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Et jura ses dieux que jamais

Il ne consulterait d'autre docteur qu'un âne.

(Voyez Horoscopes, Devins, etc.)

AUGURES. Les augures étaient chez les Romains les interprètes des dieux. On les consultait avant toutes les grandes entreprises : ils jugeaient du succès, par le vol, le chant et la façon de manger des oiseaux. On ne pouvait élire un magistrat, ni livrer une bataille, sans avoir consulté l'appétit des poulets sacrés.

Les augures prédisaient aussi l'avenir, par le moyen du tonnerre et des éclairs. Les savans n'étaient pas dupes de leurs cérémonies; et Cicéron disait qu'il ne concevait pas que deux augures pussent se regarder sans éclater de rire.

Les oiseaux ne sont pas chez nous dépourvus du don de prophétie. Le cri de la chouette annonce la mort. (Voyez Hibou. ) Le chant du rossignol promet de la joie; le coucou donne de l'argent, quand ́on porte sur soi quelque monnaie le premier jour qu'on a le bonheur de l'entendre, etc. Si une corneille vole devant vous, dit Cardan, elle présage un malheur futur; si elle vole à droite, un malheur présent; si elle vole à gauche, un malheur qu'on peut éviter par la prudence; si elle vole sur la tête, elle annonce la mort, pourvu toutefois qu'elle croasse; car, si elle garde le silence, elle ne présage rien..... La vue d'un aigle sauva la vie au roi Déjotare, qui ne faisait rien sans consulter les oiseaux; car

comme il s'y connaissait, il comprit que cet aigle le détournait d'aller loger dans la maison qu'on lui préparait, et qui tomba la nuit suivante (1).

Cicéron, s'étant retiré à sa maison de campagne, auprès de Gayèté, vit un corbeau arracher l'aiguille d'un cadran. Cet oiseau s'approcha ensuite de lui, le prit par le bas de sa robe, et ne cessa de la tirer, que quand un esclave vint dire à l'orateur romain, que des soldats arrivaient pour lui donner la mort (2). Les corbeaux sont maintenant plus sauvages. (Voyez Alectry omancie.)

AURORE BOREALE. Espèce de nuée rare, transparente, lumineuse, qui paraît la nuit, du côté du nord.

On ne saurait croire, dit Saint-Foix, sous combien de formes l'ignorance et la superstition des siècles passés nous ont présenté l'aurore boréale. Elle produisait des visions différentes dans l'esprit des peuples, selon que ses apparitions étaient plus ou moins fréquentes; c'est-à-dire, selon qu'on habitait des pays plus ou moins éloignés du pôle. Elle fut d'abord un sujet d'alarmes pour les peuples du Nord; ils crurent leurs campagnes en feu, et l'ennemi à leurs portes. Mais ce phénomène devenant presque journalier, il l'ont bientôt regardé comme ordinaire et naturel; ils l'ont même confondu assez souvent

(1) Valère-Maxime. (2) Idem.

avec le crépuscule. Les habitans des pays qui tiennent le milieu entre les terres arctiques et l'extrémité méridionale de l'Europe, n'y virent que des sujets tristes ou menaçans, affreux ou terribles. C'étaient des armées en feu, qui se livraient de sanglantes batailles, des têtes hideuses séparées de leur tronc, des boucliers ardens, des chars enflammés, des hommes à pied et à cheval, qui couraient rapidement les uns contre les autres, et se perçaient de leurs lances. On croyait voir tomber des pluies de sang; on entendait le cliquetis des armes, le bruit de la mousqueterie, le son des trompettes: présages funestes de guerres et de calamités publiques. Voilà ce que nos pères ont presque toujours vu et entendu dans les aurores boréales. Faut-il s'étonner, après cela, des frayeurs terribles que leur causaient ces sortes de nuées, quand

elles paraissaient?

-La chronique de Louis XI rapporte qu'en 1465, on aperçut à Paris une aurore boréale qui fit paraître toute la ville en feu. Les soldats qui faisaient le guet en furent épouvantés, et un homme en devint fou. On en porta la nouvelle au roi, qui monta à cheval et courut sur les remparts. Le bruit se répandit que les ennemis, qui étaient devant Paris, se retiraient et mettaient le feu à la ville. Tout le monde se rassembla en désordre, et on trouva que ce grand sujet de terreur n'était qu'un phénomène.

Tant sur l'esprit humain ont toujours de pouvoir
Les spectacles frappans qu'il ne peut concevoir.

DUCIS.

AZAZEL, du bouc.

Démon du second ordre, gardien

A la fête de l'expiation, que les Juifs célèbraient le dixième jour du septième mois (1), on amenait au grand prêtre deux boucs, qu'il tirait au sort: l'un pour le Seigneur, l'autre pour Azazel. Celui sur qui tombait le sort du Seigneur était immolé, et son sang servait pour l'expiation. Le grand prêtre mettait ensuite ses deux mains sur la tête de l'autre, confessait ses péchés et ceux du peuple, en chargeait cet animal, qui était alors conduit dans le désert et mis en liberté. Et le peuple, ayant laissé au bouc d'Azazel le soin de ses iniquités, s'en retournait la conscience nette.

Selon Milton, Azazel est le premier porte-enseigne des armées infernales.

B.

BAAL, Grand duc et dominateur suprême, général en chef des armées infernales.

BAALBÉRITH,

Démon du second ordre,

maître de l'alliance, secrétaire général et conservateur des archives de l'enfer.

BAGUETTE DIVINATOIRE. - Rameau fourchu de coudrier, d'aune, de hètre ou de pommier

(1) Le septième mois des Juifs répondait à septembre,

à l'aide duquel on découvre les trésors, les maléfices et les voleurs.

En 1692, la baguette divinatoire fit beaucoup de bruit en France, et tout le monde courut la consulter. Il n'y avait rien de si caché qu'elle ne parvînt à mettre au jour, et on la disait incapable d'errer. Elle s'arrêtait, avec la plus grande précision, dans la 'main de celui qui la faisait tourner, dès qu'elle apercevait la personne ou la chose qu'on la priait de faire connaître; et les merveilles qu'elle opéra occupèrent long-temps les esprits.

On avait volé à mademoiselle de Condé deux petits flambeaux d'argent. Jacques-Aymar, paysan du Lyonnais, fameux dans l'art d'agiter la baguette divinatoire, parcourut quelques rues, en faisant tourner son oracle. Il s'arrêta à la boutique d'un orfèvre qui nia le vol, et se trouva fort offensé de l'accusation. Mais le lendemain on remit à l'hôtel le prix des flambeaux ; et quelques personnes sages pensèrent que le charlatan l'avait envoyé pour se mettre en crédit.

Jacques Aymar courut aussi à la recherche d'un meurtrier, guidé par la baguette divinatoire, et le poursuivit inutilement plus de quarante-cinq lieues sur terre et plus de trente sur mer. De sorte qu'il fut prouvé que la merveilleuse baguette était une jonglerie, et le devin un imposteur.

BALAI. Le manche à balai est la monture ordinaire des sorcières, lorsqu'elles se rendent au sabbat. (Voyez Sabbat.)

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