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nous pourrions citer l'enseignement de la musique, et des réunions musicales pour les ouvriers, qui leur procurent d'innocents plaisirs et des jouissances propres à purifier les

mœurs.

Le même associé de cette maison, M. J.-J. B..., a fait don récemment, à la ville où elle est située, d'un vaste édifice, destiné à servir d'hôpital, d'hospice, et à d'autres établissements utiles; ce don est d'une valeur d'au moins 200,000 fr. Au rez-de-chaussée est placée une marmite pour la distribution de soupes pour les malheureux. Mme B... y a fondé un asile, où douze orphelins sont gratuitement élevés et entre

tenus.

Deux salles d'asile pour les petits enfants ont été érigées par les soins de la même dame et à ses frais; l'une d'elles est située près de la manufacture. Elle a organisé aussi une dis tribution journalière d'aliments pour les indigents, et de médicaments pour les malades à domicile, qui se fait dans sa maison, et qui se faisait sous ses yeux avant qu'on eût le malheur de la perdre. Mais les soins qu'elle donnait personnellement aux familles des ouvriers, et à celles des pauvres, ajoutaient à tant de libéralités des bienfaits d'un prix inestimable. Elle-même les assistait de ses avis, les consolait dans leurs peines, les encourageait au bien; ils avaient constamment accès auprès d'elle; elle allait les voir et s'entretenir avec eux dans leurs modestes demeures. Le bien qu'elle n'a cessé de leur faire est un secret que cachait sa modestie, mais qui a éclaté à sa mort. Lorsqu'on apprit que sa vie était menacée, la foule des habitants se réunit spontanément dans les églises, en demandant au ciel la conservation de ses jours; et lorsqu'elle a été enlevée à cette population où elle avait répandu tant de soulagements et de semences utiles, la ville entière, la vallée qui y aboutit, la contrée d'alentour, ont formé, autour de son cercueil, un cortége immense où se mêlaient aux sanglots des infortunés dont elle était la mère, les hommages unanimes de l'admiration et des regrets. Ses dernières paroles ont été celles-ci : « Adieu, vous tous, mes bons et chers pauvres; Dieu ne vous abandonnera pas; je veillerai encore

sur vous; j'irai auprès du père de toutes les consolations le prier pour vous. » Elle leur a légué une personne pieuse et charitable qui l'assistait dans cet office, et qu'elle a chargée de veiller sur eux.

PAR M. LE BARON DE GÉRANDO.

La reconnaissance des ouvriers ne manque point aux chefs des établissements qui leur portent des soins paternels. Au moment où un revers vient de frapper une vaste manufacture du Haut-Rhin, une députation de tous les ouvriers s'est présentée chez son chef, et lui a offert, en leur nom, de travailler un mois gratuitement... Quel éloge pour les uns et les

autres!

Novembre 4844.

L'ABBE DESJARDINS.

EXTRAIT DE SON ORAISON FUNEBRE PRONONCEE PAR M. OLIVIER. CURE DE ST-ROCH.

ONSIEUR DESJARDINS naquit dans le diocèse d'Orléans en 1753. Élevé dans les habitudes douces et simples du hameau, sous les yeux d'un oncle, pasteur vénéré d'un petit troupeau, il conserva toute sa vie cette grâce naïve qui s'accordait en lui avec une no

blesse de sentiments, une élégance de manières, une politesse exquise. Quel esprit étincelait dans ses yeux, quelle douceur et quelle majesté il avait dans sa démarche ! combien il répandait sur tout son extérieur de grâces vives et naturelles! Il avait une gaieté grave, une aménité de mœurs, un charme de caractère, un attrait qui lui gagnait tous les cœurs.

En 1793, il se fait missionnaire au Canada et devient l'apôtre de cette contrée. Dans ce ministère apostolique, on le vit catéchisant les enfants, instruisant les plus ignorants et les plus grossiers, purifiant les mœurs dissolues, resserrant ies liens des alliances légitimes, apprenant au pauvre à bénir sa misère, au mourant à saluer d'abord sans effroi et puis ensuite

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à attendre avec joie la mort qui s'avance. Tout cela au prix des plus grands sacrifices, avec un zèle, une mansuétude, admirables.

En 1813, il se trouvait à Verceil, en Piémont, lorsque les militaires qui avaient échappé à la désastreuse campagne de Russie étaient dirigés en grande partie vers l'Italie; Verceil fut choisi comme hôpital général. Il comprit la mission que Dieu lui assignait; il ne quitte plus ses chers malades ni le jour ni la nuit; il est à la fois leur secrétaire auprès de leurs familles désolées, leur infirmier, leur catéchiste, leur confesseur, leur père. A l'imitation de saint Vincent de Paul, pour donner à ses soins toute l'efficacité nécessaire, il établit une société de dames charitables, qui s'occupent avec la plus grande ardeur à voir aux besoins les plus urgents.

pour

Nobles débris de la victoire, nos pauvres soldats manquaient de tout. A leurs blessures, à leurs prodigieuses fatigues s'est alliée la plus affreuse misère. Bientôt le typhus se déclare, maladie contagieuse plus horrible peut-être, plus inévitable que le fléau qui naguère pesait sur la France. On ne compte plus les victimes de la mort, mais seulement ceux qu'elle a épargnés. Cependant la foi revit dans ces cœurs flétris ou brùlés par toutes les souffrances; le saint prêtre exhorte, soutient, console, ouvre la porte des cieux. Il se jette dans le même lit entre le cadavre qui expire et celui qui a fini ses douleurs, il aspire leurs émanations infectées, il sauve les âmes; le sacrifice de sa vie, il l'a fait il ne cessera ses glorieux travaux, que lorsque, frappé lui-même du fléau, il at tendra qu'on lui demande compte de ses jours; mais Dieu n'avait voulu qu'embellir sa couronne et non la déposer encore sur sa tête vénérable.

Paris l'a connu longtemps dans l'exercice des fonctions pastorales qu'il remplissait comme curé de la paroisse des Missions étrangères: et personne ne comprit jamais mieux que lui les devoirs, la dignité, la sainteté du ministère pastoral. L'élégance de ses manières, son exquise urbanité, le faisaient l'égal de l'homme le plus élevé par la naissance et les dignités. L'artiste et le savant rencontrèrent en lui l'érudit sans faste,

l'homme de goût sans afféterie, le critique sans amertume, l'homme de lettres sans prétention. Pour le pauvre et pour l'ignorant, il ne paraissait que l'homme de la bienfaisance, de la miséricorde et de la charité.

Vicaire-général de Paris, ses conseils, sa fermeté, sa douceur, exerçaient une influence immense sur le clergé du diocèse. Chargé spécialement de l'administration spirituelle des prisons, il guida les aumôniers, anima leur courage et souvent soutint leurs âmes abattues.

A la tête de ses bonnes œuvres, on doit placer la belle création des sœurs garde-malades. C'était peut-être la seule œuvre de charité qui eût échappé à saint Vincent de Paul; ses développements, ses succès, l'estime, la reconnaissance et la vénération qu'ont obtenus les sœurs de Bon-Secours, les services incontestables qu'elles rendent tous les jours, indiquent assez l'importance et la nécessité d'une telle institution.

On doit également à son zèle la fondation du bel établissement de la Providence, où sont élevées un grand nombre de jeunes orphelines, et qui est aujourd'hui situé dans la rue Plumet, à Paris.

L'abbé Desjardins était le seul qui ne se doutât pas de tout le bien qu'il faisait. Lorsque la nature de ses bonnes œuvres devait trahir son humilité, on eût dit qu'elles lui étaient étrangères ou qu'il n'avait été que le conseiller de ces œuvres qu'il avait établies seul et par le sacrifice entier de sa fortune. Sa charité était telle, qu'il ne fut pas possible de lui faire conserver même le nécessaire. Constamment il se dépouillait dans ses visites aux pauvres. Quand l'argent lui manquait, il leur portait ses propres effets, ne possédant plus autre chose, et n'avait pas chez lui une chemise pour remplacer celle qu'il venait de donner.

Lorsque M. l'abbé Desjardins mourut, le 21 octobre 1833, on ne trouva dans sa chambre que 3 fr. 60 cent., le salaire d'une journée d'ouvrier. Ce trait suffirait à lui seul pour louer sa belle vie.

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la prise du château de Solre, qui était le plus fort de tout le Hainault, les soldats ayant trouvé une dame de la plus grande beauté la mènent à Turenne. Le maréchal les loue des égards qu'ils lui ont montrés, fait chercher son mari en diligence, et la remet entre ses mains, en lui témoignant combien les militaires français s'honorent

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par le respect qu'ils portent aux dames au milieu des horreurs de la guerre.

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