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excellent n'est rien moins que médiocre, et un Défaite et faux-fuyant, au contraire, ne se disent objet d'art exquis rien moins que commun: « De jamais qu'en mauvaise part ils expriment des là les différences et les gradations du bien au raisons vaines, frivoles ou fausses, des excuses de mieux, du commun à l'exquis, du médiocre à l'ex-nulle valeur. Ils different néanmoins l'un de l'autre cellent, en fait de goût comme en fait de génie. >> d'une manière assez notable encore. MARM. Il y a plus de grandeur et de solide beauté dans un tableau excellent, un travail plus soigné ainsi que plus de finesse et plus de délicatesse d'agrément dans un tableau exquis.

On emploie la défaite pour se défaire des personnes ou des choses, pour s'en débarrasser; elle suppose un simple embarras, une simple difficulté, d'où il s'agit de se tirer. Mais on emploie le fauxfuyant pour fuir, pour échapper à des ennemis qui attaquent ou poursuivent; il suppose un danger dont il s'agit de se sauver.

Est-on, par exemple, importuné de certaines de

EXCOMMUNICATION, ANATHÈME. Action ou résultat de l'action par laquelle une personne est retranchée de l'Eglise ou de toute autre société religieuse. Dans un recueil de pensées du cardinal Duper-mandes auxquelles on ne veut pas ou on ne peut ron (Perroniana) se trouve nettement indiquée la différence suivante sur laquelle il ne saurait rester le moindre doute.

pas satisfaire, on a recours à des défaites. « M. le Duc et M. le prince de Conti déclarèrent qu'ils n'iraient point au jugement du duc de Richelieu Excommunication, action d'excommunier, de comme étant ses parents trop proches. Ce fut une mettre hors de la communion, est le terme spé- défaite que le régent leur suggéra pour éviter cial, celui qui exprime la chose à la rigueur noise. S. S. « Comme nous étions encore sous l'excommunication est un acte en formes, judi- ma porte: Arrête! arrête! C'était l'abbé Dubois. ciaire, émané de l'autorité compétente. Mais ana- Force fut de reculer et de descendre. Je lui dis thème, du grec avάonua, exposition, malédiction, que nous avions bien affaire pour quelque chose est une expression vague, désignant une action qui regardait Mme de Lauzun. Cela devint ma déqui peut être faite par un particulier et se borner faite ordinaire. » ID. Richelieu dit à Mazarin dans à un simple vœu; en sorte que l'anathème est un des Dialogues des morts de Fénelon : « C'est comme une excommunication, une espèce d'ex-ce qui vous faisait promettre trop facilement, et communication. « S'il se trouve un pasteur de ce caractère dans cette assemblée, que son argent périsse avec lui! c'est l'anathème, et comme l'excommunication que nous prononçons contre cet infortuné. • MASS.

Le pape ou un évêque prononce une sentence d'excommunication; qui que ce soit peut dire anathème à quelqu'un, et, par exemple, quand David fut chassé de Jérusalem, son peuple l'accompagna d'anathèmes et de dérision (Mass.).

C'est parce qu'il est vague qu'anathème, à la différence d'excommunication, s'emploie très-bien au pluriel les anathèmes de l'Église (BOURD., D'AL.), les anathèmes du ciel (MASS.), de terribles anathèmes (ACAD.).

éluder ensuite toutes vos paroles par cent défaites captieuses. » De quelle défaite vous paya-t-il? Il fit le fier sans doute, et rejeta la proposition avec hauteur? » J. J. Dans le Distrait de Regnard, Mme Grognac ne voulant pas marier sa fille, refuse tel prétendant parce qu'il est trop riche, tel autre parce qu'il est trop pauvre. Sur quoi Valère remarque ce qui suit:

La réponse est honnête,

Et vous avez toujours quelque défaite prête.

Mais si vous avez à vous défendre contre un adversaire, contre un accusateur et particulièrement devant les tribunaux, c'est de faux-fuyants que vous vous servez. « Il ne faut laisser aucun faux-fuyant à ce méchant adversaire. BEAUM. EXCUSE, DÉFAITE, FAUX-FUYANT. Ce qu'on Plus on l'attaque vivement, plus il devient arallègue pour se justifier ou pour justifier quel-dent à se défendre; plus on multiplie les difficulqu'un de faire ou de ne pas faire quelque chose, tés, plus de sa part il multiplie les subtilités et les de l'avoir ou de ne l'avoir pas fait. faux-fuyants. » BOURD. « Le dictateur fit citer Manlius par un licteur, et l'interrogea sur le seul fait des trésors qu'il accusait les sénateurs de cacher. La question était embarrassante pour Manlius. Il y répondit d'une manière très-artificieuse, cherchant des faux-fuyants pour en éluder la force.» ROLL. Boileau reproche à l'Équivoque, attaquée par un pape,

Excuse, latin excusatio, justification, ce qui excuse ou disculpe, est de ces trois mots le seul qui se prenne en bonne part: il y a de bonnes excuses, des excuses valables, des excuses légitimes. Cette excuse n'est bonne que pour les premières guerres. » Boss.

On n'avait jeté

Cette immondice, et la dame gâté
Qu'afin qu'elle eût quelque valable excuse

Pour éloigner son dragon quelque temps. LAF.
Ulysse dit à Agamemnon dans Iphigénie :
Mais votre amour n'a plus d'excuse légitime;
Les dieux ont à Calchas amené leur victime. RAC.
Et même, employé seul, le mot excuse signifie
quelque chose de raisonnable ou de fondé. « Si
l'ennemi d'un sauvage lui dit : — - mes paroles vous
ont blessé; ma langue est comme l'arc qui dé-
coche la flèche; si la flèche est mortelle, et si elle
vous atteint, l'arc n'en est pas moins innocent;
- prend-il cela pour une excuse ? » MARM.

Ses détours burlesquement pieux,
Ses subtils faux-fuyants pour sauver la mollesse....
Afin que pour nier, en cas de quelque enquête,
J'eusse d'un faux-fuyant la faveur toujours prête.
MOL.

L'auteur en vos cantons peut soutenir la chose,
Et près des tribunaux que la Garonne arrose
Se sauver par ce faux-fuyant. LAF.
EXCUSER, DISCULPER, JUSTIFIER. Tâcher
ou parvenir à empêcher qu'une accusation, un
reproche ou chose semblable ne subsiste ou n'ait
des suites.

Condillac a très-bien distingué ces trois termes.

« On excuse quelqu'un, dit-il, lorsqu'en reconnaissant la faute qu'il a faite on prouve qu'il mérite d'être pardonné; on le disculpe en faisant voir qu'il n'a pas commis la faute dont il est accusé; on le justifie en montrant que ce qu'on lui reproche comme une faute n'en est pas une ou que même il n'a fait que ce qu'il a dû faire. » Ainsi excuser dit moins que ses synonymes. C'est ce qu'il est facile de confirmer par des exemples. « C'est ainsi que le charité de saint Etienne cherche à excuser et à disculper ses ennemis. » Bourd.

Il doit son innocence à l'amour paternel; C'est lui seul qui l'excuse et qui le justifie. CORN. « Il faut considérer combien de circonstances peuvent, non pas justifier, mais du moins excuser la conduite de César. » LAH. « Si rien ne peut te justifier, songe au moins à ce qui t'excuse. » J. J. Entre excuser d'une part, disculper et justifier de l'autre il y a cette grande différence, que, quand on excuse, on se borne à diminuer par des considérations atténuantes un tort dont on convient, au lieu que, quand on disculpe ou qu'on justifie, on ne convient d'aucun tort, on soutient l'entière innocence. Celui qui excuse demande pardon ou grâce; celui qui disculpe ou justifie demande justice et acquittement. Excuser, c'est réclamer l'indulgence par des excuses, par des raisons qui tendent, non pas à détruire la culpabilité, mais à disposer en faveur du coupable, en alléguant sa faiblesse, son ignorance, sa légèreté, son exaltation, ses illusions ou son repentir. « Jésus-Christ a excusé le crime de ses bourreaux: et quoique leur ignorance fût inexcusable, il l'à employée pour diminuer la grandeur et l'énormité de leur attentat. » BOURD. «On voit comme M. de Cambrai exténue et comme il excuse les excès de Mme Guyon. >>> Boss. « Il oublie tous les endroits de la Relation où j'excuse Mme Guyon par le repentir qu'elle témoignait, et les temps passés par son ignorance.... Loin qu'on charge sur les ingorants, on excuse même les savants qui ont été éblouis. » ID.

EXHALER (S'), S'ÉVAPORER. S'élever ou s'en aller dans l'air.

S'exhaler, exhalari, c'est passer dans l'air et s'y étendre à la manière du souffle qui sort de la bouche. S'évaporer, c'est se réduire en vapeur, chose vaine, sans qualités, sans consistance au prix de l'exhalaison, c'est par conséquent s'en aller en fumée.

L'odeur ou le parfum qui s'exhale se répand de tous côtés. « Votre nom est comme un parfum délicieux, qui s'exhale de pays en pays chez les peuples les plus reculés. » FÉN. Mais l'odeur ou le parfum qui s'évapore se perd. « Ces essences précieuses ne peuvent se conserver et s'évaporent dès qu'on les produit au jour. » BOURD. « Ce qu'il y a de délicat dans ces auteurs se perd quand on veut mettre leurs pensées dans une autre langue : à peu près comme ces essences exquises, dont le parfum subtil s'évapore quand on le verse d'un vase dans un autre. » Bоuн.

Ce qui s'exhale ne s'anéantit point. « Ce canton n'a ni plantes ni minières pernicieuses, dont les parties s'exhalent continuellement dans les corps des animaux. » VOLT. « Il n'y a pas le moindre atome qui périsse. Il n'arrive dans ce qu'on appelle la mort qu'un simple dérangement d'organes; les corpuscules les plus subtils s'exhalent; la machine se dissout....; mais aucune parcelle ne cesse jamais d'exister. » FÉN. « Votre âme, ô sublime Fénelon! serait exhalée en air inflammable! BERN. Mais ce qui s'évapore se dissipe et périt. « Vous m'avez vu bien maigre; je suis devenu squelette; je m'évapore comme du bois sec enflammé, et je serai bientôt réduit à rien. » VOLT. « La contemplation de ces philosophes (pythagoriciens) s'évaporat en vaines pensées. » Boss. « Cette religieuse est persuadée que, si elle prenait l'air un moment, cette grâce si divine s'évaporerait. » SÉV. « Au milieu de ces vaines subtilités, la raison, le bon sens s'évapore. » ACAD.

Son âme s'évapore, et tout l'homme est passé.

L. RAC.

Vous dites de la colère d'une personne qu'elle s'exhale contre quelqu'un ou en quelque chose de réel, en plaintes, en invectives, en propos injurieux. Mais on doit dire simplement, et sans rien ajouter, qu'elle s'évapore; car cela offre un sens complet et veut dire que ce sentiment se perd dans l'air ou disparaît,

tenuem evanescit in auram.

EXTERMINER, EXTIRPER. Détruire sans retour, sans reproduction possible.

Disculper et justifier établissent l'innocence en faisant voir, l'un que le sujet n'a pas commis l'action qu'on lui impute, l'autre que cette action est juste, légitime, et non pas mauvaise ou criminelle. Disculper écarte l'inculpation, nie le fait; justifier admet le fait, mais l'explique favorablement, le rend plausible, le présente comme étant de ceux qui sont moralement permis ou même commandés. On se disculpe de révolte en prouvant qu'on ne s'est point révolté, qu'on n'a point pris de part à la révolte; on se justifie d'une ré- Exterminer, du latin exterminare, envoyer volte en montrant qu'on a pu raisonnablement ou hors des confins ou du territoire, exiler, banque même on a dû se révolter. — D'ailleurs discul-nir, ne se dit que des hommes et des animaux per se dit surtout des personnes et les représente comme déchargées d'une accusation, au lieu que justifier se dit surtout de la conduite et des ac tions dont la justification fait connaître la raison ou la droiture. « Je ne prétends pas disculper ici pleinement les Romains, ni justifier en tout leur conduite. ROLL. « Daniel fait des efforts pardonnables pour disculper le jésuite Varade; les curés n'en font aucun pour justifier les fureurs des curés de ce temps-là. » VOLT.

sur lesquels on agit, en les tuant de manière à en éteindre l'espèce ou la race. Extirper, latin exstirpare, déraciner, arracher, ne s'emploie proprement qu'en parlant des plantes et de cer|taines excroissances, de certaines tumeurs qui ont en quelque sorte des racines. Exterminer un peuple; extirper les mauvaises herbes, un cancer, un polype.

Au figuré, on extermine les vices, ce sont alors pour ainsi dire des monstres qu'on massacre; et

on extermine l'hérésie le fer à la main, en ex- | sentiment de l'admiration. » BUFF. L'étonnement terminant les hérétiques. On extirpe les vices, ce a lieu d'une manière plus brusque, plus impésont en ce cas comme de mauvaises herbes qui tueuse, plus saisissante; l'admiration, d'une maont jeté des racines plus ou moins profondes, on nière plus calme et plus douce. « Racine est plus les extirpe du fond des cœurs; et, quand on exsavant à faire naître la pitié que la terreur, et tirpe l'hérésie, c'est par des moyens pacifiques, l'admiration que l'étonnement. » VAUV. Il entre tels que l'instruction, des décisions de conciles, de la frayeur dans l'étonnement. « Il se trouve des la propagation des saines doctrines. On extermine âmes dures et impitoyables, qu'il faut ébranler les crimes (RAC., MONTESQ.) en punissant de mort par des vérités étonnantes. » MASS. Des vérités les criminels; on extirpe les abus (ACAD., VOLT., admirables n'excitent dans l'âme d'autre sentiLAH.) en enlevant jusqu'à leurs plus petites ra- ment que celui qui résulte d'une pleine satisfacmifications. Autant est forte l'action d'exterminer, tion de la raison. autant l'effet de l'extirpation est radical. Doués de facultés extraordinaires et presque EXTRAORDINAIRE, MERVEILLEUX;-ÉTON- | merveilleuses, Corneille et Racine ont enfanté, le NANT, ADMIRABLE. Ces épithètes servent à premier d'étonnantes créations, le second, d'adqualifier quelque chose de supérieur et de distin-mirables chefs-d'œuvre. gué dans son genre, comme un talent, un ouvrage, un succès, une invention, une science, une manière de parler ou d'agir. On dit ou on fait des choses extraordinaires, merveilleuses, étonnantes, admirables.

Mais extraordinaire et merveilleux représentent la chose en soi, comme étant telle ou telle; étonnant et admirable la représentent relativement à l'impression qu'elle produit, comme causant de l'étonnement ou de l'admiration. On considère dans ce qui est extraordinaire ou merveilleux l'excellence de sa nature et de ses qualités; dans ce qui est étonnant et admirable, l'espèce de sentiment qu'éprouvent ceux qui en sont frappés. Il n'y a rien au-dessus de ce qui est extraordinaire ou merveilleux; il n'y a guère de choses qui nous émeuvent plus fortement que ce qui est étonnant ou admirable. Extraordinaire et merveilleux sont des mots de la langue commune; étonnant et admirable appartienent surtout au langage de l'esthétique et de la psychologie.

Extraordinaire, merveilleux.

L'extraordinaire est au-dessus de l'ordinaire, rare, singulier; le merveilleux est surnaturel, divin. Merveilleux renchérit donc sur extraordinaire: la chose extraordinaire n'est pas commune, la chose merveilleuse tient du prodige. Un héros et un homme de génie font des choses extraordinaires; Dieu et les saints ont fait des choses merveilleuses. Le prince de Condé avait une élévation de génie extraordinaire (BOURD.); on attribue à Moïse des actions merveilleuses (VOLT.). « Il y a je ne sais quoi dans l'extraordinaire et le merveilleux qui nous paraît étendre les bornes de notre intelligence. » D'AL. Étonnant, admirable.

D

Ce qui est étonnant nous frappe tout à coup, comme le tonnerre, et nous surprend; ce qui est admirable nous ravit par sa beauté et sa perfection. La chose étonnante est inattendue, inexplicable, elle nous passe; la chose admirable se laisse comprendre et contempler, et, plus nous le faisons, plus elle nous enchante. « Il y a deux manières de considérer les effets naturels : la première est de les voir sans faire attention aux causes; la seconde, c'est d'examiner les effets dans la vue de les rapporter à des principes et à des causes. Ces deux points de vue produisent des raisons différentes d'étonnement: l'un cause la sensation de la surprise, et l'autre fait naître le

EXTRÊME, EXCESSIF, VIOLENT, DÉSORDONNÉ. Ces mots se disent des personnes et des affections des personnes que ne conduit pas la raison.

Extrême et excessif conviennent par rapport à toutes les affections, tranquilles ou irascibles et turbulentes : une timidité, une crainte extrême ou excessive. Violent suppose une passion énergique, un emportement de l'âme comme la colère ou la haine. Désordonné n'indique pas un défaut provenant du degré ou de ce qu'on est immodéré, comme les trois mots précédents, mais un défaut qui tient à la direction, un déréglement.

Extrême mène à excessif: qui dit extrême dit très-grand; qui dit excessif dit trop grand. Ce qui est extrême ne garde pas le milieu, ce qui est excessif va au delà des bornes, déborde. « Nous savons à quelles extrémités et à quels excès les hérésiarques se sont portés. BOURD. Une timidité extrême est aussi grande qu'elle peut l'être; une timidité excessive est sotte et nuisible. La chose extrême est au plus haut point; la chose excessive produit des effets fàcheux, des excès. Lorsque le froid devient extrême, il produit quelques effets semblables à ceux de la chaleur excessive. » BUFF.

α

Violent se rapporte, non pas à des sentiments, à de simples goûts, ou à des passions qui abattent, comme la tristesse, la crainte, mais à des passions qui excitent, soulèvent, transportent, telles que l'amour, la haine, l'indignation, l'enthousiasme. « Madame d'Épinay, violente, mais réfléchie, possède le secret de cacher sa fureur. » J. J. « De quelque violente passion que j'aie brûlé pour elle.... » ID. « Les craintes des grands sont plus excessives, leurs haines plus violentes. » MASS.

L'affection désordonnée n'est peut-être pas portée à un très-haut point; mais elle est mal appliquée, développée dans un mauvais sens, hors de la bonne voie. Un désir désordonné de plaire (BOURD.), l'amour désordonné des plaisirs (Boss.). << Lâcher la bride à ses appétits les plus injustes et les plus désordonnés. D BOURD. & Combien de pères et de mères réprouvés par l'amour désordonné qu'ils ont eu pour leurs enfants? » ID. « Autant que la face de la république paraissait belle au dehors par les conquêtes, autant était-elle défigurée par l'ambition désordonnée de ses citoyens et par ses guerres intestines. » Boss. « Le

désir excessif d'amasser et l'amour désordonné du | S. S. « Ils laissèrent le chevalier de La Rochefougain étaient parmi les Carthaginois une source or-cauld à l'extrémité, et il mourut le même jour dinaire d'injustices. » ROLL. - Buffon dit, en par- qu'ils partirent de Montrond. » LAROCH. «< M. d'Arlant du singe, dont on connaît la pétulance et la lubricité: «Toutes ses passions nous paraissent aussi violentes que désordonnées. »

EXTRÉMITÉ, AGONIE. Quand une personne est tellement malade, qu'elle paraft sur le point de mourir, on dit qu'elle est à l'extrémité ou à l'agonie.

genson arriva ici le 12 juillet, à demi mort.... Le 22 du mois dernier on s'aperçut qu'il était à l'extrémité, on envoya chercher le curé qui resta avec lui jusqu'à cinq heures du soir qu'il mourut. » DUDEFF.

Agonie est un terme expressif qui vient du grec ayov, lutte il représente le malade en lutte ou A l'extrémité la fait concevoir comme étant à aux prises avec la mort, se débattant contre elle. son dernier moment, au bout de sa carrière, pro- « Enfin, ne parlant plus, et déjà dans les combats che de sa fin, en sorte qu'elle ne peut plus aller de l'agonie, elle........» J. J. « Il est injuste d'exiger loin, et qu'il ne faut plus attendre si on veut ob- d'une âme atterrée et vaincue par les secousses tenir d'elle quelque chose ou appeler le prêtre d'un mal redoutable, qu'elle conserve la même pour qu'elle se confesse. « Je sors de chez le pau- vigueur.... Oserons-nous assurer que cet homme vre M. Hessein que j'ai laissé à l'extrémité. Je n'a jamais eu de courage pendant sa santé, parce doute qu'à moins d'un miracie je le retrouve de- qu'il en a manqué à l'agonie?» VAUV. « Cette main en vie.» RAC. « Le maréchal de Boufflers pauvre Madame est toujours à l'agonie; c'est une avait de moi un mémoire fort important dans sa chose étrange que l'état où elle est. » SEV. « M. de cassette, lorsque je fus averti de son extrémité, Vardes est retombé, et depuis quatre jours il se telle qu'il mourut le lendemain.... je courus chez défend contre la mort, tantôt à l'agonie, tantôt lui dans la frayeur du scellé et de l'inventaire....prenant du quinquina, puis retombant en telle 11 appela sa femme, la pria d'aller chercher sa sorte que.... C'est à trois heures qu'il a passé avec cassette, l'ouvrit, y prit le papier et me le rendit.» | beaucoup de peine. » Sév.

F

FABLE, APOLOGUE. Histoire presque tou- | se servir d'un apologue, il a soin de nous en averjours feinte par laquelle on se propose de présenter d'une manière indirecte une moralité ou quelque vérité instructive. « Les fictions qui ont un objet moral s'appellent apologues ou fables. J. J.

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Fable, latin fabula, qui vient de fari, parler, et qui a servi à former fabulari, causer, converser, conter, a rapport à l'histoire elle-même, au récit, à la mise en scène des personnages on dit, on conte, on raconte ou on récite une fable, on publie un recueil de fables, un fabuliste est un auteur qui a écrit des fables.

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tir. Joathan, dans le livre des Juges, assemble le peuple, et lui conte la fable des arbres qui voulurent se choisir un roi. » VOLT. « J'avais dessein de lui dire quelque fable pour l'amuser.... Je vis la difficulté de lui faire sentir bien nettement la différence de l'apologue au mensonge. » J. J. « Ce dernier vers (d'une fable de Florian), qui est admirable, fait voir que la fable peut quelquefois s'élever jusqu'au style sublime.... Ce n'est guère que dans les idées morales que l'on peut aller jusque-là, parce que la morale est l'essence de l'apologue. » LAH. « Dans l'apologue les animaux Apologue, grecȧnóλoyos, d'où dériveάñoλoycoμòs, | sont quelquefois les précepteurs des hommes; compte rendu, explication, défense, fait considérer plutôt la nature de la chose, le sens, le but, l'effet, la leçon qui résulte de cette sorte d'allégorie, indépendamment de la forme ou de l'expres-impression cet apologue avait faite sur l'esprit sion On a recours à un apologue, on comprend le sens d'un apologue, un apologue fait ou ne fait pas son effet; l'apologue est si peu relatif au récit, que quelquefois il n'en suppose aucun : L'inquiète vigilance du Hollandais qui travaille à ses digues est un apologue pour nous. » MARM. Une autre différence provient de ce que les En disant qu'une fable est belle, vous la quali-deux mots, abstraction faite de leur sens étymolofiez au point de vue de l'art ou du style. Mais un bel apologue est ingénieux, se distingue par l'invention.

« On doute que les fables d'Esope, telles que nous les avons, soient toutes de lui, du moins pour l'expression.... Ésope est regardé comme l'auteur et l'inventeur de cette manière simple et naturelle d'instruire par des apologues et des fictions. » ROLL. « Tout est historique (dans ce passage de la Genèse). Quand l'Esprit-Saint daigne

mais ce n'est que dans les exemples où la fable les représente meilleurs et plus sages que nous. » MARM. « Le duc de Lerme me demanda quelle

d'Atalmuc.... La fable dit, lui répondis-je, qu'il le combla de bienfaits. » LES. « Les fables, où l'on fait parler les animaux, ont servi d'abord comme un apologue dont le peuple saisissait plus facilement le sens. » STAËL.

gique, tirent leur origine, l'un du latin, l'autre du
grec fable est moins noble qu'apologue et signi-
fie quelque chose de moins relevé. « Lafontaine
était persuadé, comme il le dit, que l'apologue
était un art divin. Jamais peut-être de véritable-
ment grands hommes ne se sont amusés à tourner
des fables. » VAUV.

Le commune s'allait séparer du sénat...,
Quand Ménénius leur fit voir

Qu'ils étaient aux membres semblables,

Et par cet apologue, insigne entre les fables,

Les ramena dans leur devoir. LAF. FABLIER, FABULISTE Auteur de fables. ler marque l'habitude de faire certaines choses, ou la profession manufacturier, épicier, chaudronnier, teinturier. C'est aussi le sens de la terminaison iste ébéniste, bandagiste, modiste, herboriste.

La différence consiste en ce que ier seul termine aussi les noms des arbres, ceux-ci étant considérés comme ayant l'habitude ou pour métier de porter tels ou tels fruits: pommier, qui porte des pommes, cerisier des cerises, prunier des prunes. Or, comme les arbres remplissent leurs fonctions, produisent leurs fruits naturellement et sans effort, Mme de la Sablière appelait Lafontaine son fablier, pour exprimer la facilité et le naturel de ses compositions. « Un fabuliste fait des fables; le fablier en produit comme sans le savoir.» CH. NODIER.

Le mot a fait fortune et se dit communément en parlant de Lafontaine, toutes les fois qu'on veut rappeler les qualités qui lui ont valu cette dénomination applicable à lui seul parmi les fabulistes. « Sans doute Lafontaine dut beaucoup à la nature; sans doute le fablier était né pour porter des fables. » CHAMF. « L'Homme métamorphosé en coucou de Passerat est digne de Lafontaine. L'auteur a eu dans cette pièce le naturel charmant et les grâces de notre fablier. LAH.

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FAÇADE, FRONTISPICE. Devant ou face principale d'un édifice, d'un bâtiment considérable.

Façade, suivant la valeur attachée à la terminaison ade, signifie face ornée et se dit en parlant d'un édifice moins grand, moins magnifique. Le frontispice, de frontem inspicere, voir le front, est une façade faite pour être regardée, la façade de ce qui a ou ressemble à ce qui a un fronton, un ornement d'architecture tel qu'on n'en met qu'aux monuments. La façade d'une église, le frontispice d'un temple.

Sur la façade d'un magasin public de Genève on lisait cette inscription: Alit et ditat (J. J.). Chez les Egyptiens, Dieu était désigné par une sphère posée sur le frontispice de leurs principaux temples (VOLT.).

|

il cède, il n'a pas la force de résister; un peu plus, e serait faiblesse. L'homme accommodant entre en accommodement, a de la mesure ou de la modération (modus) à l'égard de ceux avec qui il traite; il relâche de ses droits, de ses prétentions ou de la rigueur de la règle. Un père est facile quand il ne sait rien refuser à ses enfants; un marchand et un moraliste sont accommodants quand ils font des concessions, l'un en rabattant du prix de la chose à vendre, l'autre en mitigeant la loi, en adoucissant les exigences du devoir.

Dans Rome sauvée, Aurélie dit à Catilina, son époux :

Je vais trouver mon père, il faudra que j'obtienne
Qu'il m'arrache la vie, ou qu'il sauve la tienne.
Il m'aime, il est facile.

VOLT.

Jamais le ciel ne fut aux humains si facile Que quand Jupiter même était de simple bois. LAF. << N'avez-vous point été trop facile pour des courtisans qui, sous prétexte d'épargner vos finances dans les récompenses qu'ils vous ont demandées, vous ont proposé ce qu'on appelle des affaires? >> FEN. « Gontran eut en sa puissance Frédégonde avec son fils; mais cette princesse sut bientôt gagner par ses caresses ce vieillard facile. » Boss. «Le facile Claude se laissait gouverner par Agrippine. » VOLT.

« Ce marchand est fort accommodant. » ACAD. « Si vous ajoutez à toutes ces affaires domestiques que Constantin exposa ces rois aux bêtes pour son divertissement, vous pourrez inférer de tout cela que ce n'était pas l'homme du monde le plus accommodant. » VOLT. « Le'monde se fait une autre vertu à sa mode, plus accommodante et plus douce. » Boss. «< L'exposition de la doctrine de l'Église catholique a semblé plus accommodante et plus adoucie aux prétendus réformés. » ID. « L'une des maximes des Jésuites était, si la vérité simple ne convenait pas à leurs vues, d'y employer un mélange de mensonge et de vérité; et cette méthode accommodante, leurs missionnaires à la Chine et dans l'Inde l'avaient appliquée aux cérémonies religieuses. » MARM. « C'est l'erreur de certaines personnes accommodantes qui font une espèce de partage dans la vie des hommes, et s'imaginent avoir par là trouvé l'art de concilier toutes choses; qui, dans les affaires de Dieu et du salut, disent qu'il faut agir selon les maximes du salut et de la sagesse de Dieu; mais que dans les affaires du monde il n'y a

« L'empereur Alexandre Sévère ne se contentait pas d'être pénétré de cette belle sentence, il ordonna qu'elle fût gravée sur la façade de tous les édifices publics. » LES. « Je me suis arrêté quel-point d'autres règles à prendre que les maximes quefois dans les rues de Paris à considérer avec plaisir de petites vignes tapisser de leurs grappes toute la façade d'un corps de garde. » BERN. - Le frontispice d'un palais (BOIL.), le frontispice de l'église de Saint-Pierre de Rome (ACAD.). «Il s'agit de faire la dédicace du Capitole: cérémonie fort honorable pour celui qui en était le ministre, dont on gravait le nom sur le frontispice du temple. » ROLL.

FACILE, ACCOMMODANT. Deux termes dont on se sert pour caractériser un homme qu'on gagne aisément, qu'on amène sans beaucoup d'effort et de peine à vouloir ce qu'on veut. L'homme facile laisse faire ou se laisse aller,

SUPPL. SYN. FRANC.

et les principes du monde. » BOURD. « Ce n'est point à des avocats qu'il faut aller; car ils sont d'ordinaire sévères là-dessus et s'imaginent que c'est un grand crime que de disposer en fraude de la loi. Ce sont gens de difficultés et qui sont ignorants des détours de la conscience. Il y a d'autres personnes à consulter, qui sont bien plus accommodantes, qui ont des expédients pour passer doucement par-dessus la loi, et rendre juste ce qui n'est pas permis. » MOL.

FAIBLE, INFIRME. Qui manque de force.

Faible regarde l'offensive, et infirme la défensive. Le faible se considère comme agent, et l'infirme comme patient. La faiblesse rend im

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