Page images
PDF
EPUB

dit qu'Ange Corravian, dit Grégoire XII, devait se soumettre au plus vite à son autorité apostolique. Le roi de France, Charles VI, ennuyé de ces dissensions, leur manda à tous deux, au mois de mars 1407, que si l'église n'était réunie, avant l'Ascension, ni lui, ni la France entière ne les reconnaîtraient plus pour souverains pontifes. Benoît excommunia aussitôt le roi, et mit le royaume en interdit. Un courrier Aragonnais en apporta la sentence à Charles VI, et chercha à s'échapper, après la lui avoir remise; mais il fut arrêté et conduit en prison. La sentence d'excommunication fut déchirée publiquement dans la grand'chambre; et l'ambassadeur de Pierre-de-la-Lune, aussi-bien que son courrier, furent condamnés à faire amende honorable, revêtus d'une tunique blanche, où étaient figurées les armes de Benoît renversées et coiffées d'une mitre de papier. —Le concile de Pise termina les disputes de Grégoire et de Benoît, en les déposant tous deux, et en proclamant pape Alexandre V.

[ocr errors]

-Plusieurs autres princes furent interdits,comme ceux-ci; mais à mesure que les ténèbres des siècles de barbarie se dissipaient, les foudres de Rome perdaient leur antique pouvoir. Elles sont maintenant tombées en désuétude, et n'inspirent plus qu'un ridicule effroi aux esprits faibles. En 1512, le pape Jules II jeta un interdit sur le royaume de France, et en particulier sur la ville de Lyon, parce que Louis XII avait transféré dans cette ville le concile de Pise, et qu'il y avait cité le pape, pour qu'il rendit compte

de sa conduite envers les Français. En 1585, le pape Sixte-Quint excommunia le roi de Navarre, et le déclara indigne de succéder à la couronne. Henri IV en appela, comme d'abus, au concile général, et fit afficher son acte d'appel aux portes du Vatican. Cette conduite força le pape lui-même à admirer Henri IV. (Voyez Excommunication. )/

INVISIBLE. Le magicien juif David Alruy se rendait invisible, et parlait cependant à ceux qui l'entouraient. Un jour qu'on le cherchait, il passa la mer sur son écharpe, et échappa à ceux qui le poursuivaient (1).

- Pour être invisible, il ne faut que mettre devant soi le contraire de la lumière;un mur, par exemple(2). On se rend invisible, en portant, sous son bras droit, le cœur d'une chauve-souris, celui d'une poule noire et celui d'une grenouille (3). ( Voyez Anneau.)

INVOCATIONS. Agrippa dit que, pour invoquer le diable et l'obliger à paraître, on se sert de ces paroles magiques : Dies, mies, jesquet, benedo, efet, douvema, enitemaūs! Comme ces mots ne sont pas difficiles à prononcer, il est aisé d'en faire l'épreuve.

Ceux qui ont des rousseurs au visage ne peu

(1) Benjamin.

(2) Le comte de Gabalis.

(3) Pline.

vent faire venir les démons, quoiqu'ils les invoquent (1). (Voyez Évocations.)

J.

JEANNE D'ARC, dite la Pucelle d'Orléans. Les Anglais possédaient presque toute la France, et le roi Charles VII était à la veille de se voir sans asile dans son royaume, lorsqu'une jeune bergère des environs de Vaucouleurs vint se présenter devant lui, et lui annonça, de la part de Dieu,que les Anglais seraient bientôt chassés de la France, et qu'il serait couronné à Rheims, s'il voulait lui donner des chevaux et des hommes, afin qu'elle combattît pour son

service.

fit sa

Le roi, étonné de voir tant d'assurance dans une simple paysanne, lui accorda ce qu'elle demandait. Elle s'arma d'une épée, qui était enterrée dans l'église de Sainte-Catherine de Fierbois, et combattit avec un courage qui éclipsa celui des plus grands capitaines. Elle chassa les Anglais d'Orléans, crer Charles VII à Reims, lui rendit Troyes, Chàlons, Auxerre, et la plus grande partie de son royaume. On la voyait toujours la première à la bataille, et les plus graves blessures ne pouvaient l'obliger à prendre du repos. Toute la France l'admira, et les cris de Vive la Pucelle se mêlaient de toutes parts aux cris de Vive le roi!

Cependant le roi marcha vers Paris,et campa entre

(1) Le Loyer.

Paris et Montmartre, espérant reprendre la ville aux Anglais. Mais malgré tous les efforts de la Pucelle, qui fut faiblement secondée, on ne put forcer l'ennemi à évacuer. C'est pourquoi Charles VII retira son armée, et la Pucelle se jeta dans Compiègne pour la défendre contre le duc de Bourgogne. Ce fut là qu'elle fut prise, en favorisant la retraite des siens, par un gentilhomme picard, qui la vendit à Jean de Luxembourg. L'infàme la vendit à son tour aux Anglais, qui lui firent éprouver toutes sortes de mauvais traitemens. Après quoi, pour se délivrer d'un ennemi qui n'était coupable que de les avoir trop souvent vaincus, ils l'accusèrent de sorcellerie, et, de concert avec quelques évêques français, ils la condamnèrent à être brûlée vive sur la place publique de Rouen. Cette lâche sentence s'exécuta ; on jeta ses cendres au vent, et l'ingrat monarque, qui lui devait sa couronne, l'abandonna, quand il crut n'avoir plus besoin d'elle. Sa mémoire fut réhabilitée vingt ans après sa mort, et on la déclara innocente de sortilége. Deux de ses juges furent brûlés vifs; deux autres furent exhumés pour expier aussi, dans les flammes, leur jugement inique.

-Si la Pucelle d'Orléans ne fut pas divinement inspirée, dit Saint-Foix, du moins on ne peut nier qu'elle n'ait été une héroïne, et que sa mémoire ne doive être bien respectable et bien chère à tout bon Français. Il y avait, dans un bourg de l'Attique, une jeune jardinière très-belle, et d'une taille avantageuse: elle s'appelait Phya. Pisistrate, chassé par

les Athéniens, imagina de la faire passer pour Minerve, la patrone d'Athènes : on la revêtit de tous les ornemens convenables à cette déesse; elle avait l'égide, une lance à la main, et le casque en tête; elle monta dans un char magnifique, tiré par six chevaux blancs, richement harnachés.Pisistrate y était assis à ses pieds; douze hommes, vêtus en messagers des dieux, marchaient devant ce char, et criaient : Athéniens, Minerve vous ramène Pisistrate; recevez-le avec la soumission et le respect que vous devez à la déesse. Le peuple se prosterna, adora et obéit. -L'idée de la mission de la Pucelle, soutenue par sa vaillance, la sagesse de ses conseils et la pureté de ses mœurs, releva des courages abattus par une longue suite de disgrâces; elle combattit pour un roi légitime, contre un usurpateur. Phya servit l'ambition, et rétablit l'autorité d'un tyran; tout ce qu'elle eut à faire, consista uniquement à bien jouer le rôle de déesse, pendant quelques heures. Pisistrate la maria à son fils Hipparque ; elle régna dans Athènes : la Pucelle d'Orléans fut brûlée.

Les uns ont fait de Jeanne d'Arc une inspirée, les autres une folle, ceux-ci une enthousiaste, ceux-là une visionnaire. Quoi qu'il en soit, Jeanne d'Arc fut une héroïne; la France lui doit son salut; et la postérité la place à côté de nos grands hommes.

JOURS.

Primum supremumque diem radiatus habet Sol.
Proxima fraternæ succedit Luna coronæ.

Tertius assequitur Titania lumina Mavors.

« PreviousContinue »