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424 DE LA VIE RELIGIEUSE CHEZ LES CHALDÉENS.

recommander aux prélats de protéger et d'encourager les institutions religieuses propres à favoriser ce renouvellement, et de n'élever au sacerdoce des pères de famille que dans le cas d'absolue nécessité, et surtout s'ils en sont dignes : car mieux vaut à un pays de manquer de prêtre que d'en avoir un mauvais.

Les ordres monastiques, une fois constitués dans l'Église, lui ont fourni constamment la majorité des chefs qui la gouvernent. Il n'est guère de souverain pontife qui, avant de siéger sur le trône de saint Pierre, n'ait acquis, dans le silence de la cellule, la piété, les lumières et toutes les vertus religieuses, qui sont la meilleure préparation possible pour ce ministère, le plus beau et le plus difficile de tous les ministères. La plupart des prélats dont la liturgie des peuples célèbre la mémoire avaient été formés à la discipline ecclésiastique par celle de leur religion; la pourpre ni la mitre ne changeaient point la simplicité de leurs habitudes, et ils continuaient, au milieu du siècle, à aimer l'humilité et la pénitence. L'institution de nos séminaires a pour but de suppléer au noviciat des cloîtres, et l'on peut juger de leur mérite par le degré de ressemblance qu'ont avec de vrais religieux les jeunes lévites qui en sortent. En un mot, le clergé catholique doit sa vie, sa force et sa gloire aux ordres formés dans son sein'; ils sont les arsenaux et les boulevarts de l'Église militante. Ils lui sont néces saires pour sa défense tant qu'elle aura des ennemis : ce qui veut dire qu'ils sont éternels et invincibles comme elle. Grand est done l'aveuglement des hommes qui ont rêvé leur perte! Ces ordres monastiques se relèveront de leurs cendres plus parfaits et plus éclatans de sainteté et de savoir dans tous les pays de la catholicité; la flamme qui les a dévastés aura été purificatrice aussi bien que le sang de leurs martyrs, et cette résurrection ne sera point le fruit de la faveur ou de la violence, mais l'annonce et le résultat du règne de la loi publique, qui seconde le plus puissamment aujourd'hui notre renovation spirituelle, la liberté de conscience. EUGÈNE BOKÉ.

Membre correspondant de l'Institut

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Cours de M. Letronne au collège de France.

ÉTUDE DES MONUMENS ASTRONOMIQUES

DES

anciens peuples de l'Egypte, de l'Asie et de la Grèce, conduisant à la réfutation scientifique complète du système de Dupuis.

Buitième et dernier article *.

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De l'astrologie chez les Chaldéens, chez les Égyptiens, chez les Grecs et les Romains. C'est par suite des progrès de l'astronomie dans l'école d'Alexandrie, et du développement de l'astrologie, que le zodiaque grec passa en Égypte, dans l'Inde, la Perse, et jusqu'en Chine. Résumé général.

C'est en Égypte et en Chaldée que prit naissance l'astrologic judiciaire, qui consistait à prédire les événemens de la vie, le genre de mort, d'après les circonstances astronomiques de la nativité, et mème, ce qui est plus absurde encore, de la conception. Presque tous les auteurs s'accordent à placer dans ces deux pays le berceau de cette science mensongère, fille folle d'une mèrc.sage 3.

Voir le 7 article au no 33, ci-dessus, p. 192.

* Vitruve (Archit., 1x, 6, 2) parle d'un astrologue. « Qui etiam non è nascentia, sed è conceptione rationes explicatas reliquit. »

3 Képler, Præfat. ad Tabul. Rudolphin. Il y a bien des restrictions à faire à l'opinion selon laquelle l'astrologic aurait puissamment contribué aux progrès de l'astronomie. D'abord, il est certain que si l'astronomie n'eût pas été perfectionnée par les savans de l'école d'Alexandrie, l'astrologie n'aurait jamais exercé autant d'empire sur les

Il paraît que la méthode employée par les Chaldéens dans leurs recherches astrologiques n'était pas absolument la même que celle des Égyptiens; car les auteurs les distinguent soigneusement. Mais en quoi consistait la différence, c'est ce qu'il est peut-être impossible de dire avec précision 1. Quoi qu'il en soit, l'usage de cette prétendue science était répandu en Égypte dès la plus haute antiquité: Hérodote l'y trouva florissante, et jouissant d'une grande faveur3.

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Les anciens parlent souvent de deux astrologues égyptiens, Pétosiris et Nécepsos, qui avaient composé des ouvrages où était décrite et employée la méthode astrologique des Égyptiens. Ces ouvrages, probablement pseudonymes, ne nous sont connus que par des citations éparses dans divers auteurs récents; mais, quoique ces fragmens ne suffisent pas pour donner de la méthode une idée exacte et complète, il en résulte cependant que les ouvrages attribués à ces astrologues contenaient le Thême natal du monde, et la Théorie des Décans. Est-ce à dire pour cela que les Egyptiens aient eu de tout tems l'habitude de représenter dans

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esprits. Les astrologues ont mis à profit les travaux des astronomes, ils ont appelé én témoignage de leurs rêveries une science qu'ils n'avaient pas faite, et qui s'était développée en dehors de leurs combinaisons fantastiques. Tant qu'a duré l'alliance de l'astrologie et de l'astronomie, par exemple, de Ptolémée aux Arabes, l'astronomie n'a fait aucun progrès sensible.

'Serait-ce que les Égyptiens avaient égard seulement ou plus particulièrement aux influences des étoiles fixes, 'comme on pourrait le conjecturer à l'inspection du plafond sculpté dans le tombeau de Rhamsès IV, tandis que les Chaldéens tiraient exclusivement leurs pronostics de la position des planètes dans le zodiaque?

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Cicér., De Divin., 1, 1 : « Eamdem artem etiam Egyptii longinquitate temporum innumerabilibus pene sæculis consecuti putantur. »

3 Hérodot., 11, 82 : Καὶ τάδε ἄλλα Αἰγυπτίασί ἐστι ἐξευρημένα.... καὶ τῇ ἕκαστος ἡμέρῃ γενόμενος ὁτέοισι ἐγκυρήσει, καὶ ὅκως τελευτήσει, καὶ ὁκοῖός τις ἔσται.

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les tombeaux et dans les temples les thêmes généthliaques? Les monumens anciens de l'Égypte n'en fournissent aucune preuve, quoi qu'on en ait dit: la plupart des scènes auxquelles on a donné une signification astronomique ne sont que des scènes à la fois religieuses et funéraires, dont le sens est inconnu. Pour trouver des exemples de représentations astrologiques sur les monumens, il faut descendre jusqu'au 1er siècle de notre ère; ni l'Egypte pharaonique, ni l'Égypte ptolemaïque ne les ont employées: l'Égypte romaine seule les a connues et multipliées sur les tombeaux et sur les édifices religieux,

Ce ne sont pas, assurément, les Grecs du tems d'Alexandre qui ont introduit en Égypte l'usage des horoscopes figurés sur les monumens; car, s'il y a quelque chose de certain, c'est que, avant d'avoir conquis l'Orient par les armes d'Alexandre, la Grèce était à peu près étrangère à toutes les superstitions astrologiques dont la Chaldée et l'Égypte étaient infatuées; la nécromancie et la magie nous apparaissent, il est vrai, au berceau de la société hellénique, comme le témoignent la descente d'Ulysse aux enfers', les mythes de Médée et de Circé; mais ces superstitions, qui faisaient fureur en Grèce2, au tems des guerres médiques, ne doivent pas être confondues avec l'astrologie judiciaire. La seule astrologie, dont parlent les auteurs antérieurs à Alexandre, est l'astrologie qu'on pourrait appeller naturelle, et qui consistait à observer l'influence que le coucher et le lever des astres pouvaient exercer sur la température, sur les changemens de l'atmosphère et des saisons, etc. Après la réforme de Méton, on prit l'habitude d'exposer dans les villes grecques des tables des levers et des couchers des astres, pour chacun des jours de la période de 19 ans (évveαxaιdexαɛтηpíc); on y consignait aussi, pour chaque jour, les pro

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1 Odyss., XI. Les femmes de la Thessalie étaient fort anciennement célèbres par leur habileté dans la magie; elles exerçaient, disait-on, leur pouvoir sur la lune, et pouvaient, par leurs enchantemens, la faire descendre sur la terre. Voy. Aristophane, Nub., 740-743; Boissonade. Cf. Platon, Gorg., § 68; Virgile, Eclog., viii, 69; Lucain, Phars., vì, 452. Pline, xxx, 2, 4: Rabiem, non uviditatem.

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nostics météorologiques qu'on en tirait : ces tables s'appelaient parapegmes (paña). Les observations d'après lesquelles on dressa, depuis Méton, ces catalogues des phénomènes naturels remontent aux tems les plus anciens, puisque déjà, dans Hésiode, on trouve l'énumération des influences exercées sur les travaux agricoles, et sur plusieurs opérations de la vie, par les différens jours de la lune : cette énumération, qui renferme les élémens d'une doctrine météorologique, présuppose une longue suite d'observations antérieures à ce poète. Tous les philosophes grees ont connu et plus ou moins pratiqué cette astrologie usuelle qui fournissait des pronostics pour les phénomènes atmosphéri ques. Mais aucun d'eux n'a donné dans les réveris de l'astrologie généthliaque. Ceux qui, comme Eudoxe, en avaient pris connaissance dans leurs voyages en Orient, n'en ont exposé les principes que pour les réfuter et leur ôter tout crédit.

Il semblerait, au premier abord, que les Grecs durent, aussitôt après leur établissement on Égypte et en Chaldée, s'éprendre de l'astrologie judiciaire, qui y était si répandue et si estimée. Il n'en est rien pourtant. Aucun des ouvrages qui ́sortirent de l'école d'Alexandrie, depuis sa fondation jusqu'à la conquête romaine, n'y fait allusion; et cependant, que d'occasions n'eut-on pas d'en parler, d'en faire des applications à la décoration des monumens réparés où érigés sous les Ptolémées! Sans doute, on ne peut soutenir que, vivant au milieu de' peuples qui étaient entichés de l'astrologie judiciaire, les Grces y soient restés absolument étran gers; mais ce qui est certain, c'est que si quelques individus crédules et ignorants se laissèrent éblouir per l'appareil scientifique qu'étalaient les astrologues, la contagion ne devint générale que vers la fin de la dynastie prolén:aïque, quand les Romains succédèrent aux Grecs. A cette époque, un grand changement s'opéra. L'astrologie, qui avait fait son chemin à petit bruit, se répandit dans toutes les classes de la soci té. Les astronomes et les philoso¡ hes essayèrent encore, il est vrai, d'opposer une barrière aux

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