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AVERTISSEMENT.

Les Fragments philosophiques reparaissent ici, | Fragments. M. Bekkers, professeur de philosophie non perfectionnés, mais considérablement aug- au lycée de Dillingen en Bavière, m'a fait l'honmentés, puisqu'ils comprennent un grand nombre neur de traduire la préface, et M. Schelling a de nouvelles pièces qui toutes, écrites sui- bien voulu me servir d'introducteur auprès du vant la même méthode et dans les mêmes prin- public allemand, en mettant à la tête de la tracipes que les précédentes, m'ont paru pouvoir servir à fortifier le système philosophique et historique répandu dans l'ouvrage entier et résumé dans les deux préfaces de la 1re et de la 2e édition.

Je n'ose braver le ridicule d'une troisième préface pour cette nouvelle édition. Cependant qu'il me soit permis de rappeler, en peu de mots, comme je l'ai fait pour l'édition de 1826, la vive polémique suscitée par celle de 1833. Cette seconde polémique a laissé la première bien loin derrière elle; elle est entrée dans le fond des choses, et entre autres avantages elle a eu celui de dessiner plus nettement le caractère de la nouvelle philosophie française et sa place au milieu des écoles contemporaines.

duction de M. Bekkers quelques pages où luimême s'explique sur tous les points que j'avais touchés, avec la clarté et la vigueur qui le caractérisent. Ce petit écrit (2), en rompant le silence que l'auteur de la Philosophie de la nature s'est imposé depuis tant d'années, a été un véritable événement philosophique; et quand mon ouvrage n'aurait rendu d'autre service à la philosophie que d'avoir donné naissance à celui-là, je devrais encore me féliciter de l'avoir publié.

D'ailleurs il ne faut pas croire que l'article de M. Wendt, ni celui de M. Schelling, soient des hymnes à ma gloire : il s'en faut bien. M. Schelling, comme M. Wendt, tout en rendant justice à mes intentions et à mes efforts, en approuvant même dans certaines limites les conclusions systématiques auxquelles je suis parvenu, n'hésite pas à condamner la route que j'ai suivie pour y arriver, la méthode psychologique; il déclare En Allemagne, M. Amédée Wendt, que l'His- hautement que si la psychologie peut être une toire de la Philosophie vient de perdre, le conti- préparation plus ou moins utile à la philosophie, nuateur de Tennemann, professeur de philoso- elle n'en est pas le fondement, et que l'observation phie à l'université de Göttingen, a donné une appliquée à la conscience n'y peut apercevoir longue récension (1) de la seconde édition des après tout, même dans la région la plus élevée,

Il est bien entendu que j'écarte les éloges et les satires, et ne mentionne que les écrits sérieux.

(1) Göttingische gelehrte Anzeigen, année 1834, 22 sep-çaises de la préface de M. Schelling; l'une de M. Ravaistembre. La Revue germanique a traduit cet article, dans le cahier de septembre 1834.

son, insérée dans la Revue germanique, octobre 1835; l'autre intitulée: Jugement de M. de Schelling sur la (2) Victor Cousin über französische und deutsch Phi philosophie de M. Cousin, traduit de l'allemand et prélosophie, von Dr Huber Bekkers; vorrede von Schelling. cédé d'un Essai sur la nationalité des philosophies, par Stuttgart und Tübingen, 1834. Il y a deux traductions fran- ' J. Wilm, Strasbourg et Paris, 1833.

que des faits de conscience, des notions, des ment développé, promet à l'Amérique un écrivain principes universels et nécessaires, si on veut, philosophique du premier ordre. Mais savez-vous mais purement formels et subjectifs, desquels il ce qui accrédite la nouvelle philosophie franest impossible de tirer rien d'objectif et de réel. çaise à New-York et à Boston? C'est, avec son Pour M. Schelling, la métaphysique n'est pas une caractère moral et religieux, sa méthode psychochimère; il a bien été donné à l'homme, cette logique qui fait presque sourire M. le président créature privilégiée qu'éclaire le rayon divin, de l'Académie royale de Munich. Il y a plus : dès de connaître la vérité et le système réel des êtres, que cette méthode franchit certaines limites et et mon illustre ami me sait gré de chercher ce s'élève à une certaine hauteur, les esprits les système, d'aspirer à cette noble fin; mais il af- plus énergiques ont peine à la suivre (6) et recufirme que la psychologie est dans une impuis- lent devant des conclusions dogmatiques qui, en sance invincible de m'y conduire; en un mot, il Allemagne, ne souffrent pas la moindre difficulté approuve le but, il désapprouve le moyen. et sont admises comme d'elles-mêmes. La philosophie en Amérique est toujours un peu sous le poids de l'article de l'Edinburgh Review de 1829 (†), article admirable et qui place bien haut son auteur, mais dont la conclusion peu dissimulée est que la psychologie et la logique sont les seules parties certaines de la philosophie, et qu'au delà il faut savoir douter et ignorer.

A l'autre extrémité du monde civilisé, de l'autre côté de l'Atlantique, les Fragments ont trouvé un accueil plus bienveillant encore qu'en Allemagne. Pendant que mes écrits sur l'éducation, grâce à la belle traduction de madame Austin, se répandaient dans la plupart des États de l'Union américaine, quelquefois même sous les auspices de l'autorité publique (1), les Fragments, Je serais ingrat envers l'Italie, si je ne remerjoints à mes Leçons, fondaient à mon insu une ciais ici publiquement le plus célèbre de ses école philosophique dans la patrie de Jonathan philosophes, M. Galluppi, professeur de philosoEdwards et de Franklin. En 1832 et en 1834, phie à l'université de Naples, qui, après avoir M. Linberg (2) et M. Henry (3) avaient traduit introduit Kant dans la patrie de Vico et de Gemes Leçons, et au moment même où j'écris ces novesi, est descendu jusqu'à traduire lui-même lignes, M. Ripley vient de placer la seconde les Fragments (8). Un autre excellent esprit, préface des Fragments, avec plusieurs autres mor- M. Mancino, professeur de philosophie à l'uniceaux qui m'appartiennent, en tête de Philoso-versité de Palerme, a comme naturalisé l'éclecphical Miscellanies (1) exclusivement tirés d'écri- tisme en Sicile (9); tandis qu'à l'autre bout de la vains français. En 1836 et 1837, M. Brownson (3) a publié une apologie de mes principes où brille un talent de pensée et de style qui, régulière

péninsule italienne, M. Poli, professeur de philosophie à l'Université de Padoue (10), et l'ingénieux et souvent profond abbé Rosmini (11), l'un avec

(7) J'ai déjà cité cet article dans la préface de la 2e édition des Fragments; je le rappelle avec grand plaisir comme un chef-d'œuvre de critique. Un écrivain français, M. Peisse, a reproduit, avec un talent qui lui est propre, les objections de l'Edinburgh Review, dans divers articles du National, particulièrement dans les n° des 25 septembre et 29 octobre 1833.

(1) Report on the State of public Instruction in Prussia, translated by S. Austin, London 1834. Cette traduction, fort supérieure au texte par la grâce du langage, a été souvent réimprimée aux États-Unis, en totalité ou en partie. Les législatures de New-Jersey et de Massachusetts ont décidé qu'elle serait distribuée dans les écoles aux frais de l'État; et de toutes les distinctions littéraires que j'ai reçues, nulle ne m'a plus touché que le titre de mem- (8) La filosofia di Vittorio Cousin, tradotta dal francese bre étranger de l'Institut américain pour l'éducation. ed esaminata dal barone Pasquale Galluppi da Tropea, 2 vol. (2) Introduction to the History of Philosophy, transla-in-8°. Napoli, 1831-1832. Voyez aussi un autre ouvrage ted by H. G. Linberg, Boston, 1832. du même auteur, où les observations critiques, jointes à la

(3) Elements of Psychology, included in a critical traduction des Fragments, sont développées avec beaucoup Examination of Locke's Essay on the human Understan- | de clarté et de force : Filosofia della volontà, 2 vol. in-8°. ding, translated by C. S. Henry, with an introduction, Napoli, 1832-1834. notes and additions; Hartford, 1834.

(4) Philosophical Miscellanies, translated from the french, with introductory and critical notices, by G. Ripley, 2 vol. Boston, 1838.

(5) The Christian Examiner, septemb. 1836. Cousin's Philosophy; ibid., may 1837, Recents Contributions to Philosophy.

(9) Elementi di filosofia. Palermo, 2 vol in-8°, 18351856. Voyez surtout vol. Ier, p. 9, le chap. Stato attuale della filosofia. Cet ouvrage fait, dit-on, la base de l'enseignement dans tous les colléges de la Sicile.

(10) Manuale della Storia della filosofia di G. Tennemann. Supplimenti di B. Poli, 3 vol. Milano, 1832-1836. (11) Nuovo Saggio sull' Origine delle Idee, 4 vol. Rome, (6) Voyez dans le Boston quarterly Review, 1838, N° 1, 1830, t. 2, p. 540 : Sul punto di partenza della filosofia january, un article de M. Brownson: Philosophy and com- del sig. prof. Cousin. - Il a paru aussi à Lugano, chez mon Sense, en réponse à un article du Christian Exami- Ruggia, une traduction italienne de la première préface ner, nov. 1837, intitulé: Locke and Transcendentalists. des Fragments en 1829 et de la seconde en 1834.

une adhésion presque entière, l'autre avec une psychologie et je vous renvoie à vos propres obcritique sévère, mais toujours bienveillante, ap- jections. pelaient l'attention sur la nouvelle philosophie.

Elles se réduisent à cet argument: La psychologie ne peut conduire à la métaphysique, aux Je ne discute point; je raconte. Je rappelle les objets réels, aux existences; car elle ne sort pas écrits les plus remarquables que la dernière édi- de la conscience, et tout ce qui est dans la contion des Fragments a fait éclore, et m'abstiens de science est purement subjectif. Voilà donc ce les juger. Aussi bien la polémique établie sur la redoutable principe. Mais ce principe n'est nature et la portée de la méthode philosophique qu'une assertion: où est sa preuve? Selon nous, ne cessera pas demain; elle est désormais atta- c'est la raison qui connaît directement la vérité, chée au mouvement même de la philosophie de et non pas seulement les vérités abstraites, les notre temps; tout système de quelque impor- principes universels et nécessaires, mais les obtance la reproduira nécessairement, et, un jour jets réels, les existences. La question est de saou l'autre, l'occasion se présentera d'y intervenir voir si cette puissance de la raison est moins à mon tour et de m'expliquer tout à mon aise sur les objections qui me sont arrivées des di vers points de l'horizon philosophique. Je puis du moins déclarer que ces objections n'ont pas ébranlé ma conviction, et le temps fera voir qu'il n'est pas difficile de les réfuter les unes par les autres. A mes adversaires je n'aurai qu'à opposer mes adversaires eux-mêmes, et s'ils veulent bien se laisser ici représenter un moment par M. Schelling et par M. Hamilton (1), c'est-à-dire par le plus grand penseur et par le plus grand critique de notre siècle, je leur adresserai par anticipation, avec quelque confiance, cette brève et trèssimple réponse.

A l'Allemagne et à M. Schelling, je dirai A votre superbe dédain pour la méthode psychologique, permettez-moi d'opposer l'autorité de M. Hamilton et de tous mes autres adversaires. Si cette autorité ne vous suffit pas, j'y joindrai celle de trois personnages, qui peut-être vous paraitront d'un certain poids: ce sont Socrate, Descartes et Kant, le père de la philosophie allemande; sans parler de Fichte de Jacobi; car, pour le dire en passant, avant la Philosophie de la nature, l'excellence de la méthode psychologique était aussi incontestée en Allemagne qu'elle l'est encore aujourd'hui dans tous les autres pays.

El que mettez-vous à la place de cette méthode? Autrefois du moins il y avait l'intuition intellectuelle. Mais de deux choses l'une ou l'intuition intellectuelle tombe sous l'œil de la conscience, ou elle n'y tombe pas. Si elle n'y tombe pas, d'où la connaissez-vous? qui vous a révélé sa merveilleuse existence? de quel droit, à quel titre en parlez-vous? Si elle tombe sous l'œil de la conscience, nous voilà ramenés à la

légitime parce qu'elle tombe sous l'œil de la conscience. Or, qui a démontré que la conscience ne contemple pas seulement ce qu'elle voit, mais qu'elle a l'étonnante propriété de le métamorphoser de son magique regard et de lui imposer sa propre nature? Dans ce cas, toute vérité est à jamais subjective; car toute vérité ne peut être connue que par un esprit qui en a conscience. Si par cela seul elle est subjective, l'objectivité de la connaissance est une chimère; c'est même une extravagance; car elle forme un problème dont les conditions, également nécessaires, sont contradictoires; ce problème exige en effet un esprit qui connaisse la vérité, et il exige en même temps que cet esprit ne sache pas qu'il la connaît, ce qui implique contradiction. Dieu luimême ne connaît les choses qu'en sachant qu'il les connaît; le sentiment de sa science lui serait donc à lui même une infranchissable barrière qui le séparerait à jamais de la connaissance réelle. Tout ceci n'est pas sérieux. Ou il faut soutenir que la raison est incapable par ellemême de connaître les êtres, ou, si on ne le prétend pas pour ne pas détruire toute philosophie à sa racine, il faut avouer que la raison n'est pas frappée d'impuissance pour agir sous l'œil de notre conscience. Elle ne change pas pour cela de nature; elle ne perd pas la force divine qui est en elle et les ailes qui lui ont été données pour atteindre les ètres et s'élever jusqu'à celui dont elle émane. La conscience atteste ce magnifique développement de la raison; elle ne le fait pas, et il ne lui appartient pas d'en altérer le caractère.

Et puis, à quel Dieu aspire aujourd'hui M. Schelling? Est-ce à l'abstraction de l'ètre dont j'ai pris la liberté de me moquer un peu, avec

(1) Auteur de l'article ci-dessus mentionné de l'Edin- of philosophy, et de plusieurs autres articles aussi reburgh Review, octobre 1829, no 99, M. Cousin's Course marquables par l'érudition que par la dialectique.

tout le respect que je dois et que je porte à la de progrès, et qui est incontestablement la premémoire de M. Hégel (1)? Non assurément. Est-ce mière des philosophies modernes depuis le carà l'identité absolue du sujet et de l'objet, de la tésianisme. Toutes les grandes philosophies ont Philosophie de la nature? Il ne paraît pas. Le Dieu été dogmatiques. Qu'auraient dit leurs immorde M. Schelling est le Dieu spirituel et libre du tels auteurs si on était venu leur enseigner que christianisme. J'y applaudis de tout mon cœur ; leurs sublimes travaux sur le monde et sur Dieu mais qui peut mieux nous guider dans cette route sont des spéculations oiseuses, et que la philonouvelle que l'étude approfondie de l'être intelli- sophie doit se borner à l'analyse de la mémoire gent et libre que Dieu a fait à son image, et où il ou à celle de l'attention? A l'autorité du génie a mis des caractères qu'il est impossible de bien j'en ajoute une autre plus grande encore, celle reconnaître dans l'homme, et de consentir en- du sens commun et du genre humain. Le genre suite à ne plus retrouver dans leur cause pre- humain, sans laisser enchaîner ses immenses mière, agrandis et amplifiés de toute la gran- besoins et ses puissants instincts par d'artifideur de l'être infini! Si Spinoza avait su que cielles entraves, ne connaît-il pas sa propre exisl'homme est essentiellement doué d'activité et de tence, celle de ce monde qu'il habite, celle enfin liberté, il n'eût pas dépouillé Dieu de tout attri- de l'intelligence suprême, invisible et présente. but semblable, et son Dieu n'eût pas été seule- qui perce de toutes parts sous le voile de l'uniment une substance, mais une cause, j'entends vers? Telle est la foi du genre humain. Je répéteune cause digne de ce nom. La connaissance de rai sans cesse que la mission de la philosophie Dieu achève la connaissance de l'homme, mais est de l'expliquer, et non pas de la détruire. la connaissance de l'homme commence la vraie Toute philosophie qui reste au-dessous de la foi connaissance de Dieu. Ne méprisez donc pas naturelle du genre humain prononce sa propre tant une méthode qui mène à de pareils résul- condamnation, et proclame elle-même que sa sa

lats.

gesse n'est pas sage; car il n'y a pas de vraie sa

Un mot maintenant à M. Hamilton et à mes ad-gesse à se séparer de ses semblables, et à rester versaires d'Écosse et d'Amérique.

en deçà comme à s'emporter au delà des convictions unanimes de la famille humaine.

Vous admettez la méthode psychologique comme la vraie méthode philosophique, et vous Je pourrais aller plus loin; je pourrais déen faites gloire; mais vous n'êtes pas bien sûrs montrer qu'en n'osant pas s'avancer dans le que cette méthode conduise légitimement à l'on-monde des existences, en s'arrêtant à la surface tologie; et au lieu de sacrifier, comme l'Alle- de la conscience, on s'est trompé si on croit magne et M. Schelling, la psychologie à l'ontologie, c'est celle-ci que vous sacrifiez à celle-là; par vertu scientifique vous vous résignez à vous passer de l'ontologie; vous m'exhortez à en faire autant, et à savoir ignorer ce qu'il n'est pas donné à l'homme de connaître. Qu'est-ce à dire ? N'ayons pas peur des mots. L'ontologie, ce n'est pas moins que la science de l'être, c'est-à-dire en réalité des êtres, c'est-à-dire de Dieu, du monde et de l'homme. Voilà donc ce que vous me proposez d'ignorer par scrupule de méthode ! Mais si votre science n'atteint pas jusqu'à Dieu, ni jusqu'à la nature, ni jusqu'à moi, que m'importe ce qu'elle m'enseigne?

Aux contempteurs de la méthode psychologique j'opposais tout à l'heure les grands noms de Socrate, de Descartes et de Kant. A ses partisans exclusifs j'oppose maintenant les noms tout aussi imposants de Platon, d'Aristote, de Leibnitz, el cette même philosophie allemande qui compte déjà presque un demi-siècle de durée et

(1) 2 préface, p. 21.

s'être ménagé un terrain borné, mais du moins
ferme et solide. Non, une saine logique ne laisse
point cet asile aux partisans exclusifs de la psy-
chologie. En effet, si, comme ils le prétendent,
la raison n'a pas le pouvoir de nous faire con-
naître les ètres avec certitude, comment trouve-
t-elle la certitude et cette valeur absolue dont
on la suppose dépourvue, lorsqu'elle s'applique
aux phénomènes, et par exemple à ceux de con-
science? Il s'agit toujours de connaître, et c'est
la même faculté qui connaît; d'où viendrait donc
aux phénomènes ce privilége de fonder une con-
naissance certaine? à quel titre croirait-on légi-
timement que ces phénomènes ont une existence
réelle, et que tout cela n'est point un rêve? A
parler à la rigueur, il nous faudrait douter aussi
de la réalité des phénomènes de conscience,
c'est-à-dire de la réalité de notre propre pensée,
de la réalité même de notre doute. La raison,
sûre d'elle-même, peut faire au doute sa part
lorsqu'il tombe sur tel ou tel point, où elle-même
affirme qu'il ne lui convient pas d'affirmer en-
core. Mais qui sera le maître de faire au doute.

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