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TROISIÈME PÉRIODE. — LE DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.

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TEXTES CLASSIQUES

DE LA

LITTÉRATURE FRANÇAISE

TEMPS ANCIENS MOYEN AGE, RENAISSANCE ET DIX-SEPTIÈME SIÈCLE

PREMIÈRE PÉRIODE

MOYEN AGE

ORIGINE DE LA LANGUE FRANÇAISE.

Avant la formation de la langue française, on a parlé successivement trois langues dans le pays qui est aujourd'hui la France: 1° le celtique ou gaulois, avant la conquête romaine : il était divisé en plusieurs dialectes; la langue des Bas-Bretons en est un reste précieux; 2° le latin, apporté par les conquérants et parlé dans toute la Gaule même après l'invasion germanique; 3° enfin le tudesque ou allemand, la langue des vainqueurs barbares, qu'eux-mêmes ils oublièrent peu à peu pour adopter l'idiome des vaincus.

Le latin même ne resta point en Gaule dans sa pureté classique. A un peuple nouveau, il fallait une langue nouvelle. Ce savant et industrieux langage, produit et instru

ment d'une civilisation raffinée jusqu'à la corruption, ne pouvait survivre à la société qui l'avait créé. Elle-même avait eu peine à le préserver de toute atteinte; c'était comme une machine immense, compliquée, pleine de détails délicats et fragiles, qui donnait de merveilleux résultats sous une impulsion habile, mais qui ne pouvait supporter sans se rompre l'effort d'une main inexpérimentée. Parlé dans tout l'Occident, imposé à l'Orient comme moyen de communication officielle, cette diffusion même devait nuire à sa pureté. La langue romaine, comme l'empire, était malade de sa grandeur1.

Si les provinciaux sujets de Rome avaient déjà altéré le latin par l'usage, les barbares le brisèrent par impuissance et par caprice. Qu'avaient-ils à faire de toutes ces combinaisons subtiles de temps, de modes, de cas obliques et diversement déclinés, qui fatiguaient leur mémoire sans servir leurs besoins? Le latin dut subir un rétrécissement considérable et une extrême simplification. Les barbares accomplirent brusquement ce que le temps produit à la longue sur tous les idiomes; ils firent passer la langue latine du caractère synthétique aux allures plus dégagées, mais aussi plus pauvres de l'analyse. Il y eut une analogie singulière entre la révolution du langage et celle du gouvernement. Là comme ici tout devint simple, matériel, positif, mais étroit, exigu, barbare. Les hommes avaient peu d'idées et des idées fort courtes; les relations sociales étaient rares et restreintes; l'horizon de la pensée et celui de la vie étaient extrêmement bornés. A de telles conditions, une grande société et un riche langage étaient également impossibles. De petites sociétés, des gouvernements locaux, des langues peu abondantes, des patois populaires, en un mot des gouvernements et des idiomes taillés en quelque sorte à la mesure des idées et des relations humaines, cela seul était possible, cela seul put parvenir à vivre. Quand ces petites sociétés eurent revêtu une forme un peu régulière, et déterminé tant

1. « Ut jam magnitudine laboret sua. » Tite Live, t. I, préface.

bien que mal les relations hiérarchiques qui les unissaient, ce résultat de la conquête et de la civilisation renaissante prit le nom de régime féodal. Quand les débris de la grande langue romaine eurent acquis, grâce à l'analogie, une certaine régularité; quand, par des procédés nouveaux, on eut trouvé le moyen de suppléer au mécanisme savant des déclinaisons et des conjugaisons antiques, ce résultat de la barbarie des temps et des tendances analytiques naturelles à l'esprit humain forma les idiomes populaires connus sous le nom de langues néolatines.

Ainsi, les deux langages parlés en Gaule sous les deux premières races disparurent du sol français: le peuple se fit lui-même sa langue. Dérivée surtout de celle des Romains, elle reçut le nom de langue romane.

A quelle époque en commença l'usage? C'est ce qu'il est difficile de déterminer avec précision. Les langues ne viennent pas au monde à un jour donné; elles ne naissent point, elles se transforment. Les érudits ont prétendu constater l'existence du roman dès le temps de Charles Martel; ils en ont même signalé quelques formes à une époque bien plus reculée. Le premier monument écrit et authentique qui nous en reste, ce sont les fameux serments que prêtèrent Louis le Germanique à son frère Charles le Chauve, et les soldats de Charles à Louis le Germanique, au mois de mars de l'année 842. Nous en transcrivons ici le texte d'après l'historien Nithard, en y joignant une traduction française.

SERMENT DE LOUIS LE GERMANIQUE.

Pro Deo amur, et pro christian poplo, et nostro commun salvament, dist di en avant, in quant Deus savir et potir me dunat, si salvara jeo cist meon fratre Karlo, et in adjudha et in cadhuna cosa, si com om par dreit son fradra salvar dist, in o quid il mi altresi fazet, et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit.

Traduction.

Pour l'amour de Dieu, et pour le peuple chrétien et notre commun salut, de ce jour en avant, autant que Dieu m'en donne le savoir et le pouvoir, je sauverai mon frère Charles, ici présent, et lui serai en aide

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