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Numismatique.

PIÈCE DE MONNAIE DU SOUVERAIN PONTIFE VALENTIN.

Monsieur BONNETTY,

Permettez-moi de profiter de cette lettre pour vous exprimer, après mon long silence, la reconnaissance que je vous dois pour la faveur que vous voulez bien me faire en me continuant l'envoi de votre estimable journal, qui, s'occupant uniquement de la vrai science et de la religion, à laquelle tout génie doit se consacrer, obtient l'approbation et les éloges de tout le monde. Une monnaie inédite du souverain pontife Valentin ayant été publiée à Rome, je vous envoie un article à son sujet, pour l'insérer dans votre recueil, si vous le jugez convenable.

Le savant docteur André Belli, possesseur d'une collection classique de médailles et de monnaies pontificales, et d'autres monumens précieux d'archéologie sacrée, que j'ai moi-même eu occasion de voir, a cru faire une chose agréable aux érudits en publiant une dissertation sur la pièce de monnaie inédite du souverain pontife Valentin, dont voici la figure :

Planche 21.

AR

Cette médaille est d'argent AR, bien conservée, et du diamètre de vingt-deux millimètres, c'est-à-dire du module n° 6 de l'échelle de Mionnet, et plus exactement de la grandeur de la petité médaille de la 5 année du pontificat de Paul IV, représentant les profanateurs chassés du temple, avec l'exergue: Domus mea domus orationis. Son poids est de deux grammes et deux grains et demi sur la balance du diamant.

On lit sur une des faces: SCS (sanctus) PETRVS, écrit autour de la médaille, et, dans le champ, le monogramme VALENTINVS; l'autre face porte: LVDOVICVS écrit tout autour, et le monogramme IMPERATOR écrit dans le champ.

Telle est la description qu'en donne le savant auteur, et qui sc voit d'ailleurs sur l'empreinte, laquelle témoigne suffisamment de son authenticité et de sa signification. Et pour peu que l'on ait quelques connaissances en numismatique, on reconnaîtra que la valeur des monumens antiques ne doit pas souffrir d'une critique immodérée, semant le doute dans l'histoire et dans l'art. Quant à moi, je suis convaincu que, dans les questions archéo · logiques, le jugement doit procéder d'un esprit qui sait distinguer une simple conjecture de l'évidence. Il faut donc tenir peu compte de certains esprits méticuleux qui, pour paraître savans, révoquent en doute l'authenticité de tout monument catholique, ce sont les ennemis les plus dangereux de la science, précisément comme les sceptiques sont les plus grands adversaires de la philosophie.

L'authenticité de notre pièce de monnaie ainsi établie, il est évident qu'elle est d'un grand prix, attendu qu'elle est inconnue aux hommes les plus distingués qui se sont occupés de recueillir et d'illustrer les monnaies pontificales. Et cette rareté n'est pas étonnante, puisque le pontife Valentin, élu le 11 août 827 et mort le 21 septembre suivant, ne régna que 40 jours, ce qui fit croi: e qu'en si peu de tems il n'avait pu battre monnaie. C'est ainsi que les érudits tirent souvent des argumens négatifs d'après les conséquences positives les plus fausses. Quoi qu'il en soit, cette pièce de monnaie répand de la lumière au milieu des profondes ténèbres du moyen-âge, et démontre que, pendant son court pontificat, ce pontife sut étendre son autorité et sa juridiction, tant spirituelle que temporelle, puisque le droit de battre monnaie fait partie du pouvoir souverain.

Marcel II, qui ne gouverna l'Église que pendant 21 jours, fit également battre monnaie, puisque l'on possède deux Jules et un Carlin de son règne; nous possédons aussi trois médailles de

Leon X1, qui ne régna que 27 jours, comme on peut s'en convaincre dans Bonani1.

C'est ainsi que le savant docteur Belli illustre sa pièce de monnaie, favorise les études numismatiques avec sa riche collection, et, par de semblables travaux, acquiert des droits à la reconnaissance de ceux qui cultivent cette science. J'espère que vous aussi vous serez désireux d'orner votre journal de cette médaille, dont je vous envoie un fac-simile. En attendant, et avec l'espoir de vous envoyer quelque dissertation par la première occasion favorable, j'ai l'honneur d'être :

HYACINTHE DE FERRARI,

de l'ordre des frères prêcheurs, préfet de la bibliothèque

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Economie sociale.

HISTOIRE DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE

OU

Études historiques, philosophiques et religieuses sur l'éco-
nomie politique des peuples anciens et modernes.

PAR M. LE VICOMTE ALBAN DE VILLENEUVE-BARGEMONT,
Auteur de l'Economie politique chrétienne 1.

M. le vicomte de Villeneuve-Bargemont jouit d'une réputation méritée. L'Économie politique chrétienne, livre d'une grande portée et du plus haut intérêt, lui a valu une place distinguée parmi les écrivains sérieux de notre époque; et, dans l'ouvrage dont nous venons parler aujourd'hui, il donne un heureux et nécessaire complément à ses premiers travaux, en traçant l'histoire de la science à laquelle il a consacré ses veilles. Ainsi le consciencieux auteur poursuit sa tâche; après avoir établi les vrais principes, il nous met en présence des systèmes théoriques et des faits qui, aux diverses phases de l'humanité, les ont transgressés ou méconnus.

C'était un vaste sujet que celui-là, tellement vaste qu'on n'en aperçoit pas même les limites! L'histoire de l'Économie politique se confond, à vrai dire, avec celle de la civilisation, de la vie physique et morale des peuples, de leurs institutions et de leurs usages. Dans les deux volumes qu'il a publiés, M. de Villeneuve a su se restreindre à de justes proportions. Son travail est un résumé habilement conçu, où rien d'essentiel n'est omis et qui ne renferme rien d'inutile. Ajoutons qu'on y reconnaît le fruit de longues recherches et de consciencieuses études. M. de Ville

Guillaumin, libraire-éditeur, rue Saint-Marc, galerie de la Bourse, 3, Panoramas.

neuve, on le comprend, ne se borne pas à une sècle exposition des doctrines et des coutumes du passé; il juge les hommes et les choses; et tous ses jugemens portent l'empreinte d'une intelligence supérieure, en même tems que d'une âme droite et chrétienne.

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A notre époque, tout le monde parle d'économie politique, mais tout le monde sait il bien ce qu'on doit entendre par ces expressions si souvent employées? « Au premier aperçu et dans >> leur rigoureuse étymologie grecque, dit M. de VilleneuveBargemont, ces mots présentent l'idée de la règle, ou du gouver»nement de la maison, appliqué au gouvernement ou à l'admi» nistration de la chose publique. Ils impliquent aussi l'idée de l'épargne ou du bon emploi des revenus de l'état. Ils s'appliqueraient justement encore à un système régulier d'impôts. >> Dans une autre acception également juste, cette dénomination » appartiendrait à la distribution et à l'harmonie des partics qui >> constituent une nation, un état, ou le corps social tout entier. » Dans ce sens, le nom d'économie sociale eût été plus rationnel. » Mais enfin on comprend aisément le rapport intime qui existe >> entre la politique et la société, et la logique peut se contenter de cette soite de synonymie.

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« Ainsi la science de l'économie politique, suivant la logique » du langage et de la pensée, a pour objet tout ce qui compose l'organisation et le gouvernement de la société. C'est sous ce rap»port que nous avons pu dire qu'elle touche à toutes les autres >> sciences et même qu'elle les renferme toutes. »

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Avec ce caractère d'universalité, que lui attribue à juste titre M. de Villeneuve, l'économie politique doit nécessairement remonter à l'antiquité la plus reculée. Aussi, son historien prend-ii pour point de départ les commencemens de la race humaine. On ne lira pas sans un vif intérêt ce qui a rapport aux peuples primitifs, aux institutions de Moïse, aux lois des Perses, des Mèdes, des Egyptiens. Puis, viennent de savantes considérations sur la Chine, et l'appréciation de l'organisation sociale telle qu'elle existait à Athènes et à Rome. Tout cela conduit à l'avènement du christianisme. Nous voudrions que l'espace nous permît de repro

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