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Quand ils arrivèrent à Paris, on les logea à la Chapelle, où on les allait voir en foule. Ils avaient aux oreilles des boucles d'argent, le teint basané, les cheveux noirs et crépus. Leurs femmes étaient laides, voleuses, et diseuses de bonne aventure. L'évêque de Paris les contraignit de s'éloigner, et excommunia ceux qui les avaient consultées. Dès lors, la France fut infestée d'aventuriers de la même espèce. Les biscaïens succédèrent aux premiers bohémiens et eu conservèrent le nom. On en voit moins à présent, parce que le peuple commence à devenir moins crédule. (Voyez Chiromancie.)

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BONZES. Quelques historiens prétendent que les bonzes vivent au sein des plaisirs et de la débauche; mais les voyageurs nous apprennent que ces sortes de moines mènent une vie austère et pénitente, que les uns se déchirent le corps à coups de verges, d'autres avec des armes tranchantes ; qu'il en est qui se retirent dans des souterrains étroits, et y restent sans cesse courbés, vivant ainsi d'aumônes et passant leurs jours dans une souffrance perpétuelle. Est-ce l'amour de la vertu qui les porte à ces excès ? Est-ce la folie? Est-ce le fanatisme?.... Les catholiques les traiteront d'insensés. Mais nous aussi, nous avons eu nos bonzes : ces moines qui se flattaient de gagner le ciel en se donnant la discipline, qui croyaient plaire à Dieu, en meurtrissant le corps qu'il leur avait donné, et dont ils n'étaient pas dignes, ces fous qui se roulaient sur des épines pour étouffer leurs pas

sions, étaient-ils plus sages que ceux de l'Inde?....

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Un empereur de la Chine détruisit plusieurs monastères où se trouvaient des multitudes de bonzes. « Celui qui ne laboure pas la terre, et qui ne » travaille point, disait le sage monarque, ne doit » pas manger le pain de mes sujets. »

BOTONOMANCIE:- Divination par le moyen

des feuilles.

Lorsqu'il avait fait un grand vent pendant la nuit, on allait voir de bon matin la disposition des feuilles tombées, et des charlatans devinaient par-là ce que le peuple voulait savoir.

Quand les hommes s'abandonnent à la crédulité superstitieuse, tout leur parait surnaturel; et rien ne peut plus arrêter une imagination en délire, qui se noie dans une mer de prodiges.

BOUC. La forme d'un grand bouc noir est celle le grand maître des sabbats revêt avec le plus de plaisir.

que

Le bouc est aussi quelquefois la monture des sorcières qui se rendent à leurs assemblées nocturnes. (Voyez Sabbat.)

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BRACHMANES. — Ces philosophes vivaient en partie dans les bois, où ils consultaient les astres, et en partie dans les villes, pour enseigner la morale aux princes indiens. Ceux qui vivaient dans les forêts débitaient leurs maximes à qui voulait les en

tendre; mais quand on allait les écouter, dit Strabon, on devait le faire dans le plus grand silence. Celui qui parlait ou crachait, était exclus pour ce jour-là. Les brachmanes croyaient à la métempsycose, ne mangeaient que des plantes et ne pouvaient toucher un animal sans se rendre immondes. Ils méprisaient la vie et les biens de la fortune, et désiraient la mort, comme le terme d'une prison onéreuse. Ils menaient une vie rigide, couchaient sur des peaux, et observaient un rigoureux célibat jusqu'à l'âge de trentesept ans. Alors ils étaient libres de prendre plusieurs femmes, mais ils ne philosophaient point avec elles, de peur qu'elles ne négligeassent les soins de leur ménage, en s'occupant de l'étude.

On croit que Pythagore tenait des brachmanes sa doctrine de la métempsycose.

Ils enseignaient que la terre est une masse ronde, que l'âme est immortelle, qu'il y a des tribunaux pour juger les morts, que tout est sorti de Dieu, et que tout périra en retournant à son origine. Ils se servaient, pour cela, de la comparaison d'une araignée qui, après avoir fait sa toile, retire et dévore tout de nouveau les mêmes filets qu'elle avait mis hors de ses entrailles.

Les brachmanes de Siam croient que la terre périra par le feu, et que, de sa cendre, il en renaîtra une autre, où il y aura un printemps perpétuel.

Le juge Boguet, qui fut dans son temps le fléau des sorciers, regarde les brachmanes comme d'in

signes magiciens, qui faisaient le beau temps et la pluie, en ouvrant ou fermant deux tonneaux qu'ils avaient en leur puissance.

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C.

CABALE Pic de la Mirandole dit que ce mot est le nom d'un hérétique endiablé, qui a écrit contre Jésus-Christ, et que ses sectateurs étaient nommés cabalistes.

L'ancienne cabale des Juifs est l'explication mystique de la Bible, l'art de trouver des sens cachés dans la décomposition des mots, et la manière d'opérer des prodiges par la vertu de ces mots, prononcés d'une certaine façon. Les Juifs la conservent par tradition; ils croient que Dieu l'a donnée à Moïse, au pied du mont Sinaï, et que le roi Salomon y a été très-expert. (Voyez Théomancie.)

La cabale grecque, inventée par les Valentiniens, tire sa force des lettres grecques combinées, et fait des miracles avec l'alphabet: précieuse ressource qu'on n'eût jamais possédée, sans l'invention de l'écriture, et qui nous prouve que tout dans le monde est entouré de merveilles.

La grande cabale est l'art de commercer avec les esprits élémentaires; elle tire aussi un grand parti de certains mots mystérieux.

Les quatre élémens sont habités par des créatures plus parfaites que l'homme, selon les cabalistes.

Cet espace immense qui est entre la terre et les cieux, a des hôtes bien plus nobles que les oiseaux

et les moucherons; ces mers si vastes ont bien d'autres habitans que les dauphins et les balcines; la profondeur de la terre n'est pas pour les taupes sculement; et l'élément du feu, plus noble que les trois autres, n'a pas été fait pour demeurer inutile et vide.

Les salamandres habitent la région du feu; les sylphes, le vague de l'air; les gnomes, l'intérieur de la terre; et les ondins ou nymphes, le fond des eaux. Ces êtres sont composés des plus pures parties des élémens qu'ils habitent. Adam, plus parfait qu'eux tous, était leur roi naturel; mais depuis sa faute, étant impur et grossier, dit le comte de Gabalis, il n'eut plus de proportion avec ces substances, il perdit tout l'empire qu'il avait sur elles, et en ôta la connaissance à sa malheureuse postérité.

Qu'on se console pourtant, on a trouvé dans la nature les moyens de ressaisir ce pouvoir perdu.

Pour recouvrer la souveraineté sur les salamandres et les avoir à ses ordres, qu'on attire le feu du soleil, par des miroirs concaves, dans un globe de verre ; il s'y formera une poudre solaire qui se purifie d'elle-même des autres élémens, et qui, avalée, est souverainement propre à exalter le feu qui est en nous, et à nous faire devenir, pour ainsi dire, de matière ignée. Dès lors, les habitans de la sphère du feu deviennent nos inférieurs, et ont pour nous toute l'amitié qu'ils ont pour leurs semblables, tout le respect qu'ils doivent au lieutenant de leur créateur. De même, pour commander aux sylphes, aux gnomes, aux nymphes, qu'on emplisse d'air, de terre ou

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