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« Mlle de Macdonald conseilla au prince (Charles- | matériel que formel, signifie la chose dite, sans Edouard Stuart) de se cacher près de la cabane aucune relation à la manière : admettre une asd'un montagnard connu d'elle et affidé. » VOLT. sertion (LAH.). Une affirmation est plus ou moins Mais ce que nous attendons du confident, c'est positive (Boss.); une assertion est vraie ou fausse seulement de la discrétion, c'est qu'il n'abusera (ACAD.). Il ne suffit pas de la parole ou de l'affirpas de nos confidences et ne trahira pas notre se- mation d'une personne pour prouver son assercret.« Bontemps, premier valet de chambre en tion. quartier, et le plus confident des quatre, servit cette messe où ce monarque et la Maintenon furent mariés. » S. S. « Louis XIII avait toujours besoin d'un confident, qu'on appelle un favori, qui pût amuser son humeur triste et recevoir les confidences de ses amertumes. » VOLT. Vous pouvez vous ouvrir de ce que je vous dis à des personnes sages et bien confidentes.

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D'autre part, l'affirmation est d'un homme qui croit, qui ne doute pas, qui juge et déclare que la chose est telle ou telle; au lieu que l'assertion est d'un homme qui propose à croire, qui dogmatise, qui prétend ou avance que la chose est telle ou telle, et qui est prêt à le soutenir. On dit, l'affirmation d'un témoin; il dit oui, il atteste que le fait s'est passé. « Il aura beau dire non contre cent faux témoignages à qui l'on fera dire oui, sa négation sera sans effet contre tant d'affirmations unanimes. » J. J. Mais ce sont des assertions que les thèses ou les propositions mises en avant et défendues par des hommes qui disputent; asserere, dans une de ses acceptions, signifie défendre. « Tous deux, en face l'un de l'autre, soutenaient leur assertion avec une égale constance. » MARM.

- - L'asser

Boss. Enfin, affidé se prend plutôt en mauvaise part. L'affidé est assez souvent un subalterne, une sorte de domestique, de familier, qui s'est attaché à nous par intérêt ou par accoutumance, qui dépend de nous et qui est prêt à tout faire pour nous. « Il faudrait interroger les domestiques et autres affidés de la maison. » FÉN. « Dès qu'une personne publique cesse tout à fait de paraître, dès qu'on n'admet dans le cabinet que le domestique ou les gens plus affidés et plus familiers.... » Boss. « On L'affirmation marque l'acquiescement ou l'adrend ici publique la Réponse à la relation. M. de hésion de l'esprit, la conviction. « Celui qui juge Cambrai et ses affidés se confient aux mensonges que la terre est ronde, et celui qui juge qu'elle et aux tours d'esprit qui la composent. » ID. «Stair n'est pas ronde, ont tous deux les mêmes choses était informé à point de l'intérieur par les valets peintes dans le cerveau, savoir la terre et la ronaffidés à Dubois. » S. S. « Ce forcené (Clodius) eut deur; mais l'un y ajoute l'affirmation, qui est l'impudence de faire accuser Sextius de violence une action de son esprit, et l'autre une action par Albinovamus, un de ses affidés. » LA H. On contraire, qui est la négation. » P. R. appela originairement roués les affidés du prince tion exprime la doctrine, c'est-à-dire, non plus régent et les familiers de ses soupers. » ID. « Ce une opinion solitaire, mais quelque chose de prolibraire est affidé aux Voëtius........ Il est aisé à croire posé avec la résolution de le faire valoir et de qu'il n'a rien déclaré que ce qu'il leur a plu, puis- combattre le contraire. « Ils peuvent crier autant que ce sont eux qui lui ont fait écrire ce témoi- qu'il leur plaira qu'en me déclarant contre les gnage.» DESC. Le confident, au contraire, n'a sciences j'ai parlé contre mon sentiment à une généralement rien que d'honorable: c'est un assertion aussi téméraire, denuée également de homme jouissant de l'estime de celui qui l'a choisi preuve et de vraisemblance, je ne dois qu'une répour lui confier ses secrets et qui par là l'a élevé ponse. » J. J. jusqu'à sa hauteur. « La reine nomma à l'ambassade de France le duc de Shrewsbury, l'un de ses plus confidents ministres. » S. S. « Une principale femme de chambre (de la duchesse du Maine), favorite, confidente, et sur le pied de bel esprit » ID. C'est ainsi que raisonnait ce grand prince (Condé), s'en ouvrant lui-même à ses plus.confidents amis. » BOURD. « Il n'y a que ce que vous confiez à vos plus confidents et plus intimes amis, dont il faut bien que je me rasse, soit dit en passant, mon cher Voltaire.» DUDEFF. «Eusèbe, évêque de Césarée, confident de Constantin. » VOLT. « Despréaux était le confident de Racine et de Molière. » ID. Cinna, après avoir dit que souvent Auguste le mande pour prendre ses conseils, ajoute :

Maxime est comme moi de ses plus confidents. CORN. AFFIRMATION, ASSERTION. L'idée commune à ces deux mots est celle de l'action ou du résultat de l'action des verbes latins affirmare, asserere, présenter une chose comme vraie.

Affirmation a plus de rapport à l'action, au fait de dire une chose avec assurance, ou à l'assurance avec laquelle on la dit. « Nous ne disons rien ici sur l'affirmation avec laquelle les savants s'expriment si souvent. VOLT. Mais assertion, plus

AFIN DE, AFIN QUE. Deux locutions destinées à indiquer la fin ou le but qu'on se propose en agissant.

Beauzée en a marqué la différence de la manière suivante.

On se sert d'afin de avec l'infinitif quand cet infinitif peut se rapporter au même sujet que le verbe qui précède afin il faut donc dire: Je porte toujours un livre, afin de mettre à profit mes moments de loisir; parce que c'est moi, qui porte le livre, qui mettrai à profit les moments de loisir.

On se sert d'afin que avec le subjonctif, si le sujet du verbe qui suit n'est pas le même que celui du verbe qui précède: ainsi il faut dire : Je porte toujours un livre, afin que la solitude ne puisse jamais me jeter dans l'ennui; parce que la solitude, sujet du second verbe puisse, est différente de je, sujet du premier verbe porte.

« Le marchand fait des montres, pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire: il a le cati et les faux jours, afin d'en cacher les défauts, et qu'elle paraisse bonne....; il a des marques fausses et mystérieuses, afin qu'on croie n'en donner que son prix. LABR.

ÂGE (A L') DE, ÂGÉ DE. On se sert de l'un et de l'autre pour marquer combien d'années a ou avait un homme lorsqu'il fait ou qu'il a fait ceci ou cela, lorsqu'il lui arrive ou qu'il lui est arrivé telle ou telle chose.

A l'âge de indique une époque de la vie, rien de plus. « A l'âge de trente-deux ans, Epicure enseigna la philosophie à Mételin. » FEN. « Le roi (Louis XIV), à l'âge de quinze ans, vit, de la hauteur de Charonne, la bataille de Saint-Antoine. » VOLT. Ágé de, en même temps qu'il indique une époque de la vie, caractérise le sujet, le représente comme étant par son âge propre ou impropre à ce qu'il fait ou à ce qui lui arrive, à ce qu'il a fait ou à ce qui lui est arrivé. « La fille de Mozart, agée de onze ans, touche du clavecin de la manière la plus brillante. GRIMM. Le jour nal de la maison de Borgia porte que le pape, âgé de soixante-douze ans, fut attaqué d'une fièvre tierce, qui bientôt devint continue et mortelle; ce n'est pas là l'effet du poison. » VOLT. a Gengis voulait, âgé d'environ soixante-dix ans, aller achever la conquête de ce grand royaume de la Chine. ID. « L'envie de plaire à Mme l'abbesse de Fontevrault engagea l'abbé Genest, quoique dgé de quarante ans, à vouloir apprendre le

latin. » D'OLIV.

En outre, à l'âge de se dit quel que soit l'âge qu'il s'agit d'exprimer; mais comme dgé, employé absolument, signifie qui a beaucoup d'âge, Agé de paraît être préférable quand il est question d'un grand âge. On dira donc : Alexandre mourut à l'âge de trente-trois ans (Boss.); Charles IX, à l'âge de vingt-quatre ans (Boss., VOLT.); Henri V d'Angleterre, à l'âge de trente-quatre ans (VOLT.); Lesueur, à l'âge de trente-huit ans (ID.). Mais on dira Le patriarche saint Germain mourut âgé de quatre-vingt-dix ans (Boss.); Aurengzeb, dygé d'environ cent trois ans (VOLT.); tel homme mourut dgé de près de cent ans (BERN.); Mme du Deffant, âgée de quatre-vingt-quatre ans (GRIMM); Pyrrhon, âgé de plus de quatre-vingt-dix ans (FEN.); et Epiménide, âgé de cent cinquantesept ans (ID.).

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VIEILLARD,

homme suranné n'est plus de mise ou de saison. Damoiseau suranné (MOL.), Adonis suranné (REGN.). « Je savais que le temps d'aimer était passé, je sentais trop le ridicule des galants surannés pour y tomber. » J. J. Une femme âgée est sur le retour, ce mot est purement chronologique; une vieille femme inspire du dégoût; une femme surannée a des prétentions déplacées, elle doit songer à la retraite.

Quant à vieillard et à barbon, on ne peut guère les confondre. Vieillard est le mot ordinaire, et il emporte presque toujours une idée de respect. « Un vieillard vénérable et plein de majesté s'avança vers Télémaque. D FEN. Mais barbon ne se dit que dans le style familier et en plaisantant. « Mon cher capitaine, vous qui êtes jeune, riez des barbons qui font des façons à la porte du néant. » VOLT.

Là souvent le héros d'un spectacle grossier,

Enfant au premier acte, est barbon au dernier. BOIL. « J'ai embrassé cette occasion-ci de me mettre à mon aise; et je l'ai fait sur l'espérance de me voir bientôt délivrée du barbon que je prends (pour époux). Dorimène dans le Mariage forcé. MOL. Dans l'École des femmes, Arnolphe est un barbon jaloux. (LAH.).

AGILE, LÉGER, VITE, LESTE, ALERTE, PRESTE, DISPOS. Tous ces mots servent à qualifier un homme auquel on attribue de l'aisance dans le développement de ses forces.

Agile, latin agilis, d'agere, agir, se dit en parlant de tous les mouvements du corps, quel que soit le sens dans lequel ils ont lieu. Les poissons en nageant, les oiseaux dans leur vol, les enfants en grimpant aux arbres, les faiseurs de tours d'équilibre et les danseurs de corde se montrent plus ou moins agiles. «Emile a le corps agile, les membres flexibles, pour prendre sans peine toutes sortes d'attitudes et prolonger sans effort toutes sortes de mouvements. » J. J.

Léger, qui n'est pas pesant, n'a rapport qu'au mouvement de bas en haut; il signifie agile pour sauter, et, par extension, agile pour se soulever afin de marcher ou de courir. C'est proprement AGÉ, VIEUX, SURANNÉ. avec légèreté qu'on saute, qu'on danse et qu'on se BARBON. Tous ces mots, traités comme synony-porte vers un but. « La fouine a le saut léger. » mes par Condillac, se disent d'un homme qui BUFF. « A-t-on remarqué dans ces enfants une n'est plus jeune, qui a déjà beaucoup vécu. danse moins légère que dans les danseurs tout formés? » J. J.

Mais dge, vieux et suranné étant des adjectifs different considérablement, par cela seul, des substantifs vieillard et barbon. On ne peut considérer comme synonymes des mots qui appartiennent à des parties du discours différentes.

Légère et court vêtue, elle allait à grands pas. LAF. Le cerf est le plus léger de tous les animaux (LAH.). Lafontaine appelle le lièvre l'animal léger.

Vite est plus particulièrement synonyme de leger quand celui-ci se rapporte à la course. Mais il exprime une plus grande rapidité de mouvement; aussi se met-il bien après pour renchérir. «Alexandre disputait le prix de la course avec les plus lé

Agé a rapport à l'âge; vieux aux effets que l'âge produit; et suranné au discrédit, à la dépréciation, à l'inaptitude qui en résulte. Un homme dgé approche du terme de sa vie. « La même personne repasse plusieurs fois dans ma tête d'abord je lagers et les plus vites d'entre les siens. VAUG. vois enfant, puis jeune et enfin âgée. » FEN. « Le «Des chevaux vites comme des éclairs. » SÉv. roi est malheureusement trop âgé pour pouvoir Avec ces ailes Mercure, plus vite que les vents, compter qu'il verra son successeur en âge de gou- traverse les mers et toute l'étendue de la terre.» verner d'abord après lui. » ID. Un homme vieux | FÉN. Du reste, ce mot se dit peu des hommes, est cassé, usé, caduc, infirme. Le duc de Croy parce qu'ils n'ont pas la rapidité de la foudre, et, étant vieux et caduc fut contraint de céder. » au contraire, il s'applique très-bien à des choses Boss. « Il est vieux et usé, dit un grand, il s'est immatérielles, douées d'une telle célérité et non crevé à mon service, qu'en faire? LABR. Un susceptibles d'être considérées comme plus ou

a

SUPPL. SYN. FRANC.

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moins pesantes. « Ce qui fait dire à ce sublime poěte, pour exprimer la célérité d'un mouvement, qu'il est vite comme la pensée.... Néanmoins l'acte de la volonté se trouvera le plus vite de tous les actes humains, puisqu'il l'est tellement qu'à peine a-t-on le loisir de le sentir. » Boss. «On a beau fuir ce qui nous est cher, son image, plus vite que la mer et les vents, nous suit au bout de l'univers. » J. J.

Leste, dégagé, emporte une idée de bonne grâce ou de bon air qui lui est tout à fait propre. Si l'homme léger n'est pas pesant, l'homme leste n'est pas lourd. Une femme leste et pimpante (MOL.). « J'étais leste et bien pris dans ma taille. » J. J. S. Simon écrit en parlant du duc de Bourgogne: Un front plus serein, un air plus aisé, quelque chose de plus leste en de certaines occasions, dilateraient les cœurs.» « Rien n'était si beau, si leste, si brillant, bien ordonné que les deux armées. » VOLT. « Comme elle rêvait à tout cela, le comte de Luzy l'invita à danser avec lui: il était jeune, leste, bien fait et trop séduisant pour Lau

rette.» MARM.

Alerte, c'est-à-dire, dans une première acception, vigilant, sur ses gardes, tire de là sa nuance distinctive. L'homme ou l'animal alerte ne s'endort pas, a l'œil au guet. « Les petits vanneaux partent en courant, et il est difficile de les prendre sans chien; car ils sont aussi alertes que les perdreaux. » BUFF. Ou bien alerte, comme éveillé, par exemple, ajoute à l'idée commune celle de gaieté. Comme toutes les fauvettes, celle-ci est toujours gaie, alerte, vive. » BUFF. Si c'est une fille, elle sera gentille et douce; si c'est un garçon, il sera alerte et joyeux.» MARM.

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Mais est-il vif, alerte, étourdi, bien planté,

Bon vivant? car je veux tout cela pour ma fille. DEST. Preste s'emploie quand il s'agit d'un mouvement soudain, instantané, de courte durée, semblable à un tour de prestidigitateur. « Le mouvement des lièvres dans leur course est une espèce de galop, une suite de sauts très-prestes et trèspressés. » BUFF. « Les lavandières courent légèrement à petits pas très-prestes sur la grève des rivages. » ID. « Les plongeons se meuvent dans l'eau d'une manière si preste et si prompte, qu'ils évitent la balle, en plongeant, à l'éclair du feu, au même instant que le coup part. » ID.

Dispos, disposé ou en état pour, préparé à, est le seul de ces mots qui marque une aptitude, non pas à se mouvoir, mais à exécuter un dessein, une tâche ou un ouvrage; aussi ne se dit-il bien que de l'homme. On est dispos quand on est propre à toutes les actions qui demandent de la santé, de la force ou de l'adresse. « Considérez mon Émile, à vingt ans passés, bien formé, bien constitué d'esprit et de corps, fort, sain, dispos, adroit, robuste. J. J. « Dieu me garde d'oser disputer avec vous ! Vous auriez trop d'avantage comme un homme sain, frais, gaillard et dispos vis-à-vis d'un vieux quinze-vingts malade. » VOLT.

D

Le moi que voici, chargé de lassitude,

A trouvé l'autre moi frais, gaillard et dispos,
Et n'ayant d'autre inquiétude
Que de battre et casser des os. MOL.

AIDER, SECONDER. Nous aidons ou secondons quelqu'un quand, pour faciliter le succès de ses efforts, nous y joignons les nôtres.

Aider marque une coopération pour une action quelconque. Seconder, venir en second, désigne une coopération pour l'exécution d'un projet.

Une personne, tombée dans un précipice, fait effort pour s'en tirer; vous l'aidez en lui tendant la main. Une personne entreprend quelque chose, travaille à remplir une tâche, poursuit un but; vous la secondez en vous associant à elle, en vous faisant son collaborateur.

Il y a des vieillards et des enfants qui ne peuvent marcher qu'autant qu'on les aide en leur donnant le bras ou la main; une conspiration, le siége d'une ville, un projet de mariage ne réussissent qu'autant que celui qui les conduit est convenablement secondé.

Dans une des fables de Lafontaine, un âne, succombant sous le faix, prie un cheval qui ne porte que son harnais de l'aider quelque peu. Mais à la fin d'une des scènes du Légataire, Crispin dit à ses complices :

Secondez-moi bien, tous, dans cette affaire-ci.

Une méthode aide la mémoire (ACAD.); le gain d'une bataille suppose que la fortune a secondé le courage (VOLT.).

Si vous n'êtes aidé, vos efforts sont impuissants. Si vous n'êtes secondé, vos efforts sont impuissants pour faire réussir un dessein, une entreprise, une affaire, une intrigue ou quelque chose de semblable.

AIGLE, PHENIX. Ces deux noms d'oiseaux ne sont considérés ici que dans leur acception figurée, suivant laquelle ils désignent l'un et l'autre un homme d'un mérite éminent.

L'aigle est un homme transcendant, le phénix un homme unique. Saint Augustin, dont le génie plane sans cesse dans les régions les plus hautes de la science de Dieu, est l'aigle des docteurs (Boss., P. A.). Pic de la Mirandole, qui n'avait pas son pareil pour l'étendue du savoir, a été le phénix de son siècle (S. S., COND.).

On est un aigle dans le grand, par la force de son esprit ou par sa capacité, et ce mot ne se dit guère en parlant des femmes. Pomereu était un aigle qui brillait d'esprit et de capacité, qui avait été le premier intendant de Bretagne, qui avait eu de grandes et importantes commissions. »S. S. Accoutumé à être l'aigle du conseil, Harlay.....

ID.

Je suis un aigle en conseil, en affaires. VOLT. Mais c'est surtout en beauté que le phénix est éminent; aussi le mot s'applique-t-il aux femmes comme aux hommes. Le phénix des beaux esprits (ACAD., VOLT.). « La reine Zénobie est le phénix de la beauté. » LES.

J'aperçois le phénix des femmes beaux-esprits. CHÉN. Enfin, comme le phénix n'est pas exclusivement comme l'aigle le symbole de l'excellence, mais aussi et principalement celui de la rareté, phénix Suppose moins de mérite ou un mérite d'un ordre moins relevé. « Ce prince ne manquait pas de mérite aussi s'appelait-il Phénix. » J. J. Le phénix des intendants (LES.), des muletiers (ID.), des ar balétriers (SCARR.).

AIGRIR, IRRITER, PIQUER, FÂCHER. Ces verbes ont cela de commun avec choquer, blesser et offenser (Voy.), qu'ils signifient faire sur l'esprit par des propos ou des procédés une impression désagréable; mais ils marquent en outre de la part de l'esprit un ressentiment, une réaction plus ou moins forte, et de là vient qu'ils ne s'emploient pas comme choquer, blesser et offenser en parlant des organes et des choses morales qui ne peuvent que recevoir des atteintes sans y répondre : On ne dit point aigrir, irriter, piquer, fâcher les oreilles ou la bienséance comme on dit les choquer, les blesser, les offenser.

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D

D'abord aigrir et irriter différent d'une manière nettement indiquée dans cette phrase de Bourdaloue: Expliquer quels sont les effets de cette colère du Seigneur, aigrie et irritée par cela même qui devait l'adoucir et l'apaiser. » Ce qui nous aigrit nous prive de douceur, nous rend bourrus ou peu traitables; ce qui nous irrite (du latin ira, colère) nous met en colère, nous prive de retenue ou d'empire sur nous-mêmes, nous rend presque furieux. L'aigreur n'est qu'aigre, acariâtre, désagréable, fâcheuse, malgracieuse; l'irritation est violente. Aussi irriter enchérit-il sur aigrir. Pigmalyon ne peut souffrir les bons; la vertu le condamne il s'aigrit et s'irrite contre elle. » FÉN. On ne voulait qu'aigrir et irriter les esprits. >> Boss. N'est-il pas plus important pour nous d'édifier le prochain par notre douceur, de ne le pas scandaliser, aigrir, irriter, par notre fierté? NIC. Piquer et fâcher ont aussi chacun sa nuance particulière. Piquer suppose quelque chose de vif et de passager, et fâcher, au contraire, emporte une idée de concentration et de durée: on pique en faisant naître un dépit d'un instant, on fdche en produisant un mécontentement mêlé de tristesse, qui se prolonge, qui fait bouder et garder rancune. « Il était emporté sans être boudeur. Je l'ai vu souvent en colère, mais je ne l'ai jamais vu fåché. » J. J. D'ailleurs facher désigne moins comme piquer un mouvement hostile et de représailles, qu'un mouvement solitaire et intransitif de déplaisir; si bien que, dans l'une de ces acceptions, ce mot veut dire simplement contrister, affliger, causer de la peine. Le roi Philippe V d'Espagne ayant un soir essuyé un refus de la part de la reine, a il en fut piqué, et encore plus fâché. » S. S.

D

Ainsi, l'action d'aigrir produit de la rudesse, celle d'irriter de l'emportement, celle de piquer un accès d'irritation, celle de facher de la bouderie.

AIMANT, SENSIBLE. Disposé envers autrui d'une manière affectueuse, bienveillante, favorable. Homme, caractère, cœur, naturel aimant ou sensible; personne, âme aimante ou sensible.

Aimant est absolu; et sensible, relatif. Aimant exprime une disposition spontanée en vertu de laquelle nous inclinons vers nos semblables de nous-mêmes et sans provocation. Sensible, au contraire, donne l'idée d'une disposition réactive pour ainsi dire, l'idée d'une facilité à nous intéresser au sort de nos semblables en conséquence des impressions qu'ils font sur nous. Une âme aimante suit son penchant, se porte ou est prompte à aimer, cherche l'union: «Comment se peut-il qu'avec un

cœur si aimant et si tendre je ne trouve partout que haine et que malveillants?» J. J. Une âme sensible cède à ce qui l'entraîne à aimer, se laisse aisément émouvoir et enflammer. « A ces récits, les âmes sensibles de leurs enfants s'enflammaient. BERN.

CLEANTHIS.

La nature, en naissant, vous fit l'âme sensible.

STRABON.

Le soufre préparé n'est pas plus combustible.
Démocrite. REGN.

Autre différence non moins importante. Aimant ne va pas au delà du sentiment: qui est aimant aime, se plaît à aimer, vit d'affection, rien de plus. Encore aurais-je pu me passer d'amis, quoiqu'ayant un cœur aimant et tendre pour qui des attachements sont de vrais besoins. » J. J. « La fauvette fut l'emblème des amours volages; cependant la fauvette, vive et gaie, n'en est ni moins aimante ni moins fidèlement attachée. Buff. « Il est des caractères aimants, qui, profondément convaincus de tout ce qui s'oppose au bonheur de l'amour, repoussent tout ce qui peut entrainer à cette passion. » STAËL. « Je suis persuadé que l'amitié de Nisus et d'Euryale est un des morceaux qui ont le plus intéressé l'âme aimante de Virgile. » BERN. Mais sensible a un caractère pratique; il suppose qu'on prend part à ce qui touche les autres, qu'on compatit à leurs maux ou qu'on travaille à y remédier. L'homme aimant n'est que liant; l'homme sensible est bon. « Durant l'opération je m'efforçais de retenir mes plaintes pour ne pas déchirer le cœur sensible du bon maréchal. » J. J. Nous les conjurons de daigner se mettre à la tête de ceux qui ont entrepris de justifier et de secourir la famille des Sirven. L'aventure effroyable des Calas n'aura point épuisé la compassion des cœurs sensibles. » VOLT. « Soyez touchés de mes malheurs, sensibles et compatissants voisins. » BERN. « Tous les êtres à qui leurs malheurs et leurs besoins donnent des droits à la pitié des âmes sensibles.» Del.

J'appris de l'infortune à devenir sensible;

Vous souffrez : mon devoir est de vous secourir. CHÉN.

AIMER À, PRENDRE PLAISIR À. On aime à faire et on prend plaisir à faire ce qu'on fait volontiers.

Aimer à faire une chose, c'est y incliner, y avoir du penchant, et, comme le penchant est quelque chose de constant, aimer à suppose une disposition habituelle et caractéristique du sujet. Telle personne aime ou n'aime pas à donner (BOURD.). « Les jolies femmes n'aiment point à se fâcher; elles aiment à rire. » J. J. « J'ai trouvé ma vie très-courte, dit Caton; car j'aimais fort d vivre.» FÉN. « L'humilité nous fait demeurer dans notre place, qui est d'aimer à n'être rien. » ID. « L'homme n'aime point à s'occuper de son néant et de sa bassesse. » MASS.

Oui, mon cœur au mérite aime à rendre justice. MOL. Le peuple aura peut-être une âme moins soumise : Il aime à censurer ceux qui lui font la loi. CORN. Au contraire, prendre plaisir, se plaire, trouver du plaisir à faire une chose, le plaisir étant de sa nature passager, de peu de durée, exprime dans le sujet une disposition accidentelle, et, en

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général, quelque chose qui arrive dans l'occasion. | près, de propos délibéré, et, par conséquent, un • D'espérer que Dieu sera toujours disposé à changement essentiel ou profond. Aussi falsifier faire un autre miracle encore plus grand, qui se met-il bien après altérer pour renchérir. serait de nous convertir, c'est prendre plaisir à Ces vils champions se cachaient sous des monnous tromper nous-mêmes. BOURD. « Quand on ceaux de textes altérés et falsifiés. » LAH. « Ceux est orgueilleux pour des biens empruntés, le prê- qui profanent ainsi la science du christianisme teur prend plaisir à confondre l'emprunteur in- sont des ouvriers mercenaires qui altèrent et falgrat. FÉN. Monsieur, dis-je un soir au doc-sifient par un mélange étranger cette divine monteur Sangrado, j'atteste ici le ciel que je suis naie. » Boss. exactement votre méthode; cependant tous mes malades vont en l'autre monde : on dirait qu'ils prennent plaisir à mourir pour décréditer notre méthode. » LES. « Un amateur ne prend plaisir à voir un tableau de Vernet, que parce qu'il lui rappelle une série d'effets qu'il a observés luimême.» BERN.

Quelqu'un a pris plaisir à se jouer de vous. CORN.
Et pour traiter la paix avec tant d'avantage,
On ne m'a point forcé de m'en faire le gage :
J'ai pris plaisir à l'être. ID.

Qui aime à vous obéir est toujours prêt à faire ce que vous voulez; mais on dira de quelqu'un, qui dans un cas particulier a exécuté avec joie quelque ordre de vous, qu'il a pris plaisir à vous obéir.

ALTÉRER, FALSIFIER. Altérer ou falsifier des écrits, des textes, des passages, c'est en changer le vrai sens; altérer ou falsifier des monnaies, c'est les modifier de façon à en diminuer la valeur.

Mais altérer (d'alter, autre), rendre autre, signifie cette action sans imputer au sujet d'intention bien mauvaise, et même quelquefois sans lui supposer d'intention. C'est ainsi qu'il peut arriver à un copiste d'altérer un texte faute d'attention ou par ignorance. Ces passages de saint François de Sales se trouvent (sans mauvais dessein, nous le croyons) supposés, tronqués, altérés dans les termes et pris à contre-sens par l'auteur de l'Explication des maximes des saints. » Boss. «Il s'en est fait des copies; elles se sont répandues, elles se sont altérées.... Sans dessein de mentir, il se trouve qu'on altère la vérité. » ID. Falsifier, au contraire, implique le dessein de mentir; car c'est changer ou altérer en trompant, en commettant une fausseté, en faussaire ou en fourbe (falsificus). « J'ai écrit à M. de Montmollin une lettre qu'il a fait courir, mais dont les voltairiens ont pris soin de falsifier beaucoup de copies. J. J. « On voit ici la raison pourquoi les Samaritains ont falsifié, dans leur Pentateuque, l'endroit où il est parlé de la montagne de Garizim, dans le dessein de montrer que cette montagne était bénie de Dieu et consacrée à son culte. » Boss. « Voilà l'accusation la plus formelle de mensonge et de falsification. » FEN.

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Il n'y a rien que je déteste davantage que de blesser tant soit peu la vérité; et j'ai toujours pris un soin très-particulier non-seulement de ne pas falsifier, ce qui serait horrible, mais de ne pas altérer ou détourner le moins du monde le sens d'un passage. » PASC.

AMANTE, MAÎTRESSE. Une femme est l'amante ou la maîtresse d'un homme qui est sa passion ou dont elle est la passion.

Amante, en latin amans, est un mot qui a été emprunté d'une langue savante et polie pour être transporté en français avec sa signification originelle. Maîtresse, féminin de maître, tire bien aussi son origine d'un primitif latin (magister, magistra); mais ce primitif a un autre sens, et ce n'est pas sans peine qu'on aperçoit que maîtresse en dérive. Il suit de là qu'amante est plus noble, et maîtresse plus commun. Cela peut aussi servir à expliquer pourquoi amante ne se prend jamais comme maîtresse en mauvaise part, dans le sens de concubine, de femme qui a avec un homme un commerce de galanterie.

Sur ce vers du Sertorius de Corneille, Si vos Romains ainsi choisissent des maitresses.... Voltaire remarque que le mot de maîtresse n'a jamais été employé par Racine dans ses bonnes pièces. Ce n'est pas assez dire: maîtresse ne doit jamais paraître dans une tragédie. Là le mot propre est amante..

Je plains les tourments de l'amour, Phèdre abhorrant sa flamme, et se cachant ay jour, Didon sur son bûcher. Toute amante a des charmes; Hermione a ses cris, Andromaque a ses larmes. Oui, je plains et Chimène, et ses nobles douleurs, Et les longs cris perdus d'une Ariane en pleurs. DUC. Ce sont là en effet les noms d'autant d'amantes, et c'est dans des tragédies ou des poemes héroïques que figurent les femmes qui les portent.

Mais dans la comédie, c'est maîtresse qu'il faut dire. Harpagon, dans l'Avare, n'y manque pas. Les beaux yeux de ma cassette! parle d'elle comme un amant d'une maîtresse.» MOL. « Térence ne pouvait, comme Plaute, donner à ses jeunes gens que des courtisanes pour maîtresses. LAH.

Une autre différence plus essentielle, quoique d'une application moins ordinaire, c'est que l'amante aime, et que la maîtresse, soit qu'elle aime ou qu'elle n'aime pas, est considérée uniquement comme aimée. Dans Andromaque, Hermione est l'amante de Pyrrhus, comme elle le dit elle-même à Oreste :

Ah! fallait-il en croire une amante insensée ?

Mais Bernardin de Saint-Pierre, dans le passage suivant, l'appelle avec une parfaite justesse la maîtresse de ce même Oreste Les vertus criminelles d'Oreste, qui, pour plaire à une maî

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