Par ma barbe! dit l'autre, il est bon, et je loue Les gens bien sensés comme toi. Je n'aurais jamais, quant à moi Trouvé ce secret, je l'avoue.
Le renard sort du puits, laisse son compagnon, Et vous lui fait un beau sermon.. Pour l'exhorter à patience!
Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence Autant de jugement que de barbe au menton, Tu n'aurais pas, à la légère,
Descendu dans ce puits. Or, adieu, j'en suis hors Tache de t'en tirer, et fais tous tes efforts;
Car pour moi j'ai certaine affaire
Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin. En toute chose il faut considérer la fin.
VI. L'AIGLE, LA LAIE, ET LA CHATTE. L'AIGLE avait ses petits au haut d'un arbre creux, La laie (1) au pied, la chatte entre les deux; Et sans s'incommoder, moyennant ce partage, Mères et nourrissons faisaient leur tripolage. 1 Femelle du sanglier.
La chatte détruisit par sa fourbe l'accord, Elle grimpa chez l'aigle et lui dit : Notre mort (Au moins de nos enfans, car c'est tout un aux mères), Ne tardera possible guères.
Voyez-vous à nos pieds fouïr incessamment Cette maudite laie, et creuser une mine? C'est pour déraciner le chêne assurément, Et de nos nourrissons attirer la ruine :
L'arbre tombant, ils seront dévorés, Qu'ils s'en tiennent pour assurés.
S'il m'en restait un seul, j'adoucirais ma plainte. Au partir de ce lieu, qu'elle remplit de crainte, La perfide descend tout droit
Où la laie était en gésine.
Ma bonne amie et ma voisine, Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis : L'aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits. Obligez-moi de n'en rien dire :
Son courroux tomberait sur moi. Dans cet autre famille ayant semé l'effroi ; La chatte en son trou se retire. L'aigle n'ose sortir, ni pourvoir aux besoins De ses petits; la laie encore moins: Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins Ce doit être celui d'éviter la famine.
A demeurer chez soi l'une et l'autre s'obstine, Pour secourir les siens dedans l'occasion: L'oiseau royal en cas de mine, La laie en cas d'irruption.
La faim détruisit tout, il ne resta personne De la gent marcassine et de la gent aiglonne Qui n'allât de vie à trépas:
Grand renfort pour messieurs les chats. Que ne sait point ourdir une langue traîtresse Par sa pernicieuse adresse!
Des malheurs qui sont sortis
De la boîte de Pandore,
Celui qu'à meilleur droit tout l'univers abhorre, C'est la fourbe, à mon avis.
VII. L'IVROGNE ET SA FEMME. Chacun a son défaut, où toujours il revient: Honte ni peur n'y rémédie.
SUR ce propos, d'un conte il me souvient: Je ne dis rien que je n'appuie
De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus Altérait sa santé, son esprit et sa bourse : Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course, Qu'ils au bout de leurs écus.Y
Un jour que ci plein du jus de la treille,
Avait laissé ses sens au fond d'une bouteille, Sa femme l'enferma dans un certain tombeau. Là, les vapeurs d'un vin nouveau
Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuve L'attirail de la mort à l'entour de son corps, Un luminaire, un drap des morts. Oh! dit-il? qu'est ceci? Ma femme est-elle veuve? Là-dessus son épouse, en babit d'Alecton, (1) Masquée et de sa voix contrefaisant le ton, Vient au prétendu mort, approche de sa bière, Lui présente un chaudeau (2) propre pour lucifer. L'époux alors ne doute en aucune manière
Qu'il ne soit citoyen d'enfer.
Quelle person ne es-tu, dit-il à ce fantòme.
1 Une des furies. 2 Potage,
La cellérière du royaume (3)
De Satan, reprit-elle, et je porte à manger A ceux qu'enclôt la tombe noire. Le mari repart, sans songer: Tu ne leur portes point à boire! 3 Celle qui a soin des provisions.
VIII. LA GOUTTE ET L'ARAIGNÉE.
QUAND l'enfer eut produit la goutte et l'araignée, isi av! Mes filles, leur dit-il, vous pouvez vous vanter
D'être pour l'humaine lignée Egalement à redouter,
Or, avisons aux lieux qu'il vous faut habiter.
Voyez-vous ces cases étroites,
Et ces palais si grands, si beaux, si bien dorés? 10 Je m suis proposé d'en faire vos retraites.
Tenez donc, voici deux bûchettes! Accommodez-vous, ou tirez.
Il n'est rien, dit l'aragne, aux cases qui me plaise. big ind L'autre tout au rebours, voyant les palais pleins in De ces gens nommé médecins,
Ne crut pas y pouvoir demeurer à son aise, on s lle prend l'autre lot, y plante le piquet,
S'étend à son plaisir sur l'orteil d'un pauvre homme, Disant je ne crois pas qu'en ce poste je chôme, Ni que d'en déloger et faire mon paquet, Jamais Hippocrate me somme.
L'aragne cependant se campe en un lambris, Comme si de ces lieux elle eût fait bail à vie, Travaille à demeurer: voilà sa toile ourdie, Voilà des moucherons de pris.
Une servante vient balayer tout l'ouvrage. Autre toile tissue; autre coup de balai. Le pauvre bestion tous les jours déménage. Enfin, après un vain essai,
Il va trouver la goutte. Elle était en campagne, Plus malheureuse mille fois
Que la plus malheureuse aragne. Son hôte la menait tantôt fendre du bois,
Oh! je ne saurais plus, dit-elle, y résisterol e Changeons, ma sœur l'aragne. Et l'autre d'écouler: Elle la prend au mot, se glisse en la cabanes Point de coup de balai qui l'oblige à changer. La goutte, d'autre part, va tout droit se loger
in so nl: Chez un prélat, qu'elle condamnecoq sodród at A jamais du lit ne bouger. it shal Cataplasmes, Dieu sait! les gens n'ont point de honte De faire aller le mal toujours de pis en pisaroqul Alloy L'une et l'autre trouva de la sorte son comple, Et fit très-sagement de changer de logis. smsbella
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