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s'apetisse et s'allonge. Boss. « Son œil malade | du ressort de la logique. Les parties de l'oraison; s'était considérablement apetissé. » RAC. « Lais- un vice d'oraison. « Il y avait à gagner de dire, sez-vous apetisser par vos propres défauts, autant que l'occupation des défauts d'autrui vous avait agrandie. » FÉN.

Resserrer, c'est diminuer le volume, et cela d'une façon bien distincte de toute autre, savoir par contraction. « Loin de resserrer sa main, Dieu l'étend avec une parfaite libéralité. » Boss. En parlant des ouvrages d'esprit, ce verbe ne doit être confondu ni avec accourcir ni avec abréger. Ceux-ci marquent plutôt un retranchement, un choix; resserrer exprime une condensation, un rapprochement de parties. Au lieu d'ajouter, un écrivain doit souvent accourcir ou abréger, sous peine d'être prolixe; au lieu de développer, il doit souvent resserrer, sous peine d'être lâche. Il y a tels historiens qui n'en finissent pas dans leurs narrations et qui auraient dû accourcir ou abréger; c'est en resserrant leurs pensées plutôt qu'en les délayant ou en les amplifiant que Larochefoucauld et Labruyère sont parvenus à être des modèles dans l'art d'écrire. DISCONTINUER, INTERROMPRE. Faire qu'une action ou un ouvrage cesse pour un temps.

On discontinue ce qu'on fait soi-même; on interrompt ce que font les autres. « De tel verset à tel autre, Jésus-Christ a parlé seul sans discontinuation, et sans être interrompu par ses disciples. >> Boss.

je sais que c'est un mal, plutôt que je sais ce que c'est qu'un mal, par l'avantage qu'il y a souvent à avoir un mot de moins à placer dans l'oraison. » LABR. Mais il y a souvent désavantage ou inconvénient à placer un mot de moins dans le discours, parce qu'on s'expose ainsi à n'être pas clair. Dans ses Remarques, Vaugelas dit que la netteté du raisonnement est la partie essentielle du discours, et que l'adverbe est une partie de l'oraison qui veut toujours être proche du verbe. — Quelquefois nous nous servons encore d'oraison, uniquement pour éviter la répétition de discours. Les conjugaisons et les déclinaisons sont les parties de l'oraison qui reviennent le plus souvent dans le discours. » COND.

DISCOURS, PROPOS. Suite de paroles, de mots ou de phrases qu'on emploie pour exprimer ce qu'on pense.

C'est ce que signifie exactement discours, de discursus, action de courir ou de s'étendre çà et là. Mais propos, ce qu'on propose, indique plutôt ce qu'on met en avant pour donner lieu à un discours, une thèse, en latin propositum. On dit proprement tenir un discours, et ouvrir un propos, jeter des propos, mettre un propos sur le tapis. « Je dis au régent (pour ce qui regardait le parlement) que, lorsqu'il m'en avait ouvert le propos, j'en avais toujours changé et évité Mais on interrompt aussi ce qu'on fait soi-d'entrer en aucun discours là-dessus. » S. S. même, ses études, ses travaux, le siége d'une Le discours est l'action ou le fait de discourir. place, etc. Alors la différence consiste en ce Le propos a particulièrement rapport au sujet. qu'on discontinue de soi-même, au lieu qu'on dont on discourt; aussi dit-on bien et presque interrompt, parce qu'on est interrompu, c'est-à- | indifféremment : à quel propos? et à quel sujet? dire contraint par quelque chose. Un enfant dis-sur quel propos et sur quel sujet en étiez-vous? continue ses études, faute de persévérance; un autre interrompt ses études, à cause d'une maladie. J. J. Rousseau parle d'un « recueil transcrit de lettres, qu'il avait discontinué depuis longtemps, apparemment par lassitude ou par négligence; et l'Académie donne pour exemple d'interrompre dans cette acception: Il se vit obligé d'interrompre son travail, ses études.

De propos en propos ou de sujet en sujet, nous sommes tombés sur telle ou telle chose. Le mot latin propositum signifie thèse et sujet. Reprendre son discours, c'est reprendre la parole pour continuer de parler; reprendre son propos, c'est revenir à son objet, à ce qu'on s'était proposé de traiter en parlant. Ce qu'on considère dans le discours, c'est surtout la forme, et dans le propos la DISCOURS, ORAISON. Enonciation des pensées matière. Chez les Romains, le repas est appelé par la parole. « Lorsqu'on exprime la proposi-convivium, une assemblée de personnes qui contion au dehors, cela s'appelle oraison ou discours. Boss.

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Discours vient du latin discursus, de discurrere, courir çà et là, de côté et d'autre : c'est que l'esprit de celui qui parle semble courir d'une idée à une autre.. Cependant discours appartient au langage commun, dans cette acception comme dans toutes les autres, parce que discursus n'a pas le même sens en latin. Oraison, au contraire, traduit d'un mot latin, oratio, qui signifie la même chose, est un terme technique, employé seulement par quelques grammairiens qui ont parlé latin avec leurs modèles et leurs guides. Oraison est totalement tombé en désuétude. Quand il se disait concurremment avec discours, il ne figurait que dans un petit nombre de locutions; il était purement grammatical, et n'avait rapport qu'au matériel de l'énonciation, aux mots, au lieu que discours était plus intellectuel, se rapportait davantage aux idées, et était plutôt

versent entre elles, qui tiennent des discours spi-
rituels et agréables; à la table de Caton, les propos
les plus ordinaires étaient les éloges des bons ci-
toyens (ROLL.).

Charles le Grand, Roland le très-sensé,
A ce discours ne savaient que répondre;
Mais, du propos se croyant offensé,
Olivier dit.... CHEN.

Les mauvais discours sont souvent qualifiés
ainsi parce qu'ils pèchent contre le goût ou la lo-
gique; mais c'est toujours contre la morale ou la
charité que pèchent les mauvais propos. Un dis-
cours est parlé ou écrit, long ou court, direct ou
indirect; un propos est sage ou imprudent, doux
ou dur, décent ou malhonnête.

Mais la différence la plus sensible et la plus importante pour l'application, c'est que discours est moins vulgaire que son synonyme et qu'il se prend moins volontiers en mauvaise part. « Quelques discours échappés à mon père dans sa colère et

des propos de valets m'ont fait soupçonner cette | gine du latin? Cela n'est pas vraisemblable ou tout raison. DID. « Cette réponse partait d'une femme au moins manifeste. De là la différence mise par aussi modeste dans ses discours que dans ses ma- l'usage et qu'il faut observer dans l'emploi de ces nières, mais qui savait au besoin fouler aux pieds deux mots. la fausse crainte du blâme et les vains propos des plaisants. » J. J.

Lettres, billets, chansons, menus-propos,

Discours pieux.... CHÉN.

Selon Delille, le discoureur aimable sait éviter également les discours ambitieux et les propos vulgaires. On tient des discours à Dieu lui-même (PASC.), et Jésus-Christ nous en a laissé dans l'évangile dont nous admirons la profonde sagesse (J.J.); mais c'est en conversation, avec familiarité, sans façon et sans gêne que nous tenons des propos.

On entend par discours employé absolument des paroles, en opposition à des effets ou à des réalités.

Nos vœux sur des discours ont peine à s'assurer.... Et je ne croirai rien, que vous n'ayez, madame, Par des réalités su convaincre ma flamme. MOL. Mais on appelle absolument propos de mauvais propos, des cancans, des caquets, des discours médisants: se permettre des propos, se mettre audessus des propos, on a tenu des propos sur son compte (ACAD.).

DISSERTATION, MÉMOIRE. Ouvrages de l'esprit peu étendus ou portant sur un point, sur une partie de ce qui fait la matière ordinaire d'un traité (Voy. Traité, dissertation).

La dissertation, latin dissertatio, est principalement érudite. Le mémoire n'a point du tout ce caractère. Mémoire, dans l'acception où il est considéré ici, est un mot du dix-huitième siècle, qui emporte pour idée accessoire que l'œuvre qu'il signifie contient des choses mémorables, dont on doit se souvenir, que c'est une œuvre à consulter, destinée à l'avenir. Le principal but de nos Eloges est d'en faire un objet d'instruction pour nos lecteurs, et un recueil de mémoires sur l'état présent de la philosophie parmi nous. » D'AL.

Dissimulé n'a rien que de relevé et pour le style et pour les personnages auxquels il convient. Sournois, au contraire, ne se dit bien qu'en conversation et en parlant de gens du commun ou même d'animaux. Un courtisan dissimulé (VERT.); une servante sournoise (MOL.). la Henriade, Voltaire représente le pape SixteQuint comme

Violent, mais adroit, dissimulé, trompeur.

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Dans

Et dans une épître familière du même écrivain
au duc de Richelieu on lit :

Arrive Isis, dévote au maintien triste,
A l'air sournois.

Suivant Labruyère, le plénipotentiaire est profond et dissimulé. Et suivant Delille, le chat et le renard sont sournois.

Et sournois dans son air, rusé dans son regard, Qu'un projet d'embuscade occupe le renard. Le dissimulé est proprement habile; le sournois, rusé. Dissimulé emporte les idées de profondeur et de tromperie; c'est plutôt de la malice et de la moquerie qu'on attribue au sournois.

En outre, dissimulé se prend toujours au sérieux, au lieu que sournois est parfois un terme de badinage ou de plaisanterie. « Les premières impressions qu'on donne aux enfants dans la plupart des maisons sont presque toutes vicieuses; on les voit arriver (dans celle-ci) menteuses, voleuses, dissimulées.... Vous avez raison, ma chère fille, de trouver bon que je vous appelle sournoise (ma chère sournoise), car ces sortes d'injures sont en moi de si véritables marques d'amitié, d'inclination et de confiance, qu'on trouve bon ce que je dis. » MAINT.

DIVIN, CÉLESTE. Relatif à la puissance d'en haut, à la puissance souveraine de laquelle tout dépend dans le monde, et les hommes et les choses.

Les cantiques célestes des esprits qui sont autour du trône de Dieu solenniseront ce jour heureux. » MASS. « Conscience! instinct divin, immortelle et céleste voix!» J. J.

Les mémoires des académies sont des opuscules recommandés par leur nom même à l'attention Divin, de la divinité, exprime une relation à de la postérité. Mais ce sont proprement des dis- cette puissance elle-même; mais céleste, cœlestis, sertations qui composent les mémoires de l'Aca- de cœlum, ciel, marque un rapport au lieu où démie des inscriptions et belles-lettres. L'Aca- cette puissance, suivant l'opinion commune, rédémie des belles-lettres s'est proposé de présenter side avec les bienheureux. «Que de divines conau public un recueil de Mémoires remplis de re-solations vont se répandre alors dans votre âme! cherches et de critiques curieuses.... On se serait fort bien passé de je ne sais quelle dissertation sur les prérogatives de la main droite sur la main gauche. VOLT. « Avant que d'entrer en matière, je me crois obligé d'avertir que, surtout dans ce qui regarde la poésie, je ferai grand usage de plusieurs dissertations contenues dans les mémoires de l'Académie des inscriptions et belleslettres. » ROLL. Les doctes font des dissertations; les savants, les hommes instruits ou versés dans une matière font des mémoires. « Il ne faut, pour décider cette question, ni mémoire ministériel, ni« Les Hilarion et les Antoine, ces hommes tout dissertation académique.» BERN.

DISSIMULE, SOURNOIS. Qui ne laisse pas apercevoir ce qu'il a dans l'âme, ses sentiments, ses desseins.

Dissimulé a été pris immédiatement du latin dissimulatus. Mais sournois tire-t-il aussi son ori

Cette âme en crut ainsi la divine bonté.... Une céleste voix, d'elle seule entendue, A sa douleur secrète aussitôt répondit. CORN. Divin fait toujours penser à Dieu lui-même : le divin Platon ressemble à Dieu, est comme un dieu. Mais céleste ne rappelle quelquefois que les habitants du ciel en général, à savoir les anges :

célestes et comme les anges de la terre. BOURD. Il s'ensuit que, quand les deux mots s'emploient hyperboliquement pour signifier quelque chose d'excellent ou de parfait, divin renchérit sur céleste : « Au lieu de ces plaisirs infames et criminels que le monde présentait aux saints, Dieu,

dès cette vie, leur en a préparé d'autres tout celestes et tout divins. » BoURD.

D'ailleurs, divin est un terme positif et abstrait, au lieu que céleste, qui ne donne l'idée de la divinité que par figure, à l'aide de quelque chose de sensible, est plutôt une expression poétique et concrète. La colère divine, le céleste courroux. En prose nous disons d'ordinaire, la puissance divine. Mais les poëtes parlent autrement : Reconnaissons, amis, la céleste puissance; Allons lui rendre hommage. CORN.

On admire la beauté divine de l'Évangile : « I] y a dans les vérités de notre religion une beauté divine qui les rend aimables. » MASS. Beauté céleste se dira mieux d'une beauté physique, apparente, de celle d'une femme, par exemple: « Ces femmes étaient deux monstres, in puris naturalibus, et j'en faisais (au moyen de ma pommade) des beautés célestes. » LES. Ce sont de divines lumières que les vérités du christianisme (MASS.), mais c'était une lumière céleste que la colonne de feu qui précédait les Israélites dans le désert.

DOGUE, MATIN. Noms de deux espèces de chien d'un naturel méchant, qui mordent et qu'on a coutume par conséquent d'employer à garder les maisons. «< On demanda à Diogène quelle espèce de chien il était : Quand j'ai faim, dit-il, je tiens de la nature du lévrier, je caresse tout le monde; mais lorsque je suis saoul, je tiens du dogue, je mords tous ceux que je rencontre. » FÉN. « Un amant! c'est une espèce d'animal soumis qui s'insinue auprès des filles en chien couchant, les mord en matin, et s'enfuit en lévrier.» REGN.

Le dogue, de l'anglais dog, chien, vient d'Angleterre comme son nom. C'est le chien le plus fort, le plus puissant, le plus féroce et le plus propre au combat. D'ordinaire on l'enchaîne à la porte de la maison qu'il garde; quelquefois on le fait combattre contre un animal de la même ou d'une autre espèce; les Espagnols l'ont fait servir à la destruction des premiers Américains qu'ils avaient découverts.

Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau....
Attachel dit le loup: vous ne courez donc pas
Où vous voulez? LAF.

basse-cour, un chien de village, canis villaticus,
rustre, mal båti, vilain et de peu de prix. On
voit revenir le centaure accompagné de deux
autres garçons de la ferme, tous trois armés de
longs bâtons, et suivis de leurs matins. » LES.
« Les chiens naturels du Canada ressemblent aux
matins de moyenne grandeur de nos villageois.
BUFF. Un gros matin de basse-cour (BACH.). Sous
le rapport du cas qu'on en fait et quant à la beauté
de la forme l'opposition entre le dogue et le matin
est frappante: le matin est le dernier des chiens.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mátins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints. LAF.
« Il ne faut pas chasser le sanglier avec les bons
chiens courants destinés pour le cerf et le che-
vreuil; cette chasse leur gåterait le nez des md-
tins un peu dressés suffisent pour la chasse du
sanglier. » BUFF. Le grand danois, le matin et
le lévrier ne font que le même chien: le grand
danois n'est qu'un matin plus fourni, plus étoffé;
le lévrier, un mâtin plus délié, plus effilé, et tous
deux plus soignés. » ID. Au reste, le matin sert à
tout dans les champs ou dans les campagnes; il
ne garde pas seulement les maisons, mais aussi
les terres et les troupeaux. « Après avoir passé le
jour à cultiver leurs terres, il faudra que mes vas-
saux passent la nuit à les garder; ils auront des
mâtins. » J. J.

Ce berger n'avait vu d'autres gens qu'un ermite,
Son troupeau, ses mátins, le loup, et puis c'est tout.
LAF.

Quand on applique ces mots à des hommes, dogue les suppose d'un haut rang et féroces, au lieu que matin ne se dit que de ceux qui sont de bas étage, vilains et méprisés. « Le vieux duc d'Albe, exilé depuis deux ans, fut rappelé comme un dogue enchaîné qu'on lâche encore pour aller à la chasse.» VOLT. « Il n'y a jamais eu dans le sérail de sultane si orgueilleuse de sa beauté que le plus vieux et le plus vilain mâtin ne l'est de la blancheur olivâtre de son teint, lorsqu'il est dans une ville du Mexique, assis sur sa porte, les bras croisés. MONTESQ. P

DOUX, AFFABLE, LIANT, COMPLAISANT. Disposé par nature ou par caractère à être bien ou dans de bons rapports avec les autres hommes.

Doux, du latin dulcis, est de tous ces termes le plus général, et il peut très-bien servir à définir les autres. On l'oppose à rude, fâcheux, sévère, violent, emporté, difficile à vivre.

Près de la chambre où couchait Alexandre, tyran de Phères, était posté un gros dogue enchaîné pour y faire la garde. » ROLL. « On voit à ses pieds un gros dogue d'Angleterre, les yeux enflammés, la gueule ouverte, les poils hérissés, dans l'atti- Affable, de fari ad, parler à, se dit d'un homme tude d'une rage prête à dévorer les actionnaires." qui parle à tout le monde, particulièrement à ses BACH. On voit les ecclésiastiques s'attaquer et inférieurs, et qui par conséquent est doux dans se battre, comme des dogues anglais, jusqu'à la son accueil ou dans son abord. • Cyrus, affable et mort. » MONTESQ. L'ennemi de la maison de d'un accès facile, sait descendre jusqu'au dernier Tchao veut d'abord en faire périr le chef en la- de ses sujets sans s'abaisser. » COND. « Son air était chant contre lui un gros dogue.» VOLT. En simple, sa physionomie spirituelle et son abord Amérique, on allait à la chasse des hommes avec très-affable. » MONTESQ. Respecter nos maîtres, des chiens.... Ces malheureux sauvages étaient souffrir nos égaux, être affables envers nos infédévorés par des dogues et tués à coups de fusil. » rieurs. » MASS. ID. Le dogue espagnol Bérécillo dévorait les Indiens de Saint-Domingue et avait la paye de trois soldats. CHAMF.

Matin, en provençal et en vieux français mastin, désigne le chien d'un mas, c'est-à-dire d'une maison des champs, un chien de ferme ou de

D

Liant, participe du verbe lier, se dit d'un homme qui est doux, non plus envers des inférieurs, mais envers des étrangers, qui forme aisément des liaisons, qui se familiarise vite. Si l'homme affable n'est pas fier, l'homme liant n'est pas sauvage. « Elle était liante et familière. » J. J.

<< Necker n'était ni plus liant ni plus familier avec | tions de droit; la connaissance de la jurisprudence nous. » MARM. « Voyez comme Mme de Lafayette familiarise surtout avec les livres, les termes, les se trouve riche en amis; ses enfants la remercient formules, les aphorismes de jurisprudence. bien tous les jours de s'être formé un esprit si liant. » SÉV,

DUR, IMPITOYABLE, INHUMAIN. Qui ne s'émeut pas des maux des autres, qui y est insensible.

Dur, sans tendresse, qui n'est pas aisément pénétré, affecté, exprime l'idée commune de la ma

Complaisant se dit d'un homme qui cherche à faire plaisir ou des plaisirs, qui se conforme, s'accommode ou acquiesce aux sentiments et aux désirs d'autrui. Sa douceur est une dispositionnière la plus faible et la plus vague. Aussi ce mot non pas affectueuse seulement, mais effective, qui a pour caractère propre l'attention à rendre service, à tenir une conduite avantageuse à la personne qui en est l'objet, à lui agréer par des complaisances. « Combien d'esprit, de bonté de cœur, d'attachement, de services et de complai-ceur, c'est n'être pas facile à intéresser en sa fasance dans les amis....!» LABR.

DROIT, JURISPRUDENCE. Science des lois. Droit est général, jurisprudence particulier. On dit le droit, le droit privé ou le droit public; et la jurisprudence de tel pays, notre jurisprudence. « Ces premières règles du droit naturel distinguent la jurisprudence romaine de toutes les autres. » D'AG.

Droit regarde le fond, jurisprudence la forme. Qui sait le droit connaît bien les lois; qui sait la jurisprudence est instruit de la manière dont on procède dans l'application des lois. Un roi doit étudier sérieusement le droit des gens et connaître assez les errements de la jurisprudence pour être facilement au fait quand on lui rapporte une affaire. (FÉN.). Sous Louis XIV, l'étude du droit se ranima; la justice eut des lois fixes, et des règlements utiles, destinés à devenir la jurisprudence de tous les siècles à venir, furent publiés (MASS.). Lorsque le droit romain fut traduit, lorsqu'il commença à être enseigné dans les écoles, lorsqu'un certain art de la procédure et qu'un certain art de la jurisprudence commencèrent à se former.... MONTESQ.

Ou bien, tandis que droit est relatif au fond, à la matière, jurisprudence a rapport à la forme donnée à cette matière dans les ouvrages, dans les traités des jurisconsultes. « Lisez dans le manuel de Godefroy la suite et la liaison des titres du Digeste et du Code, non pour vous convaincre de la bonté de l'ordre de ces deux corps de jurisprudence, d'autant plus qu'on y a suivi deux plans différents, dont aucun n'est le naturel; mais pour vous donner une légère idée de toutes les matières du droit. » D'AG. « Le traité de Duaren est une espèce d'abrégé du droit canonique, et sa principale utilité sera de vous apprendre à bien parler latin dans cette jurisprudence dont le stylé ordinaire est bien éloigné de la pureté et de la propriété de celui des jurisconsultes romains. ID. La connaissance du droit rend capable de résoudre toutes les ques

|

ne s'emploie guère qu'avec un autre qui le suit et le détermine: dur et impitoyable, dur et inhumain, dur et farouche, dur et sauvage, dur et sévère. Etre dur envers quelqu'un, c'est simplement manquer pour lui de tendresse et de dou

veur. Un tyran est impitoyable, ou inhumain; le qualifier de dur ce serait dire trop peu.

Impitoyable, inaccessible à la pitié, exprime un défaut individuel de sensibilité, lequel n'est pas toujours moralement condamnable. « A force de voir mourir et souffrir, les prêtres et les médecins deviennent impitoyables. » J. J. Dans tous les cas, qu'un homme soit impitoyable, cela dépend de sa constitution sensible.

E

Inhumain, sans humanité, désigne un défaut moral qui consiste à ne pas regarder les autres hommes comme nos semblables, à ne pas éprouver pour eux ce sentiment de fraternité qui nous lie tous les uns aux autres.

Impitoyable se dit bien de l'âme et du cœur, mais non pas inhumain. Inhumain se dit seul, à son tour, des principes et des doctrines funestes à l'humanité. Pascal reproche aux jésuites de professer des opinions inhumaines.

Un tyran impitoyable n'a pas d'entrailles, n'est touché du spectacle d'aucune misère; c'est un monstre de nature. Un tyran inhumain dédaigne les hommes, ne respecte rien de ce qui leur est dû, les traite comme n'étant pas de la même espèce que lui; c'est un monstre moral. Il en est de même à peu près d'un riche impitoyable par rapport à un riche inhumain ; tous deux manquent de charité, l'un parce qu'il n'éprouve pas de pitié pour les pauvres qu'il voit souffrir, l'autre parce qu'il n'a pas d'amour pour les hommes.

Un homme cruel et un homme qui se venge sont généralement impitoyables. On est généralement inhumain dans les siècles de barbarie; les Spartiates étaient inhumains envers les Ilotes.

Traiter durement, c'est traiter sans ménagement, avec brutalité. Traiter impitoyablement, c'est traiter sans se laisser attendrir. Traiter inhumainement, c'est traiter comme on ne traite pas un homme, sans se laisser émouvoir par l'idée et le sentiment de ce qui est dû à l'humanité.

ÉBRANLEMENT, COMMOTION. Mouvement [ ébranlée, c'est-à-dire mise hors d'une ferme asproduit dans une chose par un coup. Ebranlement marque plutôt un effet, et commotion un fait l'un se rapporte à l'état de la chose

:

siette, menacée de chute ou de ruine; l'autre représente une action, l'agitation de la chose dans toutes ses parties. On dit, en ayant égard au ré

sultat, l'ébranlement des dents (ACAD.), et en por- | un essai de la vue de Dieu dans la foi, un gage tant son attention sur la cause, la commotion du et une partie de la félicité dans l'espérance. >> canon (BUFF.). Il se peut par conséquent que l'é- | Par l'échantillon on juge de ce qui a été fait, branlement provienne d'une commotion: c'est ainsi que l'ébranlement des édifices est souvent dû à ces sortes de commotions qu'on appelle des tremblements de terre.

D'autre part, au lieu que l'ébranlement peut être faible, la commotion (de movere cum, mouvoir ensemble, entièrement, de tous côtés) est essentiellement violente et totale. « Les causes qui peuvent occasionner des commotions et des ébranlements violents se trouvent plus rarement dans la nature que celles qui produisent des mouvements doux et des effets modérés. » BUFF. « Voilà ce qui excita (contre Voltaire) ces clameurs insensées qui, au milieu de la multitude qui n'examine point, produisirent une commotion si vive et presque universelle, qui ne se calma qu'avec le temps, mais qui n'est plus aujourd'hui qu'un ébranlement faible et sourd, comme le murmure des flots qui fait souvenir de la tempête. »> LAH.

c'est un fragment: « Cet échantillon du système de Burnet suffit pour en donner une idée. » Buff. Par l'essai on juge de ce qui sera ou poura être fait, c'est comme une esquisse ou un prélude. « Les Bucoliques de Virgile firent entrevoir ce qu'on pourrait attendre de sa plume.... Mécène, qui avait senti tout le mérite du poète 'par l'essai qu'il venait d'en donner, l'engagea à entreprendre un nouvel ouvrage, plus considérable que le premier. » ROLL.

ÉCLAIRCIR, DÉMÊLER, DÉBROUILLER. Faciliter la connaissance d'une chose obscure.

On éclaircit ce qui est obscur; on démêle et on débrouille ce qui est obscur par mélange ou embarras, c'est-à-dire confus. On éclaircit une chose en la mettant dans son vrai jour ou en y répandant de la lumière. Les curiosités de l'histoire ou des généalogies, ou celles des rits judaïques, peuvent servir à éclaircir l'Écriture. Boss. On démêle et on débrouille une chose, une affaire, par exemple, en la séparant d'autres qui sont

cir ne donne idée que d'une seule chose; déméler et débrouiller font concevoir une complication de choses à distinguer, un dégagement à faire.

Il est à remarquer enfin qu'ébranlement convient mieux en parlant de quelque chose de sim-avec elle ou au milieu desquelles elle est. Éclairple, et que commotion, emportant l'idée de multiplicité et d'ensemble, est préférable par rapport à quelque chose de complexe : l'ébranlement d'un nerf ou d'une corde (Boss.); une commotion du cerveau, la commotion universelle du monde à la fin des siècles (ID.).

ÉCHANTILLON, ESSAI. Partie qu'on présente d'une chose pour faire juger du reste.

Échantillon se dit de quelque chose qui est, des objets, et, par exemple, en parlant d'étoffes, de minéraux, etc. « Cette pierre, dont on n'a que de petits échantillons, est chatoyante. » BUFF.

Là sortit de la mine un riche échantillon. DEL.

On démêle ce qui est mêlé, croisé, entrelacé, embarrassé, comme des cheveux. Dans la plupart des procès, les droits des parties sont difficiles à démêler (FLECH.). On débrouille ce qui est brouillé, confondu ou fondu ensemble; au propre, on dit brouiller des œufs, brouiller plusieurs vins les uns avec les autres. Débrouiller semble donc annoncer dans les choses une plus grande confusion ou un plus grand désordre: Dieu débrouilla le chaos. Et en général ce qu'on débrouille est toujours un chaos ou une sorte de chaos. « Hermagoras débrouille le chaos des deux empires, le Babylonien et l'Assyrien. » LABR.

Ma jalousie, à tout propos,
Me promène sur ma disgrâce;
Et plus mon esprit y repasse,
Moins j'en puis débrouiller le funeste chaos.
(Amphitryon). MOL.

<< Arlequin l'autre jour portait une grosse pierre sous son petit manteau; on lui demandait ce qu'il voulait faire de cette pierre; il dit que c'était un échantillon d'une maison qu'il voulait vendre. » SEV. « Ces Calmouks sont élevés chez les seigneurs russes comme pour conserver un échantillon de ces Tartares que les Esclavons ont vaincus. >>> STAËL. Mais essai suppose quelque chose qui se fait, il s'emploie quand il est question d'actions ou d'événements. « Les Romains ne regardaient tous les avantages qu'ils avaient remportés jusqu'ici que comme des essais et des préparatifs pour une grande entreprise qu'ils avaient dans l'esprit. » ROLL. « C'est une grâce que je vous de- Quand l'intrigue d'une pièce est bien faite, mande; et je la recevrai comme un essai de l'ami-elle se démêle toute seule; quand elle est mal tié que je veux qui soit entre nous. » MOL. Tout ce que j'ai souffert....,

N'était qu'un faible essai des tourments que j'endure.
Ils s'aiment! (Phèdre). RAC.

« Cordemoi a le premier débrouillé le chaos des deux premières races des rois de France. » VOLT. « Débrouiller les questions les plus abstraites et les plus embarrassées. » ROLL.

faite, elle a bien de la peine à se débrouiller. » COND. On démêle une question qui n'a d'autres difficultés que celles qui naissent du fond du sujet, et cela se fait en développant exactement et Ensuite, échantillon convient mieux à l'égard avec ordre toutes les parties. On la débrouille des choses faites ou actuelles, et essai par rapport lorsqu'elle a été obscurcie par ceux qui l'ont à celles qui ne sont encore qu'en puisssance, qui traitée, et cela demande beaucoup de critique. » sont à faire ou à venir. Psyché souhaite que ses ID. « Il est très-difficile de démêler comment le parents, avant de mourir, voient au moins un platonisme se fondit peu à peu dans le christiaéchantillon des douceurs et des avantages dont ellenisme; vous ne trouvez plus qu'un chaos de disjouit (LAF.); et, d'autre part, on lit dans Bossuet: putes que dix-sept cents ans n'ont pu débrouil« Jésus-Christ nous a apporté un commence-ler. » VOLT. Un bon avocat est habile à démêler ment de la gloire dans le bienfait de la grâce, les affaires (Boss.), et à débrouiller le chaos d'in

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