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et demi après, il se dévoua pour porter en Frise les lumières de l'Évangile. Il partit pour cette région, accompagné de quelques religieux; il y convertit en peu de temps au christianisme un assez grand nombre d'idolâtres. Il régnait parmi les Frisons une coutume cruelle et impie suivant laquelle ils immolaient des hommes à leurs faux dieux les jours de fète. Le sort décidait de ceux qu'on devait choisir pour victimes, et ceux sur lesquels il tombait étaient ensuite ou noyés, ou pendus, ou massacrés par l'élite des soldats, qui les mettaient en pièces. Saint Wulfran sauva d'abord un jeune homme conduit à la potence malgré la disposition favorable du prince, qui s'était laissé fléchir par le saint missionnaire, mais qui était forcé de céder aux protestations de la multitude. Bientôt ensuite, il délivra deux jeunes hommes que les Frisons voulaient sacrifier aux idoles, et dont le prince Radbod lui accorda la grâce. Il les baptisa. Ces trois jeunes gens entrèrent dans un monastère de France..... Des enfants exposés à la mer pour être noyés en l'honneur des dieux du pays lui durent aussi leur salut. Il continua cinq ans en Frise cette mission évangélique avec un succès croissant.

ORAISON FUNEBRE D'UN PAYSAN PAR UN CURE DE VILLAGE.

EXTRAIT DE LA MORALE EN ACTION.

Es chers auditeurs, l'homme que vous voyez n'était rien moins que riche, et cependant il a été, pendant près de quatre-vingt-dix années, le bienfaiteur de ses semblables; il était fils d'un laboureur dans sa plus tendre jeunesse, ses faibles mains s'essayèrent à conduire la charrue; ses jambes n'eurent pas plutôt acquis la force nécessaire, qu'on le vit suivre son père dans les sillons qu'il traçait. Aussitôt que son corps eut pris son dé

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veloppement, et qu'il put se flatter d'être assez instruit, il se chargea du travail de son père, afin que celui-ci se reposat. Depuis ce jour, le soleil l'a toujours trouvé dans les champs ou dans les jardins, occupé à labourer, ou à semer, ou à planter, ou à voir recueillir aux autres la récompense de son industrie. Il a défriché, pour les autres, plus de deux mille arpents d'un terrain ingrat qui paraissait voué à la stérilité, qui rapporte maintenant, et qui, sans lui, continuera de rapporter dorénavant, parce qu'il l'a mis en valeur. C'est lui qui a planté la vigne qu'on voit avec tant de surprise dans ce canton; c'est lui qui a planté ces arbres fruitiers qui ornent et enrichissent ce village. Ce ne fut pas par avarice qu'il fut infatigable, je vous l'ai dit; ce n'était pas pour lui qu'il semait et qu'il labourait c'était par amour pour le travail, et pour obliger les hommes, même ceux qui le désobligeaient, qu'il ne cessait de travailler. Il avait deux principes dont il ne se départit jamais le premier, que l'homme est fait pour travailler; le second, que Dieu bénit le travail de l'homme, ne fût-ce que par l'intérieure satisfaction de l'homme voué au travail. Il se maria vers la fin du printemps de son âge; il eut une femme qu'il aima plus que lui-même; des enfants qu'il chérit autant que son épouse. Son sort ni sa situation gênée ne l'inquiétaient point, c'était le sort de sa femme et de vingt enfants : il les éleva au travail et à la vertu, et eut soin, à mesure qu'ils sortaient de l'adolescence, de les marier à des femmes honnêtes et laborieuses; c'était lui qui, la joie peinte sur le front, les conduisait au pied des autels. Tous ces petit-fils ont été élevés sur les genoux de leur grand-père; vous savez, chers auditeurs, qu'il n'est aucun d'eux qui ne donne les plus belles espérances. Les jours de réjouissance, il était le premier à faire annoncer le moment des divertissements; et sa voix, ses gestes, ses regards respiraient, inspiraient la gaieté. Vous vous souvenez tous de sa candeur, du bon sens et du jugement qui caractérisaient ses propos; il aimait l'ordre par un sentiment intérieur; il ne refusait ses services à personne; il s'affectait des calamités publiques, des malheurs particuliers; il aimait sa patrie, et son cœur ne cessait de faire des souhaits pour sa

prospérité; il haïssait les méchants, et vivait avec eux comme s'ils eussent été gens de bien; ils le trompaient et il ne l'ignorait pas, et leur laissait l'avilissante satisfaction de croire qu'il ne s'apercevait pas qu'on abusait indignement de sa bonne foi; ils le trompaient encore, il gardait le silence, et restait en apparence aussi paisible qu'il le pouvait. Ce fut ainsi qu'il parvint à la vieillesse; ses jambes tremblaient sous le poids de son corps; il gravissait les montagnes pour conduire ses petitsfils et leur donner des instructions d'après sa longue expérience. Sa mémoire le servait fidèlement, et se rappelait à propos les observations utiles qu'il avait eu occasion de faire pendant le cours de sa longue vie. Il était l'arbitre des gens de bien; sa probité ne fut jamais suspectée, même par ceux qu'il condamnait. La veille de sa mort, il rassembla sa famille, et dit: «Mes enfants, je vais me réunir à celui qui est la source de tous les biens, je les posséderai perpétuellement : je meurs sans chagrin et sans regret. Que mon enterrement ne vous occupe

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INTREPIDITÉ DE CATHERINE ROBAINE.

EXTRAIT DES FASTES DE LA NATION FRANÇAISE.

u village de Voinemont, près de Nanci, le feu prit pendant la nuit dans les granges et les écuries de Nicolas Harmant. L'embrasement fut si prompt que l'on crut impossible de sauver les bestiaux. Catherine Robaine, âgée de 20 ans, et domestique de la maison, ne consulte que son courage, elle s'élance sous les toits en

flammés, coupe les liens des chevaux et des autres bestiaux, parvient à les faire sortir, et sauve ainsi une partie des richesses de ses maîtres. Elle se souvient alors que le plus jeune des enfants du malheureux Harmant est couché dans l'écurie. « Ah! mon Dieu! s'écrie-t-elle, notre pauvre petit qui va perir! » A ces mots, elle s'élance de nouveau au milieu des flammes. On admire son courage; on tremble pour sa vie; tout à coup on la voit reparaître tenant l'enfant contre son sein. A peine l'a-t-elle déposé dans les bras de ses parents, que l'édifice s'écroule.

Harmant et sa femme, pleins de reconnaissance envers leur courageuse servante, la comblèrent de bénédictions et de pré

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sents.

UN DUEL PRÉVENU.

EXT. DE LA MORALE EN ACTION

[OUZE personnes avaient dîné ensemble: après le repas, on proposa de jouer, et l'on fit des parties différentes, dans l'une desquelles il s'éleva entre deux officiers une

dispute, suivie de quelques propos assez durs. Les autres personnes qui étaient présentes s'empressèrent de les apaiser, en leur disant qu'ils avaient

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tort tous deux. Ceux-ci cependant commençaient à s'échauffer, lorsqu'un autre officier de la compagnie, homme de tête, trèssage et très-sensé, alla à la porte de la salle, ferma la serrure à double tour, et mit la clef dans sa poche. Ensuite, se tournant vers la compagnie, il dit : «Personne ne sortira d'ici. Il faut que celui qui est l'auteur de la querelle commence (car c'est lui qui a le premier tort) à faire excuse à l'autre de ce qu'il lui a dit; que celui qui se croit attaqué reçoive l'excuse, et témoigne qu'il est fâché d'avoir relevé avec trop de hauteur l'insulte qu'il croit qu'on lui a faite; et qu'ensuite ces deux messieurs s'embrassent et promettent de ne rien demander

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davantage. S'ils refusent de le faire, j'en porterai mes plaintes aux maréchaux de France, et je les prierai de donner des ordres pour empêcher un duel entre ces messieurs. >> La conduite de cet officier fut fort approuvée; la compagnie engagea les deux militaires à se faire des excuses respectives, et ils s'embrassèrent.

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Ce genre d'affaires était alors porté au tribunal des maréchaux de France.

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