Page images
PDF
EPUB

y

a

exprime une idée, s'appelle en Logique un Terme, et que, par conséquent, il trois termes dans toute Proposition; l'idée du Sujet, l'idée de l'Attribut, et le Rapport de l'un à l'autre, qu'on exprime par autant de mots; 2.° que l'attribut d'une Proposition affirmative a un sens particulier, et que celui d'une Proposition négative a une signification générale. Ce second article demande un peu plus de détail. Soit donc cette Proposition affirmative, L'homme est un animal. Quel en est le sens? Sûrement on ne veut pas dire que l'homme soit un animal quelconque, un cheval, un bœuf, etc., mais qu'il est un animal d'une certaine espèce : l'attribut animal est donc pris d'une façon particulière, et sa restriction est sensible. Soit cette autre Proposition négative, L'homme n'est pas une pierre. Y auroit-il ici de la restriction, et voudroit-on dire seulement quel'homme n'est pas d'une certaine classe de pierres? Non, sans doute; on prétend avancer qu'il n'est aucune pierre possible, et qu'il ne peut être confondu avec cette substance dans aucun genre l'attribut

serve,

pierre est donc exclus du sujet sans réet conséquemment est général (1). Toutes ces notions paroîtront peut-être un peu abstraites et voisines de ce jargon. barbare qu'on reproche à la Logique ; mais elles sont indispensables, et je crois qu'on ne peut les présenter sous un jour

plus pur. Au reste ce petit sacrifice

[ocr errors]

qu'exige l'attention va nous procurer le plaisir de suivre toutes les règles du Raisonne

(1) Les Logiciens autrefois désignoient, pour abréger, les Propositions universelles affirmatives par la lettre A, les universelles négatives par E, les particulières affirmatives par I, et les particulières négatives par O. (Les Propositions singulières se rapportent aux universelles, parce qu'elles ont toute l'étendue dont elles sont susceptibles. ) On crut bien faire, en conséquence, et dans l'intention de soulager la mémoire des jeunes étudians, d'enchâsser ces quatre voyelles dans deux vers latins léonins et techniques, qui marquent la nature des Propositions :

Asserit A, negat E; verùm generaliter ambæ. Asserit I, negat O; sed particulariter ambo. Nous verrons, dans une note sur les Syllogismes, à quel autre artifice conduisit la combinaison de ces quatre lettres A, E, I, 0.

ent sans peine, sans dégoût, et surtout sans le désagrément ou de supposer des conditions inconnues, ou de s'en instruire à mesure qu'on avance; car c'est alors marcher à tâtons ou doubler la fatigue pour l'avoir retardée, comme fait un voyageur qui, sans guide et sans carte, ignorant la route qu'il doit tenir, se voit à chaque pas obligé de quitter son chemin pour aller s'informer de celui qu'il doit prendre.

CHAPITRE III.

DU RAISONNEMENT.

DISCOURIR ou raisonner sont deux mots synonymes, et l'expression naturelle de la marche de l'esprit humain. Nous avons des idées dont la liaison ou l'incompatibilité forment pour notre âme une première étude d'où naît le jugement: mais nos jugemens peuvent être, comme nous l'avons observé, vrais ou faux, clairs ou

- obscurs, bien ou mal fondés. Ils sont la source de toutes les vérités aussi bien que de toutes les erreurs; et ce n'est qu'en les rapprochant, en les comparant, que nous découvrons ce qu'ils ont de commun et ce qu'ils ont de disparate, ce qu'ils ont de vrai et ce qu'ils ont de faux : c'est là discourir ou raisonner. Nous discourons " puisque nous passons d'un jugement à un autre (1); nous raisonnons, puisque nous établissons entre nos jugemens un rapport et, comme disent les Géomètres, une raison (2). Si nos lumières n'étoient bornées; si, à l'exemple de l'Etre suprême, nous saisissions d'un coup d'oeil l'ensemble des objets et de leurs propriétés, nous n'aurions point recours à cette marche pénible, à ces comparaisons qui sont une preuve de notre

(1) Nous passons d'un jugement à un autre, comme nous passerions d'un appartement à un autre appartement pour en voir les communications; ce sens n'est-il pas rendu par le verbe latin discurrere, discourir, courir d'une chose à une dire com

autre.

(2) Ratio, en latin ne veut-il pas paraison, rapport, mesure?

foiblesse; nous ne serious par forcés de passer d'un terme plus connu à un terme moins connu. Mais notre nature est resserrée par de si étroites limites, que nous n'acquérons aucunes connoissances à moins que nous ne les dégagions les unes des autres, que nous ne les arrachions, en quelque sorte, par l'attention, l'étude et le travail. Nous portons sur l'étendue des corps une mesure déterminée, parce que nous n'en pouvons fixer la grandeur à la seule estimation de l'oeil ; nous mesurons aussi par le raisonnement les objets intellectuels, en les confrontant avec un terme commun et en leur appliquant des rapports déjà

connus.

Cette action de notre âme, qui s'appelle Raisonnement tant qu'elle est intérieure et mentale, prend le nom d'Argumentation dès qu'elle vient à se produire au dehors par des Propositions liées les unes aux autres et disposées dans un certain ordre. Il est malheureux que les mots d'Argument et d'Argumentation aient tiré des écoles un vernis de pédanterie et de verbiage dont ils sont encore flétris; c'est

« PreviousContinue »