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ZELE COURAGEUX D'UN CHIRURGIEN MILITAIRE.

EXTRAIT DES ANNALES DE LA MARINE, 1837.

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N l'an 1833, le 15 février, un matelot, en manœuvrant à bord du brick sarde le Leo, dans la rade de Bougie, tomba des haubans sur le pont.

Le capitaine du navire vint à terre chercher un chirurgien; mais le trajet étant très-dangereux du débarcadère au navire,

il ne reçut qu'un refus de celui auquel il s'adressa.

M. Rouquier (Joseph-Charles), chirurgien aide-major au 67° de ligne, qui se trouvait alors à Bougie, informé de l'événement, se présenta aussitôt de son propre mouvement. Ce ne fut qu'après de grands dangers, et après être tombé à la mer, qu'il parvint auprès du blessé; il l'arracha à une mort certaine, en lui donnant, en temps utile, les secours de son

art.

Le gouvernement a décerné une médaille d'or à ce chirurgien.

L'ENFANT DU FONDEUR.

EXTRAIT DU GUIDE DU BONHEUR, PAR M. LE BARON DELESSERT.

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'EST une jolie petite fille de sept ans, Eugénie Perrault, qui rentrait de son école chez ses parents, avec son panier au bras. Il était cinq heures et demie du soir; la journée était affreuse. Des décombres d'un bâtiment sort une autre petite fille de huit ans, de figure agréable, transic de froid et mouillée jusqu'aux os. « Mademoiselle, auriez

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vous un peu de pain? j'ai bien faim. Oh mon Dieu, oui! j'en ai, répond Eugénie. Tenez, ma petite, en voilà. Mais comme vous êtes mouillée ! Je suis là depuis longtemps. Mon papa m'a amenée de la campagne à Paris; il m'a dit de l'attendre à la porte d'un marchand de vin, mais il est sorti par une autre porte sans venir me reprendre. -Vous n'avez donc pas de maman? - Elle est morte.-Avez-vous des petits frères, des petites sœurs? Nous sommes sept.-Eh bien! venez avec moi; j'ai une bonne maman, elle vous donnera à manger, elle vous couchera; vous serez ma petite sœur. » Et Eugénie de prendre aussitôt la petite fille par la main et de l'emmener avec elle. «<< Tiens, maman, voilà une pauvre petite fille que son père a abandonnée. Tu la garderas, n'est-ce pas, maman? Tu sais bien que dans la fable de l'Enfant abandonne, le bon Dieu dit qu'il bénira ceux qui en prendront soin le bon Dieu te bénira. »

Sur la recommandation d'Eugénie, l'orpheline a été sur-lechamp habillée et traitée comme l'enfant de la maison.

Quel est donc le père de cette Eugénie qui, dans un âge aussi tendre, est si bienfaisante et si sensible? C'est un honnète et simple ouvrier, fondeur en caractères.

Une jeune princesse, informée de ce trait charmant, a surle-champ fait porter à l'intéressante petite fille des marques de sa bienfaisance.

LES ENFANTS CHARITABLES.

TRAIT FOURNI PAR M. LE BARON DELESSERT.

ORVAN, veuf depuis plusieurs années, est venu l'hiver dernier, avec son enfant, d'un département éloigné, dans l'espoir de travailler aux fortifications; il avait obtenu l'admission de son jeune. garçon, nommé Gilles Marie, âgé de neuf ans, à l'école communale de Passy, fondée et entretenue par M. Benjamin Delessert.

Le père et l'enfant étaient dans le dénuement le plus complet; c'est à peine si celui-ci avait son pain de chaque jour, souvent même on se couchait sans souper. « Nous allons, disait un jour l'enfant à l'un de ses camarades, dans son naïf langage, nous coucher à jeun ce soir, car nous n'avons plus de pain. » C'est alors qu'un enfant de l'école, le jeune Toussaint Antoine, presque aussi pauvre, a commencé le premier à partager son déjeuner avec lui; et depuis, les autres, touchés de la misère de ce pauvre enfant, se sont empressés d'apporter chaque jour de quoi subvenir non-seulement à ses besoins, mais encore à ceux de son père, que le mauvais temps empêchait souvent de travailler. Ainsi les uns donnaient du pain, les autres un, deux et quelquefois jusqu'à trois sous. On donnait aussi des vêtements, même des souliers. Enfin chaque soir le pauvre enfant emportait au moins un kilogramme de bon pain, qui servait au souper et au déjeuner du matin. Et ce qu'il y a de plus touchant, c'est que ce bon cœur des enfants s'est soutenu tout le temps de la saison rigoureuse, sans faiblir un seul instant, toujours avec le même empressement et la même effusion.

Quand les jours furent devenus plus doux, ces pauvres gens reprirent à pied la route du pays, emportant dans leur cœur le souvenir de l'école de Passy.

L'AUMONIER DES PRISONS.

EXTRAIT DE LA VIE DE L'ABBE PERRIN PUBLIEE A PARIS EN 1841, PAR M. JURY.

/ONSIEUR L'ABBÉ PERRIN, né dans la petite ville de Fleurs, en 1753, fut, dans sa jeunesse, éprouvé par tous les genres d'adversité, et les supporta avec une pieuse résignation. Attaché plus tard à l'église de Saint-Jean, en qualité de chapelain, M. Claudin, son ami, curé de cette métropole, devina en lui l'apôtre futur, et le désigna pour les fonctions d'aumônier de la prison de

Roanne. Heureuse pensée, qui a arraché tant de malheureux

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