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Roucher périt avec courage à la fin de juillet 1794, après avoir vu immoler trente-sept victimes qui partagèrent au même instant son funeste sort. Ses principaux écrits sont, I. Les Mois, poème en douze chants, 1780, 2 vol. in-4° et 4 vol. in-12. Peu d'ouvrages de ce genre ont eu plus de succès et de défaveur. Prôné avec enthousiasme lorsqu'il n'étoit encore connu que par des lectures particulières, il fut vivement censuré lorsqu'il a été imprimé. Il en résulte qu'il offre, comme la plupart des poèmes aussi considérables de grands défauts et quelques beautés. Les défauts ont été indi

artistes qui connoissoient le mieux | les secrets de la construction et de la mécanique. L'académie des sciences le chargea, quoique trèsjeune encore, du traité sur la menuiserie, l'un des meilleurs de la collection des arts et métiers. La coupole de la halle aux blés qu'il exécuta avec autant de précision de délicatesse, le berque ceau qui sert de couverture à la halle aux draps, et le grand escalier de l'hôtel de Marbeuf, prouvèrent que Roubo excelloit dans la pratique aussi bien que dans la théorie de son art. Cet artiste se complaisoit dans sa médiocre fortune. Au temps de la formation de la garde nationale,qués par La Harpe. « Le plus caayant été nommé lieutenant, il perdit sa santé au champ de la fédération, la nuit du 14 juillet 1790, et depuis ce moment il ne fil que languir.

pital de tous, a-t-il dit, c'est qu'il n'a ni sujet, ni marche, ni intérêt. Ce vice mortel est celui qui se fait sentir d'abord à tous les lecteurs, parce qu'il n'y en a pas un qui ne veuille être attaché, ROUCHER (J. A.), homme occupé ou intéressé, il n'importe de lettres, né à Montpellier le comment, et que personne ne 22 février 1745. Une ame arrésiste à l'ennui. Or, quoi de deate, une imagination vive le plus ennuyeux que douze chants firent poète; ses vertus privées le isolés, ne tenant en rien l'un à rendirent bon époux et bon père. l'autre, ne menant à rien, et Il se montra d'abord partisan n'offrant souvent que des lieux d'une révolution qui sembloit communs. Cet inconvénient seroit amenée par la philosophie; mais peut-être insurmontable, même indigné des atrocités qui l'accom- en supposant le talent d'écrire pagnèrent, il eut le courage de dans le plus haut degré; mais que la blâmer et d'encourir la haine sera-ce si l'auteur, dénué d'idées de ceux qui en étoient les auteurs. et de goût, ne sait ni choisir ni Après avoir souvent échappé aux classer les objets, ni finir les coups de divers assassins apostés | détails? Que sera-ce, si, sous pour lui ôter la vie, il fut arrêté prétexto de varier l'harmonie de et traduit devant le tribunal révo- nos vers, i la détruit à tout lutionnaire, qui le condamna à moment en les réduisant aux mort. Le jour de son exécution, il formes de la prose, en leur ôlant fit faire son portrait, et écrivit aule rhythme qui leur est essentiel ? bas les vers suivans adressés à sa Que sera-ce, si violant toutes les femme et à ses enfans: lois du langage, ainsi que celles de l'harmonie poétique, il prend des solécismes pour d'heureuses hardiesses, et une enflure monotone pour de la force et de la

Ne vous étonnez pas, objets charmans et doux,
Si quelque air de tristesse obscurcit mon visage;
Quand un savant crayon dessinoit cette image,
Qn dressoit l'échafaud, et je pensois à vous.

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verve ? » Les beautés de ce poème | sont des descriptions très-bien faites, des images douces, soit dans la peinture des jouissances champêtres, soit dans celle des phénomènes de la nature. On doit distinguer les morceaux sur le champ du rossignol, le voyage de la peste, les amours du cheval, l'éloge des fables de l'ancienne mythologie, la veillée de village, le dégel. II. Traduction des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, par l'Anglais Smith. La quatrième édition de cet excellent Traité d'économie politique a paru en 1795, 4 vol. in-8°, dont un de notes par Condorcet. Le style du traducteur est clair, exact, bien assorti à l'original. III. Poésies fugitives et Lettres depuis la mort de l'auteur, 2 vol. in-8°. Roucher a laissé manuscrits plusieurs chants d'un poème dont le sujet est Gustave-Wasa arrachant la Suède à l'horrible tyrannie de Christiern.

se trouvoit un goût plus décidé, le détermina pour la pharmacie; et ses progrès furent tels, qu'en peu d'années il se trouva en état d'ouvrir des cours particuliers qui lui valurent, en 1742, la place de démonstrateur en chimie au jardin du roi, et en 1744, il fut reçu membre de l'académie des sciences. C'est dans le sein de cette société qu'il lut différens mémoires qui nous restent de lui, et qui prouvent l'étendue de ses connoissances. Plusieurs années avant que personne eût écrit sur les grands phénomènes de la géologie, Rouelle en développoit les principes un grand nombre d'auditeurs avec cette chaleur, cet enthousiasme qu'inspirent les grandes choses à l'homme de génie qui s'en est pénétré. Ces idées sublimes ouvrirent une nouvelle carrière, et sont devenues un germe fécond qu'il a transmis comme héritage à ses nombreux disciples; et c'est sur-tout par ce qu'ils ont fait qu'on peut juger de la reconnoissance que les sciences naturelles lui doivent. C'étoit l'opinion de Vicq - d'Azir, lorsqu'après avoir fait l'histoire des premiers pas de la chimie, et avoir rappelé ce que cette science doit aux travaux de Beccher et de Stahl, ce professeur célèbre s'exprimoit ainsi : « L'impulsion + ROUELLE (Guillaume-donnée s'affoiblissoit de jour en François), né au village de Ma- jour, lorsqu'un génie bouillant thieu, à deux lieues de Caen, le et hardi réchauffa toutes les têtes 15 septembre 1703: après avoir du feu de son enthousiasme étudié dans cette ville et avoir devint le chef d'une école dont épuisé les ressources qu'elle pou- le souvenir honorera son siècle voit fournir, il en vint chercher de et sa patrie. On venoit de toutes nouvelles dans la capitale; et parts se ranger parmi ses discipar un travail assidu se met- ples. Son éloquence n'étoit point tant bientôt à même de choi- celle des paroles; il présentoit sir entre les différentes bran- ses idées comme la nature offre ches de la médecine, qu'il avoit ses productions, dans un désorégalement bien cultivées. La dre qui plaisoit toujours, et avec chimie, pour laquelle Rouelle une abondance qui ne fatiguoit

ROUE (Claude de la), religieux dominicain, né à Lyon, devint savant dans les langues anciennes. Il fit imprimer en 1623 un ouvrage mystique et curieux, intitulé La Tourterelle gémissante sur Jérusalem.

jamais. Rien ne lui étoit indiffé- | rent il parloit avec intérêt et chaleur des moindres procédés, et il étoit sûr de fixer l'attention de ses auditeurs, parce qu'il l'étoit de les émouvoir. Lorsqu'il s'écrioit Ecoutez-moi, car je suis le seul qui puisse vous démontrer ces vérités, on ne reconnoissoit point dans ce discours les expressions de l'amour-propre, mais les transports d'une ame exaltée par un zèle sans bor nes et sans mesure. Il écrivit peu; mais il inspira des écrivains: on recueillit ses pensées; il fit jaillir de toutes parts les étincelles de l'émulation; il féconda, il multiplia de germe des talens, et fut le père de tous les chimistes modernes. » Telle fut en effet l'in

fot très-cher à son oncle, jalouz du lustre et de l'agrandissement de sa maison. Ce pontife fit épouser à son frère la fille du due d'Urbin, et fit adopter son fils François-Marie par le dernier duc d'Urbin, de la maison de Montefeltro. François-Marie, politique et guerrier comme son oncle, se signala par des talens; mais ayant excité la haine et l'envie, il fut empoisonné le 21 septembre 1538, à 48 ans. Son épouse, EléonoreHippolyte de Gonzague, princesse vertueuse, adorée de son époux qu'elle aimoit tendrement, partagea toutes les traverses que Léon X, ennemi personnel des Rovère, lui fit essuyer. Elle mouruten 1570, avec le chagrin de voir son fils Guidobaldo dépouillé dẹ fluence que Rouelle exerça sur l'état de Camerino par Paul III, l'esprit de son siècle. Nommé suc- qui en enrichit ses neyeux. Guidocessivement à des places impor- baldo avoit eu cet état par son tantes, chargé de missions déli- mariage avec l'héritière de la cates, il vit constamment accroî- maison de Cibo. Comme son père tre sa réputation. Sa vie entière s'étoit acquis un nom par les étoit consacrée à l'avancement de armes,et qu'il partageoit sa gloire la science; mais la foiblesse de et son courage, il fut capitaine son tempérament ne put résister des armées de Philippe II en long-temps aux nombreux tra- Italie. Il mourut en 1574. Son vaux qui lui étoit confiés; il se petit-fils, Frédéric Ubaldo, mort retira au village de Passy, où il en 1623, ne laissa qu'une fille succomba aux maux qui l'acca- Victoire, mariée à Ferdinand de bloient,la3 août 1770. Ila laissé en Médicis, grand-duc de Toscane. manuscrit des Leçons de Chimie. Cette princesse mourut en 1694, Rouelle eut un frère, Hilaire à 72 ans ; mais elle ne lui porta Marin, qui suivit avec distinction pas en dot le duché d'Urbin, qui la même carrière que lui: l'analyse retourna au saint siége. Les hisanimale et végétale lui doit quel-toriens varient beaucoup sur l'oques découvertes et de nombreux rigine des La Rovère. Onuphre travaux; il est connu dans les Panvini fait remonter leur anciensciences sous le nom de ROUELLE le neté jusqu'en 700; mais Frejeune. Il succéda à son frère dans gose, mieux instruit, dit que la place de démonstrateur en Sixte IV, le premier pape de cette chimie au jardin du roi, et mou- famille, devoit le jour à un pêrut à Paris le 2 avril 1779, à cheur. Bernard Justiniani, de Vel'age de 61 ans, nise, en le haranguant ne craignit point de lui dire « qu'il falloit considérer non sance, mais son mérite qui l'ayois

I. ROVÈRE (François-Marie de la ), neveu du pape Jules II,

sa nais

pas

Ennemi du parti de la Gironde il contribua à sa proscription;

élevé sur le trône pontifical. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il n'étoit de l'illustre maison des Lamais craignant bientôt de devenir Rovère de Turin... Voyez le premier livre de l'Histoire du président de Thou.

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+ II. ROVÈRE (Jérôme de la), ou DU ROUVRE, en latin Ruvereus ou Roboreus, de la famille des La Rovère de Turin sa ville natale, fut évêque de Toulon en 1559, ensuite archevêque de Turin, et enfin il obtint la pourpre romaine en 1564. Il n'avoit que dix ans lorsqu'on imprima à Pavie, en 1540, un recueil latin de ses Poésies Héroïques et Lyriques, qui étant devenues fort rares, furent réimprimées à Ratisbonne, en 1683, in-8°. Ses vers se distinguent par la pureté, l'imagination et la facilité. Il mourut au conclave où Clément VIII fut élu le 26 février 1592, à

pape, 62 ans.

+ † III. ROVÈRE (Joseph-Stanislas de), fils d'un aubergiste très-riche de Bonnieux dans le comtat Venaissin, reçut une éducation honnête, et y joignit de l'esprit naturel et beaucoup d'adresse. Après avoir enté sa famille sur celle de Rovère-de-St.Marc, éteinte depuis long-temps, il prit le titre de marquis de Fonvielle, et devint ensuite officier dans les gardes du pape. Il intrigua pour se faire nommer député de la noblesse aux états-généraux en 1789, comme noble. N'ayant pu réussir, il parvint à se faire nommer député à la convention nationale, en prouvant qu'il n'étoit pas noble et que son père étoit marchand boucher: ses principefavorisèrent l'anarchie et la dés vastation des départemens. D'après son rapport, le général Monesquiou fut décrété d'accusation.'

la victime de Robespierre, il se déclara contre lui dès qu'il le vit attaqué, et se prononça avec force contre les partisans de la terreur, dont il avoit jusque-là suivi la bannière. Les jacobins n'eurent point alors d'adversaire plus animé à leur destruction. Accusé par ses ennemis de s'être vendu aut puissances étrangères, et d'avoir cherché à les servir en embrassant successivement tous les partis, il fut décrété d'arrestation, et ensuite déporté à Cayenne dans la révolution dụ 18 fructidor. Il mourut dans son exil le 11 septembre 1798. Souple, adroit, insinuant, il ne lui manqua pour jouer un des premiers rôles dans la révolution que moins d'indécision et plus de courage.

* ROVERELLI (Jean - Antoine), docteur ès arts et en médecine dans le 16e siècle, né à Bologne, a composé un Traité de la vérole, qu'il fit imprimer sous ce titre Tractatus de morbo qui vulgò gallicus appellatur Cypris, 1537, in-8°..

† ROUGEMONT ( François), né à Mastricht en 1624, se fit jésuite et alla en qualité de missionnaire à la Chine, où il aborda l'an 1659. Pendant la cruelle, persécution de 1664, il fut conduit à Pékin chargé de chaînes, et de là à Canton où il fut détenu dans une horrible prison avec la plupart des missionnaires, jusque sur la fin de l'année 1671. Il mourut en 1676. Il s'étoit concilié l'affection des personnes les plus distinguées de la Chine par ses manières douces et persuasives, Il composa dans sa

préexcellence de la Gaule et des Gaulois, imprimé à Poitiers en 1546, in-8°, réimprimé à Paris en 1551; et une pièce de vers qui a pour titre : Les Rossignols du Parc d'Alençon, à l'occasion de l'arrivée de la reine de Navarre en cette ville, l'an 1544.

prison de Canton : Historia Tar- | tulé: Le Recueil de l'antique tarico - Sinica, complectens ab anno 1660 aulicam bellicamque inter Sinas disciplinam... Chris tiane religionis prospera, adversaque, etc. Louvain, 1673, in-12. Cette histoire, qui va jusqu'à l'an 1668, est écrite avec beaucoup de sincérité : c'est un des meilleurs morceaux de l'histoire chinoise. Il a été traduit en portugais par le P. Sébastien Magalbaes, sur une copie manuscrite, Lisbonne, 1672, în-4°.

célèbre imprimeur de Lyon, qui + II. ROUILLÉ (Guillaume),

florissoit dans le 16° siècle, est auteur du Promptuaire des Médailles, en latin, français et espagnol. La première partie contient les portraits des grands hommes ; et la seconde, des médailles : on prétend que l'une et l'autre sont peu exactes. Ce livre parut à Lyon en 1553, in-4°.

III. ROUILLÉ (Pierre-Julien), jésuite, né à Tours en 1681, professa successivement la théolo

I. ROUILLÉ ( Guillaume le), jurisconsulte célèbre, né à Alencon en 1494, de Louis le Rouillé, seigneur de Hertré et de Rozé , exerça pendant quelque temps la profession d'avocat dans sa patrie. Son mérite l'ayant fait connoître avantageusement de Françoise d'Alençon, duchesse de Vendôme, cette princesse luigie, les humanités, la philodonna la place de lieutenant-général de Beaumont-le-Vicomte, petite ville de son apanage. Le roi et la reine de Navarre (Charles d'Albret et Marguerite de Va-du P. Catrou, en 21 vol. in-4° : lois) le gratifièrent par la suite d'une charge de conseiller à l'échiquier d'Alençon; ils lui donnèrent aussi une place dans leur conseil. Nous ignorons l'année

de sa mort. Le Rouillé est au

au

teur de plusieurs ouvrages de jurisprudence qui ont eu trefois, beaucoup de réputation entre autres d'un Commentaire sur la Coutume de Normandie, en 1534, in-folio, et qui fut réimprimé en 1539, et très-bien accueilli il donna une si haute idée de l'auteur, que le parlement de Normandie voulut le voir, et le fit prier de venir à Rouen : invitation honorable à Jaquelle il ne manqua pas de se rendre. On a encore de lui un ouvrage d'un autre genre, inti

sophie, et montra un génie propre à plusieurs sciences. Ses supérieurs l'associèrent à la composition de l'Histoire romaine

compilation boursouflée à laquelle le P. Rouillé ne contribua bonnes Notes dont cet ouvrage est que pour les Dissertations et les rempli. Il eut aussi quelque part à la révision et à l'édition des Re

volutions d'Espagne que le P. d'Orléans avoit laissées imparfaites. Il avoit travaillé au Journal de Trévoux depuis 1735 jusqu'en 1737. La seconde Lettre de l'exa

men du Poème de Racine sur la Grace est de lui. Ce savant jésuite mourut à Paris le 17 mai 1740.

ROUILLET (Claude ), né à Beaune en Bourgogne, publia, dans le milieu du 16 siècle, plusieurs pièces de Poésie latine et une tragédie française,

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