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3o L'alliance de l'égoïsme et de la sympathie: rapport de l'unité à la variété.

Ainsi, dans la raison, il y a nécessairement :

1o La spontanéité, qui voit l'objet entier d'une vue totale ou synthétique: unité et infini;

2o La réflexion, qui le voit partiellement en détail ou analytiquement; variété et fini;

3° L'alliance de la spontanéité et de la réflexion rapport de l'infini au fini. — La spontanéité est révélation primitive, foi, religion, poésie et inspiration; la réflexion est examen de la révélation, science, philosophie, prose et méditation; la troisième est alliance de l'inspiration et de la méditation, de la révélation et de l'examen, de la science et de la foi, de la religion et de la philosophie, de la poésie et de la prose.

Ainsi, parmi les systèmes philosophiques nés de la raison, il y

a nécessairement :

1o L'idéalisme, qui ne voit que l'esprit simple et un : unité et infini ;

2o Le matérialisme, qui ne voit que la matière multiple et plurielle variété et fini;

:

3o La conciliation du matérialisme et de l'idéalisme : rapport du fini et de l'infini.

Ainsi enfin les lois de la raison, ses élémens ou ses idées sont nécessairement :

1° L'un et l'infini;

2o Le varié et le fini;

3o Le rapport de l'un au varié, de l'infini au fini; et toutes les connaissances ou sciences humaines ne sont que le développement nécessaire de ces idées, de ces élémens et de ces lois 1. Car

'Si on reste dans le vrai, cela veut dire seulement que les objets perçus par nous sont finis; que chacun d'eux nous suggère l'idée de quelque chose d'infini, et que nous concevons les objets finis comme exi stant dans l'infini et par l'infini; mais qu'il y a loin de ces propositions à

la raison qu'on appelle humaine ou de l'homme ne peut pas être distincte de la raison qu'on appelle divine ou de Dieu. Elle lui est nécessairement identique, et elle n'est humaine que par cela seulement qu'elle fait son apparition dans l'homme, phénomène nécessaire de Dieu.

VIII.

L'apparition de Dieu dans l'homme, par sa raison, λoyos, ou son verbe, est l'objet du dogme de Dieu fait homme, ou de la raison incarnée, ou du Verbe fait chair. Cette incarnation est nécessaire, perpétuelle, universelle ou catholique; elle a toujours eu lieu dans le passé, en chaque homme, à chaque instant de la vie de chaque homme; elle a de même toujours lieu dans le présent, elle aura de même toujours lieu dans l'avenir. Tous les hommes sont frères du Christ, c'est-à-dire que ce que le catéchisme enseigne de lui seul est rigoureusement vrai de chacun d'eux.

Sans l'apparition du Verbe divin dans la chair humaine, ou sans l'incarnation de la divinité dans l'humanité, celle-ci serait vile, petite, dégradation et néant. Mais le verbe s'incarnant en elle l'anoblit, l'agrandit, la relève et la rachète. Ce rachat est l'objet du dogme de la rédemption, identique à l'incarnation, commie elle nécessaire, perpétuelle, universelle ou catholique.

Et ce Verbe rédempteur et incarné, à la fois Dieu et homme, substance divine dans une forme humaine, être infini, éternel, immense, dans un phénomène fini, passager et local, est aussi le médiateur nécessaire entre l'homme et Dieu. Nul ne peut aller à Dieu que par le Christ: c'est-à-dire que chaque homme se rattache à Dieu par la raison, qui est le λoyos ou le verbe. Mais le

celles qui font les sciences humaines!... et comme elles ne les aident guère!... Elles sont d'ailleurs le principal fondement du système de M. Cousin.

verbe était bien avant qu'Abraham fût né, et il continue d'être avec chaque homme jusqu'à la fin des siècles; car le verbe est l'homme même, et l'homme et le verbe sont Dieu.

Tel est le système de M. Cousin, dont la beauté, comme œuvre d'art, est incontestable.

§ III. Mais, comme œuvre de science, à combien d'objections ce système ne donne-t-il pas prise? Elles sont telles qu'il ne peut guère être soutenu dans aucune de ses parties.

Cependant, en exposant ce système, et généralement par son enseignement, M. Cousin a rendu de grands services à la science. Les principaux sont : 1o D'avoir mis en honneur l'étude de l'histoire de la philosophie; 2o d'avoir agrandi le cercle de la philosophie, qu'on étouffait jusque dans les limites de la psychologie; 3° d'avoir complété l'affranchissement de la philosophie ellemême, qu'on garrottait encore trop dans les langes. Voilà le bien. - Voici le mal :

Un grand mal intellectuel, fait par M. Cousin, a été, sans contredit, de fortifier, dans la jeunesse qui l'écoutait ou le lisait, la tendance commune aujourd'hui à se contenter de grands mots qu'on ne comprend pas, à ne parler que par formules ou principes absolus, et à préférer en tout ces aperçus vagues et généraux, qui ne sont pas sans beauté, mais beauté stérile, et qui cache trop souvent une ignorance réelle sous un faux semblant de science, haillons de misère sous les oripeaux dorés du charlatan. C'est le costume du Louvre et l'habit à la mode, je le sais trop, par expérience aussi peut-être. M. Cousin, qui avait si bien tout ce qu'il fallait pour lutter avantageusement contre ce despotisme, a courbé la tête; il a sacrifié à la mode, et, en lui sacrifiant, dans sa haute position, il a augmenté la réputation du faux dieu, et rendu plus difficile d'abattre son idole. Que le vrai Dieu lui pardonne!

Les résultats de son enseignement ont encore été funestes à la morale par quelque point. Sa doctrine du panthéisme fataliste et optimiste ne tend à rien moins qu'à tuer la vertu dans son principe, qui est la croyance aux devoirs de lutter contre le malheur et le mal. C'est dans cette lutte, noblement soutenue, que consiste la

beauté du caractère; trop de gens ont cru apprendre de M. Cousin à la regarder comme une chimère et une niaiserie : ils agissent en conséquence.

Enfin, sous le point de vue religieux, il n'est parvenu qu'à faire des athées, parlant mal chrétien, et parodiant le catholicisme. Beaucoup de ceux qui avaient été ses disciples se sont faits Saint-Simoniens.

GATIEN ARNOUT,

Professeur de philosophie à la Faculté de Toulouse.

Extrait du livre de M. Gatien Arnout, intitulé: Doctrine philosophique, etc.

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Beautés de cette langue. Extraits faisant connaître les sectes religieu

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Sectes reconnaissant l'unité de Dieu. Secte des Kabîr;

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Parmi le grand nombre de langues parlées dans les cinq parties du monde, et qui semblent isoler les différens peuples en empêchant les communications faciles, il en est quelques-unes qui, propagées par la conquête, la religion, la science ou le commerce, dominent des espaces de terrain considérables et servent de lien commun qui rattache plusieurs de ces nations et facilite les transactions mutuelles. Tel est le latin pour tous les peuples de l'Europe et pour l'univers catholique, l'arabe pour la plus grande partie de l'Asie et de l'Afrique et pour tous les peuples qui professent l'islamisme, le malai pour les îles du

'Grand in-8°. Paris, chez Benjamin Duprat, rue du cloître saint Benoît, 7; Constant Potelet, rue Hautefeuille, 4, et Ve Dondey-Dupré, rue Vivienne, 2, Londres, chez W. Allen et compagnie, LeadenhallStreet, 7.

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