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BARTHOLO, à genoux.

Pardon: j'ai bientôt senti tous mes torts; et tu me vois à tes pieds prêt à les réparer.

ROSINE.

Oui, pardon! lorsque vous croyez que cette
ne vient pas
de mon cousin.

lettre

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Qu'elle soit d'un autre ou de lui, je ne veux aucun éclaircissement.

ROSINE, lui présentant la letre.

Vous voyez qu'avec de bonnes façons on obtient tout de moi. Lisez-la.

BARTHOLO.

Cet honnête procédé dissiperoit mes soupçons, si j'étois assez malheureux pour en conserver.

ROSINE.

Lisez-la donc, Monsieur.

BARTHOLO se retire..

A Dieu ne plaise que je te fasse une pareille injure!

ROSINE.

Vous me contrariez de la refuser.

BARTHOLO.

Reçois en réparation cette marque de ma parfaite confiance. Je vais voir la pauvre Márceline, que ce Figaro a, je ne sais pourquoi, saignée du pied; n'y viens-tu pas aussi?

ROSINE.

J'y monterai dans un moment.

BARTHOLO.

Puisque la paix est faite, mignonne, donne

moi ta main. Si tu pouvois m'aimer, ah! comme tu serois heureuse!

ROSINE, baissant les yeux.

Si vous pouviez me plaire, ah! comme je vous aimerois!

BARTHOLO.

Je te plairai, je te plairai; quand je te dis que je te plairai. (Il sort.)

SCÈNE X VI.

ROSINE, le regardant aller.

An! Lindor! il dit qu'il me plaira!.... Lisons cette lettre, qui a manqué de me causer tant de chagrin. (Elle lit et s'écrie :) Ah!.... j'ai lu trop tard; il me recommande de tenir une querelle ouverte avec mon tuteur; j'en avois une si bonne! je l'ai laissé échapper. En recevant la lettre, j'ai senti que je rougissois jusqu'aux yeux. Oh! mon tuteur a raison. Je suis bien loin d'avoir cet usage du monde qui, me dit-il souvent, assure le maintien des femmes en toute occasion. Mais un homme injuste parviendroit à faire une rusée de l'innocence même.

FIN DU SECOND ACTE.

SCÈNE I.

BARTHOLO, seul et désolé.

QUELLE humeur! quelle humeur! Elle paroissoit

appaisée... là, qu'on me dise qui diable lui a fourré dans la tête de ne plus vouloir prendre leçon de don Bazile? Elle sait qu'il se mêle de mon mariage... (On heurte à la porte.) Faites tout au monde pour plaire aux femmes; si vous omettez un seul petit point... je dis un seul... (On heurte une seconde fois.) Voyons qui c'est.

SCENE II.

LE COMTE, en bachelier; BARTHOLO.

LE COMTE.

QUE la paix et la joie habitent toujours céans!
BARTHOLO, brusquement.

Jamais souhait ne vint plus à propos, Que voulez-vous?

LE COMTE.

Monsieur, je suis Alonzo, bachelier, licencié.

BARTHOLO.

Je n'ai pas besoin de précepteur.

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LE COMTE.

Elève de don Bazile, organiste du grand couvent, qui a l'honneur de montrer la musique à madame votre....

BARTHOLO.

Bazile! organiste! qui a l'honneur! je le sais; au fait.

LE COMTE, à part.

Quel homme! (Haut.) Un mal subit qui le force à garder le lit...

BARTHOLO.

Garder le lit! Bazile! il a bien fait d'envoyer; je vais le voir à l'instant.

LE COMTE, à part.

Oh diable! (Haut.) Quand je dis le lit, Monsieur, c'est... la chambre que j'entends.

BARTHOLO.

Ne fût-il qu'incommodé, marchez devant, je yous suis.

LE COMTE embarrassé.

Monsieur, j'étois chargé... Personne ne peut-il nous entendre?

BARTHOLO, à part.

C'est quelque fripon. (Haut.) Eh non! Monsieur le mystérieux, parlez sans vous troubler, si vous pouvez.

LE COMTE, à part.

Maudit vieillard! (Haut.) Don Bazile m'avoit chargé de vous apprendre....

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BARTHOLO.

Parlez haut, je suis sourd d'une oreille.
LE COMTE, élevant la voix.

Ah! volontiers. Que le comte Almaviva, qui restoit à la grande place...

BARTHOLO, effrayé.

Parlez bas, parlez bas.

....

LE COMTE, plus haut.

En est délogé ce matin. Comme c'est moi qu'il a su que le comte Almaviva...

BARTHOLO.

Bas; parlez bas, je vous prie.

LE COMTE, du méme ton.

par

.... Etoit en cette ville, et que j'ai découvert que la signora Rosine lui a écrit...

BARTHOLO.

Lui a écrit ? Mon cher ami, parlez plus bas, je vous en conjure. Tenez, asseyons-nous, et jasons d'amitié. Vous avez découvert, dites-vous, que Rosine...

LE COMTE, fièrement.

Assurément. Bazile, inquiet pour vous de cette correspondance, m'avoit prié de vous montrer sa lettre; mais la manière dont vous prenez les choses....

BARTHOLO.

Ah mon dieu! je les prends bien : mais ne vous est-il pas possible de parler plus bas?

LE COMTE.

Vous êtes sourd d'une oreille, ayez-vous dit.

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