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tère de Cordoue. Elle n'avait alors que douze ans, mais son cœur était sensible, ses passions vives, le gnome séduisant ; et le temps qu'il savait habilement choisir, étant favorable à l'amour, elle le rendit heureux; leur commerce dura trente ans. Enfin, le confesseur à qui Magdeleine osa révéler le mystère, lui persuada que son amant était un diable; et il fut congédié comme tel. (Voyez Cabale.)

GOÉTIE.-Commerce avec le diable et les mauvais esprits. (Voyez Evocations, Pacte, Nécromancie.)

GOFRIDY.-Louis Gofridy, curé de Marseille, se fit passer pour sorcier, vers la fin du seizième siècle. On raconte que le diable lui apparut un jour, pendant qu'il lisait un livre de magie; ils entrèrent en conversation et firent connaissance. Le prêtre, apparemment charmé des bonnes qualités de sa majesté cornue, se livra au diable par un pacte bien en règle, à condition qu'il lui donnerait le pouvoir de suborner autant de femmes et de filles qu'il voudrait, en leur soufflant simplement au visage; ce qui lui épargnerait l'ennui de conter des fleurettes. Le diable y consentit d'autant plus volontiers, qu'il trouvait dans ce marché un double avantage.

C'est pourquoi Gofridy fut bientôt la terreur des pères et des maris, car il n'avait pas plutôt soufflé sur une femme, qu'elle lui accordait tout ce qu'il pouvait souhaiter.

Il devint épris de la fille d'un gentilhomme, et lui

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fit partager son amour suivant sa méthode ordinaire ; mais, après avoir été quelque temps sous sa direction, la demoiselle, apparemment inconstante, le quitta brusquement, et se retira dans un couvent d'ursulines. Gofridy furieux y envoya une légion de diables; toutes les religieuses se crurent possédées ; et la sorcellerie de Gofridy fut prouvée authentiquement. Un arrêt du parlement de Provence le condamna au feu, en avril 1611.

Sans doute il ne méritait pas d'être absous; mais il fallait le condamner comme un fripon et un séducteur, et non comme un sorcier.

GRIMOIRE. - Ceux qui souhaitent voir le diable peuvent le faire venir en lisant le grimoire. Mais il faut avoir soin de lui jeter quelque chose, aussitôt qu'il paraît, autrement on a le cou tordu. Il s'en retourne paisiblement quand on lui donne seulement une savate, un cheveu, une paille.

GUY DE L'AN NEUF. - Les Gaulois avaient la plus grande vénération pour les chênes, et surtout pour ceux que la cérémonie du guy avait consacrés. C'était par cette cérémonie religieuse qu'ils annonçaient la nouvelle année; les druides, accompagnés des magistrats et du peuple, qui criait: Au guy l'an neuf (le nouvel an), allaient dans une forêt, y dressaient avec du gazon, autour du plus beau chêne, un autel triangulaire, et gravaient, sur le tronc et sur les deux plus grosses branches, les noms des dieux qu'ils croyaient les plus puissans : THEUTATES, ÉSUS, TARA

NIS,BELENUS.Ensuite, un druide, vêtu d'une tunique blanche, y coupait le guy avec une serpe d'or, tandis que deux autres druides étaient au pied, pour le recevoir dans un linge, et prendre bien garde qu'il ne touchât à terre. Ils distribuaient l'eau, où ils faisaient tremper ee nouveau guy, et persuadaient au peuple qu'elle était lustrale, très-efficace contre les sortiléges, et qu'elle guérissait de plusieurs maladies (1).

H.

HABORYM,- Démon des incendies. Il porte aux enfers le titre de duc; il se montre à cheval sur une vipère ayant trois têtes, l'une de serpent, l'autre d'homme, la troisième de chat. Il porte à la main une torche allumée.

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Nullum numen abest, si sit prudentia, sed te
Nos facimus, fortuna, deam, coloque locamus.

JUVENAL.

Le hasard, que les anciens appelaient la fortune, et que quelques-uns ont confondu avec la Providence, a toujours eu un culte fort étendu, quoiqu'il ne soit rien par lui-même. Mais il produit tant de merveilles qu'on ne doit pas s'étonner si la multitude compte sur lui, comme sur son dieu.

Les joueurs, les guerriers, les coureurs d'aventures, ceux qui cherchent la fortune dans les roues de la loterie, dans l'ordre des cartes, dans la chute

(1) Saint-Foix.

des dés, dans un tour de roulette, ne soupirent qu'après le hasard. Le fripon, le bretteur, la femme galante fondent leur espoir de gain et de plaisir sur le hasard. La misère l'invoque, le marchand le poursuit, l'homme sage le prévient; tantôt il apporte le bonheur et la santé, tantôt les maladies, la peine et les chagrins. Souvent on le désire, quelquefois on le craint; les insensés l'affrontent; et l'homme médiocre, en essayant la vie, en se livrant au négoce, en publiant ses productions, s'abandonne au hasard. Qu'est-ce donc que le hasard? Un événement fortuit, amené par l'occasion ou par des causes qu'on n'a pas su prévoir, heureux pour les uns, et conséquemment malheureux pour les autres.

Le poëte Simonide soupait un jour chez un de ses amis. On vient l'avertir que deux jeunes gens sont à la porte, qui veulent lui parler d'une affaire importante. Il sort aussitôt, ne trouve personne; et, dans l'instant qu'il veut rentrer à la maison, la maison s'écroule et écrase les convives sous ses ruines. Il dut son salut à un hasard si singulier, qu'on le regarda, parmi le peuple, comme un trait de bienveillance de Castor et Pollux, qu'il avait chantés dans un de ses poëmes.

Le roi Pyrrhus avait forcé les habitans de Locres à lui remettre entre les mains les trésors de la déesse Proserpine. Il chargea ses vaisseaux de ce butin sacrilége, et mit à la voile; mais il fut surpris d'une tempête si furieuse, qu'il échoua sur la côte voisine du temple de Proserpine. On retrouva sur le

rivage tout l'argent qui avait été enlevé, et on le remit dans le dépôt sacré (1). Les Locriens désiraient si fort cet accident, qu'ils le regardèrent comme un ouvrage de la Providence, mais la Providence ne punit les hommes, en ce monde, que par le remords.

-Brennus se tua de sa main, après avoir profané le temple de Delphes. On doit attribuer cet acte de désespoir à une conscience bourrelée, à une faiblesse d'esprit, peut-être à l'horreur qu'il inspirait aux soldats superstitieux, depuis qu'il avait manqué de respect, non à un dieu, mais à un temple. En admettant que Dieu se presse de châtier les mortels durant leur vie, on le fait ou injuste, ou impuissant ou incapable de tout connaître, puisque quelquefois les plus grands coupables échappent à la peine physique. Frédégonde était plus criminelle que Brunehaut ; cependant elle mourut dans son lit, et l'autre fut mise en pièces, attachée à la queue d'un cheval indompté. On voit tous les jours de pareils exemples, et ces exemples prouvent la nécessité d'une autre vie, que le système des punitions divines en ce monde semblerait détruire.

-Denys le tyran pilla de même le temple de Proserpine; et, comme il s'en retournait avec un vent favorable, il dit en riant à ses amis : Voyez-vous quelle heureuse navigation les dieux accordent aux sacriléges... Si Pyrrhus avait fait naufrage par un effet de la vengeance des dieux, pourquoi fut-il plus

(1) Valère-Maxime.

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