Abélard, Volume 1

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Ladrange, 1845 - 4 pages
 

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Popular passages

Page 50 - A mesure que l'on a plus d'esprit, les passions sont plus grandes ; parce que les passions n'étant que des sentiments et des pensées qui appartiennent purement à l'esprit, quoiqu'elles soient occasionnées par le corps, il est visible qu'elles ne sont plus que l'esprit même, et qu'ainsi elles remplissent toute sa capacité.
Page 208 - Héloïse, ma sœur, toi jadis si chère dans le siè« cle, aujourd'hui plus chère encore en Jésus-Christ, « la logique m'a rendu odieux au monde. Ils disent en «effet, ces pervers qui pervertissent tout et dont « la sagesse est perdition, que je suis éminent dans « la logique, mais que j'ai failli grandement dans la « science de Paul. En louant en moi la trempe de « l'esprit , ils m'enlèvent la pureté de la foi.
Page 44 - Partout on parlait de lui ; des lieux les plus éloignés, de la Bretagne, de l'Angleterre, du pays des Suèves et des Teutons, on accourait pour l'entendre; Rome même lui envoyait des auditeurs. La foule des rues, jalouse de le contempler, s'arrêtait sur son passage ; pour le voir, les habitants des maisons descendaient sur le seuil de leurs portes , et les femmes écartaient, leurs rideaux, derrière les petits vitraux de leur étroite fenêtre.
Page 206 - A voir tant d'efforts, empreints de tant de haine, de ressentiment et d'orgueil, on se dit qu'il est heureux, pour saint Bernard, d'avoir été un saint. Quiconque penserait et agirait ainsi pour un intérêt quelconque de ce monde, même pour celui d'une politique équitable et légitime, serait accusé de méchanceté dans la tyrannie. La sainteté seule atténue, si elle ne les justifie, ces excès de l'âme (1).
Page 130 - ... attentive et délicate du directeur de conscience. Il semble ne tracer pour ses religieuses et pour leur abbesse que des exhortations évangéliques, des règles monacales, des lettres de spiritualité, tout ce que dicte la piété et l'érudition; mais il règne dans tout cela une sympathie si tendre, quoique si contenue, une préoccupation si évidente et si vive de tous les intérêts confiés à sa foi, et en même temps, dès qu'il s'agit de vérités générales et de philosophie religieuse,...
Page 129 - ... et deviner les combats que se livraient dans son âme les cuisants regrets, la honte amère, le respect de soi-même, de la religion et du passé, peut-être la crainte vague de la faiblesse de son cœur. Mais tous ces sentiments comprimés, il les reporte dans la sollicitude attentive et délicate du directeur de conscience. Il semble ne tracer pour ses religieuses et pour leur abbesse que des exhortations évangéliques, des règles monacales, des lettres de spiritualité, tout ce que dicte...
Page 115 - Le Paraclet était comme une tribu libre qui campait dans les champs, retenue par le seul lien du plaisir d'apprendre et d'admirer, de chercher la vérité au spectacle de la nature, voyant dans la religion une science et un sentiment , non une institution et une cause. C'était quelque chose comme les solitaires de PortRoyal, moins l'esprit de secte et les doctrines du stoïcisme 1.
Page 45 - Des passions tardives éclatèrent dans l'âme de celui qui se disait alors le seul philosophe qu'il y eût sur la terre, et lui préparèrent une destinée nouvelle et tragique, qui est devenue presque toute son histoire. Il y avait alors i Paris une jeune orpheline pleine d'esprit et de charmes, nièce de Fulbert, chanoine de NotreDame.
Page 42 - ... la plus populaire de leurs prérogatives et le signe reconnaissable de leur souveraineté. Un jardin royal, comme on pouvait l'avoir en ce siècle, un lieu planté d'arbres entre le palais et le terre-plein où Henri IV a sa statue, s'ouvrait en certains jours comme promenade publique au peuple, à l'école, au clergé, et à ce peu de nobles hommes qui se trouvaient à Paris. En face du palais, l'église de Notre-Dame, monument assez imposant , quoique bien inférieur à la basilique imil peut...
Page 42 - ... surtout dans le voisinage du Petit-Pont, et leur foule toujours croissante ne pouvant tenir dans l'île, s'était répandue sur le bord de la rivière, au pied de la colline, qui devait par eux s'appeler le pays latin, et opposer, d'une rive à l'autre la ville de la science à la ville du commerce. Dans la Cité , vers la pointe occidentale de l'île , s'élevait le palais souvent habité par nos rois, théâtre de leur puissance et surtout de ce pouvoir judiciaire qui y règne encore en leur...

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