Page images
PDF
EPUB

vement leur histoire; le peuple, frappé d'admiration, les conduisit à l'évêque, celui-ci au patriarche et à l'empereur même. Les sept dormans leur révélèrent les choses du monde les plus singulières, et en prédirent qui ne l'étaient pas moins. Ils annoncèrent, entre autres, l'avénement de Mahomet, l'établissement et les grands succès de sa religion, comme devant avoir lieu deux cents ans après leur réveil. Quand ils eurent ainsi satisfait la curiosité de l'empereur et de toute sa cour ils se retirèrent de nouveau dans leur caverne et y moururent tout de bon. On montre encore cette grotte auprès d'Éphèse.

[ocr errors]
[ocr errors]

Quant à leur chien, il acheva sa carrière, et vécut autant qu'un chien peut vivre, en ne comptant pour rien les deux cents ans qu'il avait dormi, comme ses maîtres. C'était un animal, dont les connaissances surpassaient celles de tous les philosophes, les savans et les beaux-esprits de son siècle; aussi s'empressaiton à le fèter et à le régaler; et les musulmans le placent dans le paradis, entre l'âne de Balaam et celui qui portait Jésus-Christ le jour des Rameaux.

- La plupart des contes de la mythologie moderne sont puisés dans l'ancienne; et cette fable est sans doute une imitation de celle d'Épiménides.

DROLLES.

Les drolles sont des démons ou des lutins qui, dans certains pays du nord, prennent soin de panser les chevaux, font tout ce qu'on leur commande, et avertissent des dangers. (Voyez Farfadets.)

DRUIDES.-Les prêtres des Gaulois portaient le nom de druides. Ils enseignaient la sagesse et la morale aux principaux personnages de la nation. Ils habitaient les forêts, et faisaient profession de connaître la grandeur et la forme du monde, les divers mouvemens des astres et la volonté des dieux.

Les druides disaient que les âmes circulaient éternellement de ce monde-ci dans l'autre, et de l'autre dans celui-ci ; c'est-à-dire, que ce qu'on appelle la mort est l'entrée dans l'autre monde, et que ce qu'on appelle la vie en est la sortie pour revenir dans ce monde-ci (1).

Les druides d'Autun attribuaient une grande vertu à l'œuf de serpent, et avaient pour armoiries dans leurs bannières, d'azur à la couchée de serpens d'argent, surmontée d'un gui de chêne, garni de ses glands de sinople. Le chef des druides avait des clefs ponr symbole (2).

Dans la petite île de Sena, aujourd'hui Sein, vis-à-vis la côte de Quimper, il y avait un collége de druidesses que les Gaulois appelaient senes (prophétesses). Elles étaient au nombre de neuf, gardaient une perpétuelle virginité, rendaient des oracles, et avaient le pouvoir de retenir les vents et d'exciter les tempêtes (3).

La principale divinité des druides était Theutatès.

(1) Diodore de Sicile.

(2) Saint-Foix.

(3) Pomponins Mela..

DUALISME. - Il y a des tremblemens de terre, des tempêtes, des ouragans, des débordemens de rivières, des maladies pestilentielles, des bêtes venimeuses, des animaux féroces, des hommes naturellement méchans, perfides et cruels. Or, un être bienfaisant, disaient les dualistes, ne peut être l'auteur du mal; donc il y a deux êtres, deux principes: l'un bon, l'autre mauvais, également puissans, coé- . ternels et qui ne cessent point de se combattre.

-Dieu a donné à l'homme le libre arbitre, et un penchant égal vers le bien comme vers le mal: c'est à lui de choisir. L'homme sans passions, et obligé de faire le bien sans pouvoir faire le mal, serait vertueux sans mérite. Dans un monde sans dangers et sans besoins, l'homme vivrait sans plaisirs. La vertu ne brille que par le contraste du vice; et, s'il est vrai que Dieu ait placé les mortels dans ce monde, comme dans un lieu d'épreuve, on ne récompense point une machine, qui ne va bien que parce qu'elle est bien montée.

L'homme fut done créé avec des passions, et la sagesse divine l'entoura du bien et du mal; cependant les faiseurs de systèmes, qui nous crient que les décrets de Dieu sont impénétrables, et ne prétendent pas moins en sonder les profondeurs, nous ont appris que l'homme fut créé parfait ; qu'il devint enclin au mal par le péché d'un seul ; que les démons sont toujours là pour le tenter, et les anges pour soutenir, etc. En un mot, ils ont fondé le dualisme

le

car tout nous prouve, chez eux, que les démons sont au moins aussi puissans que les anges.

- Si l'on réfléchit bien sur le dualisme, dit SaintFoix, je crois qu'on le trouvera encore plus absurde que l'idolâtrie.

-Les Lapons disent que Dieu, avant de produire la terre, se consulta avec l'esprit malin, afin de déterminer comment il arrangerait chaque chose. Dieu se proposa donc de remplir les arbres de moelle, les lacs de lait, et de charger les plantes et les arbres de tous les plus beaux fruits, Par malheur, un plan ́si convenable à l'homme déplut à l'esprit malin, et jl en résulta que Dieu ne fit pas les choses aussi bien qu'il l'aurait voulu.

-Un certain Ptolomée soutenait que Dieu avait deux femmes; que par jalousie elles se contrariaient sans cesse, et que le mal, tant dans le moral que dans le physique, venait uniquement de leur mésintelligence, l'une se plaisant à gàter, à changer ou à détruire tout ce que l'autre faisait.

E.

ÉCHO. Un conseiller, se trouvant une nuit seul dans un sentier, le long d'une rivière, et ne sachant où était le gué pour la passer, poussa un cri, dans l'espoir d'ètre entendu des environs. Son cri ayant été répété par une voix, de l'autre côté de l'eau, il se persuada que quelqu'un lui répondait et demanda où dois je passer ? la voix lui dit passez.

:

Ici? répliqua-t-il ; la voix lui répondit: ici. Il vit alors qu'il était sur le bord d'un gouffre où l'eau se jetait en tournoyant. Épouvanté du danger que ce gouffre lui présentait, il s'écria encore une fois : faut-il que je passe ici ? la voix lui répondit: passe ici. Il n'osa s'y hasarder, et prenant l'écho pour le diable, il crut qu'il voulait le faire périr, et retourna sur. ses pas (1).

- Presque tous les physiciens ont attribué la formation de l'écho à une répercussion du son,semblable à celle qu'éprouve la lumière, quand elle tombe sur un corps poli; mais comme l'a observé d'Alembert, cette explication'n'est pas fondée, car il faudrait alors, pour la production de l'écho, une surface polie; ce qui n'est pas conforme à l'expérience, puisqu'on entend chaque jour des échos, en face d'un vieux mur qui n'est rien moins que poli, d'une masse de rochers, d'une foret, d'un nuage même. L'écho est produit par le moyen d'un ou de plusieurs obstacles, qui interceptent le son et le font rebrousser en arrière.

Il y a des échos simples et des échos composés. Dans les premiers, on entend une simple répétition du son. Dans les autres, on les entend une, deux, trois, quatre fois et davantage. Il en est qui répètent plusieurs mots de suite, les uns après les autres; cela arrive toutes les fois que l'on se trouve à une distance de l'écho, telle qu'on ait le temps de prononcer

(1) Cardan.

« PreviousContinue »