Page images
PDF
EPUB

manquer de produire une heureuse influence sur les habitants du Banc-de-la-Roche. A l'exemple de leur pasteur, ils se livrèrent à la pratique de toutes les vertus sociales. Ils lui témoignaient une piété filiale, et dans leur naïf langage ils ne le désignaient jamais que sous le doux nom de Papa. Lorsque ses forces, affaiblies par l'âge, ne lui permirent plus de gravir à pied les montagnes pour célébrer le service divin dans les succursales, les paysans, à tour de rôle, le conduisaient sur

[graphic][subsumed][subsumed]

un cheval et le recevaient à leur table. Le jour où il dînait dans une maison était un jour de fête pour toute la famille.

Oberlin conserva son activité d'esprit jusqu'à la fin de ses jours. Son corps se refusait à sa volonté, que son imagination rêvait encore le bien; et sa dernière prière fut une intercession pour sa paroisse chérie. Le 1er juin 1826, à six heures du matin, le patriarche du Banc-de-la-Roche se reposa dans le sein de l'éternité, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Sa mort fut un deuil général pour la contrée qu'il avait régénérée, et toutes les religions vinrent rendre un dernier hommage à ce digne représentant de la divinité. Un monument dû au ciseau du célèbre Ohmacht a été inauguré dans le temple de Waldbach le 1er juin 1827, et transmettra aux générations futures les traits vénérés du bon Papa.

BEAU DÉVOUEMENT D'UN ADMINISTRATEUR.

PAR M. LE BARON DE GERANDO.

IENHEUREUSE la cité qui a pour magistrat un homme comme celui dont nous allons parler! Le baron Félix Lecouteulx du Moley, auditeur au conseil d'état, fut appelé, en 1810, aux fonctions de préfet de la Côted'Or. Jeune encore, il jouissait de tous les biens qui peuvent attacher à la vie en donnant le bonheur sur cette terre: une épouse, digne objet de ses affections, une famille charmante, d'excellents amis; il possédait une fortune honorable, il jouissait de la considération publique, il avait été appelé à un poste élevé.

Vers 1812, une colonne de prisonniers espagnols fut dirigée sur Dijon; le typhus y régnait. Le préfet dut, en un moment, créer un hôpital spécial pour prévenir les dangers de la contagion. Literie, pharmacie, services, il disposa tout en personne, il pourvut à tout. A peine les malades étaient-ils installés dans cet asile, que le typhus y redouble ses ravages. Bientôt une nouvelle cause de désolation vient s'y joindre: un incendie éclate dans le voisinage, le feu gagne le dortoir des prisonniers. Il fallait transporter les malades sans le moindre retard; en vain le préfet demande des bras, promet des récompenses; personne n'ose s'exposer; les infirmiers eux

[graphic]
[graphic][subsumed][merged small]

mêmes reculent. Le préfet se précipite dans la salle où gisent ces infortunés, quitte ses habits, les charge sur ses épaules, et les met en sûreté; son secrétaire-général suit son exemple: les malades sont sauvés!

C'était vers le 20 ou le 24 mars 1812. Le soir même, Félix Lecouteulx fut saisi de l'affreuse maladie; le 1er avril il succomba entre les bras de sa femme et de ses enfants, noble victime d'un rare dévouement. Digne magistrat, il mourut en héros chrétien, fidèle aux leçons et aux exemples d'une mère qui fut le modèle des vertus.

LA PROBITE RÉCOMPENSÉE.

EXTRAIT DE LA MORALE EN ACTION.

[graphic]

ERRIN avait reçu le jour en Bretagne, près de Vitré. Né pauvre, et ayant perdu son père et sa mère avant de pouvoir en bégayer les noms, il dut sa subsistance à la charité publique. Il apprit à lire et à écrire; son éducation ne s'étendit pas plus loin. A l'âge de quinze ans, il servit dans une petite ferme, où on lui confia le soin des troupeaux. Lucette, une jeune paysanne du voisinage, fut, dans le même temps, chargée de ceux de son père. Elle les conduisait dans des pâturages où elle voyait souvent Perrin, qui lui rendait tous les petits services qu'on peut rendre à son âge et dans sa situation. L'habitude de se voir, leurs occupations, leur bonté mutuelle, leurs soins officieux, les attachèrent l'un à l'autre. Perrin se proposa de demander Lucette en mariage à son père. Lucette y consentit, mais elle ne voulut pas être présente à cette visite. Elle devait aller le lendemain à la ville: elle pria Perrin de choisir cet instant, et de venir le soir au-devant d'elle pour lui apprendre comment il aurait été reçu.

« PreviousContinue »