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L'élément arien (ou peut-être indien encore), sous la formule Khoda, Gott, God, règne surtout dans l'Iran, et est devenue même en Europe le terme usuel pour les langues d'origine teutonique. L'idée qu'il offre (donné de soi-même) est bien plus noble et bien plus digne de Dieu que celle que nous fournit la formule déva.

L'élément El, Allah se trouve seulement dans les langues dites sémitiques, les dialectes abyssins exceptés; et l'idée qu'il exprime (Etre adorable) appartient bien aux peuples qui ont hérité plus directement des traditions primitives et de la révélation. Le vocable arien est plus grandiôse peut-être et peint plus fidèlement, l'essence et la nature du Très-Haut; mais le vocable sémitique exprime plus heureusement les rapports qui doivent exister entre les hommes et la divinité.

En Amérique, on voit dans la plupart des langues Dieu exprimé par l'idée d'âme, esprit, génie, ce qui exclut tout soupçon d'un Dieu matériel, chez ces peuples considérés naguères comme les plus sauvages du globe; aussi l'adoration des idoles était-elle bien moins fréquente dans le nouveau monde que dans l'ancien continent.

En conséquence de nos recherches, il est donc facile de se convaincre, en premier lieu, que les nombreux vocables, consacrés à exprimer la divinité dans toutes les langues, ne sont point des articulations arbitraires, prises au hasard et vides de sens, mais qu'ils expriment ou l'essence de Dieu même, ou du moins ses principaux attributs; en second lieu, que la plupart des peuples ont conservé, malgré les ténèbres de l'idolatrie et du polythéisme dans lesquelles plusieurs d'entre eux étaient plongés, une idée assez exacte du souverain Etre, précieux débris des traditions antiques et de la révélation primitive. Enfin, en suivant attentivement la dérivation et l'analyse de ces vocables, nous sommes ramenés insensiblement de contrée en contrée jusqu'à cette ancienne Arie, où les saints livres placent l'origine des hommes et des choses.

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ADDITIONS ET CORRECTIONS.

Dans un travail qui quoique bien court a exigé tant de recherches, on doit s'attendre à trouver quelques erreurs, surtout en ce qui concerne des peuples encore peu connus. Souvent il a fallu s'en rapporter à des voyageurs qui, n'ayant eu que de courtes relations avec des tribus dont ils n'entendaient que peu ou point la langue, n'ont pu nous donner que des idées fort vagues, peut-être même erronées, sur leur culte et leurs croyances. Cependant, comme il est important de n'être pas induit en erreur dans une matière aussi importante, nous croyons devoir consigner ici quelques additions et corrections survenues pendant l'impression.

Asie, no XXVII'. Langue Bhot ou du Tibet: nous avons donné le mot Sanghie comme pouvant être tiré d'un dialecte particulier, mais c'est le nom tibetain de Bouddha employé pour exprimer la divinité en général; il doit s'écrire et se prononcer

Nངས་ རྒྱས་ seng-ghie.

Idem, no XXIX 2. Langue annamite: voici les locutions employées pour rendre le nom de Dieu, d'après les dictionnaires annamites de Mgr Taberd'.

1° Dúc-chúa-trời, le suprême seigneur du ciel. (La dernière syllabe est prononcée bloi par les Tunquinois, d'autres prononcent ilòi).

2o Thiến-chúa, le seigneur du ciel; c'est absolument l'expression chinoise Thien-tchu.

3° Chúa-té, le gouverneur.

4° Thuong-chúa, le souverain seigneur.

Idem. n° XLIX. En arménien und Asdovadz, vient

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Dict. annamitico-latinum, et latino-annamiticum. Fredericnagori,

vulgo Serampore, 1838, 2 vol. in-4°.

* T. m, p. 430.

primitivement de l'arien Iezd, Dieu, esprit, génie : comme le dz final se dédouble en un sd. Ce mot équivaut à Asdauts ası ou azd, composition qui donne Deorum Deus on lesdan lezd'. Afrique. No XV. En Berbère, le deuxième vocable est Aguid mokorn; comparez ce mot avec la dénomination de Dieu dans la langue Guanche, dialecte Shellul, M'koorn.

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Amérique. No XLIX à LV 3. Dans les langues iroquoises Dieu est communément appelé Niio; d'après un manuscrit qui m'a été communiqué d'Amérique, les Iroquois n'ont pas dans leur langue de mot propre pour signifier Dieu; Niio serait un terme cmprunté au français suivant le génie de la langue iroquoise, qui; manquant de la consonne d et de la voyelle eu, a remplacé la première par n et la seconde par io. Mais on se sert le plus souvent de Ravenniio, le maître, le seigneur; 3 persoune masculine du verbe Keoenniio, être, maître, seigneur. Notre seigneur se rend par Sonkoavenniio. Les mots Ilouweneah, Hauweneyou, Yewauniyou, etc., des peuples congénères viennent sans doute du même verbe, modifié suivant les dialectes particuliers.

L'ABBÉ BERTRAND,

De la société asiatique de Paris.

› Journ. asiat., juin 1841, , P. 652.

2 T. iv, p. 133.

3 T. IV, p. 189.

Le signe est un ancien caractère adopté par les anciens missionnaires et conservé jusqu'à présent par les froquois, pour représenter une articulation propre à leur langue; elle équivaut à w ou à ou prononcé gutturalement.

Nouvelles et Mélanges.

FRANCE PAKIS.

EUROPE.

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Arrivée de M. Eugène Boré à Paris. Il est nommé chevalier de la Milice dorée de Saint-Sylvestre. Lettre du cardinal Fransoni. Bref de Sa Sainteté. - Nous annoncions dans notre dernier cahier la prochaine arrivée de M. Eugène Boré en France. Ce zélé et savant catholique est, en effet, arrivé à Paris. Nous l'avons vu et nous espérons qu'il donnera lui-même dans le prochain cahier quelques travaux, fruits de son voyage; en attendant, nos lecteurs liront avec plaisir les deux pièces suivantes, qui prouvent que le SouverainPontife a connu, et a voulu récompenser ses travaux. Voici d'abord la lettre qui lui avait été adressée par S. E. le cardinal Fransoni, préfet de la Propagation de la foi.

A M. Eugène Boré, à Mossoul.

Très honorable Monsieur,

Il est difficile de s'imaginer combien la Sacrée Congrégation admire le zèle avec lequel vous travaillez sans relâche, dans cette mission, à la propagation de la foi catholique, ni quel intérêt elle porte, à cause de cela, à votre personne. Si, dans ces dernières années, le nom catholique a pris en Perse quelque extension, et si brille l'espérance que des fruits plus abondans répondent aux travaux des missionnaires, elle sait fort bien que c'est en grande partie à vos soins et à votre sollicitude qu'on en est redevable. En conséquence, pour donner quelque signe de sa gratitude, elle fait en sorte que notre très Saint-Père vous admette à l'ordre des chevaliers de la Milice dorée qui tout récemment a été rétabli avec un plus grand honneur. Vous trouverez joint à cette lettre le Bref apostolique de cette concession.

De même, il a parú juste à notre très Saint-Père et Seigneur de récompenser et de combler de grâces particulières ceux qui se livrent à ces missions si difficiles, qu'ils soient honorés d'un caractère sacré, ou bien qu'ils n'aient encore que le grade des laïques fidèles dont certain

ment vous méritez d'être regardé comme le coryphée et la sentinelle perduc; vel etiam in fidelium laicorum gradu consistant quorum profectò coriphæus atque antesignanus meritò haberis. C'est pourquoi des lettres ont été données au Rév. M. Fornier, préfet de la mission, et plusieurs pouvoirs lui ont été accordés, afin que par son moyen tous reçoivent de plus grands biens spirituels. Cela doit assurément vous stimuler davantage, vous et les autres, à poursuivre avec une ardeur toujours croissante votre tâche, la plus noble et la plus glorieuse qu'on puisse concevoir, et à vous efforcer de mériter ainsi une très ample couronne dans les cieux.

Je prie Dieu de vous conserver longtems sain et sauf.

A Rome, au collège de la Sacrée Congrégation de la Propagande. Le 23 avril 1842.

Votre tout dévoué
I. PH. FRANSONI, préfet.

Voici maintenant le Bref Sa Sainteté :

Le très Saint-Père Grégoire XVI à notre fils chéri Eugène Boré.

Cher fils, salut et bénédiction!

Comme rien ne peut nous être plus flatteur, plus doux et plus désirable que de voir la religion catholique partout en vigueur et florissante, nous avons coutume de décerner avec empressement des récompenses honorables et des preuves de notre bienveillance, principalement à ces hommes qui s'efforcent avant tout de contribuer par leurs œuvres au bien de la religion catholique. C'est pourquoi, ayant appris par de très graves témoignages que toi, que recommandent le talent, les mœurs, la piété et la probité, et qui es attaché avec une affection particulière à cette chaire de Pierre, tu n'as négligé ni soins, ni zèle, ni efforts pour le succès et la prospérité de nos missions sacrées en Perse, nous avons pensé devoir te montrer, d'un cœur joyeux et empressé, quelque signe de notre volonté à ton égard. Donc, voulant te décorer avec un honneur particulier, et seulement à cause de cela t`absolvant et te croyant désormais absous des censures ecclésiastiques, des sentences et des peines d'excommunication et d'interdit portées de quelque manière que ce soit et pour une cause quelconqne, si par hasard tu en as encourues, nous t'élisons et nommons par ces lettres, de notre autorité apostolique, che

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