Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» cun critérium en dehors de la nécessité, et il n'a pu ni voulu » se tromper de gaîté de cœur.». « Ainsi donc (se dit-il), grâce » à mon Dieu que j'ai retrouvé ! je suis arrivé à la conviction que je cherchais, après laquelle je soupirais avec ardeur je » suis devenu certain qu'il y a un Dieu, que je serai, que je vivrai » éternellement ; je suis devenu certain que le Christianisme est » une révélation divine, et que le catholicisme est le vrai Christianisme '... Mais tout en enseignant, tout en défendant ma foi, je » ne manquerai jamais à l'estime due aux autres confessions. Quand un homme a lutté sans relâche pendant plus de vingt » ans pour acquérir une persuasion, et pour l'établir solidement » devant le TRIBUNAL DE LA RAISON; quand il a pénétré >> tant de détours si trompeurs, il dépouille toute espèce d'into» lérance et devient patient à l'égard de tous ".» Hermès dédie ses écrits à ceux en qui un esprit pareil au sien a engendré un besoin semblable (de doute sérieux), mais spécialement à ceux qui ont été ses disciples. « J'espère, dit-il, avoir éveillé en eux un besoin » sémblable au mien, si toutefois ils ne le portaient pas déjà » en eux-mêmes... Il ne faut pas croire que ce soit une triste » chose d'éveiller des besoins, ou, pour donner à ce mot son vrai des DOUTES là où il n'y en a pas. Cela est nécessaire » pour celui qui doit instruire de la religion. Il doit savoir qu'il » ne sait pas, pour chercher avec un zèle industrieux la science qu'il n'a pas : il doit aller errant dans le labyrinthe du doute, en » suivre toutes les ramifications, afin de pouvoir accompagner ce>> lui qui doute dans tous ses égaremens, etc., etc., etc. 3»

» sens,

[ocr errors]

J'aime à croire que ces citations sont plus que suffisantes pour faire connaître de quelle nature est le doute d'Hermès, le guide fidèle de ses recherches et la base de ses doctrines. Qu'il vienne, après cela nous dire que ce doute sérieux, illimité, n'est pas contraire, mais convient à l'humilité de la foi 4. Certes, rester vingt

. P. x11.

2 P. XIII, XIV.

3 P. xv.

4 P. XVII.

Écoutons raisonner Hermès : « Il est faux qu'entre la foi

[ocr errors]

ans et plus avant de retrouver son DIEU, ce qui revient à dire ne rien savoir sur Dieu, ne point croire en Dieu pendant vingt ans et plus; lutter pendant si longtems pour établir sa foi devant le tribunal de la raison (et cela dans un prêtre catholique, professant publiquement la théologie); se proposer soi-même comme exemple et comme règle de la marche que doiyent suivre les jeunes élèves du sanctuaire; - enseigner que la théologie,

[ocr errors]

humble et la démonstration qui cherche en tout des doutes (zweifelsüchtig) il y ait opposition..... Au contraire, cette démonstration zweifelsüchtig est la racine et la condition de la foi pieuse..... Vous direz peut-être qu'il faut croire tout ce qui nous est proposé de quelque manière que ce soit ? Mais si quelqu'un le faisait, sa foi pourrait-elle s'appeler pieuse ? Le discernement des objets de la foi, et dès lors l'examen de ce qui nous est proposé, est une condition nécessaire pour rendre possible la foi pieuse. Et comment pourrez-vous souscrire à une chose proposée et non à une autre, et admettre dès lors un objet et en rejeter un autre sans justifier votre choix par voie de démonstration rigoureuse?.. Non, l'humilité de la foi ne consiste pas à croire sans démonstration préalable, elle consiste à admettre ce qui ne se voit pas d'une manière sensible, simplement parce que la raison exige cette admission : la raison l'exige, c'est ce que prouve la démonstration adoptée.

[ocr errors]

Le défenseur d'Hermès, qui cite ce passage, avoue que beaucoup en Allemagne en ont été scandalisés et que le mot zweifelsüchtig sonne fort mal à leurs oreilles, parce qu'il vient de zweifelsucht, dubitandi libido, qui correspond au mot scepticisme. Mais il voudrait qu'on l'interprétât dans un meilleur sens, c'est-à-dire qu'on le traduisît par démonstration scrupuleuse. Mais outre que la force du mot primitif se prête mal à cette interprétation, quiconque réfléchira sur le fait personnel d'Hermès, et sur son ardeur à inculquer le doute, et le doute sérieux et universel, verra bien de quelle nature est, dans le sens d'Hermès, cette délicatesse outrée de conscience, et quelle en est la tendance. On doit remarquer aussi qu'il s'agit ici de chacun des objets de la foi et que l'examen dubitatif et la démonstration rationnelle sont poses pour condition sinc quá non de la foi pieuse!!

2

--

pour être science, doit passer par tous les circuits du doute sérieux, et qu'un théologien doit se former dans le labyrinthe du doute; qui ne voit en tout ceci, qui ne voit le rationabile obsequium de l'Apôtre, l'obsequium qui convient si bien à l'humilité de la Foi!! -- Qu'il en appelle, après cela', à l'autorité et à l'exemple des scolastiques, non seulement et spécialement de S. Thomas et de Scot, mais aussi des anciens Pères et Docteurs, afin de montrer qu'ils alliaient dignement la philosophie à la théologie. Et en effet, qui est assez aveugle pour ne pas voir que la méthode des Pères est précisément celle d'Hermès; que le doute sérieux, habituel et de vingt ans qu'eut Hermès avant de savoir s'il y avait un Dieu, n'est rien autre chose que celui de S. Thomas qui commence sa thèse sur l'existence de Dieu par le videtur quod Deus non sit ?? Et c'est Hermès qui fait cet appel aux Pères et aux scolastiques, Hermès qui, en milic endroits, nous donne à entendre clairement et sans détours que ni eux ni personne ne surent jamais démontrer l'existence de Dieu ni la vérité de la Religion chrétienne! C'était une grâce que le ciel tenait réservée pour lui, inventeur fortuné d'une faculté nouvelle dans l'intelligence humaine, la faculté de fonder (zu begründen), faculté qui, comme une baguette magique, doit transformer le Dieu nouménique, le moi et le monde phénoméniques de Kant en êtres véritables et réels. Qu'il vienne, après cela, nous assurer qu'il y a, il le sait bien, un usage modéré et un abus de la raison ; que dans l'introduction à la théologie cet usage doit être illimité, mais qu'après être entré dans la Dogmatique, on se gardera bien d'outrepasser les limites marquées. On sait comment il a tenu parole. Mais considérons cet usage illimité de la raison hermésienne qui doit nous servir de pédagogue et nous introduire dans le do.

2

1 Et précisément le défenseur d'Hermès aime à trouver dans ses Acla hermesiana unc parfaite ressemblance entre le doute d'Hermès et celui de saint Thomas sur l'existence de Dieu !!!

2 P. xxIII.

3 P. 83.

maine de la Dogmatique. Entrons donc avec une piété respectueuse dans le temple de la Philosophie hermésienne; « Procul hinc: procul estote profani!»

Il ne s'agit de rien moins que de savoir s'il y a réalité de connaissance, s'il y a fondement de certitude pour l'homme, s'il y a une véritable relation entre le sujet pensant et l'objet ; si nous existons, et si nous savons exister; s'il existe ou non quelque chose hors de nous. Toutes ces choses, en effet, sont comprises dans la première des trois grandes questions qui forment l'objet de l'Introduction philosophique d'Hermès. Cette question est proposée en ces termes : « Y a-t-il pour l'homme une détermina» tion sur la Vérité qui soit une détermination bien sûre (Sicher), « et par quelle voie nous arrive-t-elle ? »

Le P. PERRONE.

Traduit des Annali de Mgr de Luca, par l'abbé H.............

· P. XXIII.

Traditios primitives.

VESTIGES

DES TRADITIONS PRIMITIVES

CONSERVÉES CHEZ LES LATINS.

Deuxième article.

Explication de l'EGLOGUE A POLLION de Virgile.

Grande année étrusque. Son origine orientale. - Preuves. - Universalité de la tradition sur le péché originel et sur la nécessité de recouvrer l'innocence primitive. Son introduction dans le système philosophique. Sources où Virgile a puisé ce qu'il en dit dans cette Églogue et dans le 6 livre de l'Énéide. Souvenir de l'âge

d'or. Origine de cette tradition. - Impossibilité d'appliquer même aux empereurs les titres que le poète accorde à l'enfant qui doit ramener cet âge de bonheur et d'innocence. Analogie frappante des images poétiques employées par Virgile et par Isaïe. — Virgile a-t-il connu les livres saints? - Résumé.

A la tradition qui rappelait la promesse d'un divin restaurateur de l'humanité, Virgile en ajoute une autre qui annonce une grande série de siècles qui va commencer, grande période, grande année, grands mois :

Magnus ab integro soeclorum nascitur ordo,

Et incipient magni procedere menses.

(v. 5, 11.)

Voir le 1er art, au numéro précédent, ci-dessus, p. 208.

« PreviousContinue »