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Apportez une hache, et brisez-lui les reins. Je réponds de le tenir, et je sacrifie ma vie pour sauver mes concitoyens. >>

Il résulte de la déposition du sieur Langlande, médecin dans la ville de Rodez, qu'Albouy, visité par lui, a reçu du chien enragé quatorze blessures profondes au ventre, sur la cuisse et sur les mains; que ce médecin a cautérisé toutes ces plaies en les brûlant avec un fer rouge; opération qu'Albouy a supportée avec autant de courage qu'il en avait montré quand il luttait contre l'animal hydrophobe. «Opérez, allez toujours, disait-il au médecin je ne crains rien. Je suis content en pensant que j'ai pu me rendre utile à mes semblables. » Heureusement on n'a point à regretter la perte de ce courageux citoyen.

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L'Académie-Française n'a pu résister au sentiment d'admiration que lui a inspiré le dévouement héroïque de Simon Albouy, et lui a décerné un prix de quatre mille francs.

LA FIDÉLITÉ MAL RÉCOMPENSÉE.

FXTRAIT DE LA MORALE EN ACTION

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P... avait un chien nommé Muphty qu'il aimait beaucoup. Un jour qu'il devait recevoir une somme de douze cents livres

à la campagne, il monte à cheval, et Muphty ne manque pas de l'accompagner. Cet animal est témoin de tout il voit que M. P... compte et recompte de l'argent, qu'il enferme avec soin dans un sac, et

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qu'il remonte à cheval d'un air satisfait. Muphty prend part à la joie de son maître il s'agite, saute autour de lui, et jappe pour le féliciter. Vers le milieu du chemin, M. P... est obligé de mettre pied à terre. Il attache son cheval à un arbre, et passe derrière une haie. En s'éloi gnant, il se rappelle que son argent est resté sur le cheval, et

que le premier venu pourrait s'en emparer. Il va prudemment prendre le sac, le pose à côté de lui auprès d'un buisson, où il s'arrête quelque temps; ensuite il n'y pense plus, se lève et se dispose à partir.

Muphty, qui observait tous ses mouvements et qui le suivait pas à pas, s'aperçoit de cette distraction. Il court au sac, et essaie de le soulever ou de le traîner avec ses dents. Ce poids étant trop lourd, il retourne à son maître, s'accroche à ses habits pour l'empêcher de monter à cheval; il aboie, il mord. M. P... n'y fait aucune attention, repousse son chien et part.

Le chien s'étonne de ce que ses avis ne sont pas mieux écoutés. Ne pouvant empêcher le cheval d'avancer, son zèle l'emporte enfin il se jette sur lui et le mord en plusieurs endroits.

C'est alors que M. P... commence à craindre que Muphty ne soit enragé. Dans certains esprits, les soupçons se changent bientôt en certitude. On traverse un ruisseau. Le chien, quoique tout haletant, continue d'aboyer et de mordre; et, dans l'excès de son zèle, il ne songe point à se désaltérer. « Ah! mon malheur est donc certain? s'écrie M. P...; mon chien est enragé! S'il allait se jeter sur quelqu'un!....... Il faut le tuer... Un chien qui m'était si fidèle!... Mais si j'attends, il pourra bien me mordre moi-même. Allons, c'est un devoir... » Il prend un pistolet, vise et lâche le coup en détournant les yeux. Le chien tombe. En se débattant, il se tourne vers son maître, et semble lui reprocher son ingratitude.

M. P... s'éloigne en frémissant; il se retourne, et Muphty agite sa queue en le regardant, comme pour lui dire un dernier adieu. M. P..., au désespoir, est tenté de descendre pour chercher quelque remède au coup qu'il a porté. Un reste de frayeur l'arrête. Il continue tristement sa route, livré à des regrets, à des remords, et poursuivi par l'image de Muphty mourant. Il ne sait comment expier ce trait de barbarie; il donnerait tout pour qu'il fût possible de le réparer, et il maudit mille fois son voyage. Tout à coup cette idée lui rappelle celle de son sac il voit qu'il ne l'a plus... Il se souvient de

l'endroit où il l'a laissé c'est pour lui un coup de lumière.

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Voilà l'explication des cris et de la colère du malheureux Muphty!... Il retourne à toute bride chercher son argent en déplorant son injustice. Une trace de sang, qu'il aperçoit le long du chemin, le fait frissonner, et met le comble à sa douleur. Il arrive au pied du buisson, et qu'y trouve-t-il? Muphty expirant, qui s'était traîné jusque-là pour veiller du moins sur le bien de son malheureux maître, et pour le servir jusqu'au dernier instant.

BELSUNCE, ÉVÈQUE DE MARSEILLE.

PUBLICATION DES HOMMES UTILES.

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E BELSUNCE DE CASTEL-MARON (Henri-FrançoisXavier) naquit le 4 décembre 1671, au château de la Force en Périgord, d'Armand de Belsunce, marquis de Castel-Maron, baron de Gavaudan, etc., et d'Anne de Caumont-Lausun. Le jeune Belsunce, quand il eut terminé ses études à Paris, au

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