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endroit, pour l'exposer à la vue, comme un ancien monument. On entreprit de la faire sortir de terre, à force de machines, et on en vint à bout, comme on l'aurait fait d'une pierre ordinaire. Elle démeura sur le bord du trou pendant que la curiosité y fit descendre, non-seulement le jardinier et plusieurs domestiques, mais les deux fils du gentilhomme, qui s'amusèrent quelques momens à creuser encore le fond. La pierre fatale, qu'on avait négligé apparemment de placer dans un juste équilibre, prit ce temps pour retomber au fond du trou, et écrasa tous ceux qui s'y trouvaient.

Ce n'était là que le prélude des malheurs que devait causer cette pierre. La jeune épouse de l'aîné des deux frères apprit bientôt ce qui venait d'arriver. Elle courut au jardin, avec le transport d'une amante qui n'a plus rien à ménager; et elle y arriva dans le temps que les ouvriers s'empressaient de lever la pierre, avec quelque espérance de trouver un reste de vie aux infortunés qu'elle couvrait. Ils l'avaient levée à demi, et l'on s'aperçut en effet, à quelques mouvemens, qu'ils respiraient encore, lorsque l'imprudente épouse, perdant tout soin d'ellemême, se jeta si rapidement sur le corps de son mari, que les ouvriers, saisis de son action, lâchèrent malheureusement les machines qui soutenaient la pierre, et l'ensevelirent ainsi avec les autres.

Cet accident confirma plus que jamais la superstition des Écossais ; on ne manqua pas de l'attribuer à quelque pouvoir, établi pour la conservation du

mur d'Écosse, et de toutes les pierres qui en sont détachées.

MURMUR.-Comte de l'empire infernal; démon de la musique. Il se montre sous la forme d'un graud soldat, à cheval sur un vautour, et précédé d'une multitude de trompettes.

MUSIQUE CÉLESTE.

-Entre plusieurs découvertes surprenantes que fit Pythagore, on admire surtout cette musique céleste que lui seul entendait. Il trouvait les sept tons de la musique, bien comptés, dans la distance qui est entre les planètes : de la terre à la lune, un ton; de la lune à mercure, un demi-ton; de mercure à vénus, un demi-ton; de vénus au soleil, un ton et demi; du soleil à mars, un de mars à jupiter, un demi-ton; de jupiter à saturne, un demi-ton; et de saturne au zodiaque, un ton et demi.

ton;

C'est à cette musique des corps célestes qu'est attachée l'harmonie de toutes les parties qui composent l'univers. Nous autres, dit Léon l'Hébreu, nous ne pouvons entendre cette musique, parce que nous en sommes trop éloignés, ou bien parce que l'habitude continuelle de l'entendre fait que nous ne nous en apercevons point; comme ceux qui habitent près de la mer ne s'aperçoivent point du bruit des vagues, parce qu'ils y sont accoutumés. (Voyez Planètes.)

N.

NABARUS, autrement CERBÈre.

Marquis du

sombre empire. Il se montre sous la figure d'un corbeau. Sa voix est rauque. Il donne l'éloquence, l'amabilité, et enseigne les beaux-arts (1).

NAINS.

Aux noces d'un certain roi de Bavière, on vit un nain, si petit, qu'on l'enferma dans un pâté, armé d'une lance et d'une épée. Il en sortit, au milieu du repas, sauta sur la table, la lance en arrêt, et excita l'admiration de tout le monde (2).

— La fable dit que les Pygmées n'avaient que deux pieds de hauteur, et qu'ils étaient toujours en guerre avec les grues.

Les Grecs, qui reconnaissaient des géants, pour faire le contraste parfait, imaginèrent ces petits hommes, qu'ils appelèrent pygmées. L'idée leur en vint peut-être de certains peuples d'Éthiopie, appelés Péchiniens, nom qui a quelque analogie avec celui de Pygmées. Les Péchiniens étaient d'une petite taille; et, comme les grues se retiraient tous les hivers dans leur pays, ils s'assemblaient pour leur faire peur, et les empêcher de s'arrêter dans leurs champs. Voilà le combat des Pygmées contre les

grues.

Ce qu'on dit des Lapons et des habitans de la Nouvelle-Zemble rend possible ce qu'on a cru de la

(1) Wierius.

(2) Johnson; Taumatographia naturalis.

petitesse des pygmées. Mais il ne faut pas prendre les choses à la lettre ; car les poëtes font les pygmées trop petits, comme ils font les géants trop grands.

Le docteur Swift, dans le conte de Gulliver, fait trouver à son héros des hommes hauts d'un demipied, dans l'ile de Lilliput ; et Cyrano de Bergerac, dans son Voyage au soleil, dit y avoir vu de jolis petits nains, pas plus hauts que le pouce.

NÉCROMANCIE. —

Animas ille evocat orco.

VIRGIL

La nécromancie est l'art d'évoquer les morts, ou de deviner les choses futures par l'inspection des cadavres.

Il y avait à Séville, à Tolède et à Salamanque, des écoles publiques de nécromancie, dans de profondes cavernes, dont la reine Isabelle, épouse de Ferdinand V, fit murer l'entrée.

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Dans le sein de la mort, ses noirs enchantemens,

Vont troubler le repos des ombres;

Les mânes effrayés quittent leurs monumens.

J.-B. ROUSSEAU.

- Basile, empereur de Constantinople, ayant perdu son fils Constantin, qu'il aimait uniquement, voulut le voir, à quelque prix que ce fût. Il s'adressa à un moine hérétique, nommé Santabarenus, qui,

après quelques conjurations, lui montra un spectre semblable à son fils (1).

Une sorcière nécromancienne fit voir pareillement au roi Saül, l'ombre du prophète Samuel, qui lui prédit beaucoup de choses. Menasseh-ben-Israël, dans son second livre de la Résurrection des morts, prétend que la pythonisse ne pouvait pas forcer l'âme de Saül à rentrer dans son corps, et que le fantôme qu'elle évoqua, était tout simplement un démon revêtu de la forme du prophète (2). Cependant il y a une petite circonstance qui embarrasse, c'est que Samuel dit au roi : Pourquoi troublez-vous mon repos, en me forçant à remonter sur la terre ? Les uns pensent que l'àme du prophète pouvait seule prononcer ces paroles; d'autres soutiennent que ces mots remonter sur la terre sentent le diable à pleine gorge. Le rabbin Meyer-Gabay, qui est du sentiment des premiers, ajoute que Samuel est un prophète plus grand que bien d'autres, puisqu'après avoir prophétisé pendant sa vie, il prophétisa encore après sa mort, en disant à Saül, devant la sorcière qui le faisait venir : « De>> main, toi et tes fils, vous viendrez me rejoindre.» Cras tu et filii tui mecum erunt. S'il s'était trouvé,

(1) Michel Glycas.

(2) Menasseh-ben-Israël dit un peu plus loin que Samuel apparut avec ses habits de prophète; qu'ils n'étaient point gâtés; et que cela ne doit point surprendre, puisque Dieu conserve les vêtemens aussi-bien que les corps, et qu'autrefois tous ceux qui en avaient les moyens, se faisaient ensevelir en robe de soie, pour être bien vêtus le jour de la résurrection.

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