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» M, Arveuf ayant à rétablir dans sa pureté originelle l'admirable cathédrale, voudra sans doute réparer toutes ces brèches, détruire toutes ces superfétations, faire revivre les dispositions anciennes. La restauration de Notre-Dame doit pouvoir servir de type aux autres églises de la France, qui tout naturellement chercheront en elle un modèle à imi

ter.

-

- Efforts pour la conservation des monumens chrétiens. Création de la charge d'historiographe du diocèse de Poitiers. Nous transcrivons ici l'article suivant extrait du Journal de la Haute-Vienne, que tous les amis des autiquités chrétiennes liront avec plaisir.

Depuis longtems, des réflexions pénibles nous étaient suggérées par la lecture des intéressans bulletins du comité des arts et monumens.

>> Nous y voyons mentionnés avec de pompeux éloges les nobles efforts tentés par les principaux évèques de France pour inspirer à leur clergé le goût des études archéologiques et les sentimens qui peuvent rendre ces études fructuenses et salutaires pour l'art et la religion.

>> La création, dans ce but, de chaires d'archéologie religieuse dans les séminaires n'échappait point à nos observations et à l'appui de ces actes non équivoques nous lisions avec avidité les circulaires éloquentes dans lesquelles NN. SS. de Bordeaux, de Tours, de Lyon, du Puy, d'Amiens, de Beauvais, etc., se faisant en quelque sorte eux-mêmes professeurs d'archéologie, donnaient à leurs prêtres de savantes leçons.

→ A la vue de ce noble élan que le haut clergé a raison de favoriser de tout son pouvoir, parce qu'il doit être utile aux intérêts de la religion, à la vue de cet enthousiasme qui créait tout un avenir de science et de bon goût, là où règne malheureusement encore une ignorance presque absolue, nous ne dirons pas seulement du beau, mais de la forme, nous nous demandions avec amertume si le diocèse de Poitiers, l'un des plus riches en souvenirs et en monumens religieux, couvert autrefois de collégiales, d'abbayes, de prieurés avec leurs annales, leurs chroniques, leurs archives, et qui s'énorgueillit à juste titre de voir debout encore tant de chefs-d'œuvre inspirés par la piété de nos pères, resterait seul stationnaire, inerte, immobile, quand tout marchait autour de lui.

» Ces réflexions étaient d'autant plus fréquentes que notre position nous mettait souvent en état d'apprécier les inconvéniens d'un système qui ne peut plus se soutenir, en présence du goût général qui s'est développé depuis plusieurs années. Ce système en effet n'aurait d'autre résultat que de plonger dans une infériorité d'autant plus déplorable qu'elle porterait sur des matières qui lui sont plus spéciales, un corps

qui ne doit pas plus être inférieur aux autres en savoir qu'en vertus, et qui ne peut compter de nos jours sur la considération dont il a besoin, qu'en unissant à une piété profonde les lumières et la science.

» Nous appelons donc de tous nos vœux le moment où l'impulsion donnée par le haut clergé français se ferait ressentir dans notre diocèse, et il nous était permis d'espérer que l'heure du réveil sonnerait bientôt lorsqu'un premier acte émané de l'autorité épiscopale est venu préparer la réalisation de nos espérances.

» Nous voulons parler de la création récente et sans exemple en France de la charge d'historiographe du diocèse de Poitiers, charge que Mgr Guitton vient de confier au zèle et au savoir de M. Auber, chanoine honoraire.

» Le préambule de l'ordonnance qui crée ces nouvelles fonctions nous a paru renfermer en pen de mots les raisons graves qui ont provoqué la décision du prélat; nos lecteurs nous sauront gré sans doute de les avoir initiés, en leur communiquant cette ordonnance, aux vues élevées de Mgr l'évêque et au but qu'il s'est proposé d'atteindre dans l'intérêt du diorèse confié à ses soins vigilans.

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« Nous, etc.,

>> Considérant qu'il est utile à notre diocèse d'y avoir un recueil de >> tous les documens relatifs à son histoire; que les archives ecclésiastiques dont les débris, échappés aux malheurs des tems, sont encore » conservés en divers dépôts, ne doivent pas y rester enfouies, et qu'en >> les rendant à la lumière la religion peut y trouver un moyen efficace >> d'instruire aussi bien que d'édifier; que ces documens épars autour » de nous et pour la plupart ignorės peuvent et doivent former un jour » des matériaux pour l'histoire générale de l'Église de France, et que » c'est travailler aux intérêts communs de cette Église que d'obvier à la » perte complète ou à l'oubli de ces précieux restes de notre antiquité >>ecclésiastique;

» Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

» Art. 1o. Sont institués par ces présentes les titre et charge d'histo>> riographe du diocèse de Poitiers.

» Art. 2o. L'historiographe du diocèse s'occupera de la recherche et >>> de la conservation de toutes les pièces relatives à l'histoire ecclésiasti » que du Poitou; de la rédaction de cette histoire soit dans ses déve

>>

loppemens généraux, soit dans ses faits particuliers, enfin, il prendra » des notes sur les événemens contemporains qui rentreront dans les » attributions de sa charge,

» Art. 3. M. l'abbé Charles Auber, chanoine honoraire de notre » cathédrale, est nommé historiographe du diocèse de Poitiers.

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» Donné à Poitiers, sous notre seing, le sceau de nos armes et le >> contre-seing du secrétaire de notre évêché, le 6 août 1842. » † J.-A., évêque de Poitiers.

ans,

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>>> Les hommes qui regardent toute innovation comme un malheur, toute dérogation au passé comme une faute, et dont la science administrative et le savoir-faire consistent à pouvoir dire le matin : Je ferai et dirai aujourd'hui ce que j'ai dit et fait chaque jour depuis cinquante trouveront peut-être mauvais qu'on les fasse sortir de cette voic qu'ils ont suivie, de ce sentier qu'ils ont battu, de cette ornière qu'ils ont creusée, et où ils voudraient pouvoir mourir et pouvoir être enterrés; à ces intelligences nous dirons : « Dormez en paix et laissez-nous applaudir de tout cœur à la décision et au choix du chef du diocèse. » « M. l'abbé Auber a déjà fait ses preuves dans la carrière où il est appelé; il a conquis par des travaux justement appréciés les titres académiques qui lui ont été conférés ; c'est un des membres les plus zélés et les plus laborieux d'une société qui rend des services à notre pays et qui lui fait honneur. Les études spéciales de M. l'abbé Auber, ses antécédens, ses loisirs, ses goûts, sont des garanties qu'il serait difficile de trouver réunies ailleurs en aussi grand nombre, et qui justifient pleinement à nos yeux la haute confiance dont il a été investi; et jamais dans de telle mains des fonctions qui exigent un dévoûment absolu à la science ne seront une sinécure.

» Mais, tout en applaudissant à ce que nous trouvons utile et bon, qu'il nous soit permis de développer ici toute notre penséc. Dans notre opinion, l'acte que nous enregistrons aujourd'hui ne doit être que la préparation d'un système plus complet et qui mettra notre diocèse au niveau des diocèses les plus avancés. Il ne suffit pas qu'il y ait un historiographe du diocèse de Poitiers; il faut que cet historiographe puisse recevoir, même sans abandonner la ville épiscopale, tous les renseignemens, tous les documens épars dans la vaste circonscription du diocèse ; il faut donc qu'il puisse être assuré du concours de tous les prêtres qui desservent les nombreuses églises de nos départemens. Mais pour que ce concours soit efficace, pour qu'il ne s'y mêle pas d'étranges mécomptes, il faut faire l'éducation des prêtres, il faut la faire complète (archéologiquement parlant, bien entendu); il ne faut pas présenter plus long

tems, en un mot, le ridicule spectacle d'un ministre du Seigneur ne sachant pas distinguer dans son église la nef des bas-côtés, l'apside des transsepts et du choeur, l'ogive du plein cintre, et confondant en un pêle mêle désastreux les années et les siècles, le mauvais goût de; tems de barbarie et les chefs-d'œuvre des plus beaux jours.

>> Pour atteindre ce but, il n'y a qu'à suivre des voies déjà tracées, des exemples qui ont déjà produit d'heureux effets; il n'y a, en un mot, qu'à vouloir marcher.

» Alors nous ne verrons plus les fabriques les plus haut placées faire peindre en marbre gris-blanc (c'est à dire en pierre) de vrai marbre noir, faire surmonter des frontons du 14e siècle par des choux et par des feuilles brisées du 16o, et couronner de gracieuses balustrades par d'ignobles maçonneries pleines, ce qui épargnera au ministre des cultes des lettres énergiques qui ne sembleraient laisser d'autre alternative que celle de démolir ce qui a été construit à si grands frais; alors nous ne verrons plus les couleurs nationales, qui peuvent être fort bien à leur place sur la cocarde du soldat-citoyen, mais qui réunies produisent un fort mauvais effet aux voûtes de nos églises, couvrir de leur bariolage tranchant les retables, les autels, les piliers; alors nous ne verrons plus d'ignobles statues déshonorer les objets qu'elles sont censées représenter, et faire du temple du Seigneur le réceptacle de tout ce que la statuaire en plâtre et la peinture de vitrier produisent de plus hideux; alors nous ne verrons plus sculpter avec le pinceau des marbres surnaturels et des boiseries impossibles; alors nous ne verrons pas, sous prétexte de prolonger la vue derrière une croix de mission, ajouter à l'extrémité d'un transsept une rangée de colonnes circulaires sans perspective, pour en faire une seconde apside, mensonge grossier qui heureusement ne trompe personne, et qui n'aurait d'autre mérite, s'il pouvait induire en erreur, que d'ôter au monument son véritable caractère; alors nous ne verrons pas les pasteurs ou les fabriques mutilant jusqu'à hauteur d'homme les colonnes engagées des piliers des nefs, ôter ainsi aux arcsdoubleaux leur force, à l'édifice sa solidité, le tout pour se procurer la place de quelques chaises de plus; alors enfin, nous ne verrons plus l'entêtement dans des idées contraires au bon goût et à l'art faire perdre aux monumens la protection qu'ils méritent, et l'accord parfait qui existera entre ceux qui prêtent leur concours bienveillant et ceux qui le réclament sera une garantie infaillible du succès,

» Pour atteindre ce but, il ne faut que vouloir; l'homme qui joint à

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l'influence de son rang, de son caractère et de sa supériorité intellectuelle, la jeunesse et la force, peut tout entreprendre, parce qu'il peut espérer de tout terminer. C. DE CH. >>

Circulaire de M. l'évêque de Grenoble pour l'étude et la classification des monumens religieux. Par cette circulaire, le vénérable prélat institue 1o une commission ecclésiastique dont il se réserve la présidence et la protection: 2o sont membres de droit de cette commission: MM. les vicaires-généraux, deux chanoines désignés, les supérieurs du grand et des petits séminaires, et les 45 archi-prêtres du diocèse; 3o dans l'arrondissement de Grenoble il y aura six prêtres, et trois dans chacun des trois autres (quinze en tout), choisis par Monseigneur pour être adjoints aux membres de droit; 4° les archi-prêtres recevront les notes sur le travail à exécuter dans chaque canton, et le feront parvenir à l'évêché; 5o la commission aura un secrétaire-général, et chaque canton un secrétaire particulier, au choix du président; 6o le secrétaire particulier remettra le travail de ses confrères au curé du canton, qui le fera parvenir à l'évêché pour être remis au secrétaire-général ; 7o la commission sera installée le dernier jour de la retraite par Monseigneur en personne, dans une salle de l'évêché.

La mission du clergé avait été au moyen-âge de présider à l'érection de ces somptueuses cathédrales qui étonnent le monde. Il est naturel qu'au 19e siècle, époque du mouvement religieux et artistique, le clergé comprenne aussi qu'il doit marcher le premier dans cette solennelle réhabilitation de l'art chrétien. Les monumens sacrés sont comme un dogme, une histoire, une prédication permanente.... Ecoutons le pieux prélat.....

« Au clergé en première ligne il appartient de savoir comprendre les » pieuses émotions, les religieux souvenirs que ces sanctuaires rappel» lent à la mémoire du chrétien........ Si vous êtes, ajoute-t-il aux prêtres, » les anges tutélaires, les gardiens nés de nos églises monumentales, » n'est-ce pas à vous de conserver cet héritage pur et intact de toute » mutilation, d'empêcher qu'on ne leur fasse subir, comme cela est ar>> rivé trop souvent, des réparations dépourvues d'intelligence, contrai» res à l'unité de style qui doit être respectée avant tout...... Prenez » garde........ dans un siècle où l'amour de la science et un attrait parti» culier entraînent tant d'esprits élevés à ce genre d'étude, ne serait-ce >> pas un malheur qu'on pût mettre en doute les connaissances archéològiques du clergé? Votre mission naturelle est de garder avec amour,

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