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Nouvelles et Mélanges.

AMÉRIQUE.

NOUVELLE-GRENADE. BOGOTA. Décret du congrès et du pouvoir exécutif appelant les jésuites pour les changer de continuer les missions. « Le sénat et la chambre des représentans de la Nouvelle-Grenade, réunis en congrès, considérant que les utiles et pienses institutions des missions tombent en décadence, faute de missionnaires dont l'éducation et l'esprit soient appropriés à un aussi ardu ministère, décrètent l'établissement d'un ou de plusieurs colléges de missions et des maisons de stations nécessaires pour pourvoir aux missions de Casanare, Saint-Martin, Andaqui, Mocoa, Goadjira et Vareguas.

>> Les colléges de missions établis par le présent décret seront de l'Institut que le pouvoir exécutif jugera le plus convenable parmi ceux qui professent le ministère des missions en Europe. Sont appliqués à l'établissement de ces colléges : 1ol'excédant des sommes annuellement affectées par le congrès au service des missions; 2o Les biens des couvens qui ayant été des colléges de missions, ne possèdent plus de religieux qui les desservent, et n'ont point reçu d'autre destination.

>> Cette pièce est suivie d'un décret du pouvoir exécutif, signé par le vice-président de la république, chargé de ce pouvoir. Voici le sommaire de ce second document :

>> En exécution du décret législatif du 28 avril dernier pour l'établissement de colléges de missions, considérant, 1, que ledit décret a été discuté et approuvé dans les chambres législatives, dans la supposition que ce serait l'institut de la compagnie de Jésus qui serait appelé à se charger des missions, ce qui ferait croire que c'est celui que la majorité des sénateurs et des députés a jugé préférable; 20 que l'expérience a démontré que cet Institut est le plus apte à convertir les sauvages à la religion chrétienne et à les conduire à la civilisation; ce qui est incontestablement prouyé par ce qui est arrivé dans l'Amérique du sud, où l'expulsion des Jésuites a été suivie de la décadence progres

sive des missions, décadence qui a été chaque jour en augmentant, sans que le zèle des autres missionnaires eût suffi à l'arrêter; 3° qu'une des conditions les plus précieuses pour que l'entreprise des missions produise des fruits, est que les missionnaires soient formés pour cette profession; qu'il est d'ailleurs hautement avantageux pour le pays que ces ecclésiastiques possèdent des connaissances dans les sciences exactes et naturelles, qualités qui se trouvent réunies dans l'institut des jésuites à un plus haut degré qu'en aucun autre; 4° enfin qu'il est plus facile d'obtenir des missionnaires de cet institut que d'aucun autre, attendu qu'ils sortent fréquemment d'Europe en nombre considérable pour aller en Asie et en Afrique, où leur zèle produit les meilleurs effets religieux et sociaux; et que le crédit dont jouissent les jésuites, en qualité de missionnaires, et la sympathie qu'on leur conserve dans le pay3, font que le gouvernement rencontrera en eux une active coopération pour le succès de l'entreprise des missions : il est décrété que l'institut de la compagnie de Jésus est choisi pour être chargé des missions de la République, et qu'on engagera l'archevêque et les évêques à exhorter leurs diocésains à coopérer, par leurs aumônes, à l'établissement des colléges des missions, et aux frais de voyage des missionnaires d'Europe à la Nouvelle-Grenade.

>> Mgr l'archevêque de Bogota s'est empressé d'adresser au ministre de l'intérieur et des relations extérieures de la république une lettre, où il exprime sa satisfaction épiscopale de voir le gouvernement s'occuper de l'oeuvre sainte de la propagation de l'Évangile parmi les gentils, et surtout parmi les sauvages, et il ajoute que le choix de la compagnie de Jésus, pour l'exécution de ce pieux dessein, est une garantie du succès de l'entreprise. Le vénérable prélat continue ensuite en ces

termes :

« L'institut de cette société renferme les élémens du zèle nécessaire >> et de la sagesse et des vertus chrétiennes; il est tellement constitué, » qu'il est apte à toute bonne œuvre, et son éminente piété le rend >> propre à faire le bonheur des peuples. Tel est le jugement qu'en ont » porté des hommes distingués en Europe et en Amérique, et l'expé>>rience confirme chaque jour ce jugement. On ne pouvait donc pas » m'adjoindre, pour l'accomplissement de mon devoir pastoral, des » auxiliaires plus utiles que les jésuites. »

» Le chargé d'affaires de la république de la Nouvelle-Grenade à Lon dres vient de passer à Paris, d'où il se rend en Angleterre. C'est lui qui, conformément aux termes du décret du pouvoir exécutif, est chargé, au besoin, d'aller en Italie et dans les autres parties de l'Europe, afin de prendre avec la compagnie de Jésus les arrangemens nécessaires pour l'exécution des ordres de son gouvernement. »

AFRIQUE.

CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. - Etat et progrès de la religion dans ce pays.— Voici ce qu'écrit Mgr Griffith, vicaire Apostolique. Par le secours de l'association pour la propagation de la foi, quatre églises ont été érigées : trois sont établies dans des lieux où jamais un prêtre n'a résidé ; une, là où jamais aucun ministre catholique ne s'est arrêté, ou le sacrifice de nos autels n'avait jamais été off rt, où jamais on n'avait célébré le saint jour du Seigneur, où jamais enfin le catholicisme n'a été connu, ou ne l'avait été que pour être outragé. Il en est de même du district de George, à 300 milles du Cap et au milieu de la colonie. A mon arrivée ici, on n'y eût pas trouvé un seul catholique; aucun prêtre n'y avait jamais pénétré. Aujourd'hui on y bâtit une petite église; il y a une communauté toujours croissante et qu'un grand nombre de conversions promettent encore d'augmenter. Ainsi vous voyez aujourd'hui quatre missions établies là où il n'en existait auparavant qu'une seule, et encore sans siége permanent; vous voyez le Dieu de nos pères adoré dans les lieux où ses symboles étaient repoussés; vous voyez. trois prêtres établis et le sacrifice de la victime sans tache journellement offert dans les lieux exclus jusqu'ici de l'accomplissement de la prophétie de Malachie. Ajoutez à tous ces biens le grand nombre d'infidèles régénérés, de sectaires convertis, de pécheurs corrigés, de faibles confirmés dans la foi; les vivans recevant la nourriture spirituelle, les mourans les consolations de la religion, les morts auxquels on consacre de pieux souvenirs; et il faudra avouer que soutenir une pareille institu tion est un devoir impérieux pour tout chrétien.

» Les progrès de cette mission, sa prospérité future dépendent de la continuation des secours de l'association. Et certes, le monde catholique, et l'Irlande catholique en particulier, ne permettront point qu'ils viennent à nous manquer. »

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Bibliographie.

ANNALI DELLE SCIENZE RELIGIOSE, compilati dall' abb. Ant. De Luca. A Rome, chez Gaetano Cavalletti, in via delle Convertite al Corso, no 20, et au bureau des Annales de Philosophie chrétienne. Six numéros de 160 pages par an. Prix : 24 fr., plus 1 fr. par numéro à payer a la poste.

No 37.- Juillet et août 1841.

I. Sur la partie de la nouvelle édition de la théologie du P. Perrone, qui traite des lieux théologiques, par Arrighi. — II. Mémoires archéologiques sur la découverte du corps de saint Sabinien par le P. Secchi. (Nous avons traduit et inséré cette dissertation dans nos précédens numéros, 24, 27 et 28, tomes iv et v de la 3e série.) Examen criticothéologico-canonique publié par D. Valentin Ortigosa, élu évêque de Malaga, traduit du Catolico de Madrid. — IV. Vicissitudes du catholicisme dans les trois derniers siècles, ou considérations de M. Macauley sur l'Histoire du Pontificat romain de Ranke, extrait de la Revue d'Edimboug (1o article), par Mgr Baggs.Appendices, nouvelles et mélanges.

N° 38.

- Septembre et octobre.

V. Sur le célibat, traduit de l'allemand, par Carlo Rossi. VI. Sur les discours sacrés et moraux du R. Clément Brignardelli somasque, par Ét. Ciccolini. VII. Sur l'histoire de la vie, des ouvrages et des doctrines de Calvin (1er article), par Paul Mazio. VIII. Vicissitudes du catholicisme, etc. (20 article). Appendices, nouvelles et mélanges.

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IX. Bulles émanées des souverains pontifes, Pie VI et Pie VII, sur les affaires religieuses de la Russie. —X. Supplément au Dict. sacro-liturgique du R. Jean Diclich par And. Ferrigni Pisone, chanoine de Naples; par l'abbé Archangeli. — XI. Gerbert, ou le pape Silvestre II et ses contemporains de Hock, par Mgr Laurent, évêque de Chersonèse.XII. Histoire de la vie et des ouvrages de Calvin, par Audin( 2o article); - Nouvelles et mélanges.

HISTOIRE DE FRANCE, par M. LAURENTIE, 5 vol. in-8°. A Paris, chez Lagny frères, libraires, rue Bourbon-le-Château, 1.

Pour recommander l'esprit qui a présidé à cette excellente histoire, nous ne saurions mieux faire que de citer la lettre suivante que Mgr l'archevêque de Paris vient d'adresser à M. Laurentie.

Monsieur,

Archevêché de Paris, 10 juillet 1842.

Au milieu d'une foule d'écrits, où les enseignemens de l'Eglise catholique, sa discipline, sa hiérarchie, ses institutions, ses diverses influences sont traités avec indifférence ou attaqués comme hostiles au progrès de la société, j'ai été heureux de lire les cinq premiers volumes de votre Histoire de France.

Enfant dévoué de l'Église, vous avez mieux apprécié qu'un ennemi ou un étranger l'esprit ou la charité dont elle est animée, les services qu'elle a rendus à l'humanité et à notre patrie en particulier. Pour être exact, il vous a suffi d'avoir vécu au sein de cette grande famille chrétienne; vous méritez cet éloge d'exactitude par vos études et par les labitudes de votre vie. Nous connaissons toujours mieux les traditions et les faits domestiques que les affaires de nos voisins.

Lorsqu'à des dispositions si favorables, on réunit comme vous, Monsieur, une science étendue des évènemens, beaucoup de sagacité pour les juger, et le talent de les exposer avec intérêt, on est assuré d'inspirer une grande confiance aux bons catholiques et aux maisons d'éducation qui ont su se préserver des funestes innovations.

Il vous reste encore, Monsieur, une grande tâche à remplir. Les 17o et 18° siècles sont remplis des luttes intellectuelles et morales qui ont préparé notre grande révolution, donné à notre pays des lois, des mœurs, une constitution nouvelle et fait prévaloir d'autres intérêts. Pour les juger avec équité, il faut cette élévation de pensées et de sentimens qni placent l'historien en dehors et au-dessus de toutes les passions de parti le savoir, uni au calme de l'esprit, vous maintiendront dans cette sphère élevée que ne saurait atteindre l'impartialité purement philosophique.

Agréez, etc.

+ DENIS, Archevêque de Paris.

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