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l'avoir faite en entier : ce trait ne prouve pas la bonté de son caractère.. Dans cette satire piquante il immoloit sans pitié cette foule

vie à rimer des quatrains, et croient avoir un nom dans le monde, quand ils ont obtenu une place dans l'almanach des Muses. L'ironie et l'épigramme étoient

lui dit obligeamment après l'avoir lue: « Cet ouvrage n'est point une traduction, c'est une suite de créations.» Quelques contre-sens, peut-être inévitables, en cher-de petits poètes qui passent leur chant la pensée d'un poète aussi sublime qu'obscur, qui fait sans cesse allusion à des faits peu connus, et dont nous n'avons même la chaîne générale que depuis le bel ouvrage de M. Simonde-Sis-prodiguées dans cet ouvrage; mondi, et d'un poète encore dont mais c'étoit en même temps un nous n'apprenons la langue que polémique fatigant, une trop dans les écrivains de son pays, longue plaisanterie, souvent une qui ne parlent plus celle que créa satire injuste, et toujours un abus son génie, n'empêchent point que de l'esprit. Les auteurs maltraités le caractère énergique et sensible se vengèrent par des injures; on du Dante n'y soit très-bien saisi. prétend même que quelques-uns Et l'on doit regretter que Rivarol n'employèrent pas ce seul moyen n'ait point achevé son entreprise, pour faire repentir Rivarol de en traduisant de même le Purga- s'être égayé avec le public à leurs toire et le Paradis; au lieu de dépens, et qu'il y eut des voies perdre son temps à des bagatelles de faits commises contre l'auamères, mêlées de pointes et de teur de l'Almanach; ce qui n'emcalembourgs, dans lesquelles le pêcha pas qu'il fût réimprimé goût, dont il avoit de sang-froid plusieurs fois. IV. Lettre à la noun très-juste sentiment, se trouve blesse française, 1792, in-8°. V. si souvent en défaut. II. Lettre à De la vie politique de La Fayette, M. Necker, sur l'importance des 1792. VI. Prospectus d'un nouopinions religieuses, Berlin, 1787, veau Dictionnaire de la langue in-8°. de 27 pages. Rivarol adressa française, suivi d'un Discours sur la même année une seconde Let- les facultés intellectuelles et motre à Necker sur la morale ; celle- rales de l'homme, Hambourg ci a 44 pages. Elles ont été réim- 1797, in-8°. Le style, toujours primées toutes deux dans le t. 2°. métaphorique de cet ouvrage, des Chefs-d'œuvre politiques et fatigue le lecteur; les images en littéraires de la fin du 18. siècle, sont souvent plus brillantes que 1788, 3 vol. in-8°. Ces lettres justes. L'introduction de cet ousont vagues et foibles, quoique vrage le fit défendre en France. On contenant beaucoup de choses dit qu'ayant promis celui-ci à son vraies, et plusieurs notes intéres- libraire dans un temps determiné, santes. IlI. Petit almanach des et ayant passé le terme où il degrands hommes, 1788, petit in-12. voit être achevé sans en avoir L'écrit a pour épigraphe ce pas- commencé un seul article, le sage du Dante: «Quelle est cette libraire trouva le moyen de lui foule d'esprits que la gloire dis- faire remplir sa promesse en l'attingue des autres enfans des hom- tirant chez lui, en l'y enfermant mes » On attribue à Champce-sur-le-champ, et mettant des sennets plusieurs traits malins de tinelles à sa porte pour l'empêcette brochure; mais Rivarol les cher de sortir. VII. Lettre à M. le réclama et mit de l'importance à | président de *** sur le globe aréos

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tatique, sur les tétes parlantes ¡ et sur l'état présent de l'opinion publique à Paris, Londres et Paris, 1783, in-8°. VIII. Parodie du Songe d'Athalie, 1787, -8°. Une édition de cette parodie porte le nom de M. de Grimod de La Reynière. Ce Songe d'Athalie, comme satire, et satire en vers assez heureusement parodiés, est très-plaisant; mais les notes, le désaveu de M. Grimod, suivi du véritable désaveu, qui n'est pas plus de M. Grimod que n'étoit l'autre, et que celui-ci n'étoit l'auteur de la parodie; cette manière de tourner le poignard en cent façons et d'en frapper à droite, à gauche, d'insulter à la fois madame de Genlis, madame de Staël, Condorcet, Buffon, ses continuateurs, d'Alembert, Vicqd'Azyr, madame de La Reyniere, Gaillard, Bailly, d'Aguesseau, Beauzée, Suard, Le Mierre, tant d'autres, et toute l'académie, non

telle

que Rivarol auroit été, s'il l'eùt voulu, un excellent journaliste. Sa vie a été publiée en 1802, 2 v. in-12. Ses différens ouvrages, précédés d'une notice sur sa vie, ont été recueillis en 4 vol. in-8°. Cette notice est imparfaite, mal rédigée et ne donne qu'une fausse idée de l'esprit, du talent et du caractère de l'auteur.

RIVAROLLES ( Joseph-Phimaréchal de camp, grand'croix lippe DE SAINT-MARTIN-D'AGLIE ), de l'ordre de Saint-Louis, et grand-prieur de celui de SaintLazare en Languedoc, mort en 1704, se distingua par une valeur si vive et si franche qu'on l'appela le Débauché de bravoure. Il Louis XIV, depuis 1665 jusqu'à servit dans toutes les guerres de la fin du siècle. Un coup de canon lui avoit emporté une jambe; un autre coup de canon porta sur cette partie à la défense du pont de Kell en 1677, et lui cassa sa jambe de bois. «Ah! cette fois-ci, nemi a été pris pour dupe, j'en dit-il d'un grand sang-froid, l'enune autre dans ma valise.»

plus en vers, mais en prose quelle, y compris les deux épigrammes rimées, cela ôte le sel même à la méchanceté. IX. Quel-ai ques Poésies, qui ont du piquant et de la grace. En général le style +RIVAULT (David), sieur de Rivarol dans tous ses ouvrages de Flurance, né à Laval vers en prose, trop surchargé de mé- 1571, fut élevé auprès de Guy,' taphores, et présentant à chaque comte de Laval, et devint sousphrase une bluette épigramma- précepteur, puis précepteur du tique, occupe trop l'attention et roi Louis XIII. Son élève avoit un finit bientôt par la lasser. C'est chien qu'il aimoit fort. Cet aniun mauvais modèle à suivre. Ri-mal, incommodant Rivault yarol, avec beaucoup d'amour-sautant sans cesse sur lui dans le propre, étoit peu aimant et ne temps qu'il instruisoit le roi, il se soucia pas d'être aimé : il s'em- lui donna un coup de pied pour paroit toujours de la conversa- le chasser. Cela fâcha l'enfant tion et empêchoit les autres d'y royal, qui dans la colère frappa paroître; aussi a-t-on dit que les Rivault; celui-ci tâche à son tour femmes, qu'un silence obligé voulut se retirer. Le roi cepencontrarie, recherchoient Rivarol dant l'apaisa et lui promit un avant de l'entendre, et Fontenelle, évêché. Il accompagna jusqu'à après l'avoir entendu. Deux ou Bayonne madame Elizabeth de trois articles de journaux, faits par France, mariée au roi d'Espagne. hasardavecimpartialité, montrent En revenant de ce voyage, il

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mourut à Tours au mois de jan- nie, tourné insensiblement vers les vier de l'an 1616. Il nous reste sciences de calcul, ne lui permit de lui quelques ouvrages médio- pas de suivre cette vocation. Decres. Les principaux sont, I. Des venu libre, il se livra à l'étude des Elémens d'artillerie, 1608, in-8°, sciences mathématiques et à celle qui sont rares et assez curieux. de l'histoire. Ses premiers débuts II. Les Etats, èsquels il est dis- présentèrent des idées nouvelles couru du Prince, du Noble et du sur la théorie de l'horlogerie. Dès Tiers état conformément à l'an 1740 il avoit soumis à Danotre temps, 1596, in-12. III.JUne niel Bernouilli, qui tenoit alors édition d'Archimede, in - folio, un des rangs les plus distingués IV. L'Art d'embellir, tiré du sens parmi les physiciens de l'Europe de ce sacré paradoxe : « La sa- (voyez son article), une horloge gesse de la personne embellit sa qui avoit la propriété singulière face, » étendu à toutes sortes de de se remonter chaque jour d'ellebeautés, et ès moyens de faire que même, sans aucun autre secours le corps retire en effet son embel- que celui de la nature. Ce savant lissement des belles qualités de l'observa pendant trois mois, rel'ame, 1608, in-12. Cet art n'est connut que le mécanisme en étoit pas entièrement chimérique. « On aussi simple qu'ingénieux et socroit, dit un philosophe, (J. J. lide, et lui en délivra un certifiRousseau) que la physionomie cat, en date du 13 décembre n'est qu'un simple développement même année. Huit ans après des traits déjà marqués par la na- de Rivaz vint à Paris, et préture. Pour moi, je penserois qu'ou- senta à l'académie des sciences tre ce développement, les traits des horloges établies d'après ses du visage d'un hommeviennent in- principes. Le rapport fait le 16 sensiblement se former et prendre août 1749 porte que M. de Rivaz de la physionomie par l'impres- avoit rassemblé dans les horloges sion fréquente et habituelle de à pendule, dont il étoit l'auteur certaines affections de l'ame. Ces tout ce qui pouvoit contribuer à affections se marquent sur le vi- la justesse de la division du temps. sage, rien n'est plus certain; et Cette extrême justesse étoit due quand elles tournent en habitude, principalement à un nouvel échapelles y doivent laisser des impres-pement imaginé par de Rivaz sions durables, et embellir, ou enlaidir la figure. »

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qui conduisoit le pendule avec le moins de frottemens qu'il étoit possible. De Rivaz publia un + RIVAZ (Pierre-Joseph de), Mémoire où il consigna toute sa né à Saint-Gingoux en Valais, ré- théorie, en l'appuyant sur les publique alliée du corps helvéti- principes de la mécanique et du le que, 29 mars 1711, d'Etienne calcul. Le dictionnaire encyclode Rivaz, seigneur du Miroir en pédique a dit que c'étoit le seul Savoie, manifesta dès sa pre-ouvrage qui eût bien traité cette mière jeunesse le goût le plus vif matière. « Nous devons, ajoutepour les mathématiques et la mé-t-il, à ce mémoire l'esprit d'émucanique. Cette passion contra-lation qui a animé un artiste morioit le vœu de son père, qui occupoit une place de magistrature dans le Valais, et le destinoit à suivre la même carrière. Mais son gé

derne. Il seroit à souhaiter que M. de Rivaz eût suivi lui-même l'horlogerie; ses connoissances en mécanique auroient beaucoup

servi à perfectionner cet art. >> C'est une singularité assez digne de remarque, qu'il ait dû en grande partie sa perfection à deux étrangers qui y ont consacré leur génie et leurs veilles, quoique appelés tous les deux par leur naissance à d'autres genres d'études, et qui sont venus porter leurs découvertes en France à un siècle l'un de l'autre. Huyghens, gentilhomme hollandais, célèbre principalement par l'invention du pendule, et de Rivaz, qui en a perfectionné et réglé les mouvemens. En 1752 il passa en Bretagne, à la prière de madame Danican, propriétaire des mines du Pontpéan. Les eaux en empêchoient l'exploitation, et plusieurs ingénieurs avoient inutilement essayé de les dessécher. De Rivaz imagina une machine très-simple, qui eut le succès qu'on en attendoit, et que Belidor, envoyé sur les lieux par les actionnaires, vit jouer le 11 février 1754. Peu après, Paris du Verney, devenu principal propriétaire de ces mines, y envoya Laurent, homme célèbre par ses talens en mécanique. Le public a cru que cette machine à puiser les eaux du Pontpéan étoit de l'invention de Laurent, et l'abbé de Lille lui en a fait honneur dans une belle épître qui se trouve dans le recueil de ses œuvres ; mais il est bien certain que cette idée appartenoit à de Rivaz, qui avoit passé deux ans sur les lieux avant que Laurent y arrivât, et que celuici la suivit dans l'exécution. De Rivaz, revenu à Paris, s'y occupa d'un outil propre à simplifier et abréger les procédés de l'art de la gravure. Cet outil fit grand bruit à Paris en 1758. On ne peut mieux en rendre compte qu'en transcrivant ce qui en est dit dans le Dictionnaire portatif de

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commerce, imprimé à Bouillon, tom. 3, page 227.» On annonce, dit-il, dans le Nouvelliste économique de 1758, un procédé admirable, qui abrégera des trois quarts le travail des graveurs en pierre, et qui nous mettra en état de faire en ce genre des morceaux supérieurs à ceux des Romains. C'est un outil avec lequel on peut copier dans la plus grande précision les plus beaux modèles, en rendre les ensembles les plus purs, les contours les plus délicats avec tant de sûreté, qu'on ne sauroit entamer sa pièce au-delà des bornes prescrites, enfin exécuter les ouvrages de la plus grande étendue en creux en bas-relief, en ronde basse sur les pierres les plus dures, et sur les matières les plus capables de résister aux injures du temps. M. de Rivaz est l'inventeur de cet outil dont il ne révèle point encore le mécanisme. Jaloux de le faire servir à des ouvrages précieux et corrects, il s'est associé avec M. Vassé, sculpteur du roi, homme distingué dans son art. Celui-ci a fait un modèle qui représente le triomphe de Louis XV après la bataille de Fontenoy. Il a pris l'idée principale de la médaille frappée à cette occasion; it y a ajouté la Renommée, a changé la crinière et les chevaux, et leur a donné une autre disposition. M. de Rivaz a parfaitement exécuté ce modèle sur une pierre de jade. On connoît cette pierre verdâtre, tirant sur la couleur olive; elle est très-estimée des Turcs et des Polonais, qui en font surtout des poignées de sabre; elle est beaucoup plus dure que le porphyre, l'agate et le jaspe, et on ne peut la tailler qu'à l'aide de la pointe et de la poudre de diamant. M. Gay, le graveur en pierres, dont le talent est si

les

rare et si généralement admiré, a | Basnage, Le Sueur, Hottinger du Bourdiere, de Bochat, Spreng, auteurs protestans, et par écrivains philosophes du siècle passé. De Rivaz en a pris la dé

vu avec surprise le chef-d'œuvre de MM. de Rivaz et Vassé. Il est convenu qu'il y avoit dans cet ouvrage des détails d'une difficulté presqu'insurmontable, et des fi-fense dans un écrit publié après

sa mort en 1779, à Paris, par son fils Aune-Joseph de RIVAZ, vicaire général de Dijon, aujourd'hui chanoine de Sion. Le

nesses qu'il ne se flatteroit point d'atteindre.» De Rivaz repassa en Suisse dès les premier mois de 1760. L'état de Berne voulut le consulter sur les moyens d'amé-Journal des savans en a rendu liorer ses salines de Bex, dirigées un compte avantageux, en deux alors par le célebre Haller; il extraits des mois d'août 1780, donna un plan qui lui valut les et juin 1781. Les bénédictins, éloges de ce savant. De l'examen de éditeurs du Gallia christiana, ces salines, de Rivaz avoit tourné avoient déjà eu connoissance de ses méditations sur les moyens ce manuscrit, à eux communide perfectionner la manière ordi- qué par de Rivaz pendant son paire de faire le sel, et la cour de séjour à Paris; ils en ont fait Turin voulut faire usage de ses l'éloge dans le douzième volulumières dans ses salines de Moume de cette grande collection, tiers en Tarantaise. Matthey, en ces termes : «Non diffitemur ingénieur mécanicien du roi de arduam rem esse nefandæ hujus Sardaigne, assista à ses expérien-codis cum historid profana conces, et lui dit : « Ce sont de ces vraies opérations de la nature où l'art n'a part que dans l'invention, et qui, quand on les voit, paroissent avoir toujours existé. A votre place, je ne souhaiterois pas avoir rien trouvé de mieux. » Ce fut dans cette ville que de Rivaz passa les dernières années de sa vie, et qu'il termina sa carriere le 6 août 1772. Ses études en mathématiques et en mécani-martyres thæbeos ineunte quarto nique ne l'avoient point empêché sæculo nempè anno 302 in de se livrer en même temps aux Vailesia jussu Maximiani fuisse lettres et sur-tout à l'histoire. Dès interfectos; etc., etc. De Rivaz a sa jeunesse il avoit pris intérêt à laissé en manuscrit, une dissertala discussion qui partageoit les tion historique et critique sur l'osavans sur le degré de croyance rigine de la maison de Savoie. que méritoit le massacre de la lé- Ayant eu les archives de ce pays gion thébéenne, ordonné par à sa disposition, il est à croire l'empereur Maximien. C'est dans que ce manuscrit peut être utile à le Valais que cet événement ex- redresser les erreurs dans lestraordinaire devoit s'être passé, quelles Guichenon est tombé, en et il étoit naturel qu'il eût à cœur parlant des premiers princes de de vérifier un point d'histoire qui cette maison. A la suite de cette tenoit à celle de sa patrie. Ce fait Dissertation est un Recueil des avoit été attaqué par Spanheim, fastes des 7, 8, 9, 10, 11 et 12*

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ciliationem, quam nihilominùs feliciter tentavit et confecit doctissimus Valesianus D. de Rivaz, in opusculo gallico, quod parat et brevi in lucem emissurus est cum titulo: Eclaircissemens sur le martyre de la légion thébéenne, avec de nouveaux fastes des empereurs Dioclétien et Maximien, conciliés avec tous les anciens monumens, ubi evidenter probat et

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