant du côté du Nil allèrent dans les lieux envahis par les eaux des habitants s'y noyer. Le roi qui se sauvait sur une barque fut qui y perdent la vie. Ou bien il a cela au moins submergé lui-même. » MAKM. de particulier qu'il implique une idée de destruction étrangère ou moins essentielle à inonder. Une campagne inondée peut être fertilisée par là-même; une campagne noyée est dévastée, perdue. «Toutes les rivières sont débordées; tous les grands chemins sont noyés. >> SEV. "I y a quatre jours qu'il fait un orage continuel; toutes nos allees sont noyées, on ne s'y promène plus. » In. « Vos rivières sont débordées, vos champs noyés et abîmés. » ID. « Vous y aurez vu cette femme, un flambeau et une cruche en main pour éteindre l'enfer et pour noyer le paradis. «FEN.

Que les eaux roulent à grand bruit, Que leur fureur éclate à l'égal du tonnerre,

INSISTER, APPUYER. S'arrêter principalement ou avec force sur quelque chose, sur un point particulier, en parlant.

Insister, comme résister, est, pour ainsi dire, militant, il suppose une lutte engagée: on insiste afin d'emporter quelque chose ou de l'emporter sur quelqu'un. A puyer n'a point du tout ce caractère: on appuie pour approfondir, pour bien sentir ou faire bien sentir les choses. Qui n'insiste pas se désiste, lâche prise; qui n'appuie pas glisse, passe rapidement, sans poser le pied, en quelque sorte. On insiste dans une poursuite ou dans une discussion: on appuie dans une explication, une exposition, une instruction, dans un récit ou dans un témoignage. Un avocat, un dia

Que les champs soient noyes, les campagnes par terre, lecticien insiste sur telle ou telle raison; tout

Que l'univers en soit detruit. CORN.

On est inondé de délices, et noyé de dettes.

Submerger, submergere, mergere sub, plonger, enfoncer, couler à fond, faire aller sous l'eau,

homme qui de vive voix ou par écrit représente, rapporte ou recommande certaines choses appure sur telle ou telle circonstance, sur tel ou tel détail. Il y a dans les controverses des articles qui

demandent qu'on y insiste; dans l'histoire il y a | affaires : ce n'est pas même s'y intéresser, ni les des faits sur lesquels il convient d'appuyer.

On lit dans un des écrits polémiques de Bossuet contre le ministre Claude : « Mais ne pressons pas tant M. Claude, et sans insister rigoureusement sur le concile de Trente, prions-le seulement de nous marquer le temps où.... » Le même écrivain dit dans une lettre à Louis XIV où il ne s'agit nullement de disputes ou de combats d'opinions: << Votre Majesté me pardonnera si j'appuie tant sur ce sujet-là, qui est le plus important de tous. »

INSTANT (A L), TOUT A L'HEURE, AU PLUS VITE. Sans faire beaucoup attendre.

A l'instant, d'abord, sur-le-champ, aussitôt, tout de suite, est plus fort que tout à l'heure, et signifie sans faire aucunement attendre, sans le moindre délai. A une personne qui vous dit de venir à l'instant vous répondez tout à l'heure; c'est-à-dire dans un moment. Dans Mithridate le héros de ce nom dit à Pharnace :

Je vous ai commandé de partir tout à l'heure.
Mais après ce moment... Prince, vous m'entendez.
RAC.

Au plus vite, le plus promptement possible, est subjectif, fait penser à une personne qui se hâte ou doit se hâler. Ce qui arrive, ce qui se fait à l'instant ou tout à l'heure n'est pas long; quand on fait une chose au plus vite, on n'est pas lent. Se retirer au pus rite (LAF., ROLL ). « Fagon m'a chargé de vous écrire au plus vite de ne point vous baigner.» RAC. à BOIL. « Abraham ayant levé les yeux vit trois hommes à côté de lui, et les ayant vus il courut au plus vite et les salua jusqu'à terre. » VOLT.

INTÉRÊT, PART. Sensibilité à ce qui regarde quelqu'un, à ce qui lui arrive d'agréable ou de fâcheux prendre intérêt, prendre part à ce qui touche une personne.

On prend intérêt aux personnes mêmes, ainsi qu'aux choses qui les touchent; on ne prend part qu'à ces choses. « Les domestiques, les voi- | sins t'adorent de concert et prennent à toi le plus tendre intérêt. » J. J. « Cela me tient en peine et pour vous et pour nombre d'honnêtes gens auxquels je prends intérêt. » ID.

partager, c'est y être tout entière par dessus la tête. » SEV. « Nous devons garantir les choses où nous sommes obligés de nous intéresser et de prendre part. BOLRD.

INTERRUPTION, INTERMITTENCE, INTERMISSION. Cessation d'une chose qui reprend ou continue ensuite.

Entre interruption et intermittence, d'abord, la différence est assez grande.

-

Interruption, d'un usage beaucoup plus fréquent, s'emploie bien en parlant des choses qui sont, c'est-à-dire relativement à l'espace, auquel cas il désigne proprement une solution de continuité : « Ces li's de pierre ont souvent plusieurs lieues d'étendue sans interruption. » BUFF. Intermittence se dit uniquement des choses qui agissent ou se font, qui, en un mot, ont rapport à la | durée. En outre, l'interruption, l'action de rompre ou l'état de ce qui est rompu au milieu (inter rumpere), est quelque chose de brusque ou d'accidentel, qui n'a rien de régulier ou de périodique; au lieu que l'intermittence (inter mittere, mettre entre), l'action de mettre de l'intervalle ou l'intervalle mis entre le commencement et la sui e, est une cessation naturelle, qui se reproduit par intervalles. L'interruption d'un travail, d'un discours; l'intermittence du pouls, de la fièvre. L'interruption d'une fontaine (ACAD.) est un fait qui a lieu une fois, dans un certain cas, en vertu d'une cause particulière; l'intermittence d'une fontaine est, comme le flux et reflux, un phénomène qui revient de temps en temps: « Cet effet ressemble à l'intermittence de certaines fontaines qui coulent des montagnes à glaces et fluent plus abondamment le soir que le matin.» BERN.

Intermittence est nécessairement moins facile à distinguer d'intermission dont la racine est la même. Ils n'équivalent cependant pas l'un à l'autre.

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L'intermittence est un état d'une certaine durée. « Je veux lire vos ouvrages au plus vite, à présent que je suis dans l'intermittence de mes fluxions. VOLT. L'intermission, au contraire, n'est qu'une suspension d'un instant; en sorte que sans intermission signifie sans la moindre intermittence. « Un géomètre est nuit et jour occ pé à cette science; mais il n'y pense pas sans intermission à toute rigueur. » Boss. D'ailleurs, intermission étant, non pas seulement tiré du latin comme intermittence, mais calqué sur un mot latin. intermissio, est encore plus rarement usité que son synonyme dans le discours ordinaire. On dit les intermittences (MRM) et non les intermislesions du génie; la femme doit avoir une égalité de tendresse sans accès, sans intermittence (ID.), et non sans intermission Mais intermission peut trouver place soit dans le langage spécial de la médecine comme le veut l'Académie, soit dans une version très-fidèle, où on se borne à tourner le latin en français, à lui donner une terminaison ou une forme française. « Priez sans intermission, » dit Fénélon traduisant une phrase de saint Paul d'après le texte latin et ayant soin de souligner les trois mots comme pour avertir qu'ils sont à moitié étrangers.

Prendre intérêt à une chose, c'est n'y être pas indifférent; y prendre part, c'est n'y être pas étranger. Intérêt marque attrait ou sympathie seulement; part, participation. Qui prend intérêt à vos malheurs y fait attention, y a égard; qui prend part à vos peines souffre et pleure avec vous. Prendre intérêt à vos affaires, c'est y être favorable; y prendre part, c'est y travailler. C'est plutôt par l'esprit que nous prenons intérêt, par cœur ou par l'action que nous prenons part. Dans le Menieur, «< on ne sait qui Dorante aime; c'est une intrigue où le cœur n'a aucune part. Dorante, Lucrèce et Clarice prennent si peu de part à cet amour, que le spectateur n'y prend aucun intérêt. » VOLT.

Par conséquent prendre part dit plus que prendre intérêt, comme bienfaisance et partage de sentiments disent plus que simple bienveillance. « En vérité, vous avez raison de dire que je ne suis pas indifférente pour cet enfant ni pour vos

INTOLÉRABLE, INSUPPORTABLE. Qu'on ne peut souffrir.

Intolérable, qui ne peut être toléré, c'est-à-dire permis; insupportable, qui ne peut être supporté, c'est-à-dire enduré. La chose intolérable est considérée du point de vue moral, elle est illicite et révolte notre conscience; la chose insupportable est ainsi qualifiée à raison de la douleur qu'elle nous cause, elle est accablante et révolte notre sensibilité. L'intolérable nous répugne comme digne de blâme et contraire au bien. Abus (BOURD.), calomnie (Boss.) intolérable; zèle intolérable et odieux (BOURD.). « Les magistrats qui sont établis pour maintenir l'ordre dans cet État devraient mourir de honte en souffrant un scandale aussi intolérable. » MOL. Mais l'insupportable nous répugne comme pénible, comme contraire à notre bien-être. Puanteur insupportable (MASS.); la pauvreté m'est insupportable (Boss.). « Cette manne, autrefois si délicieuse, nous est maintenant insupportable. » BOURD.-Ainsi, on peut dire d'une manière générale qu'intolérable convient mieux pour le moral, et insupportable pour le physique. « Ce ne sont pas les besoins du corps qui sont les plus insupportables; ce sont les peines de l'âme qui sont intolérables, c'est le mépris, c'est l'abandon.» BERN.

Si les deux mots étaient toujours à cette distance l'un de l'autre, il ne serait guère à craindre qu'on les confondit. Mais, après n'avoir attribué jusqu'en 1835 à intolérable que la signification morale qui le distingue si nettement d'insupportable, le dictionnaire de l'Académie aujourd'hui rapproche davantage les deux mots en constatant un fait qui est certain, savoir qu'intolérable veut dire aussi très-désagréable, très-déplaisant : doueurs intolérables.

Intolerable, même alors, n'équivaut point à supportable. Au lieu qu'insupportable se dit des personnes aussi bien que des choses, intolérable ne se dit que des choses. Outre cela, ce qui est intolérable fait plus souffrir.

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peuvent devenir un supplice intolérable. » ID. L'incertitude seule doit suffire pour causer le plus intolérable tourment quand il s'agit d'une décision telle que celle du salut éternel. » FÉN. «Le marquis de Beauveau reçut une blessure mortelle qui lui causa les douleurs les plus vives. Il mourut dans des tourments intolérables. » VOLT. - Un séjour nous est insupportable, quand il nous déplaît beaucoup; mais pour l'homme d'honneur l'ignominie est intolérable, elle fait plus que lui déplaire, elle le navre. « Vous concevez que cette ignominie intolérable au cœur d'un homme d'honneur rend au mien le séjour de l'Angleterre insupportable. » J. J.

INTRODUIRE, INSÉRER, FOURRER. Faire

entrer.

Introduire, du latin introducere, ducere intro, conduire dans ou dedans, se dit proprement des personnes; on ne l'emploie que par extension en parlant des choses.

Insérer, latin inserere, mettre dans, ne s'applique jamais qu'aux choses et encore à des choses bien déterminées à l'égard desquelles introduire est inusité; en sorte que les deux verbes se distinguent aisément l'un de l'autre. D'une part, insérer, conformément à une acception principale du verbe latin inserere (semer ou planter dans) veut dire enter, mettre un œil, un bourgeon dans la fente d'une greffe.

Là d'un arbre fertile on insère un bouton,

De l'arbre qui l'adopte utile nourrisson. DEL. On dit d'une manière et dans un cas analogues insérer le virus vaccin sous la peau (ACAD.). — D'autre part, n'étant pas seulement formé du latin comme introduire, mais calqué sur un mot latin, insérer est tout littéraire, spécialement employé quand il est question de livres ou d'écrits. On insère un cahier, un feuillet dans un livre, et, par extension, des mots, des faits, des pièces, des articles, dans des ouvrages d'esprit, dans des publications, des recueils, des contrats, ou dans le Bulletin des lois.

La chose iusupportable nous pèse, nous est à Fourrer, dont l'origine est certainement basse charge; elle peut n'être que gênante, incommode ou barbare, et non pas noble ou savante, a pour ou ennuyeuse. « Dès qu'il n'y aura point d'hu- caractère bien distinctif sa vulgarité. C'est un milité, l'autorité sera onéreuse et insupportable.» terme commun, familier, quelquefois même triBOURD. « Quelle vie, dit-on, sera la nôtre, quand vial. On s'en sert en parlant de choses peu relenous aurons retranché ces doux commerces, ces vées, telles que les différentes parties du corps, jeux, ces plaisirs? Tout sera triste, ennuyeux, les doigts, la main, le bras, le nez. Quand il se insupportable. >> Boss. « Si la vie chrétienne nous rapporte à des personnes comme introduire, ou à offre maintenant des devoirs tristes et ennuyeux, des écrits comme insérer, il se prend en mauvaise ils nous paraîtront plus insupportables à mesure part ou c'est tout au moins une expression peu que nous vieillirons dans le monde. » MASS. « Cette distinguée. Je ne sais qui l'a fourré dans cette coprolixité fastidieuse en soi est ici doublement in-terie; où me suis-je fourré? fourrer quelqu'un supportable.» LAH. La moindre contrainte est dans un cachot. « Il faut que je vide mes livres (alors) insupportable. » J. J.-Mais la chose into- dans lesquels j'ai la mauvaise habitude de fourlérable cause une douleur atroce, horrible, telle rer, en arrivant, les plantes que j'apporte. » J. J. qu'il semble qu'elle ne doive pas être permise. «Elle me gronde fort de ce que j'ai gâté sa lettre « Ce corps immortel au milieu des flammes (de par cette gazette de nouvelles frivoles que j'y ai l'enfer) n'en recevra point d'autre impression que fourrées en son absence. » HAM. « On prouvera, les douleurs cuis intes et intolérables qu'elles lui par une fine critique, au magistrat de la réforme causeront. » BOURD. « O justice terrible pour ceux qu'un passage et puis un autre ont été fourrés dans qui mériteront par leur dureté ses intolerables ri-l'Évangile. Il ne saura où cela va; et il est clair gueurs! » Boss. «Les réprouvés seront non moins que cela va à tout. » Boss. accablés des miséricordes de Dieu que de l'excès intolérable de ses vengeances » ID. « Les passions

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INUSITÉ, INSOLITE. Non conforme à ce qui se fait, se pratique ou se dit d'ordinaire.

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