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chiens et des chasse-chiennes. » SCARR. « La cham- | débile, lance (vainement un trait contre son enbre des comédiennes était déjà pleine des plus nemi; on dit la main défaillante d'une personne échauffés godelureaux de la ville.... Pour se déli- que ses forces abandonnent dans le moment, qui vrer de ces galants à outrance...., pour chasser se trouve mal ou qui se meurt. tous ces cajoleurs..... » ID. « Je venais pour vous dire que je ne voulais point de la fille d'un fou, et qui passe toutes les nuits avec des godelureaux. Fi! la vilaine! » REGN. « Voilà de belles drogues que des jeunes gens pour les aimer! Ce sont de beaux morveux, de beaux godelureaux pour donner envie de leur peau! » (Frosine dans l'Avare). MOL.

Freluquet, peut-être pour fanfreluquet, de fanfreluche, annonce dans celui qu'on appelle de ce nom un caractère de légèreté et de frivolité, de peu de mérite, qui le distingue parfaitement. << Tu veux faire épouser à ma famille ce blanc-bec; tu veux faire tomber ma famille en quenouille.... Et j'irais me promener avec ce freluquet! » STAËL. Dame! vous l'avez appelé petil monsieur; et un petit monsieur, c'est justement et à point un freluquet. MARIV.

Une tête éventée, un petit freluquet,

Qui s'admire lui seul et n'a que du caquet. REGN.

D'ailleurs, ce qui frappe dans débile, c'est | l'incapacité de service. Ce mot n'est autre que le latin debilis, formé de de et de habilis, et signifie qui a perdu son habileté, son aptitude. Les Invalides ont été appelés justement des guerriers débiles (MONTESQ.); un cerveau ou un estomac débile n'est plus apte ou propre à remplir ses fonctions. Mais l'idée distinctive de défaillant (qui va faillant ou tombant) est celle de décadence, de fin prochaine, probable ou à craindre. « Laisser l'âme défaillante et prête à expirer faute de soutien. » FÉN. « Ces deux pains sont quotidiens, parce qu'il faut sans cesse soutenir l'homme fragile et défaillant. » ID.

Vous en croirez les traits qu'une mère expirante A tracés devant moi d'une main défaillante. VOLT. DÉBORDEMENT, INONDATION. L'idée commune à ces deux mots est celle d'eaux qui se répandent hors de leur lit.

Mais le débordement, exundatio, précède l'inon

Car qu'est-ce qu'un jeune homme? Un jaseur im-dation, inundatio. Le débordement est l'extrava

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Friquet est à peu près totalement désusité. L'Académie a même cessé depuis longtemps de lui donner place dans son dictionnaire. Cependant il est marqué d'une nuance particulière qui aurait dû, ce semble, le maintenir en faveur. Le friquet est un petit homme vif et sémillant, semblable à l'oiseau qui porte ce nom et qui l'a reçu, suivant Buffon, parce que, a lorsqu'il est posé, il ne cesse de se remuer, de se tourner, de frétiller. »> Dans la Coquette de Regnard, le capitaine dit à Colombine en parlant d'un homme de robe « Vous voyez entre autres un certain... Trigaudin..., Nigaudin; un petit friquet de chicane. >> Il en est de même de muguet. Il ne se dit plus guère aujourd'hui, quoique pourtant il se recommande aussi par une idée accessoire assez importante. Le muguet, comme la fleur ainsi nommée, est remarquable par la bonne odeur, par l'odeur de musc, qu'il exhale: il est toujours parfumé et paré avec soin. On lit dans une ode de Joachin du Bellay :

Tu fuiras la vaine troppe
Et les bains accoustumés
De ces muguets parfumés,
Poursuivants de Pénélope.

DÉBILE, DÉFAILLANT. Mots qualificatifs d'une personne qu'on considère par rapport à la perte de ses forces.

L'homme débile les a perdues; l'homme défaillant est en train de les perdre. La débilité est un état achevé, amené par l'âge ou de longues maladies; la défaillance est un changement qui s'opère actuellement. Le vieux Priam, de sa main

sation, la sortie hors du contenant, le fait de franchir les bords, après quoi a lieu l'inondation, c'est-à-dire la dispersion des eaux. « Le débordement se dit de l'eau qui sort de son lit, et l' nondation de l'eau qui étant débordée se répand partout à une certaine hauteur. » COND. « Le débordement une fois commencé, il s'ensuit toujours une inondation qui dure plusieurs jours; car, quand même il arriverait une moindre quantité d'eau après le débordement qu'il n'en arrivait auparavant, l'inondation ne laisserait pas de se faire, parce qu'elle dépend beaucoup plus de la diminution de la vitesse de l'eau que de la quantité de l'eau qui arrive.... L'inondation dure toujours pendant quelques jours, parce que le débordement a diminué la vitesse. » BUFF.

Débordement est relatif au point de départ le débordement d'un fleuve. Inondation, au contraire, appelle l'attention vers les points où se portent les eaux : l'inondation d'un pays, pays sujet à des inondations, faciliter l'inondation des terres. Pline recherche la cause des débordements du Nil, et il fait remarquer combien l'Egypte serait stérile si elle n'avait des inondations périodiques.

Ainsi fait le bonheur de l'Égypte inondée
Du Nil impétueux la fureur debordée. CORN.

Que si toutefois on emploie aussi débordement dans le sens particulier d'inondation, c'est en lui faisant exprimer quelque chose de moins fort, un commencement d'inondation ou une inondation médiocre. « La juste grandeur du débordement (du Nil), selon Pline, est de seize coudées; et quand l'inondation passe les seize, elle devient dangereuse. » ROLL.« Nous avons des exemples de pays récemment submergés (par la mer) et de débordements réguliers; l'histoire nous parle d'inondations encore plus grandes et de déluges. » Buff. Les inondations du Nil durent écarter tous les colons d'une terre submergée quatre mois de l'année.... Il n'en est pas ainsi

des bords de l'Euphrate, du Tigre et d'autres ri- | dans le style de l'Église et des Écritures. << Je les vières qui se débordent aussi chaque année. Leurs ai vues, dit saint Jean, ces âmes de ceux qui ont débordements ne sont pas si grands, etc. » VOLT. été tués, décollés pour le témoignage de JésusLe lac Moeris avait pour objet de préserver l'E- Christ. » FÉN. « Lȧ paraissent les âmes de ceux gypte des ravages qu'auraient pu causer les inon- qui ont été décollés pour le témoignage de Jédations du Nil et de suppléer à l'insuffisance des sus. » Boss. « Saint Jean fait revivre en même débordements de ce même fleuve. Débordement temps tous les décollés, c'est-à-dire, comme on a ne se dit pas comme inondation d'une manière vu, tous les martyrs. ID. « Entendant les miraabsolue pour signifier un fléau. cles de Jésus Jean, que j'ai décollé, dit Hérode, revit en lui. » ID. « Saint Paul fut décollé dans la voie d'Ostie. » VOLT. «< Quand commença-t-on à condamner en forme juridique des docteurs, des prêtres et des séculiers, à être étranglés ou décollés, ou brûlés en place publique, pour des opinions que personne n'entendait? » ID.-Que si toutefois on a aussi employé décoller dans la langue ordinaire, ce n'a jamais été qu'en plaisantant. Ainsi dans la traduction de l'Apocolokintosis de Sénèque par J. J. Rousseau on lit: «< Claude fit signe qu'on arrêtât la Fièvre; et, du geste dont il faisait décoller les gens, il ordonna qu'on lui coupât la tête. » Dans Voltaire une poularde dit à un chapon : « Moi qui suis si paisible, moi qui ai même nourri ces monstres en leur donnant mes cufs, être aveuglée, décollée et rôtie! »

a

Même différence au figuré. Débordement représente une multitude de gens ou de choses sortant d'un endroit tout à coup et comme par explosion. Un débordement de louanges, de compliments, d'injures. La maladie (du roi) ne fut pas longue et la convalescence fut prompte, qui causa un débordement de Te Deum et de réjouissances. >> S. S. « On voit descendre des montagnes du nord des rats en multitude innombrable, qui, comme un débordement de substance vivante, viennent inonder les plaines, se répandent.... >> BUFF. « Combien n'a-t-on pas vu de ces débordements d'animaux à face humaine, toujours venant du nord ravager les terres du midi! » ID. Mais l'inondation fait concevoir une multitude de gens ou de choses qui s'étant débordées s'étendent de côté et d'autre et envahissent tout. « Comment vous serez-vous tirée de ses pattes et de ces inondations de paroles où l'on se trouve noyée, abymée? SEV. Une foule de prêtres s'étant enfuis de Sicile à Rome, «< Rome ne fut pas peu embarrassée de l'inondation de tant de peuple sacré. » S. S. « C'est seulement après l'inondation des barbares que s'achève entièrement la victoire de JésusChrist sur les dieux romains. Boss.

>>

DÉCAPITER, DÉCOLLER. Trancher la tête ou couper le cou.

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Car dès ce jour, où son bras meurtrier A dans son lit décollé Martinguerre, Elle se plait tout à fait à la guerre. (La Pucelle). ID. DÉCHIRER, LACÉRER. Mettre en pièces un papier ou un écrit.

Que déchirer vienne du latin dilacerare, comme le prétend Ménage, il est tout au moins permis d'en douter; mais il n'est personne qui ne reconnaisse dans lacérer le verbe latin lacerare. De là une différence assez importante.

Déchirer est le mot vulgaire, au lieu que lacérer ne convient que dans le style du palais. Dans les Plaideurs, Léandre, déguisé en commissaire, parle la langue commune quand il interroge ainsi Isabelle :

Avez-vous déchiré ce papier sans le lire? Mais c'est en se servant de termes de jurisprudence que l'Intimé verbalise contre Chican

neau :

Outre plus, le susdit serait venu, de rage, Pour lacérer le dit présent procès-verbal. Le déchirement est produit par une personne ou par une autorité quelconque. « Alors, déchirant mon manuscrit: Dieu des siffleurs, m'écriai

Décapiter est un verbe tout français, bien que composé de deux mots latins, de qui marque ablation, et capite (de caput) qui signifie tête. C'est l'expression commune. « Les deux Hotham père et fils devaient rendre au roi cette place; mais ils furent prévenus et décapités. » Boss. « Dans un seul parlement le roi Édouard fit prendre vingtdeux barons (suspects d'avoir conspiré), et les fit tous décapiter sans connaissance de cause. » ID. « La reine fit faire à Spenser son procès, et ce vieillard décrépit fut décapité à la porte du château.» ID. « Le parlement de Toulouse vient de condamner un ministre de mes amis à être pendu, trois gentilshommes à être décapités, et cinq ou six bourgeois aux galères. » VOLT. « Le duc deje, il te faut du sang; bois mon 4° acte, et que Bourgogne, irrité contre Juvéna. les Ursins, veut le faire décapiter dans les halles. » ID. « Je me souvenais très-bien d'avoir vu revenir des têtes aux limaces incoques que j'avais décapitées.» ID. « Les Romains songèrent à punir le crime de leurs citoyens qui s'étaient établis à Rhège. Ils prirent la ville et tuèrent la plus grande partie des habitants. Il n'en resta que trois cents qui furent conduits à Rome et tous décapités. » ROLL. Eutrope fut pris et banni en Cypre, d'où on le tira dans la suite pour lui faire son procès à Calcédoine, et il y fut décapité. » ID.

Mais décoller est un mot tout latin, decollare, transporté tel quel, sauf la terminaison, dans la langue française. Aussi est-ce un terme consacré

SUPPL. SYN. FRANÇ

ta fureur s'apaise! » BEAUM. Polyeucte prend l'édit de l'empereur, crache dessus, et le déchire en morceaux qu'il jette au vent. » CORN. « Quelque injuste que puisse paraître à un particulier un édit de son souverain, il est criminel de lèsemajesté quand il le déchire et le foule aux pieds publiquement. » VOLT. Un des premiers soins de Henri IV fut de charger le chancelier Chiverni d'arracher et de déchirer au greffe du parlement toutes les délibérations et tous les arrêts attentatoires à l'autorité royale. » ID. Le roi (Louis XIII) exila trois membres du parlement : il leur interdit pour cinq ans l'exercice de leur charge, et déchira lui-même l'arrêt de partage, dont il jeta les morceaux par terre. ID. Mais,

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outre que lacérer et lacération sont des termes consacrés dans la langue particulière du droit, ils impliquent ou supposent pour l'ordinaire un acte de l'autorité judiciaire qui a condamné l'écrit en question à être détruit.« Saint Louis poursuivit à Rome la condamnation de ce libelle schismatique, et le fit publiquement lacérer. » BOURD. « Le P. Tellier mande le premier président et le parquet pour imposer à leur zèle, qui n'allait à rien moins qu'à flétrir la personne de Jouvency, à faire lacérer et brûler son livre par la main du bourreau. » S. S. « M. de la Monnaye fit des recherches sur les livres proscrits et condamnés au feu.... A l'occasion de ces malheureux livres lacérés et incendiés dans tous les siècles.... » D'AL. « J'ai vu lacérer et brûler par la main d'un bourreau mes défenses légitimes, comme des écrits infâmes ou séditieux. » BEAUM. « Ces livres ont été lacérés et brûlés par l'exécuteur de la haute justice, lors de l'exécution des coupables. BACH. « Maitre Joly de Fleury (procureur général) assemblerait les chambres contre tout autre (écrivain), et on lacérerait l'écrit scandaleux. VOLT. Deux chimistes publièrent des thèses contre les opinions d'Aristote. L'Université cria à l'hérésie; elle présenta requête au parlement. La rumeur fut si grande que les nouveaux docteurs furent mis en prison et leurs thèses lacérées en leur présence par un huissier. » ID.

DÉCIDÉ, RÉSOLU, DÉLIBÉRÉ, DÉTERMINÉ. Hardi, qui n'hésite pas.

Décidé regarde les opinions. « M. D'Alembert a l'esprit très-décidé, et c'est beaucoup; car le monde est plein de gens d'esprit qui ne savent comment ils doivent penser. » VOLT. L'incrédule tient bon, et oppose un air mystérieux et décidé à toutes les preuves qn'il ne peut résoudre. » MASS. «N'est-il pas plaisant que moi, qui propose ouvertement mes objections et mes doutes, je sois l'hypocrite, et que tous ces gens si décidés, qui disent sans cesse croire fermement ceci et cela, si sûrs de tout, soient les gens de bonne foi? » J. J. «< Que vos réponses (aux questions des enfants) soient toujours graves, courtes, décidées, et sans jamais paraître hésiter. » ID.

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et assuré, la démarche ferme et délibérée. » LABR. « Le maître du logis me parut un grand benêt. Il affectait en vain de prendre l'allure des petitsmaîtres; c'était un imbécile qui voulait se donner un air délibéré. » LES. « Elle avait de la taille, quelque chose de fort délibéré dans l'air. » HAM. Lubin avait une taille leste, une démarche délibérée. » MARM. Avec de la philosophie «<< on arrive au tombeau d'un pas plus ferme et plus délibéré. » VOLT.

a

Déterminé marque un excès et se prend en mauvaise part: le déterminé s'emporte hors des termes ou des bornes, comme le débordé hors des bords et le déréglé hors des règles. Un déterminé buveur (J. J.), un voleur déterminé (BUFF.), un déterminé scélérat (VOLT., J. J.). «Ils m'ont tou jours vu le plus déterminé d'entre eux, le plus vif, le plus dévoué au crime. MASS. « Le duc de Berry trouva une femme haute, altière, emportée, incapable de retour.... Elle était suprêmement fausse et parfaitement déterminée. » S. S. « Les hommes s'étourdissent les uns les autres, et s'encouragent mutuellement à mal faire, toujours plus déterminés en compagnie qu'en particulier. Boss. « Figurez-vous dans Jérusalem plus de vingtdeux mille hommes de guerre, gens de carnage et de sang, qui s'étaient aguerris par leurs brigandages; au reste, si déterminés, qu'on eût dit que la famine et la peste leur donnaient de nouvelles forces. » ID. « Romulus n'avait pour sujets qu'un assemblage de gens hardis, déterminés, féroces, qui n'espéraient de sûreté pour leur personne que par la force.» ROLL.

DÉCOMPOSER, ANALYSER. Résoudre un tout en ses parties. a Décomposer, disait l'Académie dans son avant-dernière édition, est la même chose qu'analyser.

D

Décomposer a été formé de deux mots latins, savoir de la particule privative et négative de, et de componere, réunir, rapprocher, composer. Mais analyser a une origine grecque, ayant été fait d'avaλvog, décomposition, résolution, dissolution, venu lui-même du verbe avaλúɛtv, détacher, délier, décomposer, expliquer.

C'est pourquoi décomposer n'est pas comme analyser un terme de science. « Tout le monde sent bien, dit Voltaire, qu'il a une intelligence, qu'il reçoit des idées, qu'il en assemble, qu'il en décompose. » On a appelé idéologues des philosophes qui se proposent d'analyser les idées et d'en rechercher l'origine.

Résolu regarde la volonté. Si le décidé ne doute de rien, le résolu ne craint rien, est ferme dans ce qu'il se propose ou entreprend. Aussi dit-on plutôt l'air résolu, et le ton décidé: « Un air trop résolu, un ton trop décidé. » MARM. Un homme d'action est plus ou moins résolu (Boss., ROLL.), Loin d'êtr une opération scientifique, la déun penseur ou un philosophe plus ou moins dé- composition n'est pas même toujours une action cidé (VOLT.). « C'est aux approches de la mort volontaire. « Une décomposition fortuite ou déréque l'impiété la plus fière et la plus résolue com- glée n'est pas une analyse. » LITTRE. Un corps mence à s'ébranler et à se démentir. » BOURD. se décompose en tant de parties; dire qu'il s'a« Pélage se cantonna dans les montagnes d'As-nalyse serait une faute grossière. Il y a certaines turie avec ce qu'il y avait de plus résolu parmi les Goths. Boss. « Un poste entre des rochers où cent hommes résolus pouvaient arrêter une armée entière. » VOLT. « Quoique je sentisse frémir la nature, je ne laissai pas d'affecter de paraître résolu. Je pris même un air d'intrépidité....» LES.

Délibéré regarde l'extérieur : il le représente libre, dégagé, plein d'aisance, a Giton a l'œil fixe

pierres précieuses, comme le diamant et la topaze, qui décomposent les rayons du soleil (BERN.); de savants physiciens sont parvenus à analyser les rayons du soleil (VOLT.).

Lorsque les deux verbes sont le plus synonymes, c'est-à-dire lorsqu'ils signifient l'un et l'autre une action faite à dessein par l'homme, décomposer la représente toujours comme moins scientifique ou moins subtile. « Pour décomposer

il suffit de séparer les parties, au lieu que pour | DÉCRASSER, DÉBARBOUILLER. C'est, en paranalyser il faut de plus saisir leurs rapports; en lant du corps de l'homme, le nettoyer, en ôter un mot analyser c'est décomposer dans un ordre ce qui le salit. qui montre les principes et la génération de la chose. » COND. « Newton a décomposé les rayons du soleil par l'extrémité qui arrive jusqu'à la terre; mais qui les analysera par le côté où ils émanent du soleil? » BERN. Ou bien encore décomposer convient mieux à l'égard des sciences pratiques, de celles qui ont des applications utiles pour la vie, et analyser quand il est question de celles qui sont purement théoriques. La chimie s'occupe de notre conservation en décomposant les liqueurs, les minéraux et les plantes; la géométrie analyse les grandeurs (THOM.). En mathématiques décomposition ne se dit pas; analyse est le mot de rigueur.

DÉCONCERTER, DÉMONTER. Ces deux mots sont synonymes en tant qu'ils signifient l'un et l'autre au figuré, mettre dans un tel état, qu'on ne sache plus que faire, que résoudre, à quel moyen recourir.

1° Déconcerter, rompre le concert ou l'harmonie, se dit plutôt de plusieurs hommes réunis pour poursuivre un but commun, ou en parlant d'une chose qui implique l'idée d'un concours de lumières et de desseins. « Cette victoire déconcerta les alliés. » ACAD. « La doctrine de la Réforme n'a jamais paru plus déconcertée; tout s'y dément, tout s'y contredit. » Boss. Au contraire, démonter, c'est-à-dire familièrement désarçonner, ôter à quelqu'un sa monture, suppose toujours un seul homme. « Jean-Jacques jouait-il avec un plus faible que lui qu'il croyait plus fort, il était battu la suffisance des autres l'intimide et le démonte infailliblement. » J. J.

2o On déconcerte les mesures (ACAD.), les projets (ID.), on les bouleverse ou on les renverse; on démonte la tête, la cervelle, qui est comme la machine à l'aide de laquelle on prend des mesures et on forme des projets, on la détraque une tête démontée (FÉN.), un cerveau démonté (MOL.). L'homme déconcerté est celui dont les plans se trouvent dérangés; l'homme démonté est celui dont l'esprit est troublé, en désordre.

3o Déconcerter dit moins que démonter. En déconcertant on apporte simplement du désaccord dans le jeu des facultés intellectuelles, on en empêche l'exercice harmonieux, régulier, normal. En démontant on sépare, on désassemble les pièces de la machine, on en supprime par conséquent le jeu ou l'exercice. Gil-Blas a eu la naïveté de déclarer franchement son avis sur le dernier discours de l'archevêque de Grenade. Celui-ci lui dit : « Monsieur Gil-Blas, cette pièce n'est donc pas de votre goût? Je ne dis pas cela, Monseigneur, interrompis-je tout déconcerté.... Je vous entends, répliqua-t-il. Je vous parais baisser, n'est-ce pas ?.... J'ai été furieusement la dupe de votre intelligence bornée. Quoique démonté, je voulus chercher quelque modification pour rajuster les choses. » LES. « Cela le déconcerte, toutefois il se met à vouloir lire. Il répète monsieur, il ânonne; bref il se démonte au point qu'il ne peut lire et qu'il demeure absolument court,» S. S.

Décrasser se dit de toutes les parties du corps, la crasse pouvant s'amasser sur toutes. « Comme c'était l'homme de la cour le plus propre, il passa le reste de la journée à se décrasser, et à se faire toutes les préparations que le temps et le lieu permettaient. » HAM. « On m'en a conté de belles de son peu de propreté.... Comment! jamais ne se laver pour soi-même, et ne décrasser que ce qu'il faut nécessairement que l'on montre, c'est-à-dire la gorge et les mains! » ID. « Je commençai par me raser, peigner, décrasser et poudrer. » LES. — Mais on ne se débarbouille que le visage; car barbouiller, c'est appliquer à un visage imberbe ou rasé une couleur qui lui fait une sorte de barbe ou des moustaches, c'est, par extension, couvrir le visage d'une couleur qui le gate, et de là vient qu'on dit, suivant Condillac, débarbouiller un tableau, pour, en enlever les couleurs qui l'altèrent. « Pour le visage, le secrétaire se le barbouilla de suie, et se fit une moustache avec de l'encre.... Le secrétaire alla se débarbouiller et reprendre ses habits. » LES. Je lui donne à présent congé d'être Sosie, Je suis las de porter un visage si laid; Et je m'en vais au ciel avec de l'ambroisie M'en debarbouiller tout à fait.

(Mercure, dans Amphitryon). MOL. Les deux mots prennent l'acception figurée dans le style familier, et y signifient enlever, effacer quelque chose qui ternit ou gâte une personne au point de vue moral.

Mais alors décrasser suppose quelque chose de permanent, d'inné ou d'habituel et de plus inhérent à la personne, la roture et le pédantisme, par exemple. « Le sieur Poinsinet, appelé par dérision, depuis son voyage d'Espagne, don Antonio Poinsinetto, nouvelle dénomination qu'il s'était donnée lui-même, croyant se décrasser par là et acquérir un vernis de noblesse catalane. » BACH. « Il est généalogiste, et il espère que tous ces nouveaux riches auront besoin de lui pour réformer leur nom, décrasser leurs ancêtres, et orner leurs carrosses. » MONTESQ. « On se décrasse assez en ma compagnie, et tout le monde avoue que je n'ai point la conversation roturière. » REGN. Lafontaine dit d'un certain pédant :

Qu'il aille voir la cour tant qu'il voudra,
Jamais la cour ne le décrassera.

« Votre conversation me décrasserait de la rouille que j'ai contractée par trente ans d'absence de Paris. » VOLT. Débarbouiller, au contraire, c'est faire disparaître quelque chose d'accidentel et de superficiel dont quelqu'un a été taché ou noirci, c'est laver quelqu'un d'un reproche, le blanchir. «< On m'a mandé qu'on disait que j'avais eu avec le cardinal de Bouillon un très-vif commerce de lettres. Voici la vérité.... Si on peut faire usage de tout ceci, à la bonne heure; mais je ne veux point que des gens de bien nets se barbouillent pour me débarbouiller.» FEN. « Je vous remercie bien de m'avoir débarbouillé dans le conclave. Il faudrait que votre cardinal fat bien peu de ce monde pour me croire

l'auteur d'un ouvrage dans lequel on loue un | Locke un livre dans lequel il se proposait de déhomme d'esprit (D'Alembert), uniquement pour sa géométrie. » VOLT.

DÉDAIGNER, MÉPRISER. Faire peu ou ne point faire de cas.

montrer que les choses illicites ne sont pas telles parce qu'elles sont défendues, mais que les choses défendues sont d'ordinaire telles parce qu'elles sont illicites.

Пlicite, on le voit, enchérit sur défendu : ce qui est illicite est encore plus interdit que ce qui est défendu, puisque 'c'est quelque chose d'essentiellement mauvais, quelque chose de contraire

convertis se sont procuré de plaisirs défendus et illicites, autant ils doivent s'interdire de plaisirs même permis et innocents.» BOURD.

Dédaigner a rapport au sujet de l'action, lequel est dédaigneux, lequel regarde du haut de sa grandeur ou comme au-dessous de soi. Mépriser, au contraire, se rapporte à la personne ou à la chose qui est l'objet de l'action; elle est mépri-au bien en soi ou essentiel. « Autant ces hommes sable ou jugée telle, mal prise, prise en mauvaise part ou comme étant mauvaise. Le dédain a son fondement dans l'idée qu'on se fait de son mérite, de son excellence ou de sa supériorité, et le mépris dans l'opinion qu'on a du peu de valeur ou de mérite des choses ou des personnes. Qui ne doute de rien pour ce qui regarde ses propres forces dédaigne l'ennemi; on méprise un ennemi qu'on sait ou qu'on suppose être faible. L'homme plein de confiance en ses lumières dédaigne les conseils; on méprise des conseils qu'on ne trouve pas utiles ou salutaires. Dans l'antiquité, l'homme libre dédaignait le commerce et l'industrie, il se croyait d'une nature trop relevée pour daigner s'y adon-hibition en style de palais ou de chancellerie, à ner; chez les Romains, on méprisa d'abord la philosophie, parce qu'elle parut pernicieuse ou tout au moins sans utilité pour la morale et les affaires publiques.

Le dédain mortifie, blesse l'amour-propre, on y est très-sensible. Cependant le mépris est d'une nature plus grave. Celui qui vous méprise ne vous rabaisse pas, ne vous humilie pas seulement, il vous flétrit autant qu'il est en lui; ce n'est plus seulement à votre condition, à votre rang ou à votre capacité qu'il s'attaque, c'est à votre moralité et à votre honneur. Aussi mépriser se met-il assez souvent après dédaigner, comme propre à renchérir, sinon pour le degré, du moins pour l'espèce. « Vous m'ôterez mes biens temporels, mais je les dédaigne et je les méprise. » Boss. «C'est à qui se surpassera en dédain et en mépris l'une pour l'autre, et à qui s'en rendra le plus digne. » DUDEFF. Un préambule dédaigneux et méprisant. » ARN.

D'ailleurs, défendu se dit plutôt d'un objet, de quelque chose qui est de nature à être prohibé par les hommes. Illicite convient tout aussi bien pour ce qui est abstrait et inaccessible à la législation humaine, pour les sentiments, par exemple. « Éloignez de vous tous les objets défendus; retranchez tous les désirs illicites. » FÉN.

DÉFENSE, INTERDICTION (DÉFENDRE, INTERDIRE). Ces mots signifient dans la langue commune la même chose que prohibition et in

savoir l'ordre de s'abstenir de certaines choses; ordre émanant, non pas de décrets exprès de l'administration, de la police ou des tribunaux, mais de Dieu, de la nature ou des lois générales.

Défendre vient de de, qui marque éloignement, et de fend, rencontre (allemand, finden, trouver) : c'est donc empêcher de rencontrer, de heurter contre; on défend quelque chose de mauvais en soi, quelque chose qui offense; aussi défendre signifie-t-il dans une autre acception protéger, garantir. Le meurtre est défendu (LABR.); au moyen âge, on défendit la lecture des livres d'Aristote (COND.). On interdit, au contraire, par divers motifs des choses en soi bonnes ou avantageuses. L'état présent de notre santé peut nous interdire l'usage de mets excellents (J. J.). Pendant le carême, toutes les réjouissances sont interdites (Boss.). « Les avantages que vous pouvez retirer de votre prospérité vous sont presque tous interdits par la loi de Dieu.

DÉFENDU, ILLICITE. Qu'on ne doit pas se MASS. permettre.

de commencer. Mais l'interdiction nous prend pendant, nous fait cesser, nous fait laisser là ce que nous tenions déjà; c'est aussi ce que suppose le mot interdire appliqué aux personnes : interdire quelqu'un de ses fonctions, interdire une personne en démence. Le clergé et le tiers état étaient en contestation sous Louis XIII touchant les bornes du pouvoir spirituel on assembla le conseil du roi (1615); le prince de Condé conclut à défendre au parlement la publication de son arrêt, et à interdire toute dispute au clergé et au tiers état (VOLT.). On défend les propos de la galanterie à une jeune fille qui débute dans le monde; on les interdit à une femme qui y est accoutumée.

Ensuite, la défense nous préserve, nous met en Défendu est le participe du verbe défendre; il-garde : elle nous prend avant et nous empêche licite est un adjectif pur. Ce qui est défendu présuppose une défense, quelque chose de positif qui défend, ordre, ordonnance, prescription, règlement, décision ou loi particulière. « J'ai trouvé Zachi couchée avec une de ses esclaves, chose si défendue par les lois du sérail. MONTESQ. « L'usage de la chair est défendu aux riches en carême par les saints canons.» VOLT. Mais la chose illicite ne présuppose rien : elle est illicite, non pas de fait, mais en soi, absolument; c'est quelque chose de contraire à la loi naturelle, à la vertu, à l'honnêteté, et non pas à ce qui a été établi, réglé par un homme ou par des hommes. « C'est alors (dans l'indigence) qu'une femme et des enfants sont une violente tentation à la fraude, au mensonge et aux gains illicites. » LABR. « Voilà ce qu'on appelle puissance arbitraire. Je ne veux pas examiner si elle est licite ou illicite. » Boss.

Enfin, interdire semble moins rigoureux ; et c'est peut-être à cause de cela qu'on s'interdit et qu'on ne se défend pas certaines choses à soiFranklin avait eu l'idée de composer contre même. C'est la loi, c'est le devoir qui défend;

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