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L'histoire nous a conservé plusieurs traits à peu près semblables. Tout le monde connaît les vœux indiscrets de Gédéon, de Saül, d'Idoménée; et ce vou ridicule de Clovis, qui promettait à Dieu de l'adorer, s'il lui donnait la victoire.... Malheureux insensés qui composent avec leur maître ! qui osent proposer un marché à l'éternel!....

VOITURE DU DIABLE. -On vit, pendant plusieurs nuits, dans un faubourg de Paris, une voiture noire, traînée par des chevaux noirs, des chevaux noirs, conduite par un cocher également noir, qui passait au galop des chevaux, sans faire le moindre bruit. Elle paraissait sortir, tous les soirs, de la maison d'un seigneur mort depuis peu. Le peuple se persuada que ce ne pouvait être que la voiture du diable, qui emportait le corps.

On reconnut par la suite que cette jonglerie était l'ouvrage d'un fripon, qui voulait avoir à bon compte la maison du gentilhomme. Il avait attaché des coussins autour des roues de la voiture, et sous les pieds des chevaux, pour donner à sa promenade nocturne l'apparence d'une œuvre magique.

VOIX.

Vox quoque per lucos vulgo exaudita silentes
Ingens.

VIRG.

Sous le règne de Tibère, à peu près vers le

temps de la mort de Jésus-Christ, le pilote Tha

mus, côtoyant les îles de la mer Égée, entendit un soir, aussi-bien que tous ceux qui se trouvaient sur son vaisseau, une grande voix qui l'appela plusieurs fois par son nom. Lorsqu'il eut répondu, la voix lui commanda de crier, en un certain lieu, que le grand Pan était mort.

A peine eut-il prononcé ces paroles dans le lieu désigné, qu'on entendit, de tous côtés, des plaintes et des gémissemens, comme d'un grand nombre de personnes affligées de cette nouvelle (1).

L'empereur Tibère assembla des savans pour expliquer ces paroles. On les appliqua à Pan, fils de Pénélope, qui vivait plus de mille ans auparavant. Ce grand Pan, suivant Eusèbe, était Jésus-Christ lui-même, dont la mort causa une douleur et une consternation générale. Elle arriva effectivement sous l'empire de Tibère; et Dieu voulut apparemment la faire connaître à tout l'univers par une voix surnaturelle. Selon d'autres, il faut entendre, par le grand Pan, le maître des démons, dont l'empire était détruit par la mort de Jésus-Christ. (Cependant il a depuis possédé bien des gens, et fait bien des tours de maître.) - Les écrivains sensés attribuent aux échos les gémissemens qui se firent entendre au pilote Thamus; et quelques-uns mettent tout le fait au rang des fables.

Cette grande voix, dit le comte de Gabalis, était produite par les peuples de l'air, qui donnaient avis

1) Eusèbe,après Plutarque.

aux peuples des eaux que le premier et le plus âgé des sylphes venait de mourir.... Et, comme il s'ensuivrait de là que les esprits élémentaires étaient les faux dieux des païens, il confirme cette conséquence, en ajoutant que les démons sont trop malheureux et trop faibles pour avoir jamais eu le pouvoir de se faire adorer; mais qu'ils ont pu persuader aux hôtes des élémens de se montrer aux hommes, et de se faire dresser des temples; et que, par la domination naturelle que chacun deux a sur l'élément qu'il habite, ils troublaient l'air et la mer, ébranlaient la terre, et dispensaient les feux du ciel à leur fantaisie de sorte qu'ils n'avaient pas grande peine à être pris pour des divinités.

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Clément d'Alexandrie raconte qu'en Perse, vers la région des mages, on voyait trois montagnes, plantées au milieu d'une large campagne, et distantes également l'une de l'autre. En approchant de la première, on entendait comme des voix confuses de plusieurs personnes qui se battaient ; près de la seconde, le bruit était plus grand; et, à la troisième, c'étaient des bruits d'allégresse, comme d'un grand nombre de gens qui se réjouissaient.

Le même auteur dit avoir appris d'anciens historiens, que, dans la Grande-Bretagne, on entend, au pied d'une montagne, des sons de cymbales et de cloches qui carillonnent en mesure.

-

Il y a en Afrique, dit Isigone, dans certaines familles, des sorcières qui ensorcellent par la voix et la langue, et font périr les blés, les animaux et

les hommes dont elles parlent, méme pour en dire du bien..

X.

XAPHAN. Démon du second ordre. Quand Satan et ses anges se révoltèrent contre Dieu, Xaphan se joignit aux mécontens; et il en fut bien reçu, car il avait l'esprit inventif. Il proposa aux rebelles de mettre le feu dans le ciel; mais il fut précipité avec les autres, au fond de l'abîme, où il est continuellement occupé à souffler la braise des fourneaux, avec sa bouche et ses mains.

On voit aisément que Xaphan n'est autre que Phaëton, un peu défiguré.

XEZBETH.-Démon des prodiges imaginaires, des contes merveilleux, et du mensonge. Il serait impossible de compter ses disciples.

XYLOMANCIE. -Divination par le bois. On la pratiquait particulièrement en Esclavonie. C'était l'art de tirer des présages, de la position des morceaux de bois sec, qu'on trouvait dans son chemin. On faisait aussi des conjectures non moins certaines, pour les choses à venir, sur l'arrangement des bûches dans le foyer, sur la manière dont elles brûlaient, etc. C'est peut-être un reste de cette divination qui fait dire aux bonnes gens, lorsqu'un tison se dérange, qu'ils vont avoir une visite.

Y.

YEUX. Les sorcières ont deux prunelles dans un œil (1).

Les sorcières Illyriennes avaient la même singularité dans les deux yeux. Elles ensorcelaient mortellement ceux qu'elles regardaient, et tuaient ceux qu'elles fixaient long-temps (2).

Il y avait, dans le Pont, des sorcières qui avaient deux prunelles dans un œil, et la figure d'un cheval dans l'autre (3).

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Il y avait, en Italie, des sorcières qui, d'un seul regard, mangeaient le coeur des hommes et le dedans des concombres (4).

On redoute beaucoup, dans quelques contrées de l'Espagne, certains enchanteurs qui empoisonnent par les yeux. Un Espagnol avait l'oeil si malin, qu'en regardant fixement les fenêtres d'une maison, il en cassait toutes les vitres. Un autre, même sans y songer, tuait tous ceux sur qui sa vue s'arrêtait. Le roi qui en fut informé, fit venir cet enchanteur, et lui ordonna de regarder quelques criminels condamnés au dernier supplice. L'empoisonneur obéit, et les criminels expiraient à mesure qu'il les fixait. Un troisième faisait assembler dans un champ toutes

(1) Boguet. (2) Isigone. (3) Didymas.

(4) P. Della Valle.

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